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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

“Ce n'est pas ça la paix !”, à Awarta, les cueilleurs d'olives font face aux obstacles posés par les colons et les soldats

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Assis à l'ombre d'un olivier, en buvant le thé de la thermos, il est facile d'oublier où vous êtes. En marchant parmi une foule d'enfants bavards et rieurs dans une vallée d'une beauté éblouissante encadrée de montagnes, vous pourriez être pardonnés si vous baissiez votre garde pendant un moment.
C'est-à-dire, jusqu'à ce qu'une jeep militaire vienne en descendant la route à 100km/h et qu'un gosse de 8 ans sorte la tête d'une voiture venant en sens inverse, le visage grimaçant et feignant la terreur, et hurle autant qu'il peut.

“Ce n'est pas ça la paix !”, à Awarta, les cueilleurs d'olives font face aux obstacles posés par les colons et les soldats


Carte de la région située au sud-est de Naplouse


Alors, cela vous rappelle que vous êtes à Awarta, un village au sud de la ville de Naplouse et à côté de la colonie israélienne toujours en expansion d'Itamar, bien connue pour la violence de ses colons, et que les périodes de calme précèdent toujours une tempête.

Les oliveraies d'Awarta sont situées entre le village palestinien et la colonie israélienne, la dernière caravane et les avant-postes de surveillance disséminés sur des sommets dans toutes les directions.

Un chemin de terre mènant à la porte dans la barrière externe du périmètre de la colonie sépare le terrain, faisant directement face à la colonie d'est en ouest, alors qu'une route goudronnée mène plus profondément dans les plantations vers le sud-ouest.

Toutes les terres sont directement menacées par les attaques des colons israéliens et Itamar a récemment érigé une deuxième barrière de périmètre autour de sa limite originelle, confisquant ainsi encore plus de terres fertiles et diminue la cueillette des olives d'Awarta.

Les villageois palestiniens ont maintenant même peur de s'approcher de la barrière pour récolter les olives des arbres.
"Si nous nous approchons à moins de 50m de la barrière, les colons deviennent fous. Ils couperont encore plus d'arbres et pollueront notre eau. C'est ce qu'ils font toujours." Expliquait un villageois qui possède un terrain dans le secteur, du côté éloigné de la barrière.

Au vu de ces risques évidents, la détermination des cueilleurs pour récolter les dernières olives de cette année est particulièrement impressionnante.

Même si l'armée israélienne décide de ne pas protéger les villageois Palestiniens, selon la décision de la Cour Suprême israélienne prise un peu plus tôt cette année, dans laquelle il est stipulé que les fermiers palestiniens ont le droit d'entrer et de travailler leur terre, avec ou sans la permission du DCO*, et que le commandant de l'armée du secteur doit défendre ce droit.

Par le passé, l'armée israélienne a souvent choisi de déclarer "Zone Militaire fermée" les terrains des Palestiniens susceptibles d'être pris pour cibles par les colons israéliens.
Elle justifie cela en disant que la loi a pour but de protéger les résidants palestiniens, mais en réalité, elle les sauve de toute véritable confrontation avec les colons israéliens, tout en empêchant souvent les Palestiniens de récolter leurs olives.

La décision de la cour indique clairement que cela n'est plus autorisé et que la fermeture d'un territoire est sujette à un certain nombre des conditions préalables strictes.

Cette décision est importante pour de nombreux fermiers palestiniens. Elle leur fournit une arme légale à utiliser dans leur combat pour leurs droits à leur terre.

En dehors des terres situées dans les "zones rouges", qui ne sont pas sujettes à des changements rapides comme les "Zones Militaires fermées", qui peuvent être vérifiées sur des cartes militaires, tous les fermiers devraient être, en théorie, libres de travailler leurs terres et protégés dans leur travail et pendant la récolte de leurs olives cette saison.

Le résultat sur le terrain à Awarta a entrainé l'arrivée d'un grand nombre de véhicules de l'armée transportant des patrouilles de soldats et de la police pendant la journée, conduisant dans les deux sens et s'arrêtant de temps en temps dans certains secteurs.

C'est vraiment une expérience schizophrène pour de nombreux villageois. Accoutumés à éviter tout contact avec les soldats israéliens, ils sont maintenant forcés de compter sur eux pour les protéger contre les colons israéliens. Les vieilles habitudes disparraissent difficilement et les enfants couinent toujours "jeish" ("armée" en arabe) et se rapprochent de leurs parents à chaque fois qu'une jeep passe à toute vitesse dans le secteur.


Comme cela l'a été clairement illustré hier, le scepticisme quant aux motifs de l'armée est justifié.

Une famille de cueilleurs d'olives a été chassée par les soldats israéliens alors qu'ils tentaient de faire leur récolte sur un terrain situé à proximité de l'un des avant-postes à l'ouest du chemin de terre.

Les colons d'Itamar affirment que cette terre leur a été vendue, alors que les propriétaires palestiniens écartent cette éventualité en disant qu'il s'agit de mensonges et qu'ils possèdent les 187 dunums concernés.

Leur travail sur le terrain ayant été brutalement interrompu, la famille est maintenant entré en contact avec le DCO de Naplouse, en lui demandant d'agir en tant qu'arbitre entre les antagonistes et d'offrir une protection à la famille pendant la cueillette.

"Nous attendons leur réponse mardi, mais nous irons récolter nos olives quelle que soit leur décision", a déclaré l'un des fils adulte de la famille.

Il est également clair que l'armée israélienne a une capacité et/ou une volonté très limitée pour empêcher les attaques de colons contre les Palestiniens.

Avant hier, deux colons armés de Tel-Hayim ont arpenté la montagne vers 4h de l'après-midi pour menacer les cueilleurs d'olives et pour les forcer à quitter leur terre. Les soldats n'étaient pas présents à ce moment-là dans ce secteur particulier des oliveraies.
Il semble également qu'aucune mesure ne sera prise pour empêcher que cela se reproduise.

Indépendamment de l'impossibilité d'une protection militaire, c'est vraiment une solution qui n'est pas viable politiquement ou moralement.

Le fait que les forces de l'armée israélienne maintiennent une présence sur le terrain "sur les ordres de certaines personnes" comme l'a dit un officier de police, n'est qu'un prétexte.

La situation est mieux résumée dans les paroles d'un fermier aux abois d'Awarta, désireux de finir le travail aussi vite que possible : "Nous sommes heureux que les soldats soient ici parce que les colons ne peuvent pas venir. Mais ce n'est pas une solution. Nous, les Palestiniens, nous voulons la paix. Et la paix, c'est de ne pas avoir, un jour, des soldats qui tirent sur nos enfants et qui, le lendemain, veulent que nous ayons une bonne journée de cueillette d'olives."


Awarta continuera sa lutte pour avoir une bonne récolte et les internationaux sont plus que les bienvenus. Pour un acte pratique et fort de solidarité, venez en Palestine. Cueillir des olives, c'est résister !



** DCO : Bureau de Coordination du District. Autrefois, une institution palestino-israélienne commune pour l'administration des affaires civiles dans les Territoires Palestiniens Occupés, l'Autorité Palestinienne a été jetée au début du deuxième Intifada. Les DCOs sont en réalité la branche de l'administration civile de l'armée israélienne.



Source : http://www.palsolidarity.org/

Traduction : MG pour ISM

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