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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Les derniers voiles se dissipent lentement

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L'étendue des conspirations des gouvernements arabes contre leurs propres peuples et leur soumission aux gouvernements états-unien et israélien étaient connues. Mais les documents révélés par Wikileaks confirment ou approfondissent cette connaissance. Par exemple, nous savons maintenant comment M. Marwan Hamadeh, officiel libanais, s'est démené auprès de responsables US, français, saoudiens, jordaniens et autres pour mobiliser contre le réseau de fibres optiques du Hezbollah au Liban. La première personne qu'il a informée sur ce réseau fut Hanna Siniora (aujourd'hui discrédité et qui était à l'époque Premier Ministre), Walid Jumblatt et le patriarche maronite, manifestement dans l'intérêt des factions. Et nous apprenons qu'Elias el-Murr, Ministre de la Défense du Liban, a informé les responsables US que l'armée libanaise n'interviendrait pas si Israël envahissait le Liban tant que l'armée israélienne n'attaquerait pas les villages chrétiens.

Nous apprenons aussi que le Ministre égyptien des Affaires étrangères, copiant son patron Hosni Mubarak, a refusé de discuter des droits de l'homme et de la libération des prisonniers politiques, et a au contraire continué à mettre l'accent sur les dangers du Hamas et de ses possibles liens avec les Frères Musulmans en Egypte et en Iran. La façon dont les gouvernements travaillent révélée par ses câbles prouve ce que disait Barbara Tuchman (1) :

"La stupidité bornée, source d'aveuglement, est un facteur qui joue un rôle remarquablement important dans la gouvernance. Elle consiste à évaluer une situation en termes de notions fixes préconçues, tout en ignorant ou en rejetant tous signaux contraires. C'est le fait d'agir selon son souhait tout en s'interdisant de se laisser dévier par les faits. Cette attitude est résumée dans la déclaration d'un historien au sujet de Philippe II d'Espagne, le plus stupidement borné de tous les souverains : Aucune expérience de l'échec de sa politique ne pouvait ébranler sa foi dans son excellence essentielle." ("The March of Folly: From Troy to Vietnam", éd. Alfred A. Knopf, New York, 1984).

En bref, les câbles diffusés, alors qu'ils montrent de façon théorique une peur de l'Iran et de la propagation islamique au Moyen-Orient, ne discréditeront que les dirigeants arabes et encourageront les gens à chercher des alternatives à ce qui est maintenant, clairement, un axe du mal : le gouvernement des Etats-Unis, Israël et les dictatures arabes réactionnaires qui les servent.

Pour être franc, nous avions de meilleures possibilités dans les années 1960 et au début des années 1970 pour résister aux desseins hégémoniques US/Israël d'asservissement et de division du monde arabe qu'aujourd'hui, où nous sommes confrontés (à peu d'exception près) à un solide bloc de régimes arabes collaborationnistes (qu'on connaissait déjà mais que Wikileaks révèle maintenant clairement, avec d'autres révélations à venir) et un public arabe essentiellement apathique, y compris beaucoup de Palestiniens.

Pour la période à venir, quels sont les centres alternatifs organisés capables de combattre les dictatures et les empires et mettre en échec les idéologies racistes de "peuple élu" ? Les possibilités ne sont pas nombreuses :

1) Partis traditionnels de la gauche laïque (FPLP, DFLP, PPP, Baathistes, Nassériens, etc.). Chacun de ces partis/factions est petit en soi. Ils ont perdu beaucoup de soutien après la dissolution de l'Union soviétique. Je ne parle pas ici de soutien financier ou direct ou autre (il était relativement faible et ne concernait que peu de ces groupes). Je parle du déclin général de la gauche dans le monde qui a suivi la "victoire perçue" de l'occident capitaliste. Une campagne puissante de relations publiques venant de nombreux milieux a propulsé cette perception (toute erronée qu'elle soit) que le déclin de l'Union soviétique signifiait que le système d'économie de marché sans entrave était le seul jeu valable. Je ne veux pas entrer dans l'analyse de ce phénomène. D'autres l'ont fait bien mieux que moi, dont des analyses franches et autocritiques de ceux qui appartiennent à ces divers partis et factions de gauche, et à des mouvements de libération. Mais mon point de vue est que même avec leurs cadres réduits à cause de ce défi et d'autres (par exemple la dépendance de certains d'entre eux au financement de l'Autorité Palestinienne dominée et de l'OLP émasculée), ils restent, collectivement, une force potentielle pour le futur. Lorsqu'ils joindront vraiment leurs forces (par exemple lors d'élections locales choisies), ce pouvoir peut se manifester.

