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Naplouse -

Le blocage temporaire des routes par les colons devient la loi israélienne

Par

Mercredi, j’ai participé à la récolte des olives dans le village de Qaryot avec un autre bénévole international et deux Israéliens, pour aider Salimon, 80 ans, son frère Aziz et son fils Ahmed, 27 ans. Nous avons été accueillis le matin par un « Buenos dias » joyeux, et les sourires chaleureux des deux Palestiniens plus âgés. Salimon et Aziz ont travaillé pendant 20 ans au Brésil et durant cette période, n’ont pu venir chez eux et voir leurs enfants grandir. A tous les deux, ils ont une très grande famille et plus de 1000 arbres, pris en sandwich par quelques colonies israéliennes relativement neuves. L’une d’entre elles s’appelle Gilad – poste avancé extrémiste illégal, même en regard des standards israéliens.

Le blocage temporaire des routes par les colons devient la loi israélienne


Barrage routier installé par les colons
Voir les autres photos sur le blog de Steph


Salimon et Aziz sont des hommes amicaux et peu loquaces. Nous avons passé la journée à communiquer avec un peu d’arabe, d’espagnol et de portugais, que les deux hommes et quelques-uns des militants parlaient.

Salimon, dont l’hospitalité est dans le plus pur style palestinien, s’est occupé de nous attentivement et rallumait souvent sa cigarette, qui finissait par être complètement humide. Aziz taillait les arbres en silence avec une petite scie, disant parfois « Aaaiii-wwaa, taman » (oui, bon) et « bueno » (bon) lorsqu’une branche qu’il avait taillée était par terre et que les bénévoles commençaient à cueillir les olives.

A début de la semaine, les colons israéliens étaient descendus de la colline pour jeter des pierres aux Palestiniens récoltant à Qaryot, envoyant un homme à l’hôpital avec une blessure à la tête. De nombreuses familles craignaient de revenir terminer la récolte mais les frères, dont les terres se trouvent dans la zone la plus dangereuse, étaient déterminés à finir.


Le matin, la récolte a débuté près de la route de la colonie. Dix minutes après, trois soldats israéliens et trois policiers des frontières se sont approchés et nous ont dit que, pour ce jour là, nous devions nous arrêter.

Bien que nous demandions à voir l’arrêt de la Cour statuant dans ce sens, nous n’avons pas reçu d’autres explications que « quelqu’un va venir avec une carte ». Les frères ont continué la récolte et les bénévoles ont essayé de les rejoindre.
Les soldats nous ont demandé d’arrêter, et de ne plus toucher aux olives en attendant que d’autres soldats arrivent avec des réponses à nos questions.


Bientôt, d’autres véhicules sont arrivés avec des soldats, la police des frontières et un avocat militaire. Eux non plus ne pouvaient répondre à nos questions et nous sommes restés là à attendre, perdant un temps précieux de récolte ; puis ils ont sorti une carte et ont commencé à discuter sur ce que nous faisions.

Le fondateur d’un groupe de Droits de l’Homme israélien, qui a de l’expérience sur la question, est arrivé après que nous l’ayons appelé par téléphone. Il a discuté avec les soldats sur une dispute au sujet de la terre qui a débuté récemment, lorsque les colons ont érigé un barrage fait de blocs et de terre pour déclarer que la terre leur appartenait.

Un soldat a même dit : « C’est évident que cette terre est aux Palestiniens, laissez-les », mais il a été décidé que nous ne serions autorisés à récolter ce jour là que de l’autre côté du barrage, près du village.

Suivant ce que décidaient les anciens, nous sommes allés vers cette zone, que les colons ne revendiquaient pas, pour continuer la récolte. C’était vraiment frustrant parce que les arbres sont centenaires, comme le village, et la colonie, elle, n’est là que depuis une vingtaine d’années.

Bien que certains soldats et policiers n’aient pas été d’accord entre eux sur qui était propriétaire de la terre, le message que cette situation envoyait était très clair : un simple tas de pierre et de terre placé sur une route par des extrémistes juifs déplace les frontières légales, et empêche les propriétaires de la terre de s’y rendre et de récolter.

Le jour suivant, nous avons retrouvé Salimon et Aziz. Après une négociation réussie grâce au groupe des Droits de l’Homme, nous avons passé la journée à ramasser les olives au-delà du barrage, sur la terre « disputée », à côté de la route de la colonie. Cette fois, les volontaires sont venus en plus grand nombre, à cause du risque élevé d’attaque.

Pendant la journée, deux Humvess (jeeps) pleins de soldats israéliens et de policiers nous surveillaient à courte distance. Ils ont prétendu que c’était pour notre protection, mais c’est bien nous qu’ils observaient à la jumelle, pas la colonie.

Par la suite, Aziz a ramassé sa bâche et son panier et est parti sur la route d’entrée de la colonie, à quelques mètres d’une grille gardée par des chiens et à une centaine de mètres de la première maison. En une semaine et demi, je n’ai pas vu de Palestiniens aller travailler aussi près d’une colonie.

J’ai eu l’impression qu’Aziz n’avait peur de rien, et il disait que la plupart de ses enfants avaient peur de venir récolter avec lui. Les véhicules des soldats et de la police se sont aussitôt approchés de nous, mais nous les avons ignorés et avons continué la cueillette jusqu’à ce que les frères décident que c’était fini pour la journée.

Nous sommes revenus au village entassés sur le tracteur, avec de grands sacs d’olives. Le kaffiyeh d’Aziz flottait au vent, il souriait et faisait des signes de la main aux fermiers voisins.

Salimon était devant, sur son âne. Ahmad nous a dit que nous avions ramassé quelques centaines de kilos d’olives et nous a chaleureusement remerciés pour notre présence.

Les jours prochains, nous maintiendrons notre présence à Qaryot, jusqu’à ce que toutes les olives soient ramassées.

Source : ISM

Traduction : MR pour ISM

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