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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Bombarder le littoral

Par

Je servais dans la Marine israélienne en tant que commandant d'un bateau de reconnaissance (Le Devorah). J'avais à bord un certain nombre de canons, dont l'une de leurs fonctions était de bombarder le littoral. Il y avait un plan à mettre en action, si les circonstances l'imposaient, pour bombarder des cibles spécifiques sur le rivage de Gaza. Et ces circonstances ont surgi. Le plan n'avait pas été mis en oeuvre auparavant, mais pendant l'opération "Bouclier Défensif", le plan de bataille a été appliqué.


Témoin : Capitaine (Réserviste), Marine.

Lieu : Bande de Gaza

Date : Deux premières semaines de l'opération "Bouclier Défensif"


Description :

Je servais dans la Marine israélienne en tant que commandant d'un bateau de reconnaissance (Le Devorah). J'avais à bord un certain nombre de canons, dont l'une de leurs fonctions était de bombarder le littoral. Il y avait un plan à mettre en action, si les circonstances l'imposaient, pour bombarder des cibles spécifiques sur le rivage de Gaza. Et ces circonstances ont surgi. Le plan n'avait pas été mis en oeuvre auparavant, mais pendant l'opération "Bouclier Défensif", le plan de bataille a été appliqué.

Avant cela, je voudrais déclarer que ce qui suit sont mes souvenirs, en d'autres termes, je le dis en tant que quelqu'un ayant une position avantageuse. Tous les faits mentionnés représentent mon point de vue en tant que capitaine de navire.

(Avant le début de l'opération) le commandant-adjoint de la Marine et des représentants d'autres unités participant aux opérations prévues chaque jour dans le cadre de l'Opération Bouclier Défensif, se sont réunis pour un briefing.

Ces réunions ont eu lieu chaque soir pendant la ou les deux semaine suivantes, et incluaient des représentants de la Marine, de l'Armée de l'Air, des unités d'Hélicoptères, diverses unités de combat et moi-même, représentant le bateau ainsi que des personnes faisant partie des unités sur le rivage, des renseignements, etc….
L'essentiel des réunions était d'insister sur le fait que nous étions tous maintenant des partenaires dans le combat. J'avais le sentiment qu'un feu vert avait été donné pour une opération avec une large participation des unités de combat de l'IDF.

"Il" a dit : "Je veux deux morts chaque nuit", vraisemblablement sur le littoral cible de l'attaque. "Je veux au moins deux 'terroristes' chaque nuit"'

Qui a dit cela ?

Le commandant-adjoint de la Marine de l'époque.

A-t'il dit terroristes ? A-t'il dit "morts" ?

Je ne me rappelle pas exactement son choix des mots. J'ai eu le sentiment que cet ordre n'aurait pas dû être donné de cette façon. En d'autres termes, il y a un objectif. S'il est atteint, c'est bien. Sinon, qu'il en soit ainsi.

Vous ne pouvez pas dire que vous voulez autant de victimes chaque nuit parce que cela donne un sentiment de vengeance, d'une mission de vengeance, et vous revenez, par exemple, avec 4 Palestiniens morts. Voilà. Et alors, vous planifiez l'opération…



Les renseignements fournissaient chaque fois de nouvelles cibles, comportant (l'unité palestinienne bien connue) les "Forces 17". Voici une cible… voici une position (palestinienne) …, toutes sortes de positions et de cibles sur le littoral de Gaza.

Elles étaient toutes, naturellement, des cibles désignées comme des "activités hostiles de sabotage". Tout ce qui était contenu dans ces cibles était de cette catégorie. Toute personne dans le secteur ciblé, si elle était armée, (et toute personne dans le secteur ciblé était supposée être naturellement armée), était une cible légitime.

Nnous avons tous tiré environ 2 ou 3 fois sur ces cibles. La première fois, nous ne pouvions voir personne et par conséquent nous n'avions pas de cible légitime. Nous avons vu un garde, deux gardes, mais vous avez besoin d'une concentration de gens sur le site de la cible pour que les tirs soient efficaces.


Le bombardement n'était pas précis ?

Il n'était pas suffisamment précis. Tirer sur une seule personne est évidemment inefficace car vous la manquerez très probablement. Même si vous la touchez, ce n'est qu'une seule personne. En bref, il y avait une sorte de patrouille palestinienne sur le littoral de Gaza et nous avons attendu toute la nuit pour une "meilleure constellation" (une occasion de tirer).

Il y a habituellement des unités de la Force 13 (une unité de commando de Marine) plus près des cibles qui informent s'il y a ou non des Palestiniens armés dans le secteur et qui fournissent des données à l'aide d"appareils de vision nocturne.

Le commandant de la base d'Ashdod, le Colonel *** était à bord cette nuit-là, et en tant que qu'officier le plus haut gradé à bord, il devait donner des ordres avant que nous puissions commencer à tirer. Un autre jour, le chef des opérations navales, le Général *** était à bord.


Sur votre bateau ?

Oui. Brièvement, ce soir là, nous avons repèré une patrouille sur le rivage qui était descendue sur la plage en dehors de notre secteur-cible, sur la plage elle-même.

