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Israël -

Le Sionisme, une idéologie raciste (suite) : Le dilemme sioniste

Par

Bill Christison est un ancien haut responsable de la CIA. Il a servi en tant qu'officier des renseignements nationaux et directeur du bureau de l'analyse régionale et politique de la CIA Kathleen Christison est un ancien analyste politique de la CIA et a travaillé sur les questions du Moyen-Orient pendant 30 ans. Elle est l'auteur de Perceptions of Palestine (Perceptions de la Palestine) et The Wound of Dispossession (Blessure de la Dépossession). Ils ont également contribué au livre de CounterPunch : La politique de l'Antisémitisme. Ils peuvent être joints à l'adresse suivante : kathy.bill@christison-santafe.com

La menace supposée "de l'autre" est le refuge éternel de la majorité des Israéliens et des partisans des Israéliens aux Etats-Unis.
La position habituelle, c'est que "nous, les Israéliens et les amis d'Israel désirons ardemment la paix, nous soutenons le retrait israélien de Cisjordanie et de Gaza, nous avons toujours voulu donner une autonomie aux Palestiniens. Mais "ils" nous détestent, ils veulent détruire Israel.

Le Sionisme, une idéologie raciste (suite) : Le dilemme sioniste

N'était-ce pas évident quand Arafat a tourné le dos à l'offre généreuse d'Israël ?

N'était-ce pas cet évident quand Arafat a commencé l'Intifada ?

N'était-ce pas évident quand Arafat a exigé que les Palestiniens obtiennent le droit au retour, ce qui détruirait Israël en tant qu'Etat juif ?

Nous avons déjà fait concession après concession. Comment pouvons-nous leur donner d'autres concessions puisqu'ils se battront toujours et toujours jusqu'à ce qu'Israël disparaisse?"

Cette position décharge Israël de toute responsabilité de faire des concessions ou d'avancer vers des négociations sérieuses ; cela décharge les Israéliens de tout besoin de traiter les Palestiniens comme des égaux ; cela décharge les Israéliens et leurs partisans de tout besoin de penser ; cela justifie le racisme, tout en l'appelant autrement.

De plus en plus d'Israéliens (dont certains sont depuis longtemps non-sionistes, dont une partie commence seulement maintenant à voir le problème que représente le sionisme) reconnaissent le racisme inhérent à la raison d'être de leur nation.

Pendant les années du processus de paix, et en effet pendant une décennie et demi depuis que l'OLP a officiellement reconnu l'existence d'Israël, la gauche israélienne pouvait ignorer les problèmes du Sionisme tout en poursuivant ses efforts afin de promouvoir l'établissement d'un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et Gaza qui coexisterait avec lsrael.

Le Sionisme a continué à être plus ou moins une non-question : Israël pourrait s'organiser de la façon dont il voulait à l'intérieur ses propres frontières, et l'Etat palestinien pourrait accomplir les aspirations nationales palestiniennes à l'intérieur de ses nouvelles frontières.

Peu de ces questions agaçantes au sujet du Sionisme surgiraient dans une situation de deux Etats, comme : quel niveau de démocratie le Sionisme peut-il accorder aux non-juifs sans détruire sa raison d'être ?
La question de la responsabilité du Sionisme dans la dépossession des Palestiniens pourrait également être écartée.

Comme Haim Hanegbi, un Israélien non-Sioniste qui a récemment embrassé la cause d'un seul Etat binational (et qui est depuis longtemps un compère d'Uri Avnery dans le mouvement de Gush Shalom), l'a dit dans une récente interview accordée au journal israélien Ha'aretz, la promesse d'une reconnaissance mutuelle offerte par le processus de paix d'Oslo l'a hypnotisé, lui et d'autres dans le mouvement de paix et donc "au milieu des années 90, j'ai reconsidéré la question au sujet de mon approche traditionnelle (binationale).
"Je ne pensais pas que c'était à moi d'aller à Ramallah et de présenter aux Palestiniens une liste de sionistes immoraux et de leur dire de ne pas oublier ce que nos pères ont fait à leurs pères
."
Les Palestiniens ne se souvenaient pas eux-mêmes de ces Sionistes immoraux à l'époque.


