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ISM France - Archives 2001-2021

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Grande Bretagne -

Merci, mais non merci

Par

> aswk@yahoo.com

Ahmad Samih Khalidi est chercheur au St Antony's College, Oxford.

L'Etat palestinien est maintenant devenu le standard universel pour toutes les solutions au conflit israélo-palestinien. La communauté internationale applaudit le concept. Le président Bush le proclame fièrement comme étant sa "vision". Les Israéliens y ont adhéré tardivement, après des années de refus et de rejet.

Aujourd'hui, le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, non seulement soutient l'idée, mais il le proclame comme étant d'un intérêt existentiel pour les Israéliens : Sans cet Etat, Israël est condamnés à disparaître sous l'agression de la population arabe toujours croissante en Israël et dans les territoires occupés.
Cette apparente marée humaine peut encore mener l'État juif au désastre, en exigeant une égalité des droits civiques à ceux des Juifs.

Mais l'Etat en tant que tel est un ajout relativement récent aux aspirations palestiniennes. Le principal impératif pour les Palestiniens après la catastrophe de 1948 était le "retour", ils voulaient plus récupérer la terre et le patrimoine Arabe perdus qu'obtenir une auto-détermination classique du genre post-colonial, via un Etat.

Violemment ébranlé au niveau national par le déplacement forcé catastrophique de 1948 et jusqu'au milieu des années 60, le sentiment d'une identité nationale "palestinienne" avait presque disparu. Cette "perte de conscience" a été inversée seulement par l'émergence du Fatah de Yasser Arafat dans la diaspora arabe à la fin des années 50.

Ce n'est qu'à la fin de la débâcle de 1967 qu'une nouvelle identité nationale palestinienne a commencé à prendre forme. A sa base, la notion de lutte armée agissait comme une force de galvanisation. La lutte armée, selon le Fatah, a rétabli la dignité palestinienne et a donné aux Palestiniens leur mot à dire dans la détermination de leur avenir.

L'indépendance et la construction d'un Etat n'avaient pas de véritable place dans ce schéma. En effet, les premières propositions visant à créer un Etat en Palestine (Cisjordanie) avaient été rejetés comme étant du défaitisme et une trahison de la cause nationale.

Ce n'était certainement pas un mouvement de renforcement des institutions, d'acquisition de terrains et de construction d'un Etat par le vol comme dans le mouvement sioniste avant 1948. Après la guerre de 1973, les dirigeants du Fatah se sont tournés de nouveau vers cette notion.

Cela était en grande partie le résultat d'une lecture réaliste de l'équilibre des forces et une reconnaissance des limites de ce que la force, de la part des pays arabes ou des Palestiniens irréguliers, était de nature à atteindre.

Finalement, en 1988, Arafat a lui-même soutenu l'idée d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967 en tant que compromis historique; Israël derrière ces frontières obtiendrait 77% de la Palestine Mandaitaire et les Palestiniens se contenteraient des 23% restants.

Aujourd'hui, l'Etat palestinien est en grande partie un concept punitif imaginé par les pires ennemis historiques des Palestiniens; Israël et son implacableallié, les États-Unis.

Aujourd'hui, l'intention cachée derrière l'Etat est de limiter territorialement les aspirations des Palestiniens, de les forcer à renoncer à leurs droits moraux, de revenir sur leur histoire et de faire accepter les diktats israéliens sur les questions fondamentales de souveraineté.

Son cœur est l'Autorité Palestinienne qui est maintenant fondamentalement soutenue par la présence des Forces de Défense Israéliennes en Cisjordanie .

L'Autorité Palestinienne est de plus en plus transformée en élément de l'occupation israélienne, son rôle est de servir les intérêts sécuritaires des Israéliens comme l'ont montré Israël et les équipes de l'armée américaine qui ont supervisé la mise en place des forces de sécurité palestiniennes.

On ne sait pas comment un État indépendant peut être construit sur les lances de la même force qui l'occupe. Ou comment les institutions de l'État peuvent être construites alors que l'occupation se poursuit et détermine tous les aspects de la vie des Palestiniens.

La notion d'un Etat était une émanation de la lutte des Palestiniens et non son objectif central. Néanmoins, il y a eu une période, au milieu des années 70, où l'Etat aurait pu allier les aspirations nationales des Palestiniens avec les limites de ce qui était possible.

Maintenant, ce concept est moins attrayant que jamais. Olmert exige des Palestiniens qu'ils renoncent à leur histoire. Le président Bush décide pour eux de ce que devront être leurs frontières et leurs droits. Et Tony Blair menace du doigt et dit aux Palestiniens qu'ils n'auront pas d'Etat s'ils ne répondent pas à des standards élevés (sic) en matière de gouvernance.

La tentation est de dire merci, mais non merci. Dans de telles circonstances, les Palestiniens pourraient aussi bien opter pour autre chose. Ils pourraient évoquer le pire cauchemar d'Olmert et demander une résolution plus équitable et plus juste qui serait construite sur une base différente; une base de respect mutuel, d'égalité et de réciprocité, et une notion de véritable partenariat dans le partage des terres.

Ou les Palestiniens pourraient tout simplement continuer à dire non à un État qui ne fait rien pour s'attaquer à leur besoins de base. Quoi qu'il en soit, il est difficile de voir comment Israël peut gagner ce combat à long terme.



Source : http://www.guardian.co.uk/

Traduction : MG pour ISM

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