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ISM France - Archives 2001-2021

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Ramallah -

Histoires palestiniennes

Par

C'est le début de soirée Ramallah, et M et moi sommes assis sur le balcon minuscule de l’immeuble du Mouvement International de Solidarité (ISM).
Il allume une cigarette de son paquet de Marlboro et sourit en me disant avec son accent qu'il a réduit sa consommation de cigarettes à seulement un paquet par jour.
Presque tous les hommes que j'ai rencontrés en Palestine fument énormément et je me demande comment cette habitude universelle de se calmer les nerfs a été prise ici.

Ahmed tire profondément sur sa cigarette, et pendant qu'il évacue lentement la fumée de ses poumons, il commente la beauté de la soirée: il regarde vers le ciel pendant que les rayons de la lumière du soleil se retirent.

"Des jours comme celui-ci, j’aimais aller à la chasse - des cerfs et de petits oiseaux", médite-t’il.

C’est agréable d'être dehors, et si nous maintenons notre regard fixe sur le ciel, on se sent en paix et relaxé.


Par la suite, pourtant, mes yeux se portent en bas de la rue étroite en-dessous.

Deux vieils hommes discutent devant leurs magasins - - ni l'un ni l'autre laisse son poste, mais à la façon dont ils gesticulent pendant leur discussion, et il devient par la suite évident pour moi qu'ils ne se disputent pas vraiment l'un avec l'autre, mais contre un invisible agresseur commun.

Ahmed se tourne vers moi - peut-être en réponse à la discussion tenue en-dessous dans une langue que lui (mais pas moi) comprend - et dit : "Tout le monde en Palestine a ses histoires. Vous ne pouvez pas vivre ici et ne pas avoir vos histoires. Et certains d'entre elles sont des histoires drôles. Ce sont celles qui nous maintiennent en vie."

Mon frère était retenu par les soldats, hein.... Ils l'ont plaqué au sol comme cela"(et il montre les mains menottées et les chevilles attachées ensemble de l’arrière)" et ils lui donnaient un coup de pied et lui hurlaient dessus et il ne savait pas ce qu'il avait fait, mais ils l’ont gardé comme cela pendant trois jours sans nourriture, et pour l’eau, ils lui versaient dessus, et il a perdu beaucoup de force.

Et alors ils ont jeté un autre prisonnier dans la cellule avec lui, et parce qu'il était attaché comme mon frère, ils ne pouvaient pas se voir.

Mon frère a dit à l'homme : "Qui est mon nouveau voisin?", et le soldat l’a frappé à l’aide d’une matrque parce qu’il avait parlé.

Mais le nouveau prisonnier a reconnu la voix de mon frère et a chuchoté : "Quelqu'un qui a des nouvelles pour vous! - - votre femme a eu votre bébé. C’est arrivé hier."

Et mon frère était heureux et il a commencé à bouger autant qu’il pouvait, en se démenant, et les soldats le battent et demandent : "Qu’est-ce que vous faites ?"

Mon frère a répondu : "Je danse, parce qu’il y a une nouvelle vie, une vie qui prendra ma place."

"Vous voyez", me confie M, "Ils ne pourront jamais gagner aussi longtemps que l’un de nous sera encore vivant. Et aussi longtemps que l'un de nous vivra, nous saurons qu'il y a espoir pour nous - qu'un jour nous serons à nouveau libres ".

Il finit sa cigarette et il se retire dans l'obscurité de l'appartement juste comme un enfant qui repart vers son propre balcon voisin.



Elle est belle et intrépide, un sourire radieux illumine son visage orné de boucles brunes. Elle joue à me faire des clins d’oeil, contente que j’aie compris le jeu sans avoir échangé un mot.

Elle se hisse sur la balustrade pour me voir de plus près – il est tellement évident que je suis une Étrangère - et j'avertis qu'elle doit faire attention bien que je me rende compte qu’elle ne comprenne pas l’anglais, et quand elle se recule de la balustrade, je murmure avec reconnaissance un des quelques mots d'arabe que j'ai appris : "Shukran" - "merci".

Elle rit nerveusement et puis détale dans son propre appartement au bruit de ce que je peux seulement imaginer être la voix de sa mère.



Pendant un court moment, cette petite rue de Ramallah est calme, on peut entendre les bruits des oiseaux sur les fils électriques et le bruit de fond d'un repas de soirée qui se prépare.

Puis, pendant que le soleil se couche, l'appel mélodique à la prière retentit dans la rue. La seule voix qui rappelle à la population de Ramallah de se souvenir de leur Dieu qui les aime, et les transportera au-dessus de leurs luttes.

Et je me rappelle que le Dieu de Mohammad est également le Dieu d'Abraham et de Moise, et je songe à l'absurdité du système politique qui essaye de diviser une famille, de séparer un enfant des autres, et s’attend à réussir, ou à être encensé, ou même toléré.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MG pour ISM

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