Cependant, comme les nouveaux maux dans les territoires occupés rappellent de plus en plus les vieux maux d'il y a un demi-siècle, et pendant que le Sionisme constate qu'il ne peut pas faire face aux demandes de fin de conflit ainsi qu'à l'insistance des Palestiniens pour qu'Israël accepte leur droit au retour en reconnaissant son rôle dans leur dépossession, de plus en plus d'Israéliens en arrivent à accepter la réalité que le Sionisme ne pourra ne jamais échapper à son passé.

Il devient de plus en plus clair pour beaucoup d'Israéliens qu'Israël a absorbé tellement de la Cisjordanie , de Gaza, et de Jérusalem-Est que les peuples juifs et palestiniens ne pourront jamais être séparés d'une façon équitable.

Le mur de séparation, dit Hanegbi, "est la grande solution désespérée de la société Juive-Sioniste. C'est le dernier acte désespéré de ceux qui ne peuvent pas affronter la question palestinienne. De ceux qui sont obligés de repousser la question palestinienne de leurs vies et de leur conscience"

Pour Hanegbi, né en Palestine avant 1948, les Palestiniens "ont toujours fait partie de mon environnement", et sans eux, "c'est un pays stérile, un pays mutilé".


L'ancien Sioniste, Meron Benvenisti, qui lui aussi soutient maintenant le binationalisme, a utilisé des métaphores presque identiques dans une interview accordée à Ha'aretz diffusée à côté de celle de Hanegbi.

Lui aussi né en Palestine et contemporain de Hanegbi, Benvenisti croit que "C'est un pays dans lequel il y a toujours eu des Arabes. C'est un pays dans lequel les Arabes sont le paysage, les autochtones. Je ne me vois pas vivre ici sans eux. A mes yeux, sans Arabes c'est une terre stérile."

Les deux hommes abordent l'évolution de leur pensée au cours des décennies, et tous les deux décrivent une période où, après le triomphe du Sionisme, ils ont accepté sans réfléchir la dépossession des Palestiniens.

Tous les deux décrivent simplement la disparition des Palestiniens quand ils étaient adolescents ("Ils se sont juste évaporés" dit Hanegbi), et Benvenisti rappelle une longue période où la "tragédie palestinienne n'a tout simplement pas pénétré ma conscience."

Mais tous les deux parlent en termes très non-Sionistes d'égalité. Benvenisti touche au coeur du dilemme sioniste. "C'est là où je suis différent de mes amis de Gauche," dit-il, "parce que je suis vraiment un fils autochtone d'immigrés, qui est attiré par la culture arabe et la langue arabe parce qu'elle est ici. C'est la terre."

Il dit que la Droite, c'est sûr, déteste les Arabes mais la Gauche aussi. Les Arabes les tracassent ; ils compliquent les choses. Le sujet produit des questions morales et cela génère un malaise culturel.

Hanegbi va plus loin. "Je ne suis pas un psychologue," dit-il, "mais je pense que toute personne qui vit avec les contradictions du Sionisme se condamne à la folie perpétuelle. C'est impossible de vivre comme ça. C'est impossible de vivre avec une injustice aussi énorme. C'est impossible de vivre avec des critères moraux aussi contradictoires. Quand je vois non seulement les colonies et l'occupation et la suppression, mais maintenant aussi le mur démentiel derrière lequel les Israéliens essayent de se cacher, je dois conclure qu'il y a quelque chose de très profond ici dans notre attitude envers le peuple autochtone de cette terre qui nous a rendu complètement dingues."

Tandis que certains Israéliens sérieux comme ces hommes qui se débattent avec des questions philosophiques sur l'existence et l'identité et la conscience collective juive, peu de partisans américains d'Israël semblent préoccupés par des questions aussi profondes.

