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Note aux Artistes : Dites non au visa israélien

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Publication originale du dimanche 6 janvier 2013.

Le 7 décembre 2012, les six membres du groupe jordanien Autostrad ont donné un concert à Nazareth, devant un public majoritairement palestinien. Sur sa page Facebook, Autostrad se définit comme un "groupe de reggae-funk-rock jordanien" qui s'est déjà produit dans les villes cisjordaniennes de Bethléem et de Ramallah. Pourtant, leur représentation à Nazareth a provoqué un tollé ; de nombreux Palestiniens l'ont dénoncée comme un acte de normalisation avec Israël, le groupe ayant obtenu des visas israéliens.

Note aux Artistes : Dites non au visa israélien

Autostrad en concert au Caire en 2009
Dans son excellent article sur Qadita, “La fin ne justifie pas les moyens", l'ancienne coordinatrice du Comité national BDS (BNC) Hind Awwad a écrit que la différence entre se produire en Israël ou en Cisjordanie réside dans le type de document d'entrée remis aux artistes arabes.

C'est très simple, les arabes qui souhaitent entrer en Cisjordanie reçoivent d'Israël un permis, tandis que ceux qui vont "au-delà" des frontières de 1967 se voient accorder un visa israélien.

"La différence la plus importante et essentielle entre un permis israélien et un visa israélien," écrit Awwad, "c'est que le premier est délivré par les autorités israéliennes en tant qu'Etat occupant qui contrôle les territoires palestiniens, tandis que l'autre est accordé par les ambassades israéliennes dans les pays arabes sur le principe de la remise de visas à ceux qui désirent visiter les "terres" d'Israël, laissant ainsi à penser qu'Israël est un Etat légitime et normal comme n'importe quel autre pays."

Rania Elias, de la Campagne palestinienne pour le boycott universitaire et culturel d'Israël (PACBI) entre dans le détail :

"[Le visa israélien] normalise les ambassades et consulats d'Israël en Egypte, en Jordanie ou dans n'importe quel pays arabe et encourage à agir comme si de rien n'était avec eux, tandis que le permis israélien est basé sur le traitement d'Israël en tant que puissance occupante, pas comme un Etat normal," dit-elle.

Dans le cas où des organisateurs palestiniens adressent une invitation à des universitaires, des artistes ou des personnalités culturelles arabes, PACBI maintient que ces organisateurs palestiniens devraient se conformer aux principes et aux normes du boycott universitaire et culturel. A savoir que l'entrée en Palestine pour un détenteur de passeport arabe doit se faire avec un permis des autorités d'occupation, et non avec un visa israélien.

Autostrad a manifestement violé l'appel des plus de 170 organisations de la société civile palestinienne à boycotter Israël, ainsi que le "Mouvement populaire jordanien pour le boycott de l'entité sioniste", qui avait demandé en privé au groupe de ne pas solliciter de visas israéliens.

Pour leur part, les organisateurs palestiniens du concert de Nazareth et Autostrad ont répondu par une déclaration commune intitulée, "Passer par mes geôliers n'en fait pas des humains."

Ce communiqué dit que le concert avait déjà été reporté une fois à cause de l'offensive militaire d'Israël contre la Bande de Gaza en novembre 2012, et que leur but était le bonheur du peuple palestinien qui a souffert.

"Nous sommes parfaitement conscients que la seule façon de répondre à l'invitation de nos frères et soeurs qui vivent dans l'Etat ennemi est par l'acquisition d'un visa de l'ambassade de l'occupation sioniste, qui réaffirme notre position de ne pas la reconnaître, ni sa politique envers notre honorable peuple palestinien," lit-on.

La justification d'Autostradt pour sa violation du boycott ne convainc pas Osama Atwa, activiste de Tulkarem. "L'obtention d'un visa israélien est une acceptation flagrante de l'ennemi en tant qu'entité légitime," dit-elle. "Est-il possible qu'Autostradt n'ait pas remarqué les soldats d'occupation, le drapeau et les colons ? N'ont-ils pas vu les noms judaïsés des villes et cités palestiniennes ? N'ont-ils pas réalisé, sur le chemin de Nazareth, que des millions de réfugiés attendent de revenir dans leurs foyers et en sont interdits par ces mêmes autorités qui ont donné au groupe la permission d'entrer dans le pays ?"

