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Palestine occupée - 21 novembre 2017
Par Linah Alsaafin
18.11.2017 – En étendant son contrôle et son occupation sur quatre territoires au lendemain de la guerre de 1967, Israël a mis au point un système de contrôle de la population palestinienne qui est toujours en vigueur cinq décennies plus tard.
Files d’attente au checkpoint de Qalandia, entre Jérusalem et Ramallah, qui marque l’entrée en territoire palestinien occupé.
Après la guerre de 1967, l’armée israélienne a déclaré que les territoires occupés étaient des zones fermées, obligeant les habitants palestiniens à obtenir des permis pour entrer ou sortir. Ceux qui étaient à l’étranger manquèrent le recensement de population ultérieur et ils n’obtinrent pas de papiers d’identité.
Ce qui a nettement séparé et régi les vies de ces Palestiniens est le système d’identification par couleur émis par l’armée israélienne et renforcé en 1981 par son Administration civile. Les Palestiniens en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza ont des papiers d’identité verts – généralement délivrés quand ils ont 16 ans – tandis que les Palestiniens de Jérusalem Est et d’Israël ont des papiers d’identité bleus.
Outil de contrôle
Les papiers d’identité sont toujours émis par l’armée israélienne, malgré l’arrivée du gouvernement de l’Autorité palestinienne en 1993, a noté Tahseen Elayyan, directeur du groupe de surveillance et de documentation des droits palestiniens Al-Haq.
« Au sujet des papiers d’identité de Cisjordanie et de la Bande de Gaza, le rôle de l’AP est essentiellement un rôle de secrétariat, comme l’impression, » a-t’il dit à Al-Jazeera.
« A la fin, c’est l’Administration civile, dans la colonie Bet Il, qui décide de les émettre, selon que le Palestinien apparaît ou non dans le recensement de la population. »
Miriam Marmur, coordinatrice des communications internationales pour l’organisation de défense des droits de l’homme Gisha, a dit que le registre de contrôle de la population palestinienne par Israël a été central pour contrôler le mouvement et la démographie dans les territoires palestiniens occupés.
« Le pouvoir sur le statut de résidence des Palestiniens est utilisé comme un outil de contrôle, » dit-elle. « Les Palestiniens doivent être inclus dans le registre de la population palestinienne pour obtenir cartes identité et passeports. »
Marmur a ajouté qu’en Cisjordanie occupée, les Palestiniens doivent avoir sur eux leurs papiers d’identité lorsqu’ils circulent, à cause des checkpoints disséminés dans tout le territoire.
On a comparé ce système aux lois que les blancs avaient promulgué dans l’Afrique du Sud de l’apartheid pour contrôler le mouvement des noirs et des métis et pour les maintenir à un statut inférieur.
« La séparation est la règle »
La liberté de circulation des Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza, en particulier au cours des 25 dernières années, a été drastiquement restreinte entre ces territoires, et la séparation est « la règle, et l’accès est une exception rare, » a dit Marmur.
Il est interdit à un Palestinien de Cisjordanie occupée d’aller à Gaza et à Jérusalem, à moins d’obtenir d’Israël un permis de voyage spécial. De même, il est interdit aux Palestiniens de Gaza d’aller à Jérusalem et en Cisjordanie , sauf permis de voyage de l’armée israélienne.
« La loi israélienne a émis des ordonnances militaires différentes en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, » a dit Elayyan. « Chaque territoire est administré par un commandant militaire israélien différent pour maintenir la division entre les deux territoires et pour les contrôler plus facilement. »
Selon Marmur, Israël a pratiquement cessé de traiter les demandes d’enregistrement et les changements de statut de résidence depuis 2000.
« En conséquence, de nombreux Palestiniens ont été incapables de choisir leur lieu de résidence, ainsi que de saisir des opportunités d’études et de travail, » a-t-elle déclaré.
