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Palestine -

Réflexions sur l'anniversaire de la Guerre de 1967

Par

> amayreh@p-ol.com

Aujourd'hui marque le passage de 41 années depuis la guerre de 1967, ou guerre des Six-Jours, comme la nomme la phraséologie politique israélienne. Cependant, en dépit des avantages israéliens militaires et politiques écrasants, dus principalement à l'influence et la prédominance sionistes en Occident, en particulier aux Etats-Unis, il est clair que le peuple palestinien continue de lutter pour la liberté et la justice et l'autodétermination.

Réflexions sur l'anniversaire de la Guerre de 1967

Cette lutte, chacun le comprend, ne s'arrêtera jamais, jusqu'à ce que le racisme et l'oppression s'arrêtent.
Dans cet article un peu long, je présente quelques-uns de mes souvenirs personnels, en relation avec la vie sous la sinistre occupation israélienne. Il est intéressant de noter que les cauchemars de l'occupation ne sont devenus que plus macabres. Maintenant la face nazie d'Israël est exposée à tout le monde.


Avant la guerre de 1967, l'armée israélienne avait mené des incursions ponctuelles en Cisjordanie , détruisant les maisons des pauvres gens et tuant des civils innocents, comme ce que fait Israël dans la Bande de Gaza et en Cisjordanie .

L'auteur de ces lignes, par exemple, avait perdu trois membres innocents de sa famille par la sauvagerie israélienne, dans les années 1950. Mes trois oncles paternels (Hussein, Yousuf et Mahmoud) ont été brutalement tués par l'Etat terroriste alors qu'ils faisaient paître leurs moutons le long de la ligne d'armistice, près du village d'Al-Burj, à environ 30 km à l'ouest d'Hébron. Je connais beaucoup d'autres familles dont des enfants ou des cousins ont été assassinés par les Israéliens.

Certains de ces malheureux villageois avaient essayé de récupérer leurs affaires dans leurs maisons à l'ouest de la ligne d'armistice. Quand ils ont été pris, ils ont reçu l'ordre de creuser leurs propres tombes avant d'être sommairement tués et jetés dans les tranchées.
Avant 1967, les incursions israéliennes en Cisjordanie prenaient la forme de véritables massacres, comme ce fut le cas à Kufr Qassem, Nahalin, Sammu, Khan Younis et autres.

Je me souviens encore parfaitement comment l'armée israélienne, avec des chars et des avions, a attaqué la petite ville de Sammou', à 25 km à l'ouest de Dura, en novembre 1966, détruisant complètement la ville et tuant beaucoup de civils.

En juin 1967, j'avais 10 ans. Je me souviens qu'on nous a dit de brandir un drapeau blanc, lorsque l'armée a encerclé notre petit village, Khorsa, dans la région d'Hébron. On nous a dit que nous serions tués si nous ne brandissions pas un drapeau blanc. Les soldats jordaniens se sont honteusement enfuis vers l'est, certains déguisés avec des vêtements traditionnels, alors que le Roi Hussein les exhortait, à la Radio d'Amman, à combattre les Israéliens "avec vos ongles, avec vos dents."

Bon, comment pouvez-vous repousser la puissante armée israélienne avec vos dents et vos ongles ?

Pour être franc, les armées arabes n'ont pas réellement combattu les Israéliens. Ces armées étaient le reflet de la décadence et de la banqueroute absolues politiques, morales et idéologiques de la plupart des régimes arabes contemporains. Bien sûr, le maintien et la survie des régimes despotiques étaient la priorité et la stratégie suprêmes des élites et des juntes au pouvoir à l'époque. Combattre Israël et libérer la Palestine n'étaient pas une réelle priorité pour ces régimes arabes, en dépit de tous leurs discours.

Il est intéressant de noter que cet état des choses est demeuré inchangé jusqu'à aujourd'hui, 41 ans après la plus grande défaite arabe des temps modernes.

Pendant de nombreuses années, Israël et ses alliés ont clamé que c'était Israël qui avait été attaqué par les Arabes en 1967, et que tout ce qu'avait fait Israël, c'était se défendre pour sa survie même, qui était en jeu.

