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ISM France - Archives 2001-2021

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Israël -

Des choix difficiles - Le verdict des Cinq

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La chose la plus facile, pour un type de 18 ans dans ce pays, est d’obtenir une exemption de l’armée grâce à toutes sortes de trucs. Tout le monde peut le faire et beaucoup le font. Nous avons choisi un chemin plus difficile. Nous disons que l’occupation est une abomination morale, que les gens moraux ne peuvent pas tolérer et que c’est la raison de notre refus de servir. Si notre sincérité signifie que nous resterons des années en prison alors nous resterons des années en prison

La salle d’audience du Tribunal Militaire de Jaffa n’a jamais été aussi bondée.

On avait mis des banc supplémentaires dans les allées, qui bouchaient le passage. Des militants, des membres des familles, et des journalistes étaient entassés dans chaque coin disponible (il y avait quatre équipes de télé qui ont été évacuées après l'arriée du Juge) et ils étaient tout aussi nombreux à attendre dehors.

A la fin, le verdict est tombé pour Noam Bahat, Matan Kaminer, Adam Maor, Haggai Matar et Shimri Tsameret.

Après le verdict de Yoni Ben-Artzi, personne ne s’attendait vraiment à un «non coupable».

Il était clair qu’on allait les juger coupables, accusés officiellement d’égarement pour "n’avoir pas obéi aux ordres", mais contre toute logique, nous espérions que la force morale si convaincante de ces garçons parviendrait à impressionner la cour.

Mais le colonel Avi Levy qui a lu le verdict paraissait très différent du Président du Tribunal qui avait montré des signes de modération au cours des séances précédentes.

Alors qu’on avait commencé par accepter l’idée que la Liberté de Conscience est un droit garanti par la loi fondamentale d’Israël et pas seulement un privilège octroyé par le bon plaisir de l’armée, le verdict s’est s'en est suivi lui a donné un sens qui annulait sa valeur pratique.
Dans son principe, le verdit a approuvé la politique de l’Autorité militaire et la justification judiciaire telle que présentée par l’accusation : l’exemption du service militaire doit être accordé seulement aux pacifistes et à personne d’autre. Le juge est paru moins soucieux de différences idéologiques que de différences pratiques : les pacifistes, de son point de vue, sont un petit groupe qui ne défient pas la politique du gouvernement mais recherche seulement à sauver leur peau et, ainsi a-t-il indiqué, ceux-là ne risquent pas d' augmenter de manière significative.

Mais ce à quoi la Cour avait affaire ici était bien plus sérieux : "Nous reconnaissons que les accusés éprouvent un dégoût moral et idéologique à l’idée de s’enrôler dans une armée qui selon sa croyance se livre à des actes manifestement immoraux. Mais l’acte de refus ne découle pas seulement de ce dégoût mais aussi ­ et peut-être principalement ­ de ce que les accusés souhaitent transformer l’opinion publique en général, afin d'opérer un changement d’opinion et peut-être transformer le comportement de ceux qui vont partir à l’armée, conscrits et réservistes, et finalement obliger la politique du gouvernement à changer en mettant un terme à l’occupation".

Le colonel Levy est entré dans des argumentations longues et compliquées autant juridiques que philosophiques en réaffirmant encore et encore que c’était une menace qu’on ne devait pas tolérer, et que tout le monde devait intégrer l'armée et risquer sa vie également pour la défense du pays (mention n’a pas été faite aux dizaines de milliers d¹ultra orthodoxes qui ne risquent pas leur vie alors qu’ils reçoivent de généreuses subventions pour étudier dans des séminaires religieux).

"Il n’existe pas d’alternative légale comme le service civil en Israël, aussi il n'y a pas à blâmer les autorités militaires de n’avoir pas pu en offrir une aux cinq accusés. Mais la position de la Cour est que même si cela existait, cela n’aurait pu être une réponse compatible avec le cas des Cinq. Le principe d’égalité n’est pas que les citoyens donnent juste trois ans de service, mais qu’ils risquent tous leur vie". (glissons sur le fait que la plupart des soldats dans une armée moderne ne sont pas des combattants).

Tandis que s’achevait la lecture, nous restâmes assis dans un silence stupéfait. Seul Reuven Kaminer, le grand-père de Matan, s’est levé et a quitté la cour en criant «Honte».

Mais à l’extérieur de la Cour il y avait une solide troupe de photographes de presse et de reporters TV , et derrière eux les militants qui n’avaient pas pu entrer.
Quand les Cinq sont apparus, ils ont été accueillis en héros, et de formidables acclamations et des applaudissements ont éclaté.
Alors eut lieu ici une scène jamais vue au cours de toutes les décénies où ce bâtiment a servi de Tribunal militaire; quelque chose à mi-chemin entre une réunion politique et une conférence de presse.

