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Israël - 20 décembre 2003
Par Ghassan Andoni
Ce que Sharon désire, c'est obtenir plus de temps : les quelques mois nécéssaires pour terminer le Mur de séparation et pour tenter d’abattre son ennemi historique, le President Yasser Arafat.
Finalement, Sharon a expliqué son plan, longuement attendu, dans un langage menaçant dirigé principalement vers les Palestiniens. En réalité, il s’est arrangé pour décevoir presque tout le monde qui croyait que seul, un Premier Ministre de Droite, était capable de mettre en place des « douloureuses » concessions.
Le vieil homme du Parti Travailliste et leader de l’opposition, Shimon Peres, qui croyait que le plan de désengagement de Sharon pourrait paver le chemin pour un gouvernement « d’unité nationale », a été le premier à critiquer le plan de Sharon comme une tentative de repousser les décisions attendues pour obtenir la Paix.
Peres a critiqué le plan comme « ne donnant pas de date limite et ne spécifiant quelles colonies seraient évacuées ». Peres a dit aux ambassadeurs étrangers en Israël qu’il ne croyait pas que le Premier Ministre exécuterait son plan.
La première reaction de l’administration américaine fut de critiquer le discours de Sharon et d’avertir Israël contre la mise en oeuvre d’avancées unilatérales. Déjà, le jour suivant, le même porte-parole de la Maison Blanche faisait l’éloge de l’engagement public de Sharon dans la Feuille de Route qu’il a signé il y a quelques mois en disant : « Nous avons été très heureux de l’ensemble du discours. »
Les partis d’Extrème-Droite et les colons ont mis en garde contre toute action de démantèlement d’avant-postes illégaux ou de relocalisation de colonies, mais ont rejoint Pérez dans son jugement que Sharon n’avait pas l’intention de mettre en œuvre son plan de désengagement et qu’il préfererait rester dans le gouvernement.
Tandis que la majorité des commentateurs politiques voit le discours de Sharon comme une stratégie pour mettre plus de pression sur l’Autorité Palestinienne, quelques uns se sont concentrés sur les dangers que Sharon devrait affronter au sein de sa coalition de droite en raison de son intention de « relocaliser » des colonies.
Le camp du “Grand Israël”, qui, selon le Ministre de la Justice, Tomy Lapid, est la minorité qui dirige le pays, ont reçu une défaite idéologique majeure puisque la proposition de démanteler quelques colonies isolées est venue, pour la première fois dans l’histoire d’Israël, d’un Premier Ministre d’extrème Droite
Le discours de Sharon était, au fond, une façon d'échapper la pression en raison de l'impasse politique dans la région. Cela lui permet de gagner quelques mois en menant la même politique qui a réussi à conserver sa coalition de Droite intacte et, en même temps, de créer l’impression qu’il est capable d’en finir avec l’impasse politique difficile par des avancées unilatérales.
Pérez, qui espérait que Sharon annoncerait immédiatement des actions unilatérales, ce qui l’aurait forcé à abandonner sa coalition de Droite et l’aurait amené à un partenariat avec les Travaillistes, a été le premier à remarquer les intentions de Sharon.
Les quelques allusions positives du discours de Sharon concernant un Etat Palestinien et son engagement dans la feuille de Route étaient plus destinées à apaiser la tension avec l’administration américaine, sachant que la dernière chose que désire le Président Bush est d’entrer en période électorale avec une crise entre Israël et ses alliés.
Personne ne sait mieux que Sharon que les propositions et les accords concernant la crise Israélo-palestinienne ne refletent pas habituellement la réalité et sont surtout rattrapés par des événements sur le terrain.
Personne ne sait mieux que Sharon que seules des actions effectives mises en place sur le terrain peuvent faire une différence. Les fait créés sur le terrain sont difficiles à inverser ou à contourner, les accords et les propositions sont surtout mis en suspens et rapidement remplacés.
Ce que Sharon désire, c'est obtenir plus de temps : les quelques mois nécéssaires pour terminer le Mur de séparation et pour tenter d’abattre son ennemi historique, le President Yasser Arafat.
A par l’exception de son intention déclarée de relocaliser des colonies, ce dont doutent les Israéliens de Droite comme de Gauche, la plupart de ce qu’a dit Sharon concernant le "désengagement envers les Palestiniens" est seulement l’expression de la politique actuelle israélienne qui est actuellement menée sur le terrain.
Source : IMEMC
Traduction : MG
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Ghassan Andoni
20 décembre 2003