Environ 3-4 personnes se sont assises sur la plage et ont allumé un feu et nous avons remarqué une certaine action entre la patrouille et le groupe assis autour du feu. Cela veut dire qu'un homme armé est venu sur la plage, a échangé des armes et s'est assis autour du feu.

Nous avions l'impression que le feu avait été allumé par les gens qui faisaient partie de la patrouille et qu'il y avait des déplacements avec des armes sur la position du littoral.

Cela impliquait que si les gens en position étaient engagés dans des "actions hostiles de sabotage", alors ceux assis autour du feu étaient du même genre. Nous n'avions pas d'autres informations sur les identités de ces personnes, aucune idée de qui elles étaient, si elles étaient armées ou pas, nous ne savions rien.

La Force 13 a signalé qu'ils avaient vu des armes sur les lieux. Dans ces circonstances, en tant que commandant du bateau, l'ordre de tirer sur la cible semblait légitime.

Je voulais tirer, je voulais effectuer le tir depuis un bateau qui ne s'était pas engagé depuis longtemps dans le combat ou qui n'avait pas tué un saboteur, et cela représentait une véritable occasion. Nous tous (sur le bateau), nous nous sentions très excités.

Nuit après nuit, des bateaux étaient venus faire leur devoir sans avoir à tirer une seule fois, et maintenant nous avions cette occasion. Nous étions imprégnés de l'aura du "Bouclier Défensif", des attaques-suicide la précédant et de la tension. Pas étonnant que je veuille tirer. J'ai dit : "Cible légitime". Et nous avons commencé à tirer.

Maintenant, avec du recul, je ne sais pas si mon ordre était justifié parce que nous n'avions vraiment aucun indice sur qui nous tirions. Nous avons vu que des gens avaient été touchés, d'autres emmenaient les blessés à l'abri derrière des dunes de sable alors que nous continuions à tirer pour en toucher le plus possible, même ceux qui évacuaient les blessés.

La question problématique était que nous ne savions pas vraiment qui était assis autour du feu. C'était peut-être le petit frère de quelqu'un qui était assis là, c'aurait pu être …..nous ne savions pas. Pour nous, c'était des silhouettes, des silhouettes sombres .....

Et c'était basé sur une information de la Force 13 qui disait qu'ils étaient armés ?

Oui, soutenue par le fait que nous ayons repèré une personne armée dans le secteur-cible. Nous avons vu un lien entre les deux groupes (celui du secteur-cible et celui autour du feu) ce qui a provoqué la décision : c'est OK. Allons, tout va bien !
Nous voulions tous un bombardement à ce moment-là. Après tout, nous voulions fournir 2 corps chaque nuit. C'est tout.

Regardez, chaque jour et nuit, nous faisions face au même problème : Est il armé ou non. Etait-ce une jeep ? Avez-vous vu quelqu'un entrer ? Armé ou pas ? Que fait-il ? Et ils (la Force 13) ont fourni l'information la plus fiable. Nous leur avons demandés à maintes reprises (de vérifier).

Le type qui était sur mon bateau leur a demandé : "Attendez une minute : Avez-vous pu les voir exactement ? Qu'est-ce qu'il y a ? Que voyez-vous exactement ? Où est-ce que la jeep s'est arrêtée ? Que faisait-elle ? A chaque fois, suspecter et décider si la cible était légitime ou non.

L'histoire continuait. Nous avons encore bombardé, en coopération avec des attaques d'hélicoptère. Cette fois la cible était de tirer sur les fuyards. Et encore, sans aucune identification sûre des personnes sur qui nous tirions. Et en plus, Aucune distinction n'était faite entre les personnes armées et non armées. Nous ne savions pas qui était là.

Les gens des environs ont commencé à venir, à aider les blessés, alors que nous continuons de tirer sur le secteur. Nous ne visons personne en particulier, mais nous tirions sur les gens qui couraient avec un objectif d'en toucher le plus possible, comme dans un jeu vidéo. Clic, clic, clic ! Voilà.
Et nous avions la permission de le faire.

Je répète ; en tant que commandant de mon bateau, je voulais tirer dans ces circonstances. A mes yeux, c'était légitime. Autrement j'aurais refusé, en disant que ce n'était pas légitime et je n'aurais pas donné l'ordre de tirer.

L'ordre a été transmis à tous les officiers, et à leurs yeux, c'était légitime. Maintenant je vois la question entière comme étant problématique. Très problématique.

Dans cet exemple particulier (quand vous avez tiré), y avait-il un plus haut gradé à bord ?

Oui, c'était le chef des opérations navales.

A-t-il donné l'ordre de tirer ? Était-il en contact avec la Force 13 ?


Il y avait un gradé à bord, qui était également en contact avec le Kirya (le quartier général de l'Etat-Major).

L'ordre de tirer a pu être le mien, approuvé, je pense par le chef des opérations navales, ou le sous-chef, selon les circonstances. Le plus haut gradé peut être à Kirya, mais il y a quelqu'un qui dirige l'opération en mer.
Et cela passe par tous les rangs, jusqu'au ....... je pense que c'est le chef des opérations navales qui autorise le tir.

Source : http://www.breakingthesilence.org.il/

Traduction : MG pour ISM

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