Le racisme est souvent banal. La plupart de ceux qui le pratiquent, et la plupart de ceux qui soutiennent Israël en tant qu'Etat sioniste, seraient horrifiés d'être accusés de racisme, parce que leurs pratiques racistes sont devenues banales. Ils ne pensent pas même à ce qu'ils font.

Nous avons récemment rencontré une supportrice américaine d'Israël typique qui se serait défendue vigoureusement si nous l'avions accusée de racisme.

Lors d'une présentation que nous donnions dans une classe, cette femme (non-Juive) s'est levée pour poser une question qui disait à peu près cela : "Je voudrais savoir pourquoi les autres Arabes ne prennent pas soin des Palestiniens. Je dois dire que j'ai de la sympathie pour Israël parce qu'Israël veut seulement avoir un Etat sûr, mais les autres Arabes ont refusé de prendre chez eux les Palestiniens, et donc ils restent dans des camps et leur hostilité envers Israël ne fait que s'aggraver."

C'est un perception américaine et israélienne extrêmement courante, l'idée étant que si les Etats arabes absorbaient tout simplement les Palestiniens de sorte qu'ils deviennent des Libanais ou des Syriens ou des Jordaniens, ils oublieraient qu'ils sont Palestiniens, ils oublieraient qu'Israël les a déplacés et les a dépossédés, et ils oublieraient de "vouloir détruire Israël."

Israël pourrait alors simplement aborder ses propres affaires et vivre en paix, comme il le veut tellement désespérément.

L'hypothèse de cette femme, c'est qu'il est acceptable qu'Israël s'établisse en tant qu'Etat juif aux dépens (c.-à-d., après le nettoyage ethnique) des habitants non-Juifs de la terre, que toute objection palestinienne à cette réalité est illégitime, et que toute animosité envers Israël est finalement la faute des Etats arabes voisins qui n'ont pas étouffé la résistance des Palestiniens en les insensibilisant à leur situation difficile et en effaçant leur identité et leur mémoire collective de la Palestine.

Quand plus tard dans la classe le sujet sur la fin de l'occupation israélienne a été abordé, cette même femme a pris la parole pour objecter que, si Israël abandonnait le contrôle de la Cisjordanie et de Gaza, il serait économiquement désavantagé, au moins dans le secteur agricole. "Israël ne serait-il pas réduit à un désert ?" a-t'elle demandé.

Indépendamment du fait que la réponse est un "NON" clair (les possibilités agricoles d'Israël à l'intérieur de ses frontières de 1967 sont tout à fait élevées, et la majeure partie d'Israël n'est pas désert), la question de la femme était de nouveau basée sur l'hypothèse automatique que les intérêts d'Israël sont prioritaires sur ceux des autres et que, pour accroître sa propre économie agricole (ou, vraisemblablement, pour tout autre gain perçu), Israël a le droit de conquérir et de prendre possession de façon permanente la terre des autres peuples.

La notion que l'Etat juif/sioniste d'Israël ait un droit plus important de posséder la terre, ou un droit plus important à la sécurité, ou un droit plus important à une économie prospèree, que le peuple qui est originaire de cette terre est extrêmement raciste, mais cette femme s'opposerait probablement énergiquement au fait qu'il soit souligné que c'est un point de vue de suprématie juive identique aux anciennes justifications du régime d'Apartheid des Blancs d'Afrique du Sud et au raisonnement de tous les systèmes (racistes) coloniaux européens qui ont exploité les ressources naturelles et humaines de l'Afrique, du Moyen-Orient, et de l'Asie au cours des siècles pour le seul bénéfice des colonisateurs.

Le racisme doit nécessairement être aveugle à sa propre immoralité ; le poids de la conscience serait beaucoup trop grand. C'est la banalité du mal.

(Inconsciemment, bien sûr, beaucoup d'Américains semblent également croire que la politique honteuse du gouvernement étasunien envers les Américains autochtones rend acceptable pour le gouvernement israélien de poursuivre sa politique également honteuse envers les Palestiniens. Les États-Unis doivent affronter de plein fouet leur politique raciste tout en affrontant le racisme de leur plus important partenaire, Israël.)