Ceci est bien sûr un gros mensonge, ce que les dirigeants israéliens eux-mêmes ont fini par admettre plusieurs années après.
L'ancien président israélien Ezer Weizmann (qui fut également commandant de la Force aérienne israélienne) a admis dans un entretien avec le journal israélien Haaretz en 1972 que "il n'y avait pas de menace de destruction… mais que l'attaque sur l'Egypte, la Jordanie et la Syrie était néanmoins justifiée de manière à ce qu'Israël puisse exister selon l'échelle, l'esprit et la qualité qu'elle incarne maintenant."

De la même manière, l'ancien Premier Ministre israélien Menachem Begin, faucon notoire, est cité dans l'ouvrage de Noam Chomsky "Le triangle fatal" pour avoir dit que "en 1967, nous avions à nouveau un choix. Les concentrations de l'armée égyptienne dans le désert du Sinaï ne prouvaient pas que Nasser allait réellement nous attaquer. Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes. Nous avons décidé de l'attaquer."

Yitzhak Rabin, un autre ancien Premier Ministre israélien, dit ceci sur la soi-disant menace égyptienne d'Israël :

"Je ne pense pas que Nasser voulait la guerre. Les deux divisions qu'il a envoyées dans le Sinaï n'auraient pas été suffisantes pour lancer une guerre offensive. Il le savait, et nous le savions."

Ce n'est pourtant pas pour dire que les Arabes, en particulier les régimes égyptiens et syriens, n'ont pas fait beaucoup de bruits de bottes, menaçant de détruire Israël. Cependant, la direction israélienne de l'époque et l'administration Johnson, comme les services secrets britanniques et soviétiques (russes), savaient parfaitement que Nasser se livrait seulement à une rhétorique belliqueuse, et rien de plus.

Mais néanmoins, Israël a décidé d'attaquer avec comme objectif central l'expansion territoriale. Inutile de dire que l'expansion territoriale a toujours été l'objectif central de la stratégie israélienne.
Noam Chomsky cite par exemple le premier Premier Ministre d'Israël, David Ben Gourion :

"L'acceptation [par Israël] de la partition ne nous oblige pas à renoncer à la Transjordanie ; on ne nous demande pas d'abandonner cette vision. Nous accepterons un Etat dans les frontières fixées aujourd'hui. Mais les frontières des aspirations sionistes sont le problème du peuple juif et aucun facteur externe ne pourra les limiter."

Gigantesque défaite

La défaite historique des armées arabes en 1967 (historique parce qu'Israël a occupé le reste de la Palestine, dont Al-Masjidul Aqsa, un des lieux saints de l'Islam) n'a pas nécessairement reflété une infériorité arabe inhérente vis-à-vis d'Israël ; elle a plutôt reflété la banqueroute des régimes.

En 1973, pendant la guerre d'Octobre, ou guerre du Ramadan, les armées égyptiennes et syriennes auraient pu remporter une victoire décisive sur Israël sans l'intervention massive du gardien et allié d'Israël, les Etats-Unis. Il est vraisemblable que les armées arabes, étant données les circonstances favorables, auraient pu défaire l'armée israélienne, comme démontré par le Hezbollah dans sa guerre avec Israël à l'été 2006.

Au début de l'Occupation, en 1967, les Israéliens ont lancé ce qu'on peut appeler une campagne de charme, se servant d'immigrants juifs arabophones venant du monde arabe, ainsi que d'officiers druzes. Certains naïfs au sein de notre communauté, désenchantés par les maladresses du régime jordanien, ont commencé prématurément à faire des remarques positives sur les nouveaux occupants.

Ces gens parlaient favorablement et avec optimisme de l'ère israélienne débutante. Ils faisaient des remarques comme : "Oh, ils sont meilleurs que les Jordaniens, ils sont civilisés et éduqués !", et : "Les Juifs sont bien élevés, ils traitent les gens avec dignité et respect", et : "Selon la loi israélienne, tous sont égaux." Ces gens-là ne savaient tout simplement pas de quoi ils parlaient.

