Fermer

S'inscrire à la mailing list ISM-France

Recevez par email les titres des derniers articles publiés sur ISM-France.

Votre adresse courriel

Fermer

Envoyer cet article

Votre adresse courriel
Envoyer l'article à
Votre message
Je profite de l'occasion pour m'abonner à la newsletter ISM France.
ISM France - Archives 2001-2021

Imprimer cet article Envoyer cet article
Article lu 3831 fois

Jénine -

Boycotter Israël à l'Université arabo-américaine de Jénine

Par

Ashraf est de Tulkarem, Palestine. Il a obtenu le diplôme de Technologie informatique de l'information à l'Université arabo-américaine de Jénine (AAUJ) à l'été 2007. Avec le groupe Résistance Verte de son université, il a organisé une campagne réussie de boycottage qui a vu le bannissement des produits israéliens du campus. Aaron Lakoff est un journaliste indépendant de Montréal, Canada. Il travaille actuellement à International Middle East Media Center, www.imemc.org, à Beit Sahour, Palestine. On peut lire ses rapports précédents (en anglais) sur son blog : http://aaron.resist.ca

Dans cet entretien conduit par Aaron à Ramallah le 16 avril, Ashraf parle des boycottages comme d'outils hautement efficaces de résistance non violente à l'occupation, et réfléchit également sur la campagne comme partie de la campagne internationale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre l'apartheid israélien.

Boycotter Israël à l'Université arabo-américaine de Jénine


Aaron : Je voulais parler de la campagne de boycottage dans ton école. Peux-tu, en remontant au début, me dire quels types de produits israéliens étaient vendus ici, et pourquoi toi et les autres étudiants avez décidé de démarrer une campagne de boycott.

Ashraf : Eh bien, tout d'abord, ici les produits israéliens sont presque partout, dans chaque magasin palestinien, en Cisjordanie et Gaza. A l'Université arabo-américaine, nous n'avions pratiquement aucun produit palestinien. Que des jus de fruits israéliens, de l'eau israélienne.

Alors d'abord, nous avons commencé à étudier combien d'étudiants achetaient des jus de fruits et de l'eau israéliens.

Au départ, on a décidé de se centrer sur un produit qui a une alternative, comme l'eau ou le jus de fruit, de manière à ce que ce soit plus efficace. Et aussi pour que les étudiants comprennent et achètent le produit alternatif.

C'est ainsi que nous nous sommes rendus compte que chaque jour, entre 5.000 et 6.000 shekels (entre 920 et 1105€) va à Israël simplement par l'achat du jus de fruits israélien, nommé Tapuzina. Et ainsi, si vous prenez les taxes de vente, vous arrivez à environ 360 shekels (66€) qui vont directement à l'armée israélienne.

Globalement, la moitié du budget du gouvernement israélien va à l'armée, nous avons donc fait des recherches pour essayer de trouver exactement combien de shekels vont à l'armée israélienne, de manière à créer une prise de conscience parmi les étudiants.

En rassemblant les informations et les statistiques depuis 2005-2006 sur la quantité de boissons israéliennes comme l'eau et les jus de fruits achetées par les Palestiniens, et nous nous sommes servis de ces chiffres pour notre campagne.


Aaron : Et quand l'Université a-t-elle décidé d'arrêter d'acheter des produits israéliens ?

Ashraf : Ils ont arrêté il y a environ un an.


Aaron : Quelles ont été certaines tactiques pour cette campagne ? Comment avez-vous convaincu les autres étudiants de s'impliquer ?

Ashraf : Une des façons très puissantes d'alerter les étudiants est de leur donner les statistiques et les chiffres sur le terrain, parce que les Palestiniens ne savent pas combien d'argent nous donnons à Israël en achetant leurs produits.

Et nous ne savons pas combien ça peut vraiment changer les choses ; quand on sait que le premier marché d'Israël, ce sont les Palestiniens, nous pouvons nous servir de ça comme une arme puissante pour modifier la politique d'Israël contre les Palestiniens, comme partie de la résistance non violente. Et ça a déjà été fait dans des endroits comme l'Afrique du Sud et l'Inde, et ça a marché, à 100%. Ca peut marcher ici aussi.


Aaron : Peux-tu nous indiquer quelques noms des compagnies israéliennes dont on trouvait les produits dans tonécole ?

Ashraf : On trouvait le jus de fruit israélien Tapuzina, l'eau israélienne Ein Gedi, et quelques autres produits comme des glaces, des agrumes, mais on a surtout mis l'accent sur les jus de fruit et l'eau.


Aaron : Je sais que certains de ces produits israéliens sont manufacturés dans les colonies, ou grâce à la main d'œuvre palestinienne à bon marché. Est-ce que c'était le cas pour ces produits ?