L'opinion de cette femme est vraiment très typique, c'est quelque chose que vous entendez constamment dans des conversations inopinées et des rencontres fortuites lors de circonstances de société, ce qui semble difficilement significatif.

Mais cette même banalité, c'est précisément le problème; le problème, c'est le fait même qu'il soit "difficilement significatif" que le Sionisme, de par sa nature, est raciste et que cette réalité passe inapperçue chez les gens comme il faut qui se comptent en tant que partisans d'Israël.

L'acceptabilité universelle d'un système qui est au fond raciste mais se proclame être salutaire, voire noble, et l'autorisation que cette acceptabilité donne à Israël pour opprimer d'autres peuples, est un témoignage saisissant de la sélectivité de la conscience humaine et de son désintérêt général pour les questions humaines de justice et des droits de l'homme sauf quand elles sont utiles politiquement.



Contrer les contre-arguments

Pour mettre une certaine perspective sur ce sujet, quelques questions doivent être clarifiées. Beaucoup d'adversaires de l'occupation expliqueraient que, bien que la politique israélienne dans les territoires occupés soit, en pratique, raciste, c'est un abus du Sionisme et que le racisme ne lui est pas inhérent.

Cela semble être la position de plusieurs commentateurs célèbres qui ont récemment dénoncé sévèrement Israël pour ce qu'il fait en Cisjordanie et à Gaza mais ils ne reconnaissent pas le racisme dans ce qu'a fait Israël lors de sa création en 1948.

Dans une âpre dénonciation récente de la politique sioniste d'aujourd'hui, Avraham Burg, un ancien porte-parole de la Knesset, a déploré que le Sionisme soiit devenu corrompu en dominant un autre peuple en tant qu'occupant, et qu'il mourait d'envie de revenir à l'époque des premiers jours d'Israël quand "notre destin national" était "comme une lumière pour les nations et une société de paix, de justice et d'égalité."

Ce sont de jolis mots, et en dénonçant tellement clairement l'occupation cela encourage à rendre crédible le courant dominant chez les Israéliens, mais la supposition de Burg qu'avant l'occupation, le Sionisme suivait "un chemin juste" et avait toujours eu "une conduite morale", ignore la politique de nettoyage ethnique injuste et contraire à l'éthique qui a permis à Israël de devenir d'abord une prétendue démocratie juive.

Reconnaître les bases racistes d'une idéologie présentée pendant tellement longtemps comme l'incarnation de la justice et de l'éthique semble être impossible pour de nombreux intellectuels israéliens et partisans d'Israël.

Beaucoup de personnes qui s'opposent toujours fortement à la politique israélienne dans les Territoires Occupés, en dépit de leur opposition, passent par de considérables contorsions pour "prouver" qu'Israël en lui-même n'est pas raciste.

Le Rabbin Michael Lerner, rédacteur du magazine juif Tikkun et adversaire de longue date de l'occupation, rejette la notion du racisme pour le Sionisme sur l'explication bornée que le judaïsme est seulement une identité religieuse et qu'Israël accueille des juifs de toutes les races et de toutes les appartenances ethniques et donc qu'il ne peut être qualifié de raciste. Mais cela embrouille les choses.

La préférence envers une religion particulière, qui est le seul aspect du racisme que Lerner a abordé et dont il reconnaît la présence en Israël, n'est pas plus acceptable qu'une préférence pour des raisons ethniques.

Mais plus important, le racisme concerne principalement ceux qui sont discriminés, et non pas ceux qui font la discrimination. En utilisant le raisonnement de Lerner, l'Apartheid d'Afrique du Sud ne pourrait pas être également considéré comme raciste parce qu'il accueillait des Blancs de toutes appartenances ethniques.
Mais son mal inhérent réside dans le fait que sa grande ouverture aux Blancs discriminait les Noirs. La discrimination de personnes "fondée sur la race, la couleur, l'ascendance ou l'origine nationale ou ethnique" est la principale caractéristique du racisme définie par l'ONU.