Mais ces sentiments, qui n'étaient pas très répandus, n'ont pas duré longtemps, au fur et à mesure que l'armée d'occupation a commencé à révéler son visage affreux en adoptant des mesures draconiennes contre nous. L'occupation et la décence semblaient alors, comme aujourd'hui, un oxymore éternel. Une occupation civilisée ou éclairée ou bienveillante n'existe pas. Une occupation étrangère est un viol, elle est par nature criminelle et mauvaise, sinon elle serait autre chose.

En réalité, l'occupation israélienne est probablement la pire occupation qui soit dans l'histoire de l'humanité, non seulement pour sa brutalité mais aussi pour sa durée.

Bien sûr, j'argumenterais que sous de nombreux aspects, l'occupation israélienne est probablement pire que l'occupation nazie de l'Europe. Les Nazis voulaient conquérir, pacifier et stabiliser plutôt que nettoyer ethniquement et déraciner les Européens non allemands, comme Israël le fait aux Palestiniens.

Bientôt, les Israéliens ont commencé à confisquer la terre et à construire des colonies, employant toutes sortes de sales tactiques, dont la corruption, les accords vagues, le mensonge, les ruses, la falsification de documents et la coercition totale.

Ils ont eu également recours aux politiques dures de punitions collectives, comme la démolition des maisons, en représailles des attaques de guérilla ou de l'appartenance à l'OLP, en particulier dans l'organisation Fatah, créée et dirigée par feu le dirigeant palestinien Yasser Arafat. Dans notre culture palestinienne, si vous voulez lancer une imprécation contre quelqu'un, vous lui dites " Yikhrib Beitak" – "Que ta maison soit détruite".

Les Israéliens ont cherché à profiter de ce point faible de notre psychologie sociale. Ainsi, ils ont démoli des milliers de maisons. Les démolitions, qui sont un crime de guerre flagrant selon la loi internationale, n'ont jamais cessé. Aujourd'hui, ils le font la plupart du temps par les bulldozers et par des attaques aériennes ciblées. Je ne connais pas le nombre exact de maisons palestiniennes qu'Israël a détruites depuis 1967. Cependant, je peux sans aucun doute affirmer que le chiffre de 15.000 est dépassé.

Les démolitions gratuites de demeures et villages palestiniens ont commencé immédiatement après la guerre. Aussitôt après la fin des hostilités, l'armée israélienne a complètement détruit plus de 170 maisons dans les quartiers Maghariba et al-Sharaf, autour de la Mosquée al-Aqsa.

Au cours des troisième et quatrième semaines de 1967, les bulldozers de l'armée israélienne ont anéanti les villages palestiniens de Beit Nuba, 'Imwas (Emmaus) et Yalu, selon les ordres d'Yitzhak Rabin.

Environ 12.000 personnes ont été chassées de leurs maisons, beaucoup d'entre elles emmenées en camion vers le Jourdain, d'autres ont été envoyées errer dans le désert sans nourriture et sans eau.

Finalement, le gouvernement israélien, grâce à un don généreux du Canada "démocratique" et "civilisé", a construit une infamie sur les ruines de 'Imwas. Ils l'ont appelé "Parc Canada". C'est ce même Canada qui se dit le gardien des droits de l'homme et de l'esprit de la loi internationale !!!

Les démolitions des maisons ont laissé des cicatrices psychologiques profondes dans les mémoires. Des enfants revenaient de l'école pour voir leurs maisons détruites par des bulldozers conduits par des soldats portant des casques décorés de l'Etoile de David. Cette Etoile de David, dont on nous a dit qu'elle était d'abord un symbole religieux, symbolisait la haine, le mal et la cruauté. Même aujourd'hui, je ne peux imaginer symbole plus haineux et mauvais. C'est tout à fait comparable à la façon dont les survivants de l'holocauste voient le swastika nazi.

J'ai été personnellement le témoin de nombreuses démolitions lorsque j'avais onze ans. La démolition, ou opération d'explosion, commençait par la déclaration que le village où était situé la maison condamnée devenait "zone militaire fermée". La déclaration était faite par haut-parleur, fixé sur le toit des jeeps militaires.

