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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

"Dix-huit ans de travail détruits en moins de quatre heures" - récits sous siège

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"Ils sont arrivés à 4h du matin avec deux bulldozers, et ils sont partis à 8h. Je suis propriétaire de cet élevage de poulets avec mes trois frères, et nous avons travaillé nuit et jour pendant 18 ans pour monter cette affaire. Les Israéliens ont tout détruit en moins de quatre heures."

'Dix-huit ans de travail détruits en moins de quatre heures' - récits sous siège


La ferme avicole de Nasser Jaber a été passée au bulldozer par les Forces israéliennes d'occupation (FIO) il y a 10 jours, aux premières heures du 16 mai, pendant qu'il dormait chez lui à Rafah, au sud de la Bande de Gaza. Il est toujours abasourdi. D'un air las, il nous guide au milieu des ruines de ce qui fut son exploitation pendant 18 ans.

"Pour moi et mes frères, c'était un projet pour toute la vie", dit-il pendant que nous escaladons les gravats, les fils de fers, les plaques de métal renversées et des milliers de poulets en putréfaction. "Je n'ai jamais appartenu à aucune faction politique, et je n'ai jamais été en prison. Je ne sais pas pourquoi ils ont fait ça." Les employés de la ferme qui commencent à dégager les gravats portent tous des masques sur le visage. Quarante mille cadavres de poulets écrasés sont là, au milieu des décombres, et la puanteur est écoeurante.

Lorsque les ouvriers ont donné l'alerte que les FIO étaient en train de détruire la ferme au bulldozer, Nasser Jaber ne s'est pas précipité, il est resté chez lui, attendant que les Israéliens partent enfin. "Ca aurait été trop dangereux d'y aller pendant qu'ils détruisaient tout", dit-il. "Ce n'est pas la première fois que les Israéliens viennent. La frontière n'est qu'à deux kilomètres et demi, et ils envahissent le secteur tous les mois. Ils avaient déjà détruit un de nos murs, puis la citerne à eau. Mais rien de cette ampleur." Une des parties de la ferme, une immense grange contenant 9.000 poulets, a été épargnée dans l'attaque, bien que Nasser Jaber dise que les volailles sont traumatisées, et elles pondent peu.

L'élevage produisant 45.000 œufs par jour – maintenant la production a chuté à 2.000, et Nasser Jaber est inquiet parce que les Israéliens peuvent revenir finir la destruction de ce qui reste de sa ferme. Il estime qu'entre eux, lui et ses frères, ils ont déjà perdu plus d'un million de dollars. "Je suis un fermier paisible", dit-il. "Mais ils détruisent nos maisons, notre terre, tout."

Abdul Halim Abu Samra, directeur des Relations Publiques à la branche voisine du Centre Palestinien pour les Droits de l'Homme de Khan Younis, dit que les FIO détruisent systématiquement la terre agricole dans toute la Bande de Gaza, en particulier dans les zones frontalières. "Nous avons une bonne terre fertile à Gaza, mais les fermiers palestiniens en ont été chassés, près des frontières, par l'intimidation et les attaques comme celle-ci. La terre est maintenant presque vide un kilomètre avant la frontière orientale, parce que c'est trop dangereux pour les gens d'y vivre et d'y travailler".

Tandis que nous roulons nord est, en direction du carrefour de Sofa (un des cinq passages entre Gaza et Israël), nous voyons très peu de gens, juste un vieil homme menant un âne et une charrette. Ces régions rurales près de frontière orientale de la Bande de Gaza se vident, parce que les fermiers, donc beaucoup ont travaillé là depuis des générations, ont maintenant trop peur de vivre et de travailler sur leurs propres terres. Les limites de la Bande de Gaza, qui ne fait que 40 km de long et 10 de large, sont encore rétrécies par les invasions israéliennes incessantes.

La destruction délibérée des propriétés civiles est illégale, selon la loi internationale sur les droits de l'homme et la loi humanitaire, dont la 4ème Convention de Genève (Articles 33 et 53). Depuis le début du 2ème Intifada en septembre 2000, le PCHR a constaté la destruction délibérée de plus de 40.000 donums (1 donom = 1.000 m²) de terres agricoles dans la Bande de Gaza. Cette année seulement, près de 3.000 donums de terres agricoles autour de Rafah et de Khan Younis ont été détruites par l'armée israélienne (dont 500 donums au cours des 7 derniers jours). Ruinant des parcelles de légumes et des fermes tenues par des familles, contribuant à la dévastation économique catastrophique de la Bande de Gaza.

A 15 km des ruines de la ferme de Nasser Jaber, Mohammed Hamdan Abu Daggah se tient au milieu des restes de son usine de ciment, localisée à 4 km du carrefour de Sofa, et qui a été détruite par les bulldozers des FIO il y a trois jours, le 24 mai.

"J'ai ouvert cette entreprise en janvier 2007", dit-il. "Ma famille a tout investi dans cette usine. Nous avons réussi à importer un bon équipement sous licence, et nous avions beaucoup de travail pour des clients locaux et pour les Nations Unies, ici, à Gaza. Mais les Israéliens sont arrivés avec 3 bulldozers, et ils ont tout détruit."

L'usine d'Abu Daggah employait 40 personnes, qui sont maintenant sans travail. Comme Nasser Jaber, Abu Daggah dit qu'il n'a aucune idée du pourquoi son usine a été visée. "Je n'ai jamais eu de problème et je n'ai jamais été arrêté. Ils n'avaient absolument aucune raison de faire ça – mais maintenant, nous n'avons plus rien, sauf de lourdes dettes que je ne peux régler."

Source : Palestinian Centre for Human Rights

Traduction : MR pour ISM

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