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Palestine -

Le service civil : le comble de l’asservissement

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Depuis quelques mois, une lourde menace pèse sur la jeunesse palestinienne qui vit dans le territoire occupé en 48 (Etat sioniste), celle de devoir assurer un « service civil » au profit de l’institution militaire sioniste. L’idée n’est pas nouvelle, puisque Sharon l’avait déjà agitée, en pleine période de l’Intifada al-Aqsa, sous le prétexte de l’équation trompeuse de l’égalité des droits et des devoirs de tous les citoyens « israéliens ». Mais il s’agissait à l’époque d’un « service » non-obligatoire, qui permettrait aux jeunes Palestiniens, s’ils acceptaient leur enrôlement, de « bénéficier » de droits (accès plus facile au travail, facilités de paiement pour les études universitaires, entre autres).

Le service civil : le comble de l’asservissement

Une Palestinienne croise deux soldates de l'occupation à Jaffa, le 27.06.2012 (Photo: Ariel Schalit / AP)
Mais les jeunes Palestiniens et moins jeunes avaient dès le départ compris qu’il ne s’agissait en fait que de les soumettre à l’Etat colonial, qu’un moyen d’éradiquer leur appartenance palestinienne et de dénaturer leur culture et identité nationales. De vastes protestations avaient eu lieu, des campagnes d’explication ont été menées auprès du jeune public palestinien qui, à cause de sa marginalisation par les institutions coloniales et de l’apartheid vécu au quotidien et de sa pauvreté, avait au départ prêté une oreille attentive à cet appel, puisqu’il ne s’agissait pas de s’enrôler dans l’armée criminelle des sionistes, mais juste d’assurer un « service civil » bénévole dans les agglomérations arabes. C’est ainsi que le gouvernement sioniste et ses bras médiatiques et universitaires avaient présenté l’affaire. Il a donc fallu beaucoup d’énergies pour les associations des jeunes Palestiniens et les partis politiques, ainsi que le haut comité représentatif des masses arabes, pour lutter contre la propagande insidieuse gouvernementale, insistant sur le fait que « l’égalité des droits et des devoirs » avancée par le gouvernement sioniste n’est qu’un leurre, puisque les Palestiniens de 48 sont privés depuis 1948, de cette égalité, leurs maisons sont démolies, leurs terres sont confisquées, leurs agglomérations sont encerclées par les colonies et manquent de ressources financières ; leur culture est ignorée, leur histoire bafouée, et quand ils avancent les mots d’ordre d’égalité dans leurs luttes politiques, ils sont considérés comme une menace intérieure par la société coloniale et ses appareils de renseignements.

Pour contrer la propagande mensongère du gouvernement faisant du « service civil » une voie de passage vers la citoyenneté, les Palestiniens de 48 ont pris pour exemple le sort des jeunes Palestiniens druzes que l’Etat enrôle dans son armée, comme moyen de diviser les Palestiniens de 48 entre plusieurs communautés, et dans un refus de les reconnaître en tant que Palestiniens. Malgré le service militaire accompli par les jeunes druzes, les terres de leurs villages sont confisquées comme le sont les terres arabes en général, et bien peu de druzes parviennent aux échelons supérieurs de l’armée. Et malgré la collaboration de certains chefs de clans druzes depuis l’occupation en 1948, la communauté druze n’est pas mieux lotie que le reste des Palestiniens. D’ailleurs, un mouvement de refus du service militaire parmi les jeunes Palestiniens druzes est né il y a plus d’une décennie, ignoré par les médias occidentaux qui préfèrent éclairer le refus de certains juifs d’accomplir leur service militaire « dans les territoires », comme ils disent, c’est-à-dire en Cisjordanie . Ce mouvement s’élargit au point que plusieurs jeunes druzes se trouvent actuellement en prison et d’autres dans la « clandestinité ». Ils sont soutenus par plusieurs sheikhs et personnalités politiques druzes, qui ont constitué également des mouvements politiques affirmant leur appartenance arabe et palestinienne, et refusant le jeu des anciens chefs de clans.