Les slogans «l’occupation, c’est la terreur ­ Le refuznik est un héro» et «Oui à la paix,­ Non à l’occupation» (certains criant «non à l’armée») durèrent plusieurs minutes, jusqu¹à ce que les équipes télé parviennent à obtenir le calme pour interviewer les Cinq, leurs parents et leurs avocats.

"Nous avons été punis pour avoir dit le mot : O-c-c-u-p-a-t-i-o-n. Alors je le redis ici : occupation, occupation, occupation" a dit Matan Kaminer.

"La chose la plus facile pour un type de 18 ans, dans ce pays, est d’obtenir une exemption de l’armée grâce à toutes sortes de trucs. Tout le monde peut le faire et beaucoup le font. Nous avons choisi un chemin plus difficile. Nous disons que l’occupation est une abomination morale, que les gens moraux ne peuvent pas tolérer et que c’est la raison de notre refus de servir. Si notre sincérité signifie que nous resterons des années en prison alors nous resterons des années en prison".

«Nous disons une vérité que la plupart des gens ne savent pas et que beaucoup choisissent de ne pas savoir : c’est pourquoi nous sommes punis» dit Haggai Mattar. «Ils commettent des crimes de guerre et ils espèrent nous faire taire. Mais nous ne serons pas silencieux. Nous dénoncerons l’occupation, même quand nous en paierons le prix. Après une année épuisante nous découvrons que le Tribunal militaire ne veut pas écouter ce que nous avons à dire. Il est apparu que le colonel Avi Levy n’est, après tout, rien de plus qu’une petite vis dans la machine militaire. Ce n’est pas le genre d'individu à ébranler tout le système».

"Plus l’occupation empire, plus les gens vont refuser". Ce sont les mots d’Adam Maor qui allaient passer dans le JT du soir sur Channel-I.
Il a poursuivi : «Le pays qui opprime trois millions et demi de gens et leur dénie les droits humains les plus essentiels est un pays qui peut aussi opprimer ses propres citoyens. Ce n’est pas étonnant si ce pays nous envoie en prison. Pas étonnant s’il piétine les pauvres et les plus démunis comme il le fait».

Shimri Tzameret vint ensuite : «Je ne suis pas découragé par ce verdict. Ce tribunal est celui de l’armée, et l’armée fait des choses terribles et immorales comme d’envoyer mes amis risquer leur vie pour la colonie de Netzarim et celle d’Hébron alors que tout le monde sait que nous finirons par évacuer les évacuer. C’est l’armée qui cause le désespoir de la société palestinienne. En fait, c’est l’armée qui fait naître les kamikazes. Voilà quelle armée c'est, et ce n’est pas une surprise si le verdict rendu l’a été par le Tribunal de cette armée».

Noam Bahat est le dernier des Cinq : «Il est important de se rappeler que la guerre qui continue actuellement est une guerre voulue et délibérée, une guerre qui n’est ni une guerre de survie, ni d'auto défense. Une guerre voulue et délibérée est, par définition, immorale. Nous devons refuser parce que cette guerre ne finira que quand les gens arrêteront de la soutenir. Je ne dirai pas que ce verdict me réjouisse, mais ce n’est pas une raison pour que moi ou les autres nous renoncions».

«J’ai écouté très attentivement ce verdict», a dit l’avocat Dov Chenin. «Le problème n'est pas de savoir si les droits civils basiques ou les droits de l’Homme sont respectés quand tout le monde est d’accord. Le véritable enjeu, c’est précisément quand les choses donnent lieu à de violentes controverses. La Cour dit que la Liberté de Conscience est garantie par la loi israélienne, mais elle refuse de l’appliquer là où il est le plus nécessaire. Si des gens comme les Cinq n’obtiennent pas la protection de leur Liberté de Conscience, alors c’est que cette liberté n’existe pas. A ce propos j’ai eu une vive discussion avec le Tribunal. Ce droit ne pèse pas du poids qu’il mérite, ce qui, de mon point de vue, rend le verdict inconstitutionnel» (C'était peut-être le premier pas vers un recours auprès de la Cour Suprême).

En attendant, le dernier acte de ce Tribunal reste encore à venir : mardi prochain 23 décembre à 14h, leTribunal va entendre les arguments de l’accusation et de la défense à propos de la sanction adéquate, laquelle est attendue pour le même jour.


(Nous avons appris que des manifestations de solidarité en faveur des Cinq ont eu lieu aujourd’hui à Londres, Rome et Berlin, et qu’en France, il a été collecté plus de mille signatures pour la pétition lancée par des vétérans qui ont eux-mêmes fait de la prison pour avoir refusé de participer à la guerre d’Algérie).


Pour plus d’informations :

Adv. Dov Chenin +972-3-5256333 / +972-68-249212
Anat Matar +972-3-5408977 / +972-58-560001
Messages de soutien à : Noam.Kaminer@exlibris.co.il

Source : http://www.gush-shalom.org/english/index.html

Traduction : CS

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