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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

"Ceci doit cesser..."

Par

Hotel Ambassadeur à Jérusalem. Conférence de presse de Craig et Cindy Corrie, parents de Rachel Corrie.

Notre fille Rachel Corrie a été tuée par un bulldozer israélien à Rafah dans la bande de Gaza le 16 mars 2003 alors qu'elle essayait d'empécher la démolition d'une maison palestinienne. Depuis ce moment, en même temps que nous avons pleuré notre fille, nous avons aussi oeuvré pour apprendre plus de choses sur ce conflit qui lui tenait tant à coeur, et dans lequel elle a perdu la vie.

'Ceci doit cesser...'

Pour trouver la paix en nous mêmes à la suite de la mort de Rachel et pour notre propre compréhension, c'était nécessaire pour nous de venir sur cette terre et marcher ou Rachel avait marché, et voir ce qu'elle avait vu.

Nous sommes arrivés à Tel Aviv le 12 septembre et nous avons été, les semaines passées, en Israël et dans les territoires palestiniens occupés.

Du 15 au 20 septembre nous étions dans la bande de Gaza principalement à Rafah. Là, il nous a été possible de rencontrer beaucoup d' amis de Rachel : ceux d' ISM avec qui elle avait travaillé, les familles chez qui elle était restée pour essayer d'offrir une protection internationale, les enfants avec qui elle avait travaillé au parlement des jeunes, et des membres de la communauté avec qui elle avait essayé de construire des liens entre Rafah et sa ville natale d'Olympia aux Etats Unis.


A Rafah nous avons pu brièvement être témoin d'une partie de la violence de l'occupation - les tirs de mitrailleuses de nuit des tanks, la peur de marcher jusqu'à une maison la nuit à Rafah, parce que la famille chez qui nous devions dîner habite dans une rue exposée aux tirs de mitrailleuses des miradors israéliens, mais aussi la dignité simple et profonde de notre hôte marchant lentement jusqu'au centre de cette rue pour nous escorter de sa maison jusqu'à la sécurité relative de notre voiture.

Nous sommes allés aux puits d'eau ou Rachel et d'autres activistes restaient en faction pour permettre aux employés municipaux du réseau d'eau de les réparer.

Nous avons vu là, sur les visages des employés le souci des employés municipaux pour notre sécurité et pour celle des enfants qui nous avaient accompagnés. Nous avons vu aussi, les trous faits par les éclats d'obus et les balles des tirs israéliens de la nuit précédente.

Nous sommes retournés une deuxième fois dans une maison le long de la frontière ou nous avions déjeuner avec la famille un jour auparavant, pour trouver le mur de la pièce ou nous avions mangé, enfoncé et des débris empilés le long de la maison.

Nous avons écouté comment, la nuit précédente, les soldats israéliens avaient envoyés des chiens dans la maison, suivis ensuite par des soldats restés 5 heures à harasser la famille. Nous avons vu le fossé qu'ils ont creusé dans la cour devant, détruisant le jardin, mais prouvant, en effet, qu'il n'y avait pas de tunnel.
Nous avons pu visiter l'endroit ou Rachel a été tuée et avons été menacés là par un véhicule israélien de transport de troupe et un bulldozer .

Nous avons vu le haut mur de fer frontalier, construit d'ouest en est, coupant en deux les terres, les quartiers, et les familles de Rafah . Et nous avons été témoins de l'appétit vorace des bulldozers israéliens détruisant encore un block de maisons de la communauté au nom de la sécurité d'une autre communauté.

Nous avons pu visiter des groupes qui continuent les projets au nom de Rachel : un jardin d'enfants avec ses enfants souriant s'époumonnant à chanter un chant de bienvenue, et un centre culturel pour les jeunes, avec ses plans pour une bibliothèque et un centre informatique, toujours à la recherche de fonds.

Nous avons planté des oliviers et bu du thé sucré avec des amis. Et nous avons appris que dans sa ville adoptive de Rafah, comme dans sa ville natale d'Olympia, Rachel était toujours attendue au coin de la rue, avec son sourire éclatant, sa prévenance amicale, et habituellement accompagnée d'une petite bande d'enfants.
Puis nous avons fait l'expérience de la marche solitaire à travers le point de contrôle d'Erez ou nous étions pratiquement les seules personnes à passer, et nos nouveaux amis ( les amis de Rachel ) sont restés enfermés à Gaza nous faisant des grands signes d'au revoir.

Nous avons aussi passé du temps à Jerusalem et en Cisjordanie . A Jerusalem nous sommes allés à un mémorial sur le site d'un attentat à la bombe contre un bus, et nous avons appris l'histoire de Shiri, du même âge que Rachel, tuée juste l'année dernière. Nous avons écouté l'oncle de Shiri qui la décrivait avec le même amour et la même fierté que notre famille lorsqu'elle décrit Rachel.

Nous avons appris que la souffrance ne s'arrête pas sur la ligne verte. En Cisjordanie nous avons été témoins de la stratégie de séparation prenant la forme physique d 'une toile de barbelés, murs, cartes d'identité, et points de contrôle qui séparent non seulement les palestiniens des israéliens mais aussi les palestiniens des palestiniens, les fermiers de leurs champs, les enfants de leurs classes d'école, les travailleurs de leurs lieux de travail, les malades de leurs centres de soins, les personnes âgées de leurs petits enfants, les municipalités de leurs approvisionnements en eau, et finalement un peuple de sa terre. Nous avons vu des dounams d'aluminium froissé, les vestiges déchiquetés et tordus du marché autrefois animé de Nazlat Isa, un rappel désolant de l'effet dévastateur de l'occupation sur l'économie des deux peuples.

Nous avons aussi été témoins de l'horreur sur le visage d'une femme alors qu'elle regardait la maison démolie d'un membre de sa famille à Jérusalem Est.
Et à la veille de ce nouvel an juif nous avons célébré Rosh Hashana avec des amis israéliens dans leur synagogue et leur maison.

Nous avons partagé leur pain, leurs betteraves et grenades, leurs histoires de l'année écoulée et leurs espoirs pour celle à venir. Et nous avons partagé leur musique: les chants de siècles de souffrance et de courage, mais aussi, à travers tout cela, de la joie.
Comme notre séjour approche de sa fin, nous sommes frappé par la terrible tragédie de l'occupation: l'ironie qui veut qu'un peuple qui a tant souffert fasse maintenant souffrir tant d'autres personnes, le coût énorme en hommes et en argent pour maintenir l'occupation, la stratégie désespérée et horrible des attentats suicides utilisée pour s'opposer violemment à l'occupation, la peur des palestiniens dormant dans leur maison à Rafah, et celle des israéliens voyageant dans leurs bus à Jerusalem. Et toujours la douleur, que nous partageons si profondemment.

Et ainsi, comme nous sommes sur le point de partir, nous ne pouvons que nous faire l'écho de notre fille quand elle a écrit à sa mère : "Ceci doit cesser. Je pense que c'est une bonne idée pour nous tous de tout quitter et consacrer notre vie à faire que cela cesse. Je ne pense plus que ce soit quelque chose d'extrèmiste à faire. Je veux toujours danser chez Pat Benatar, et avoir des petits amis, et faire des bandes dessinées pour mes collègues de travail. Mais je veux aussi que cela cesse."

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