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Liban - 1 avril 2012
Par Eva Bartlett
Vendredi, Journée de la Terre palestinienne, des marches de protestation ont eu lieu en Palestine, en Jordanie, en Syrie, au Liban, en Egypte, et dans le monde entier. En Palestine, Mahmoud Zakot, un manifestant non violent de 20 ans, a été assassiné au nord de Gaza par un soldat israélien. A Bethléem, parmi la masse de blessés, trois sont dans un état critique, l'un d'entre eux a été frappé au visage par une grenade lacrymogène. Au checkpoint militaire de Qalandia, 249 personnes ont été blessées et 20 hospitalisées, et les forces israéliennes ont blessé 9 médecins et saccagé 3 ambulances (Ma'an News). Au Liban, les manifestants se sont regroupés au sud-est du pays, à la forteresse Beaufort (Qala'at Ash-Shqif), un château fort du 12ème siècle bombardé par Israël et plus tard utilisé par les forces israéliennes d'occupation pendant leur occupation du Sud-Liban.
Avec les ruines de la forteresse en arrière-plan, la Palestine à quelques dizaines de kilomètres au-delà, et la décision prise par les organisateurs de ne pas protester directement à la frontière libanaise (1), la Marche est allée au point le plus proche de la Palestine et d'Al-Quds.
Mahmoud Zakot, au moment où la balle qui va le tuer le touche
Moussa Harun Abu Mahameed, 30 ans, du village Al-Fureidis, qui a réussi à placer un drapeau sur le mur à Bethléem a été blessé au visage par un tir de grenade lacrymogène de l'occupation
Différents orateurs ont pris le micro, mais mon attention s'est portée sur les milliers de Palestiniens qui étaient là pour la Journée de la Terre et pour Jérusalem. Certains ont grimpé sur une corniche qui surplombe la vallée, leur seul moyen pour voir leur pays d'origine. Mais avec la brume, c'était plus pour imaginer les frontières de la Palestine que pour la voir clairement.
La foule des réfugiés palestiniens, répartis dans les nombreux camps du Liban où ils vivent dans des conditions misérables, sourit, agite les mains, chante, applaudit. Un visage radieux après l'autre, "al-karama" (la dignité) et "al-samoud" (la résilience) foisonnent, comme parmi tous les Palestiniens depuis des décennies, depuis leur expulsion forcée par les sionistes et sous l'occupation sioniste.
Je discute avec quelques-unes des nombreuses femmes qui chantent et tapent dans leurs mains - les mêmes beaux visages éclatant de vie que je vois dans les manifestations à Gaza.
Une vieille dame me dit que son rêve est d'aller prier à Al-Quds, dans la sainte Mosquée d'Al-Aqsa. Le rêve de tant de réfugiés palestiniens.
Un vieil homme me sourit, me souhaite la bienvenue avec la chaleur et la ferveur palestiniennes habituelles et à ma question sur d'où il vient, il me répond "Jabaliya, Gaza". Il y est né et veut désespérément y revenir. Il me retrouve un peu plus tard dans la foule et écrit sur un morceau de papier son nom et son adresse complète à Gaza, pour que j'aille voir sa famille, qui y vit toujours, et que je leur dise bonjour pour lui.
Un autre homme qui me semble pouvoir être agriculteur palestinien confirme mes pensées et répond "Simsim" à ma question sur son lieu de naissance, une région rurale près de Gaza.
Palestine Remembered donne des détails sur l'histoire de Simsim :
"Jusqu'au 13 mai 1948, les 1500 habitants palestiniens de Simsim vivaient dans leur village du nord du Néguev et travaillaient leurs terres. Les forces militaires sionistes les ont expulsés vers la Bande de Gaza. Seules deux familles sont restées en "Israël". La plupart des réfugiés du village vivaient dans le camp de réfugiés de Jabaliya, où ils vivent toujours aujourd'hui, à une 15ne de kilomètres de leur village. Depuis leur expulsion, les réfugiés de Simsim, comme des centaines de milliers de réfugiés vivant dans la Bande de Gaza, ont souffert non seulement de conditions de vie très difficiles, mais aussi des autres attaques israéliennes violentes, dont celles de l'occupation de 1967, des bombardements et des assassinats.
La ville de Sderot a été établie à environ 10 km de Simsim, sur les terres du village de Najd. Le point de départ de l'attaque israélienne de 1948 fut le kibboutz Gvar'am, qui avait été installé près de Simsim en 1942. Plus tard, le kibboutz s'est emparé des terres du village. Ce qui fut jadis le centre du village, dont les restes d'environ 345 bâtiments, un cimetière profané, des puits taris et une mosquée détruite, est maintenant clôturé et est utilisé pour le bétail du kibboutz."
Un peu plus tard, je suis attirée vers la scène par les chants d'un groupe de jeunes garçons. Ils terminent par une des chansons préférées des Palestiniens, "Wein ala Ramallah".
Mais parmi les orateurs, ce sont les paroles d'un des quatre rabbins orthodoxes de Neturei Karta qui sont venus des Etats-Unis pour participer à la manifestation qui ont retenu mon attention.
"Nous n'accepterons jamais l'existence de cette rébellion contre Dieu appelée l'Etat sioniste d'Israël. C'est contre le Judaïsme, c'est contre Dieu, et nous prions tous les jours pour le démantèlement rapide et total de cet Etat. Notre nom, notre identité judaïque ont été détournés par cette occupation sioniste diabolique. Nous prions pour que nous puissions servir Dieu ensemble dans une Palestine libre, comme nous l'avons fait pendant des centaines d'années. Nous sommes reconnaissants à vous, aux peuples musulmans du monde et aux pays musulmans de nous avoir donné un havre de paix, une maison. Et nous disons aux sionistes : 'Vous êtes des hérétiques, vous n'avez pas le droit d'avoir cet Etat. Vous êtes en rébellion contre Dieu. Mettez fin à votre rébellion. Mettez fin à l'occupation."
(1) "Land Day march will not reach the border", The Daily Star, 24.3.2012
Source : In Gaza
Traduction : MR pour ISM
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