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ISM France - Archives 2001-2021

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Bethléem -

Le Camp Aida et le Pape Benoit XVI

Par

communiqué par Les Amis d'Al-Rowwad

Pendant plus de 40 jours, après avoir été choisis pour recevoir sa Sainteté le Pape Benoit XVI, la population de Camp Aida au nord de Bethléem, le Comité Populaire et les organisations et institutions de camp ont commencé un travail acharné pour préparer la réception extraordinaire pour sa Sainteté. ‏Nous avons voulu que cette réception soit une page marquante dans l’histoire pour laisser une trace ineffaçable et symbolique de cette visite, et qu’on puisse préparer un endroit à la hauteur de personnage qui nous rend visite et des invités.

Le Camp Aida et le Pape Benoit XVI


Benoît XVI au Camp d'Aida, Bethléem, sur fond de mur et de mirador sionistes, une photo qui a enragé les dirigeants de l'entité...

Le Comité populaire a travaillé jour et nuit pour préparer le podium externe que nous avons souvent utilisé dans les festivals artistiques et le festival de cinéma à l’extérieur pendant les trois ans précédents. Le mur du théâtre externe en ciment a été tapissé par des pierres de Jérusalem, l’espace plat a été transformé en podium, et la scène a été couverte par des dalles de pierre de Jérusalem.

L’armée israélienne a fait une incursion dans le camp, le 26 Avril, et a ordonné l’arrêt de travaux. Les soldats israéliens ont ordonné la démolition immédiate de la scène en disant quelle était trop élevée par rapport au mur de séparation et d’apartheid.

Le bureau du Président palestinien avait subi des pressions incroyables pour que la réception du Pape n’ait pas lieu au pied du mur, sur ce podium que nous préparions pour sa Sainteté. La scène a été démolie et les travaux ont repris en rabaissant la hauteur de moitié.

Deux jours après, l’armée est encore rentrée dans le camp. Les soldats d’occupation ont menacé d’arrêter les travailleurs et les responsables dans le camp si les travaux continuaient. En outre, ils nous ont lancé un ordre de démolition de ce podium.

Les nouvelles sont venues que la réception n’aurait pas lieu sur le podium mais dans l’école de l’ONU qui est en face. L’armée israélienne fait son incursion dans le camp. Après la démolition de la scène et le travail à nouveau, les travailleurs dans le camp refusent de quitter le lieu de travail. Ce fut une déception énorme pour tous ceux qui ont travaillé jour et nuit pour montrer la beauté, l'humanité et la dignité que nous gardons et nous défendons en nous malgré toute l’inhumanité et laideur de l’occupation israélienne et sa violence.

Nous avons parlé avec le bureau de président Abbas, et le Vatican pour qu’ils ne cèdent pas à la pression israélienne, mais sans succès. La réception aura lieu dans l’école de camp. Les travaux ont continué malgré tout, parce que nous n’avons pas l’habitude de refuser nos invités, qui sont les bienvenus. Le Comité populaire a fini les travaux, mais la crainte reste que tout ce travail finisse en décombres.

Al-Rowwad avait la responsabilité de préparer le spectacle artistique, qui devait être présenté devant sa Sainteté le Pape, le Président Abbas et le premier ministre Salam Fayyad ainsi que toutes les personnalités politiques et religieuses. Le Consul Général de France a été aussi parmi nos invités.

Après la réception du premier ministre Fayyad et du Président Abbas, nous nous sommes alignés pour recevoir le Pape, et l’accompagner jusqu’à la scène. Après avoir monté sur la scène de réception, nous avons commencé l’ouverture de la commémoration de Nakba 61 en lâchant 61 ballons noirs avec les noms de villages détruits imprimés sur ces ballons.

Ensuite, le commissaire général de l’UNRWA, Mme Karen Abuzeid, a parlé, suivie par le spectacle de la troupe Alrowwad. La danse a commencé sur la Cinquième Symphonie de Beethoven, les 24 enfants danseurs et la chorale sont entrés et ont formé le chiffre 61 en commémoration de l’anniversaire de Nakba. Puis les plus jeunes ont apporté les clés du retour, et les ont remis aux autres danseurs. L’appel à la prière de la Masjid, et les sons des cloches de l’église ont noyé la musique pour créer un pont entre cette musique classique et la musique folklorique palestinienne sur laquelle les enfants ont dansé avec beauté et grâce leur attachement à leur droit au retour.