Selon la procédure, tous les hommes entre 13 et 70 ans recevaient l'ordre de se rassembler dans la cour de l'école locale, où ils étaient obligés de se tenir, têtes baissées. Très souvent, les soldats tiraient au-dessus des têtes des gens pour les terroriser. Et quiconque osait lever la tête était frappé dans le dos par des soldats lourdement armés. La politesse et la simple décence humaine étaient toujours absentes, comme aujourd'hui, et à l'époque il n'y avait ni al-Jazeera ni CNN pour témoigner des actions honteuses d'Israël, alors les sionazis se sentaient libres de nous faire ce qu'ils voulaient.

Ensuite, le commandant en charge de l'opération donnait dix minutes à la famille pour sauver ce qu'elle pouvait de ses maigres biens (aujourd'hui, ils détruisent nos maisons immédiatement, sans nous donner une période de grâce pour sortir nos affaires).
Le spectacle de jeunes enfants réconfortant les plus petits est terrible. Les mères de famille désespérées s'efforçaient d'attraper leurs ustensiles de cuisine et quelques matelas et nourriture avant qu'ils soient écrasés et irrécupérables. Un petit se précipitait pour aller chercher son jouet préféré ou une photo encadrée de son grand-père, avant qu'il ne soit trop tard. Alors le commandant donnait le signal et en quelques secondes, la maison était réduite à un tas de gravas.

Ensuite, la Croix Rouge apportait une tente, refuge provisoire des victimes, sinon la famille torturée se faisait une sorte d'enclos et dormait sous les arbres, ou, s'il faisait froid, trouvait une grotte où vivre jusqu'à ce qu'une solution permanente soit trouvée. Ce sont des images indélébiles de malheur que je n'oublierai jamais, un témoignage affreux de la sauvagerie néonazie d'Israël.

Jeff Halper, fondateur et directeur du Comité Israélien non gouvernemental contre les Démolitions de Maison (ICHAD), anthropologue et expert sur l'occupation, a observé que les dirigeants sionistes et israéliens, en remontant à 80 ans, ont tous envoyé ce qu'il appelle "le message aux Palestiniens".

Le message, dit Halper, est : "Soumettez-vous ; ce n'est que lorsque vous abandonnerez vos rêves d'un Etat indépendant et accepterez que la Palestine devienne la Terre d'Israël que nous nous calmerons."

L'implication et le sens profond du message sont très clairs. C'est que "vous, les Palestiniens, n'appartenaient pas à ces lieux. Nous vous avons déracinés de vos maisons en 1948 et maintenant, nous vous déracinerons de toute la Terre d'Israël."

Halper nous rappelle que le sionisme fut, depuis son tout début, un "processus de déplacement" et que les démolitions des maisons ont été "au centre de la lutte israélienne contre les Palestiniens" depuis 1948.

Et contrairement à la propagande israélienne, selon laquelle les maisons arabes sont détruites pour des raisons de sécurité, Halper souligne que 95% des démolitions de maisons n'ont rien à voir avec la lutte contre le terrorisme mais sont destinées à déplacer les non Juifs pour garantir la progression du sionisme. En 1967, la population palestinienne, en Cisjordanie , dans la Bande de Gaza et en Israël approchait le chiffre de 5 millions. Evidemment, dans quelques années, peut-être 4 à 6 années, il y aura plus de Palestiniens en Palestine mandataire (de la Méditerranée au Jourdain) qu'il y aura de Juifs.

Ce fait seul est très important puisqu'il mine le mythe sioniste que la Palestine est une terre sans peuple pour un peuple sans terre.
Il est sûr qu'Israël est une entité puissante, avec un important arsenal d'armes nucléaires, chimiques et biologiques. Israël, par ses puissants groupes de pression juifs aux USA, contrôle aussi, je dirais étroitement, les hommes et les décisions politiques américaines.

Mais Israël est déjà sur le déclin en bien des manières non perçues par l'observateur superficiel. En fin de comptes, un Etat qui assassine des enfants sur le chemin de l'école et bombarde des maisons et des appartements pleins d'enfants, de femmes et d'hommes endormis et ensuite ment comme un arracheur de dents sur ces crimes, n'a pas d'avenir.

Israël est condamné. Puissions-nous vivre assez longtemps pour être les témoins de sa disparition finale.

Source : Palestine Info

Traduction : MR pour ISM

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