Les Palestiniens qui ont assisté au concert d'Autostrad à Nazareth ont fait remarquer qu'ils avaient le droit au plaisir de voir Autostrad autant que les spectateurs de Ramallah, et qu'un groupe arabe se produisant dans la plus grande ville palestinienne d'Israël consolidait les liens culturels.

"Si nous acceptions cet acte comme une façon de construire des ponts avec les Palestiniens du territoire 48," remarque Rania Elias, "nous accepterions les traités de paix jordanien et égyptien avec Israël et toutes les conditions imposées sur ces pays arabes. Nous enverrions aussi un message que la manière de se connecter avec les Palestiniens de 48 est de faire la paix diplomatique avec Israël, et de normaliser les relations de manière à pouvoir nous rendre mutuellement visite avec un tampon d'approbation israélien."

"Pour le dire simplement," ajoute Osama Atwa, "nous en avons marre de cette excuse. Si pour les Arabes la façon de communiquer et d'établir des liens avec les Palestiniens passe par la reconnaissance de l'entité sioniste, alors je dis que l'enfer est pavé de bonnes intentions."

Zeina Abu Innab, du Mouvement populaire jordanien pour le boycott, affirme que le mouvement est déterminé à ne pas isoler les Palestiniens, qu'ils soient des frontières de 48 ou de 67.

"Nous sommes tout à fait conscients qu'il est impératif que le mouvement de boycott trouve des solutions alternatives [de manière à ne pas donner] l'impression que nous boycottons les Palestiniens vivant dans le territoire 48," dit-elle.

En août 2012, PACBI a publié une ébauche de règles de boycott spécifiquement destinées aux Palestiniens des territoires 48. Ce document est le résultat d'années de réunions et de discussions avec des militants associatifs, d'étudiants, d'enseignants, d'artistes et de personnalités culturelles.

PACBI a reconnu que sa déclaration initiale sur le boycott d'Israël est impossible et inapplicable aux Palestiniens de 48, et a élaboré trois points principaux qui font la distinction entre ce qui est défini comme la normalisation et les droits de ces Palestiniens (1).

Zeina Abu Innab a souligné que la communication entre le Mouvement populaire jordanien pour le boycott et les activistes palestiniens dans le territoire 48 est vitale.

"Un exemple : lorsque nous avons appris qu'un voyage était organisé depuis la Palestine 48 pour la Jordanie, cet l'été, pour le concert de Leila Mashrou' à Amman,", dit-elle, "et que nous avons découvert que certains de ceux qui participaient au voyage étaient des détenteurs non arabes de passeports israéliens, nous avons demandé aux organisateurs de ne pas les inclure car ils n'étaient pas les bienvenus en Jordanie. Nous avons laissé les activistes palestiniens de 48 libres de boycotter les organisateurs palestiniens, et donc le voyage lui-même."

La veille du Nouvel An, Autostrad s'est produit à Ramallah. Contrairement aux concerts précédents à Ramallah, PACBI a lancé un boycott contre cet événement.

"Nous ne demandons pas aux gens de ne pas assister à leurs concerts en Jordanie ou de cesser d'acheter leur musique," a dit Elias. "Par contre, nous appelons au boycott de leur concert à Ramallah, cette fois, après qu'ils aient décidé de ne pas tenir compte des appels à annuler leur visite à Nazareth avec un visa israélien."

Les billets pour le concert du réveillon du Nouvel An était au tarif exhorbitant de 180 shekels, environ 36€, ce qui suggère qu'ils se produisaient pour une élite minoritaire, et non "pour apporter du bonheur à un peuple qui a tant souffert." Boycotter les concerts d'Autostrad est un sacrifice mineur dans le spectre global des événements, qui comprennent l'autodétermination et la libération d'un régime d'occupation et d'apartheid.


(1) "L'exceptionnalisme d'Israël : Normaliser l'anormal", PACBI, ISM-France.

Source : Al Akhbar

Traduction : MR pour ISM

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