Ashraf : Sans aucun doute avec Tapuzina, sur l'étiquette du produit, il n'est pas indiqué exactement d'où il vient. Juste "Israël". Et il y a eu une audience de cour, et au tribunal, ils voulaient que la provenance soit indiqué exactement, parce que c'est d'une colonie. Jusqu'à présent, il y a toujours indiqué Israël, sans indiquer la provenance. La même chose pour Ein Gedi.


Aaron : Quel fut le résultat de la campagne ? Comment a-t-elle fini par gagner ?

Ashraf : Eh bien, notre principale cible, c'était les étudiants. Notre projet, notre but, c'était bien sûr d'arriver à faire qu'il n'y ait plus Tapuzina et de produits israéliens sur le campus.

Mais en même temps, vous pouvez n'avoir que des produits palestiniens sur le campus, mais les étudiants peuvent acheter des produits israéliens à l'extérieur.

C'est la raison pour laquelle nous nous sommes centrés sur les étudiants pour essayer de les éduquer avec des chiffres et des statistiques – pour essayer de leur faire voir que nous soutenons de fait notre occupant, en soutenant l'armée israélienne avec notre argent. Et selon les statistiques palestiniennes 2005, les Palestiniens dépensent environ 800 millions de $ tous les ans juste en boissons– les jus de fruit et l'eau. 800 millions de $ vont directement à Israël.

Donc en se focalisant sur ce chiffre, si nous pouvons arrêter de donner 800 millions de $ tous les ans à Israël juste pour leur eau… en fait c'est de l'eau qui vient des colonies, et qui a été confisquée et volée aux villages palestiniens. Donc en arrêtant de leur donner cet argent, ça changera quelque chose.


Aaron : Combien y a-t-il d'étudiants à l'AAUJ ?

Ashraf : Cette année, environ 4.000.


Aaron : Et quelles sont les conditions d'accès à l'Université pour les gens ? Quels sont certains des obstacles que l'occupation israélienne a mis en place contre les étudiants ?

Ashraf : Au début du premier soulèvement, le premier Intifada, la plupart des universités ont été fermées. Par exemple, l'Université de Birzeit a été fermée pendant 6 ans. L'Université d'Hébron a été fermée, elle aussi. C'est pour ça que j'ai choisi de faire mes études à l'AAUJ. Parce que quand j'ai terminé mes études secondaires, c'était la seule université disponible, et facile d'accès.

Pour d'autres universités, j'aurais eu à passer des checkpoints, ou me louer un appartement. Même dans notre université nous avons des couvre feux.
L'armée arrive dans les universités, elle installe des checkpoints en face de l'entrée et empêche les étudiants d'aller en cours. Oui, le système universitaire en Palestine a été très affecté par l'occupation.


Aaron : Alors, maintenant que les jus de fruit et l'eau israéliens ne sont plus en vente dans ton université, est-ce qu'il y a des produits palestiniens à leur place ? Quels sont les produits alternatifs ?

Ashraf : Eh bien, maintenant, ils vendent des jus de fruit égyptiens et palestiniens.


Aaron : Cette campagne de boycott dans ton école se place dans le contexte plus large d'un vaste mouvement, ici, en Palestine, pour le Boycott, le Désinvestissement et les Sanctions contre Israël. Peux-tu nous dire comment tu vois la campagne dans ton école, et comment elle entre dans la campagne plus large, mondiale, de boycott de l'apartheid israélien ?

Ashraf : Notre université n'est pas le seul exemple. A l'université de Birzeit, ils ont fait une campagne de boycott. Dans quelques autres universités, comme An-Najah à Naplouse, ils ont démarré une campagne de boycottage récemment. Et également dans des villages comme Beit Sahour, dans les années 1980, ils avaient fait aussi une campagne de boycott.

Personnellement, je pense que c'est une façon très puissante de résister à l'occupation, d'une manière absolument non violente. Il est clair que tout tourne autour de l'économie. Si l'économie israélienne est par terre, ça deviendra leur premier sujet de préoccupation. Et si nous sommes le principal marché d'Israël, c'est quelque chose que nous pouvons utiliser pour résister à l'occupation.

Et pareil à l'étranger, dans d'autres pays en Europe ou en Amérique ou au Canada, il est évident que le boycott et le désinvestissement peuvent exercer des pressions.


Pour plus d'information sur la campagne globale BDS contre Israël apartheid :
www.pacbi.org
www.stopthewall.org
www.caiaweb.org

Source : Aaron.resist

Traduction : MR pour ISM

Faire un don

Afin d'assurer sa mission d'information, ISM-France fait appel à votre soutien.

Oui ! Je soutiens ISM-France.


Contacter ISM France

contact@ism-france.org

Suivre ISM France

S'abonner à ISMFRANCE sur Twitter RSS

Avertissement

L'ISM a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient. Les auteurs du site travaillent à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui leur seraient signalées.

Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas l'ISM ne saurait être tenu responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.

D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont il n'a pas la gestion, l'ISM n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

A lire également...
Même lieu

Jénine

Même sujet

Boycott

Même date

29 avril 2008