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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Le Boycott et les groupes pro-palestiniens

Par

Omar Barghouti est un chorégraphe indépendant, un analyste culturel et membre fondateur de la Campagne Palestinienne pour le Boycott Culturel et Universitaire d'Israël (www.PACBI.org).

Depuis le lancement de la campagne de Boycott, il y a quelques années, nous avons assisté à un phénomène embarrassant qui exige un commentaire urgent. Plusieurs organisations connues depuis des années – dans certains cas, des décennies – pour leur travail infatigable de solidarité avec la Palestine se sont dressées avec fermeté contre l’Appel au Boycott, aux Retraits d’Investissements et aux Sanctions (BDS) de la société civile palestinienne publié le 9 juillet 2005, et ce pour diverses raisons.

Le Boycott et les groupes pro-palestiniens

Certains on dit que cette stratégie était «nuisible» à la lutte palestinienne.

D’autres ont fait remarquer que le BDS fragiliserait le soi-disant mouvement de la «paix» israélien.

D’autres, encore, ont déclaré que boycotter Israël attirerait des accusations d’antisémitisme et trahirait les victimes de l’Holocauste, mettant ainsi considérablement en retrait le travail de solidarité avec la Palestine

Beaucoup d’autres arguments ont été écrits dans des milliers d’articles au cours des années, mais ils ont été moins importants ou conséquents ; aussi je me concentrerai seulement sur les trois ci-dessus :

Le Boycott est contreproductif?

L’est-il ? Qui est à même d’en juger ? Un appel signé par plus de 170 partis politiques, syndicats, ONGs et réseaux palestiniens, représentant l’ensemble de la société civile palestinienne – sous occupation, en Israël et dans la Diaspora – ne peut pas être ‘contreproductif sauf si les Palestiniens ne sont pas suffisamment lucides et intelligents pour savoir ou exprimer clairement ce qui est le mieux pour eux. Cet argument sent la condescendance et laisse voir une attitude coloniale que nous pensions – espérions – avoir disparue en Europe libérale.

En parlant avec pragmatisme, le processus de BDS a montré au cours des quelques dernières années qu’il était l’une des formes les plus efficaces de résistance civile non-violente au régime d’Apartheid et colonial israélien.

Cet appel a recueilli un ample et intense soutien auprès de syndicats d’importance majeure, d’associations d’universitaires et autres organisations populaires en Afrique du Sud, en Grande-Bretagne, en Irlande, au Canada, en Norvège, en Suède et même aux Etats-Unis, entre autres, ce qui atteste de l’efficacité et de l’énorme potentiel de cette campagne pour résister à l’injustice israélienne.

Pour la première fois depuis des décennies, de nombreux mouvements en Europe, par exemple, qui avaient soutenu la paix et la justice en Palestine par des manifestations, des appels publics et – de façon plus marginale – par du travail dans les médias, ont découvert un processus auquel ils peuvent contribuer de façon active et efficace et qui promet d’apporter des résultats concrets sur le terrain, comme cela a été démontré dans le cas de la lutte contre l’Apartheid en Afrique du Sud.

A en juger par les résultats, et comme nos camarades sud-africains nous l’ont dit à plusieurs reprises, notre campagne de BDS avance plus vite que la leur, à l’époque.


Le BDS fragilise le camp de la “Paix” israélien !

Quel camp de la paix israélien ? Il n’existe pas de telle créature. Les soi-disant groupes du camp de la paix en Israël ont largement travaillé à accroitre l’oppression contre les palestiniens au lieu de l’éliminer, leur principal objectif étant de garantir le futur d’Israël en tant qu’Etat «Juif» - c’est-à-dire exclusif.

Les groupes les plus radicaux de la « Gauche Sioniste » israélienne sont encore Sionistes et adhèrent aux principes racistes du Sionisme qui considèrent les autochtones palestiniens comme des humains de moindre importance qui sont un obstacle ou une « menace démographique » dont on doit s’occuper.