La discrimination à l'égard des Palestiniens et d'autres non-juifs, simplement parce qu'ils ne sont pas Juifs, est la base sur laquelle se définit Israël.

Lerner semble croire que, parce que les citoyens palestiniens d'Israël ont le droit de vote et qu'ils sont représentés à la Knesset, il n'y a aucune discrimination raciale ou ethnique en Israël.

Mais, indépendamment de sauter sur le racisme institutionnalisé qui maintient les Israélo-palestiniens dans une perpétuelle citoyenneté de seconde-classe, cet argument ignore la réalité plus essentielle qu'Israël a atteint son équilibre ethnique actuel, un niveau où il pourrait confortablement permettre aux Palestiniens de voter sans mettre en danger son caractère juif, seulement parce qu'en 1948, plus de 750.000 Palestiniens ont été forcés de quitter ce qui est devenu l'Etat juif d'Israël.


D'autres questions doivent être abordées.

Est-ce que chaque Israélien ou chaque juif est raciste ? Sûrement pas, comme les exemples de Jeff Halper, de Haim Hanegbi, de Meron Benvenisti, et de beaucoup d'autres comme eux qui l'illustrent de façon frappante.

Est-ce que chaque Sioniste est raciste ? Probablement pas, si l'on accepte l'ignorance comme facteur exonérant.

Aucun doute que la grande majorité des Israéliens, dont la plupart sont des personnes très généreuses, ne sont consciemment pas racistes mais elles "agissent" sans se poser de questions, puisqu'elles sont nées ou installées dans un Etat apparemment démocratique et qu'elle n'ont jamais examiné la question de manière approfondie, et qu'elles gobent la ligne de tous les gouvernements israéliens depuis le début : que les Palestiniens et d'autres Arabes sont des ennemis et que toutes les actions prises par Israël contre les Palestiniens sont nécessaires pour garantir la sécurité personnelle des Israéliens.

Est-ce antisémite de dire que le Sionisme est un système raciste ? Certainement pas. La critique politique n'est pas une haine ethnique ou religieuse. Dire une réalité sur un système politique ou la direction politique d'un gouvernement ne dit rien au sujet des qualités de ses citoyens ou de ses amis.

Le racisme ne fait pas partie du caractère génétique des juifs, pas plus qu'il faisait partie du caractère génétique des Allemands quand Hitler dirigeait un régime raciste. Tout comme la prétention du Sionisme de parler au nom de tous les juifs et l'affirmation d'Israël d'être l'Etat de tous les juifs du monde entier ne transforment pas tous les juifs en Sionistes.

Le Sionisme n'a pas demandé ou n'a pas reçu le consentement de la communauté juive universelle pour parler en son nom ; donc qualifier le Sionisme de raciste ne catalogue pas tous les juifs et cela ne peut pas s'appeler de l'antisémitisme.



Pourquoi est-ce important ?

Y-a-t'il d'autres systèmes racistes, et des méthodes de pouvoir et des philosophies politiques, raciste ou non, qui sont pire que le Sionisme ? Naturellement, mais ce fait ne débarrasse pas le Sionisme de sa culpabilité. (Le racisme existe évidemment aux Etats-Unis et à une certaine période, il était dominant dans tout le pays, mais, à la différence d'Israël, les États-Unis ne sont pas un système de gouvernement raciste, basé sur des fondements racistes et dépendant dans sa raison d'etre d'une philosophie raciste.)

Beaucoup de partisans d'Israël (Michael Lerner et le chroniqueur Thomas Friedman me viennent à l'esprit) affirment que quand Israël "est désigné" pour la critique sans accuser également d'autres régimes oppressifs, les attaquants montrent une haine spéciale envers les Juifs.

Selon eux, toute personne qui ne critique pas également Saddam Hussein ou Kim Jong Il ou Bashar Al-Assad pour des atrocités bien pires qu'Israël montre qu'elle est moins concernée par le fait de faire respecter des valeurs absolues que de démolir Israël parce qu'il est juif.

Mais cette accusation ignore plusieurs facteurs qui exigent une critique du racisme sioniste.

