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ISM France - Archives 2001-2021

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Gaza -

Khoza’a après la destruction

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Alors que nous roulons à travers le village de Khoza’a, à l’est de Khan Younis, en route vers les terres agricoles de la zone frontalière (« zone tampon ») où nous allons accompagner les fermiers, OJ raconte ce qui est arrivé à ce village pendant la guerre sanglante d’Israël contre Gaza.

Khoza’a après la destruction


Le 12 janvier, Israël a commencé à « s'attaquer sérieusement » à Khoza’a en augmentant les bombardements, les tirs et la destruction des maisons au bulldozer le 13 janvier.

OJ montre un carré de terre envahi par les mauvaises herbes, l’endroit où Iman – une de nos fermiers et habitante de Khoza’a fuyant les bulldozers israéliens qui démolissaient sa maison et celles de ses voisins – et 200 autres villageois se sont entassés à la recherche d’un endroit à l’abri des tirs des forces israéliennes.

« Ils étaient systématiquement pourchassés, » dit OJ, « de leurs maisons détruites, jusqu’à ce morceau de terre où ils se sont venus se serrer les uns contre les autres, et les bulldozers israéliens entassaient toujours plus de gravats autour d’eux, essayant de les enterrer, jusqu’à la rue où les soldats leur ont ordonné de marcher, mais où davantage de soldats israéliens leur ont tiré dessus. Et ils agitaient des drapeaux blancs. »

Elle se souvient de Rahia, une des femmes qui portaient un drapeau blanc, qui essayait de mener les civils terrifiés le long de la rue, vers un endroit en sécurité, mais qui a été tuée d’une balle dans la tête, et qui s’est vidée de son sang, pendant 12 heures, parce que les Israéliens avaient interdit aux secouristes d’approcher.

Jack Shenker, dans son article (en anglais) “Chaos à Khoza’a”, raconte dans le détail ce dont on se doutait ce matin là. Il écrit : « A la fin de la journée du 13 janvier, 14 habitants de Khoza’a avaient été tués, 50 gisaient blessés, et 213 avaient été transportés à l’hôpital pour inhalation de gaz. Les habitants disent que plus de 50 maisons ont été détruites, dans le seul petit village. »

Nous retrouvons les fermiers et nous allons avec eux dans les champs. Ils veulent absolument rentrer le blé. Nous moissonnons très près de la clôture. C’est un jour différent des autres, pas de signe de jeeps ou de soldat le long de la clôture, bien que les marques de leurs machines militaires marquent profondément le sol. La récolte va vite et sans incident.

Pendant qu’elle arrache et empile le blé en tas réguliers prêts à être liés, Abir, 13 ans (photo ci-dessus), discute avec moi de sa douce voix d’enfant, mais les mots sont ceux d’une femme fatiguée qui a tout vu.

« Beitna demarr. Aysh bin sauer ? » dit-elle. Notre maison a été détruite. Que pouvons-nous faire ?, la question que pose la plupart des Palestiniens ces jours-ci.

Abir continue de raconter comment les missiles ont frappé sa maison, le tir régulier des soldats israéliens roulant le long de la frontière, et comment un voisin, un vieux fermer sourd, a été blessé hier par des tirs : il n’a pas entendu les balles, alors finalement, les soldats israéliens ont tué son âne, pour « le prévenir ».

« Aysh bin sauer ? » murmure-t-elle, puis elle me demande : « As-tu une coordination ? »

« La, la, fish tansik ! », dis-je, pas de coordination avec l’armée israélienne. Il est important qu’elle comprenne que les soldats israéliens nous tirent aussi dessus, que personne n’est en dehors de la ligne de mire des snipers. Nous disons clairement aux fermiers que nous ne leur offrons pas de protection, que nous sommes à leurs côtés, nous photographions et filmons et écrivons et parlons de ce qui leur arrive par la main des soldats israéliens qui abusent de leur pouvoir et de leurs fusils, bien que ces abus semblent être approuvés par l’ armée israélienne et ses responsables et par la police « du no man's land » illégal dans la zone tampon.

Aujourd’hui j’ai pris la trousse de première urgence, que ma collègue Leila portait d’habitude, une considération morbide mais pratique dont la plupart des fermiers en dehors de la Palestine n’ont pas à se préoccuper. J’espère que je n’aurais pas, aujourd’hui, à mettre en pratique mes toutes nouvelles compétences.

Les fermiers, pour la plupart des femmes, avec quelques hommes et adolescents pour les aider, finissent de couper le blé et commencent à l’empiler en gerbes sur lesquelles ils s’appuient ensuite pour les compresser et les lier avec des morceaux de ficelle déchirée. Les gerbes sont ensuite mises dans des pièces de tissu transportées sur les épaules.

Tandis que nous partons, je discute avec K., le frère d’Iman, qui pause pour montrer le tas de gravats de ce qui fut sa maison.

Au bout du champ, nous rencontrons une femme qui porte un cylindre de métal bizarre, avec un mini-parachute attaché. « Les Israéliens tirent ça dans nos champs, » m’explique un fermier. « Si le champ n’avait pas été moissonné, tout aurait pris feu. »

OJ m’explique qu’un champ où nous avons accompagné les fermiers le 13 avril a été touché par une de ces bombes incendiaires. Ce jour là, les fermiers n’étaient pas assez nombreux et ils ont eu juste le temps de d’arracher le seigle et de le mettre en tas ; ils pensaient revenir le lendemain, plus nombreux, pour le ramener. Ils n’ont trouvé que des cendres.

Voir les photos et les vidéos de cette journée.

Source : In Gaza

Traduction : MR pour ISM

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