Ils sont particulièrement opposés aux droits approuvés par l’ONU des réfugiés palestiniens, nettoyés ethniquement pendant la Nakba et toujours depuis, à revenir dans leurs maisons et leurs terres, simplement parce qu’ils appartiennent à la «mauvaise» espèce. Ces groupes s’opposent également à la fin de l’unique forme d’apartheid qui prédomine dans l’ensemble de l’Etat d’Israël, où un système de discrimination raciale datant de plusieurs décennies fait partie intégrante de la Loi, traite les citoyens « Non-Juifs » de l’Etat comme des citoyens de seconde zone qui ne sont pas autorisés à jouir de tous les droits dont bénéficient les citoyens Juifs.

Si c’est cela le camp de la «paix» israélien, alors aucune personne de conscience ne devrait se sentir désolée de le fragiliser.

Ceux qui affirment que la « majorité » des simples Israéliens ne sont pas au courant des crimes de l’occupation et qu’on devrait leur parler et non les boycotter supposent non seulement des faux principes mais ils arrivent également à une mauvaise conclusion. La majorité des Israéliens servent sans docilement dans l’armée israélienne sans avoir de scrupules ou de remords, en faisant leur service militaire obligatoire.
Ils sont donc témoins de première main des crimes de l’occupation puisque soit ils y participant directement, soit ils les regardent en silence, en étant ainsi de connivence avec ces crimes.

Plus, le BDS palestinien n’a jamais été un boycott qui s’applique aux individus israéliens. Il est toujours par nature institutionnel, en visant toutes les institutions politiques, économiques culturelles et universitaires israéliennes, en particulier parce qu’elles sont complices dans le maintien de l’occupation et des autres formes d’oppression coloniale et raciste contre les autochtones palestiniens.

Enfin, “parler” aux Israéliens, comme dans les groupes de dialogue de la florissante industrie de la «paix», a été non seulement terriblement trompeur et nuisible à la lutte pour une paix juste, en donnant la fausse impression que l’on pouvait arriver à une coexistence en dépit de l'oppression sioniste, mais cela n’a également pas apporté de tout changement positif dans l'opinion publique israélienne vers un soutien à la justice comme condition à la paix.

Le public israélo-juif se tourne régulièrement et dangereusement vers la Droite fanatique, avec une majorité croissante de personnes qui soutiennent des solutions fascistes, telles que le nettoyage ethnique - appelé «transfert» dans le jargon dominant aseptisé des Israéliens - des Palestiniens autochtones restants.

Le dialogue et la lutte commune entre les Palestiniens et les Israéliens ne peuvent être justifiables, constructifs et propices à la paix que si elles sont dirigées contre l'occupation et les autres formes d'oppression et basées sur le droit international et les droits de l’homme et politiques, en particulier sur notre droit inaliénable à l'autodétermination

Sur la base de ce qui précède, les seuls véritables combattants pour la paix en Israël sont ceux qui soutiennent nos trois droits fondamentaux : le droit au retour des réfugiés palestiniens, la pleine égalité pour les citoyens palestiniens d'Israël, et la fin de l'occupation et de la domination coloniale.

Ce sont nos véritables partenaires. Ils soutiennent TOUS les diverses formes de BDS, non seulement par principe, mais aussi parce qu'ils réalisent qu’une véritable paix durable et la sécurité pour tous ne pourront jamais être atteints sans la justice, le droit international, les droits de l'homme universels et, plus fondamentalement, l'égalité. Le BDS ne fera que renforcer cette véritable paix - avec la justice - en Israël et partout ailleurs.

Les groupes de solidarité européens qui permettent sciemment à des personnalités et à des mouvements de la Gauche Sioniste de dicter leur ordre du jour, en s’éloignant eux-mêmes de toute coordination avec la société civile palestinienne et de la compréhension de ses besoins réels au lieu de s’engager eux-mêmes d’abord et surtout dans les droits de l'homme et le droit international, méritent à peine le nom de groupes de "solidarité".

D'autre part, les groupes qui, pour des raisons stratégiques, soutiennent seulement un sous-ensemble du BDS, ou un boycott ciblé de produits spécifiques ou d’organisations en Israël ou soutenant Israël, sont également nos partenaires, bien sûr.

