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ISM France - Archives 2001-2021

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Palestine -

Pourquoi les Palestiniens appellent au boycott des universités israéliennes

Par

Le Docteur Amjad Barham est Président de la Fédération palestinienne des Syndicats et Personnels Universitaires (PFUUPE).

Les universitaires palestiniens sont encouragés par la vague de solidarité envers notre peuple de la part des universitaires et étudiants britanniques – dont la dernière manifestation est le créatif "mouvement des étudiants contre l’occupation", qui a fait suite à la guerre israélienne brutale contre les Palestiniens dans la Bande de Gaza en décembre et janvier derniers.

Pourquoi les Palestiniens appellent au boycott des universités israéliennes

Qu’attend la communauté universitaire palestinienne de leurs collègues internationaux ?

On a quelquefois suggéré que la solidarité avec les universitaires palestiniens s’exprimait le mieux en stimulant les liens universitaires entre les universités britanniques et palestiniennes, dans le but de renforcer la capacité des institutions universitaires palestiniennes qui souffrent du long siège imposé par le régime colonial d’Israël.

Tandis que nous apprécions les formes de soutien universitaire et institutionnel, nous estimons que ce n’est pas suffisant. Des décennies de vie sous occupation militaire nous ont appris qu'aucun développement durable, y compris à l’université, n’est possible sans se libérer de l'occupation et de l'oppression.

Nous sommes tout-à-faits conscients que les intellectuels et les universitaires britanniques ont été à l’avant-garde de beaucoup de campagnes internationales pour la justice, la plus illustre et la plus fructueuse ayant été le combat contre le régime d'apartheid en Afrique du Sud. Ce que nous demandons est la cohérence morale : s’il était acceptable pour les universitaires britanniques de soutenir sans réserve le boycott universitaire de l'Afrique du Sud en vue de mettre fin au système d'apartheid, alors la même chose doit s’appliquer au cas d’Israël.

Il est du devoir de société civile d’endosser la responsabilité morale d'isoler Israël dans l'arène internationale par des formes diverses de boycotts et de sanctions, pour le contraindre à obéir au droit international et à respecter des droits palestiniens.

Il est bien établi que les institutions universitaires israéliennes sont profondément complices de la politique coloniale et raciste d'Israël contre les Palestiniens. Non seulement les universités et instituts de recherche israéliens coopèrent étroitement avec l’establishment militaire de sécurité par la recherche et autres activités universitaires, mais de plus ils ne se sont jamais dissociés du régime d'occupation, malgré plus de quatre décennies d’étouffement systématique des structures d’enseignement palestiniennes.

Les universités israéliennes n’ont jamais condamné le système de discrimination contre les citoyens palestiniens d’Israël ancré et institutionnalisé au sein de la politique, de la société et même de l’université israéliennes.

Israël et ses partisans ont affirmé que l’appel palestinien au boycott universitaire enfreignait le principe universel de la liberté universitaire. Pour les Palestiniens, c’est un argument partial et hypocrite, sans parler de son fondement sur de fausses prémisses.

Privilégier la liberté de l'enseignement sur les droits fondamentaux de l'homme entre en conflit avec l’idée même de droits universels de l'homme, car il assigne beaucoup plus d'importance à la liberté de l'enseignement d'un secteur de la société israélienne qu'aux droits fondamentaux de tous les Palestiniens à vivre dans la liberté et la dignité. Soutenir la liberté de l’enseignement – de notre point de vue, les privilèges – des universitaires israéliens est-il un objectif plus élevé que défendre la liberté de tout un peuple vivant sous une occupation brutale et illégale ?

On nous suggère souvent qu’un « engagement constructif » avec les universités israéliennes serait un moyen plus efficace de contrer l’injustice que nous inflige Israël. Nous avons essayé cette méthode, pour seulement nous rendre compte que tant que les conditions de la relation entre les Israéliens et les Palestiniens seront celles de l’occupant et de l’occupé, de l’oppresseur et de l’oppressé, le processus d’engagement n’aboutit qu’à la normalisation de l’occupation sur le terrain et au blanchiment des atrocités israéliennes à l’étranger.

Je peux donner un exemple tiré de ma propre expérience personnelle. Une fois, alors que je traversais un des centaines de checkpoints militaires pour rejoindre mon université, j'ai été arrêté par un soldat israélien qui s'est avéré être un collègue mathématicien d’une université israélienne. Mais notre collégialité s’est arrêtée là : il m'a dit que je ne pourrais passer le checkpoint que si j'étais capable de répondre correctement à une question de mathématiques ! Quel genre d'engagement est possible dans une telle situation ?

Quant à l’accusation selon laquelle le boycott est discriminatoire, c'est complètement faux. L'appel palestinien au boycott est institutionnel ; il ne vise pas les universitaires israéliens en tant qu’individus, et ne peut donc pas être "discriminatoire", dans aucun sens réel du terme. L’adhésion et l'application du boycott n’empêchent en aucune façon des universitaires israéliens de participer individuellement aux conférences universitaires internationales et à des projets de recherche, tant que les projets eux-mêmes ne sont pas fondés sur des liens institutionnels avec des universités et centres de recherche israéliens.

De plus, faisant partie intégrante des valeurs et principes universalistes, l'appel au boycott, adopté par une majorité écrasante de la société civile palestinienne, rejette catégoriquement toutes formes de discrimination raciale et de racisme, y compris l'islamophobie et l'antisémitisme.

Finalement, nous reconnaissons bien sûr et apprécions profondément le soutien au boycott, sans cesse croissant, dont nous sommes témoins parmi les universitaires israéliens, qui en sont arrivés à la conclusion que seule une pression soutenue sur Israël et ses institutions complices pouvait apporter une paix juste.

Ce sont les actions qui visent à mettre fin à l’impunité d’Israël en l’obligeant à respecter le droit international et nos droits qui soutiennent le mieux notre lutte pour la justice et la paix. Le boycott est la plus efficace d’entre elles.

Photo ci-dessus : Mai 2006, l'armée sioniste envahit l'Université Birzeit, à Ramallah.

Source : Guardian

Traduction : MR pour ISM

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