Quant aux Palestiniens « bédouins » du Naqab (autre catégorisation sioniste de la population palestinienne), ceux qui ont accepté de s’enrôler (non-obligatoire) restent extrêmement minoritaires, et le mouvement de refus est à présent quasi-général, depuis la campagne de nettoyage ethnico-religieux subie par la région du Naqab après les accords d’Oslo.

Après la proposition de Sharon, aujourd’hui, c’est une nouvelle loi qui est au centre des débats de l’entité coloniale, celle qui devrait remplacer la loi Tal, qui a permis jusqu’à présent aux « haridim » (juifs religieux) d’échapper au service militaire, pour se consacrer à leurs études bibliques. En réalité, la loi Tal accordait également aux « haridim » les avantages sociaux réservés aux militaires, « avantages » ou droits refusés aux Palestiniens. Les discussions entre les sionistes sur cette loi, les conflits entre religieux, extrémistes, libéraux et travaillistes tournent surtout sur l’enrôlement des « haridim », et non sur celui des Palestiniens, car les premiers font partie de la société coloniale et se considèrent comme « garants spirituels » de la survie de l’Etat sioniste. Quant aux Palestiniens, ils ne font aucunement l’objet de débats, puisque toute la société juive coloniale a décidé qu’ils devraient se soumettre à l’ordre sioniste, sinon « partir »…

Photo
Manifestation de « haridim » à Al-Qods occupée contre la nouvelle loi qui les oblige à faire leur service militaire (photo credit: Yonatan Sindel/Flash90)


Si les « haridim » sont sollicités à participer à l’armée coloniale, ce n’est pas le cas des Palestiniens, sollicités pour des tâches civiles, car la mentalité sioniste ne peut faire confiance à la loyauté des Palestiniens et les entraîner aux armes ou leur en fournir. La nouvelle loi du recrutement militaire parle surtout d’assumer et de « partager le fardeau » militaire de l’Etat colonial. Ce qui veut dire, en fait, que l’armée sioniste n’est plus cette armée qui accueillait allègrement les jeunes juifs pour aller vers la conquête des régions arabes (Palestine et les autres pays), mais elle est devenue une armée vieillie qui a besoin de recrues pour « partager le fardeau », d’autant que ses soldats meurent plus fréquemment au combat (Liban et Gaza, et le camp de Jénine en 2002) et sont activement recherchés par les résistants palestiniens pour les échanger contre les prisonniers palestiniens. Depuis l’intifada al-Aqsa, être soldat dans l’armée sioniste est devenu dangereux et être officier, c’est aussi être menacé d’être arrêté dans un des aéroports européens pour « crimes de guerre » ou « crimes contre l’humanité ».

En fait, l’Etat colonial sioniste a lancé sa campagne de recrutement dans l’armée et ses branches civiles au moment même où il accentue son attitude raciste et coloniale envers la société palestinienne, au moment où il lance plusieurs campagnes militaires contre les territoires occupés en 1967 (Cisjordanie et Gaza), et deux guerres destructrices contre le Liban et la bande de Gaza (2006 et 2008-2009), au moment où il protège les colons en Cisjordanie et où il se prépare à lancer une guerre contre l’Iran, la Syrie et le Liban. L’armée coloniale a besoin d’assurer ses arrières, c’est-à-dire son « front intérieur », pour ses prochaines aventures militaires, et c’est aux Palestiniens de 48 qu’elle s’adresse. L’Etat sioniste n’a pas l’intention d’accorder aux Palestiniens l’égalité avec les colons, mais il a besoin d’eux, comme serfs et main-d’œuvre gratuite, pour porter le lourd fardeau qu’est devenue l’armée coloniale.

C’est pourquoi les jeunes Palestiniens de 48 et tous les partis politiques palestiniens, dans l’Etat sioniste, refusent catégoriquement la loi ou le projet de loi. Ils ont décidé de lancer un mouvement de désobéissance civile, ils se disent prêts à être arrêtés et emprisonnés (ceci est un honneur, affirment-ils) et Jamal Zahalqa, représentant du Rassemblement National démocratique, a juste dit : « si cela (notre refus) ne leur plaît pas, qu’ils s’en aillent du pays ».

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