Le Boycott n'est pas un genre de processus à taille unique pour tous. Il doit être personnalisé pour s'adapter à un contexte particulier afin d’être plus efficace. Cependant, ce sur quoi il est important d’être d’accord, c'est pourquoi nous boycottons et quel est l’objectif.

Le BDS est une approche basée sur les droits avec des objectifs clairs qui devraient constituer un dénominateur commun pour tous les groupes de solidarité avec la Palestine : Mettre fin aux trois principales formes d'injustice israélienne et défendre les droits des Palestiniens sont les exigences de base pour cette campagne internationale pour qu’elle soit efficace et en harmonie avec les besoins et les aspirations exprimées de la société civile palestinienne.


Le BDS encourage l’antisémitisme !

Plutôt que de réinventer les choses, je vais juste copier ici certains des textes que j'ai écrit plus tôt, dans un long article réfutant les principaux arguments anti-boycott :

"Comme l’a dit le philosophe français Etienne Balibar : "Israël ne devrait pas être autorisé à instrumentaliser le génocide des Juifs européens pour se mettre au-dessus de la loi des nations." Au-delà de ça, en fermant les yeux sur l’oppression d’Israël, comme le font souvent les États-Unis et une grande partie de l’Europe, l'Occident a en réalité perpétué la misère, la souffrance humaine et l'injustice qui en ont découlé depuis l'Holocauste.

Quant à l'accusation d’antisémitisme, elle est manifestement déplacée et clairement utilisée comme outil d'intimidation intellectuelle. Il n'est guère utile de rappeler que les appels palestiniens au boycott, retrait d’investissement et sanctions ne ciblent pas les Juifs ou même les Israéliens en tant que Juifs. Ils sont dirigés contre Israël en tant que puissance coloniale qui viole les droits des Palestiniens et le droit international. Le soutien croissant des Juifs progressistes européens et américains à une pression efficace sur Israël est un contre-argument qui n'est pas très connu."

En outre, considérer comme antisémite des actions et des positions qui prennent pour cible l'apartheid israélien et la domination coloniale est en lui-même antisémite, comme l’ont affirmé bien d'autres avant moi, car cela suppose que tous les Juifs sont en quelque sorte responsables des crimes commis par Israël, un supposition manifestement raciste qui appartient à l’école de pensée de la "responsabilité collective" - criminalisée à Nuremberg - et alimente directement l'antisémitisme.


Le BDS est une forme civile de lutte contre Israël, quelle que soit la religion à laquelle appartiennent la majorité des Israéliens. Peu importe la foi de vos oppresseurs, vraiment - qu'ils soient juifs, chrétiens, hindous ou musulmans n’a aucune importance! La seule chose qui compte, c'est qu'ils vous oppriment illégalement et immoralement.

Les projets soutenant la fermeté des Palestiniens sous occupation, que ce soit dans le domaine de la santé, de l'éducation, dans le domaine social ou même politique, sont d'une importance cruciale et toujours nécessaires. De nombreux Palestiniens, en particulier les plus vulnérables, ne peuvent pas survivre à la cruauté de l'occupation sans eux.

Nous apprécions énormément le soutien de ces projets - au moins ceux d'entre eux qui ne sont pas corrompus ou corrupteurs, comme beaucoup le sont. Mais cela ne signifie pas que nous sommes, au moment présent, convaincus que ces projets seuls, plus un soutien symbolique à une certaine notion abstraite de la «paix», puissent faire progresser notre lutte pour la liberté et la justice.

C'est seulement en mettant fin à l'occupation et à l'apartheid que nous pourrons y arriver. Et, l'expérience nous dit que la façon de faire la plus fiable et la plus moralement justifiable est de traiter Israël comme l'apartheid l’a été en Afrique du Sud, en appliquant contre lui des mesures de BDS diverses, sensibles au contexte et élaborées. Il n'y a pas de meilleur moyen pour parvenir à une paix juste en Palestine et dans l'ensemble de la région.

Source : http://www.counterpunch.org/

Traduction : MG pour ISM

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