Depuis 2000, date à laquelle la deuxième Intifada a éclaté, les étudiants de Gaza se sont vu interdire d’aller en Cisjordanie occupée.
Regroupement familial
Ces cartes d’identité peuvent aussi empiéter sur le droit des Palestiniens au regroupement familial si des époux ont des cartes différentes.
« Les Palestiniens de Gaza qui ont épousé des résidents de Cisjordanie ne peuvent pas aller vivre avec leur conjoint en Cisjordanie , » a noté Marmur.
De plus, les détenteurs palestiniens de cartes d’identité qui épousent ceux qui n’en ont pas vivent dans le risque d’une séparation forcée. Les enfants ne peuvent être enregistrés que sous un seul parent, pas les deux.
Un sondage conduit par le Centre palestinien de recherche sur la politique et les enquêtes en 2013 a conclu que 31% des habitants de Gaza – plus d’un demi-million de personnes – avaient des proches en Cisjordanie occupée, à Jérusalem-Est ou en Israël (26% en Cisjordanie occupée).
Les papiers d’identité bleus de Jérusalem
La liberté de circulation n’est pas aussi limitée pour les résidents de Jérusalem, qui obtiennent la résidence permanente dans la ville, mais pas la citoyenneté israélienne. Alors qu’ils ont également besoin d’un permis pour se rendre à Gaza, ils peuvent aller librement en Cisjordanie occupée et dans l’Israël d’aujourd’hui.
Cependant, les restrictions se manifestent d’autres façons.
« Les Israéliens agissent comme si le fait de nous donner la résidence permanente à Jérusalem était un privilège, mais c’est plus une mesure cosmétique qu’autre chose, » a déclaré Dalia Nashashibi, enseignante dans une école primaire de Jérusalem, à Al-Jazeera.
« Oui, nous attendons moins longtemps aux files d’attente pour traverser la frontière à Allenby, et oui, nous pouvons aller d’un territoire à l’autre [sauf Gaza] sans permis, mais nous sommes toujours fouillés et humiliés aux checkpoints, » a-t-elle ajouté. « Notre ‘privilège’ se résume à ça. »
Les détenteurs de cartes d’identité de Jérusalem vivent sous la menace constante d’une révocation de résidence. Pour Israël, vivre à l’extérieur de Jérusalem dans les autres territoires occupés est considéré comme un motif suffisant pour annuler un permis.
Pour des raisons financières et familiales, de nombreux habitants de Jérusalem vivent en Cisjordanie occupée, mais ils doivent garder une maison dans la municipalité de Jérusalem pour conserver leur droit de résident. Les autorités israéliennes procèdent régulièrement à des inspections inopinées à Jérusalem pour voir si les détenteurs de carte d’identité bleue y vivent effectivement.
Ces Palestiniens doivent payer un lourd impôt foncier à la municipalité – en plus de la taxe d’assurance nationale – mais ils reçoivent peu de services municipaux et leurs quartiers manquent cruellement d’infrastructures, de services de santé et d’établissement d’enseignement.
Tout ceci fait partie des tentatives d’Israël de maintenir un rapport juif-palestinien à 70/30, a déclaré Elayyan.
« Dans le recensement de la population, ils ont diminué le nombre de Palestiniens qui ont obtenu des cartes d’identité de Jérusalem et ils ont ajouté, d’un point de vue géographique, davantage de terres autour de la ville qui ont été utilisées pour construire des colonies exclusivement juives, » a-t-il dit.
La situation est encore plus difficile pour les détenteurs d’une carte d’identité de Jérusalem qui vivent hors du pays, a ajouté Nashashibi. « Si nous passons trois ans sans revenir pour une visite, nos cartes d’identité sont automatiquement annulées. Nous souffrons beaucoup, » a-t-elle ajoutée. « La carte d’identité de Jérusalem a plus de points négatifs que positifs. »
Source : Al Jazeera
Traduction : MR pour ISM
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