D'abord, parce que le gouvernement américain appuie en permamence le Sionisme et et qu'il soutient la machine militaire du Sionisme avec de fortes sommes d'aide militaire, il est entièrement approprié pour les Américains (en effet, cela incombe aux Américains) d'attirer une plus grande attention sur le racisme du Sionisme que, par exemple, sur les cruautés effroyables en Corée du Nord. Les Etats-Unis n'aident pas les atrocités de la Corée du Nord, mais ils appuyent financièrement la brutalité du Sionisme.

Il y a également une forte raison morale pour dénoncer le Sionisme comme raciste. Le Sionisme se présente, et se félicite réellement, d'être un système uniquement moral qui se positionne comme une "lumière pour les nations", en se proposant comme étant l'incarnation même des précieuses valeurs Américaines.

Beaucoup d'amis sionistes d'Israël voudraient nous faire croire que le Sionisme c'est nous, et d'une certaine manière, c'est vrai : la plupart des Américains, considérant les Israéliens "comme nous", ont grandi avec la notion qu'Israël est une entreprise noble et que l'idéologie qui l'a engendré est le plus grand des ordres moraux.

Un nombre substantiel d'Américains, Juifs ou non-Juifs, ressentent un lien affectif et psychologique avec Israël et le Sionisme qui va bien au-delà des liens avec n'importe quel autre allié étranger. Un intellectuel qui a décrit la relation américano-israélienne fait référence à Israël comme faisant partie des Etats-Unis.

Précisément en raison de l'intimité de la relation, il est impératif que l'hypocrisie du Sionisme soit exposée, que les Américains ne donnent d'aide et de confort, ou même ne restent pas associés à un système moralement répugnant qui utilise le racisme pour élever un peuple au-dessus de tous les autres en le faisant passer pour ce qu'il n'est pas. Les Etats-Unis ne peuvent plus continuer à soutenir Israël en tant que nation sans être associés au racisme d'Israël.

En conclusion, il y a des raisons pratiques cruciales pour reconnaître le racisme du Sionisme et exprimer une politique américaine clairement opposée au racisme partout dans le monde et à la politique israélienne répressive qui résulte du racisme sioniste.

Maintenant plus que jamais, puisque les Etats-Unis se positionnent comme défenseur enthousiaste du Sionisme, l'approbation américaine, et en effet, sa contribution à la politique raciste d'Israël met ce pays en grand danger d'attaques terroristes à une grande échelle.

Le terrorisme résulte, non pas comme croire le Président Bush voudrait nous le faire de la "haine de nos libertés", mais de la haine de notre politique oppressive et meurtrière dans l'ensemble du monde Arabe et Musulman, et de manière considérable, de notre soutien à l'intense oppression des Palestiniens par Israël.

Le terrorisme n'est jamais acceptable, mais il est explicable, et il est habituellement évitable. Soutenir l'oppression des Palestiniens qui résulte du racisme d'Israël ne fait qu'encourager le terrorisme.

Il est temps de commencer à exprimer ouvertement notre dégoût pour le racisme envers les Palestiniens que les Etats-Unis soutiennent depuis des décennies.

Il est temps de tirer la sonnette d'alarme au sujet de la presque irréversible absorption par Israël des territoires occupés, du fait que cela vient d'une idéologie fondamentalement raciste, du fait que ce racisme mène à un ethnicide d'une nation entière, et du fait que cela produira très probablement des représailles terroristes horribles contre les États-Unis en raison de son soutien inconditionnel.

Beaucoup de gens qui sont intimement au courant de la situation sur le terrain tirent déjà la sonnette d'alarme, habituellement sans utiliser le terme racisme mais en utilisant d'autres termes incendiaires.

Le commentateur israélien Ran HaCohen a récemment fait observer que les "atrocités israéliennes s'étaient maintenant intensifiées à un degré inimaginable au cours des décennies précédentes."