2) Les forces islamiques : à nouveau, je ne présume ni n'essaie d'analyser la puissance de ces factions ni leur diversité, mais leur potentiel pour des développements dans des directions positives qui aboutissent à de réels changements dans leurs sociétés. Je pense que chacun conviendra que ces groupes gagnent des adhérents et sont un poids important parmi les populations et qu'ils joueront un rôle dans le futur.

3) Des individus honnêtes au sein des élites palestiniennes (dans les organes au pouvoir et dans les affaires) et même en Arabie Saoudite, Egypte, Jordanie, Liban et autres pays arabes. Je dirais de ceux-ci qu'ils ont plus de possibilités de croître et de fournir des alternatives décentes au statu quo parmi les Palestiniens libanais (et peut-être jordaniens et égyptiens). Certains peuvent décider que leurs situations financières et sociales seront renforcées par la remise en cause du statu quo.

4) Les indépendants : des gens de conscience mais qui n'appartiennent pas à une faction politique et ne sont pas associés à des gouvernements. Beaucoup d'entre eux sont des intellectuels qui pourraient finalement passer à l'activisme, comme c'est arrivé par le passé (en Palestine et ailleurs).

Ces questions sont de plus en plus discutées par des individus au sein de ces sections des sociétés. Je crois qu'il est possible de les organiser en une force positive cohérente qui combatte les décisions guerrières, le racisme, la colonisation et l'occupation. Mais mon humble opinion est que :

A) il ne faut pas négliger la probabilité de la dissolution de l'empire Israël/USA, à l'instar des empires romain et soviétique, à cause de son arrogance, de sa suffisance et de sa politique désastreuse (les signes sont partout, des 3 milliards de dollars de la guerre en Irak aux attaques contre la Flottille, aux discussions amères dans la société israélienne sur le fait que cet Etat qui possède la 4ème armée au monde ait dû faire appel à l'aide étrangère pour venir à bout de quelques incendies, etc.)

B) Il ne faut pas sous-estimer la force des peuples (Palestiniens, autres arabes, internationaux, etc.). L'histoire nous enseigne que quand nous minimisons ce que les peuples sont capables de faire, nous sommes presque toujours dans l'erreur. Pensez à la perception des Français et, après eux, du gouvernement des Etats-Unis, sur ce que les paysans vietnamiens pouvaient faire dans les quelques années qui ont précédé leur libération. Pensez à l'Afrique du Sud au début des années 1980, à l'Algérie des années 1940 et 1950, à l'Inde des années 1920 et 1930, au sud des Etats-Unis dans les années 1940. Même ici, en Palestine, il suffit de penser au mépris et aux avis des experts sur la fin de la Palestine, en 1928 (avant le soulèvement de 1929), en 1935 (avant le soulèvement de 1936), en 1955, 1970, 1981, 1986 et 1999.

Le fait que l'administration états-unienne ait été incapable de réaliser le moindre changement dans les activités coloniales israéliennes est une indication que nous avons atteint une impasse dans les vieilles façons de faire et que de nouvelles manières et de nouveaux acteurs doivent être mis en avant. Les choses changeront quand le peuple prendra le pouvoir. Partout dans le monde, beaucoup réalisent que c'est en train de se passer mais peu conduisent la voie du changement.

(1) Barbara Wertheim Tuchman (30.01.1912/06.02.1989) historienne et auteur américaine.


Sur la "Conférence sur Un Etat", à Stuttgart, les 26-28 novembre 2010

Au vu du nombre de visites sur les vidéos ci-dessous, il semble que l'intérêt est grand pour les discours et discussions qui ont eu lieu et nous espérons qu'il y en aura beaucoup d'autres. Il semble que la conférence soit un tournant pour la promotion de la campagne BDS en Allemagne. C'est pour cette raison que les organisateurs allemands ont lancé un nouveau site pour la campagne BDS allemande : BDS Kampagne.

Ci-dessous des vidéos de quelques-uns des intervenants :

Ali Abunimah: "International Strategies and Concepts for the Support of Civil Resistance in Palestine"


Ali Abunimah - International Strategies and Concepts for the Support of Civil Resistance in Palestine


Haidar Eid : "Analogies between Apartheid South Africa and Israël and the current situation in Palestine"


Haidar Eid: Analogies between Apartheid South Africa and Israël and the current situation in Palestine


Lubna Masarwa




Ilan Pappe


Ilan Pappe Palestine Conference in Stuttgart 26. November 2010


Mazin Qumsiyeh

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10 décembre 2010