Al-Rowwad a été bien applaudi et les enfants sont montés sur scène et ont serré la main du Pape, du Président et des autres sur la scène de réception. Les discours se sont succédé avec le Comité populaire, le président et puis le Pape. Un poème de Mahmoud Darwich a suivi, puis la remise de deux cadeaux au Pape, offerts par le camp : le père du plus ancien prisonnier dans le camp, Khalid Alazraq, a remis une écharpé brodée d’un côté avec le logo de Vatican et l’Eglise de la Nativité, et de l’autre, la clé du retour, avec le Dôme du Rocher et l’étoile cananéenne octogonale.

Puis, Yusif Abusrour, un blessé qui a perdu sa jambe en 2001 lors d’une incursion israélienne dans le camp, a remis au Pape une pierre de la ville palestinienne de Tibériade sculptée sur la forme de la Palestine historique avec la clé du retour gravée au milieu, dans une boite en verre transparent.

Les enfants de deux prisonniers, l’une musulmane dont le père et la mère sont emprisonnés et l’autre chrétienne dont le père est prisonnier, sont aussi montés sur scène pour lui remettre une lettre des 11.000 prisonniers palestiniens.

La réception s’est terminée avec les mots de notre grand poète Mahmoud Darwich :
« Nous ne voulons plus être des héros,
Nous ne voulons plus être des victimes,
Ce que nous voulons le plus, c'est être des gens ordinaires
. »

Avec la joie du succès incroyable et les félicitations de tous, nous avons présenté nos adieux au Pape, au Président et à tous nos invités : certains ont dit que cet accueil au camp Aida a dépassé toutes les attentes et effacé tout ce qu’Israël a essayé de faire pendant la visite, par la qualité des représentations artistiques et les mots qui ont été dis. Le souvenir et les pensées restent avec les exilés de l'Eglise de la Nativité, qui attendent le retour dans leurs foyers depuis 2002.

Mes impressions

Bien que le Pape ait suivi son prédécesseur Jean Paul II qui avait déclaré : « Il est temps pour que cette tragédie s’arrête » en condamnant le mur de séparation illégal, il est resté dans la diplomatie qui nous tue. Aucun mot sur l’occupation israélienne en tant qu’injuste et illégale, aucun mot sur le travail qui a été fait pour le recevoir sur le podium externe.

Cependant nous sommes d’accord sur l’usage de la beauté et la non-violence… Nous avons depuis 1998 fondé A-Rowwad dans cet esprit de la Belle Résistance non-violente contre la laideur de l’occupation israélienne et sa violence, pour garder et défendre notre humanité et beauté devant toute cette inhumanité de l’occupation israélienne et le silence complice des injustes.

Nous sommes actuellement en train de faire un projet qui s’appelle ‘La Belle Résistance Mobile’ avec l’organisation « Salam Ya Seghar » sur l’initiative de son excellence Sheikh Jawaher Bent Mohammad Al-Qasimi, de Sharjah, où avec une camionnette, 4 artistes – Théâtre, Dance, Dessin et Musique - en plus de deux ludothécaires, tournent dans 2 camps de réfugiés et deux villages à Bethléem et Hébron, en plus du camp Aida, pendant 6 mois, en formant des ludothécaires et en équipant les centres partenaires de jeux pour commencer la création des ludothèques dans ces centres. 140 enfants profiteront de ce programme pendant 6 mois, et nous espérons que nous renouvellerons ce projet dans le futur.

C’est notre réponse au silence et à la complicité injustes avec les crimes israéliens pour donner les moyens beaux et non-violents pour retrouver la paix en nous, avant de parler de la paix avec les autres.

Nous voulons laisser un meilleur héritage à nos enfants, aux vôtres, et à toutes les générations à venir, basé sur la justice, la liberté, les droits de l’homme et non pas sur les faits accomplis sur le terrain et la loi des plus forts.

Merci à nos amis de rester nos partenaires dans notre belle résistance.

Abdelfattah Abu Srour


Des photos du Camp d'Ayda ici

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