"Les confiscation de terre, les couvre-feux, la poussée progressive des Palestiniens des secteurs prévus pour des juifs ont toujours accompagné l'occupation, écrit-il, mais le niveau d'oppression maintenant "est tout à fait une autre histoire. (C'est) une politique éliminationiste à la limite du génocide."

La Fondation pour la Paix au Moyen-Orient, une institution basée à Washington qui a suivi la construction des colonies israéliennes pendant des décennies, en est arrivée plus ou moins à la même conclusion, bien qu'en utilisant un langage attirant moins l'attention dans son dernier bulletin bimensuel.

Selon eux, Israël entreprend des efforts massifs et sans précédent pour la construction de nouveaux logements dans les colonies qui continue à un rythme soutenu, ce qui mène à poser la question de son contrôle sur ces secteurs à l'abri de la diplomatie."
Les actions israéliennes, en particulier l'augmentation "implacable" du contrôle territorial, conclut la Fondation, "ont compromis non seulement la perspective d'une véritable indépendance palestinienne mais également, d'une manière jamais vue en 36 ans d'occupation israélienne, la possibilité même de la vie quotidienne des Palestiniens."

Cela indique un changement remarquable quand les commentateurs israéliens et des Fondations normalement sérieux commencent à utiliser des termes comme "sans précédent", "inimaginable lors des décennies précédentes", "d'une manière jamais vue en 36 ans d'occupation israélienne", même des termes comme "éliminationiste" et "génocide".

Alors que l'administration Bush, tous les candidats Démocrates à la présidence (y compris, à un certain degré, même les plus progressistes), le Congrès, et les médias traditionnels américains ignorent avec une complète désinvolture l'ampleur de la destruction en Palestine, de plus en plus de voix à l'extérieur des Etats-Unis et en dehors du courant dominant aux États-Unis finissent par reconnaître qu'Israël se débarrasse de toute vie parmi la nation palestinienne. Ceux qui voient cette réalité devraient commencer à exposer non seulement la réalité mais le racisme qui est à sa racine.

Quelques Israéliens très sérieux, dont Haim Hanegbi, Meron Benvenisti, et des activistes tels que Jeff Halper, sont arrivés à la conclusion qu'Israël a tellement absorbé des territoires occupés qu'un Etat palestinien séparé et véritablement indépendant ne pourra jamais être établi en Cisjordanie et à Gaza. Ils envisagent maintenant une solution binationale comme seul moyen.

En théorie, cela signifierait la fin du Sionisme (et du racisme sioniste) en permettant aux peuples juifs et palestiniens de former un seul Etat laic sur l'ensemble de la Palestine où ils vivraient ensemble den toute égalité et en démocratie, où aucun peuple ne serait supérieur à l'autre, où personne ne s'identifierait par sa nationalité ou sa religion mais simplement par sa citoyenneté.

Impossible ? Idéaliste ? Promesses en l'air ? Probablement mais peut-être pas.

D'autres activistes et intéllectuels israéliens et juifs, tels que l'Israélien, Uri Avnery ou le contributeur à CounterPunch, Michael Neumann, ont remis en cause de façon pertinente la sagesse et le réalisme de vouloir insister sur le binationalisme à l'heure actuelle.

Mais il est frappant de voir que leurs arguments se concentrent sur ce qui assurera le mieux des résultats convenables pour les Palestiniens.

En fait, ce qui est le plus encourageant au sujet du nouveau débat émergeant au sujet d'une solution à un ou deux Etats, c'est le fait que des gens intelligents, compatissants ont enfin pu aller au-delà du fait d'aborder la mentalité juive de victime et comment mieux assurer un futur pour les juifs, en commençant par parler de comment mieux assurer un futur pour les Palestiniens et Juifs.

Les progressistes aux États-Unis, les partisans et les adversaires de la politique américaine envers Israël, devraient encourager un débat semblable dans ce pays. Si cela entraine de fortes attaques de l'AIPAC et ses accusations excessives d'anti-sémitisme, alors qu'il en soit ainsi.

Nous avons récemment eu l'occasion de soulever la notion du racisme israélien, en utilisant le réel mot détesté, lors d'une réunion d'environ 25 ou 30 juifs progressistes, et nous sommes arrivés à deux conclusions :

1) c'est un concept difficile à présenter aux gens, mais

2) nous n'avons pas eu à sortir en courant de la salle et, après que le choc initial qu'est d'entendre le terme raciste utilisé en association avec le Sionisme, la plupart des personnes dans la pièce, à seules quelques exceptions, ont bien accueilli l'idée. Beaucoup nous ont particulièrement remerciés pour ce que nous avions dit.


Un homme, élevé en tant que Juif devenu maintenant Musulman, est venu nous voir après pour dire qu'il pensait que le Sionisme était plutôt une idéologie nationaliste que raciste (ce à quoi nous avons répondu que le nationalisme était la motivation mais le racisme était la réalité qui en résultait), mais il a reconnu, avec une apparente approbation, que se référer au racisme avaitun certain effet choquant.

Un effet choquant, c'est précisémment ce que nous recherchions. Le soutien complaisant des Etats-Unis à tout ce que fait Israël ne sera pas changé sans choc.

Quand un Etat puissant :
• tue des centaines de civils d'un autre groupe ethnique ;
confisque leur terre ;
• établit de vastes logements sur cette terre pour l'usage exclusif de ses propres ressortissants ;
• construit des routes sur cette terre pour l'usage exclusif de ses propres ressortissants ;
• empêche l'expansion des quartiers et des villes d'un autre peuple;
• démolit à grande échelle les maisons appartenant à un autre peuple, afin d'empêcher la croissance de population de ce peuple, ou pour les inciter à partir "volontairement" de leur terre, ou pour fournir la "sécurité" à ses propres ressortissants ;
• emprisonne un autre peuple sur sa propre terre derrière des checkpoints, des barrages routiers, des fossés, des fils barbelés, des barrières électroniques, et des murs en béton ;
• entasse l'autre peuple sur des bouts de terrains toujours plus petits et non reliés entre eux ;
• Quand il paralyse les possibilités productives de l'autre peuple en détruisant ou en le séparant de ses terres agricoles, en détruisant ou en confisquant leurs puits, en empêchant leur expansion industrielle, et en détruisant leurs entreprises ;
• emprisonne les dirigeants de l'autre peuple et qu'il menace d'expulser ou d'assassiner ces dirigeants ;
• détruit les forces de sécurité et l'infrastructure régissant l'autre peuple ;
• détruit les données de recensement d'une population entière, les données d'enregistrement de terre, et les données des écoles ;
• quand il vandalise les centres culturels et les maisons du culte des l'autre peuple en urinant, en déféquant et en dessinant des graffitis sur des objets et des symboles culturels et religieux,
quand un peuple fait ces choses-là à l'autre peuple, une personne logique ne peut tirer qu'une seule conclusion : l'Etat puissant essaye de détruire l'autre peuple, de le jeter à la mer, de le nettoyer éthniquement.

Ces genres d'atrocités, et en particulier l'étendue de la répression, ne proviennent pas de certaines provocations terroristes de la part des Palestiniens.

Ces atrocités proviennent d'une philosophie politique qui dit que tout ce qui peut promouvoir est les intérêts des Juifs est acceptable en tant que politique. C'est une philosophie raciste.

Ce que fait Israël aux Palestiniens, ce n'est pas génocide, ce n'est pas un holocauste, mais c'est, indéniablement, un ethnicide. C'est, indéniablement, du racisme.

Israël s'inquiète constamment, et ses amis américains s'inquiètent, de la destruction d'Israël.

On nous rappelle toujours la menace existentielle d'Israël, du peuple juif. Mais la nation en danger imminent d'élimination n'est pas aujourd'hui Israël mais les Palestiniens.

On ne doit pas permettre à une telle politique de destruction nationale de continuer.


Lire la première partie : Le Sionime, une idéologie raciste : Le vilain petit secret d'Israël

Source : http://www.counterpunch.org/

Traduction : MG pour ISM

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Kathleen et Bill Christison

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