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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Les démolitions de maisons comme punition collective : une autre stratégie de la colonisation israélienne

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Dimanche 4 octobre, à 4h du matin, 8 Palestiniens ont été arrêtés par les forces militaires israéliennes à Naplouse, au nord de la Cisjordanie, dans des conditions extrêmement violentes, en réponse à une attaque menée le 1er octobre qui a tué deux colons conduisant une voiture sur la route de Beit Furik. Si à ce jour, aucune preuve de l’implication de ces huit hommes dans cette attaque n’a été formellement établie, le gouvernement israélien détient toujours ces Palestiniens dans le but de rassurer les colons et de leur montrer que la puissance occupante assure correctement leur sécurité.

Les démolitions de maisons comme punition collective : une autre stratégie de la colonisation israélienne

L'appartement de la famille Al-Kusa, situé au rez-de-chaussée d'un immeuble de 3 niveaux est maintenant abandonné, en attendant que l'armée d'occupation le remplisse de ciment
Opérations d`arrestation

Karam Al-Masri, 23 ans, a été violemment arrêté à l'hôpital de Naplouse alors qu'il se remettait à peine d’une opération de l’épaule gauche après un accident de travail dans l’aciérie où il travaille à Naplouse. Une vingtaine d’hommes des forces de sécurité israéliennes, munis de leurs armes, ont pris d’assaut l'hôpital pour kidnapper le patient qui dormait dans la chambre 302. Avant de quitter l’hôpital, ils ont pris le soin de casser les caméras de surveillance afin de ne pas laisser de traces de cette arrestation totalement arbitraire. La vidéo de leur arrivée à l’hôpital pour arrêter Karam Al Masri est cependant disponible ici.

Dans le même temps, les trois cousins de la famille al-Kusa, Samir, 23 ans, Zahi, 32 ans, et Abdullah, 19 ans, ont été arrêtés pendant qu'ils dormaient chez eux à Naplouse et dans le camp de refugiés d`Askar où Samir avait été rendre visite à ses beaux-parents. La femme de Samir, âgée de 24 ans, ainsi que sa mère de 50 ans ont toutes deux été battues par les forces de sécurité israéliennes. Samir a lui aussi été passé à tabac puis forcé de marcher, saignant abondamment, avant d`être jeté par terre où les soldats l`ont battu à nouveau, frappé avec leurs armes tandis que l’un d’entre eux lui urinait dessus. Environ 300 soldats ont participé à cette opération.

Dans le cas de Zahi et Abdullah al-Kusa, qui séjournaient dans la même maison, les soldats israéliens ont cette fois attaqué la maison, détruit des meubles et effrayé les familles avec leurs tirs. Les deux hommes ont été forcés de sortir de la maison dépouillés de leurs vêtements, battus et contraints de marcher nus dans la rue. Quand l’un de leurs cousins a tenté de prendre une photo, un soldat lui a tiré dans une jambe de si près que la balle a pénétré puis est sorti de la première jambe avant d`entrer et de ressortir de la deuxième jambe également. Cet homme âgé de 21 ans a passé 4 jours à l’hôpital.

Pendant ce temps, Rasem Khattab, un infirmier de 37 ans, travaillait de nuit à l'hôpital au moment où il a été arrêté. Les forces israéliennes l'ont emmené à son domicile, ont vandalisé sa maison, cassé les meubles, et l’ont battu devant sa femme, ses deux filles et ses parents. Encore plus choquant, Ragheb Elawi, un homme de 35 ans qui avait récemment subi 2 chirurgies cardiaques et était en convalescence à son domicile, a également été violemment arrêté. Les soldats israéliens ont pris d'assaut son domicile à 4h du matin, terrifiant, encore une fois, toute sa famille avant de l'arrêter. En dépit du fait que cet homme est évidemment dans un état de santé fragile, il a également été frappé devant sa famille.

De plus, Zeid Ziad Amer, 23 ans, et Yahya Hajj Hamad, 24 ans, ont également été arrêtés, dans des conditions similaires de violence, de raids de leurs maisons qui ont réveillé les familles, et de sévices corporels. Dans tous ces cas, les soldats ont bloqué les quartiers voisins, encerclé les maisons après avoir fermé tous les check-points de la ville.

À ce jour, seuls les parents de Zahi al-Kosa ont obtenu des informations sur leur fils : il sera emprisonné pendant deux mois avec la très forte probabilité que l'emprisonnement soit prolongé indéfiniment après l'audience du tribunal militaire. Il est actuellement détenu à la prison militaire de Megiddo.

Samir et Abdullah sont eux détenus dans la prison de Petah Tikva, sans aucune autre information disponible. Les localisations des 5 autres prisonniers restent à ce jour encore inconnues, y compris pour leurs familles mais aussi pour leurs avocats respectifs et pour le Croissant Rouge palestinien.

Ordres de démolition des maisons

Le jeudi 15 octobre au matin, 11 jours après que les 8 hommes ont été arrêtés, trois des familles ont reçu des forces israéliennes des ordres de démolition de leurs maisons.

L’appartement de la famille Al-Kusa est au rez-de-chaussée d’une maison de 3 niveaux située au sommet de la montagne au sud de Naplouse, dans le quartier Al-Dahiyya, juste en-dessous d’une base militaire israélienne, et l’armée a prévu de combler l’appartement avec du ciment.
Les familles de Karam Al-Masry et Yahya Hajj-Hamad ont, elles aussi, abandonné leurs maisons et se sont installées chez des membres de leurs famille en attendant que leurs maisons soient réduites à un tas de gravats.

Les ordres de démolition notifiaient qu’ils seraient exécutés dans les 48 heures mais bien que la date ait expiré et que la destruction ne soit pas encore intervenue, on sait que l’armée israélienne peut mener ce genre d’actions longtemps après expiration des ordres. Dans de nombreux cas, des maisons ont été détruites des semaines, des mois voire des années après que l’ordre a expiré, et c’est une tactique évidente d’Israël pour générer des dégâts psychologiques et du stress dans la population palestinienne. Aujourd’hui, dans le quartier d’Al-Dahiyya, aucun voisin vivant près de ces trois maisons ne peut dormir de peur que l’armée n’arrive à n’importe quel moment de la nuit.

Et ce qui est encore plus douloureux est que les familles des hommes emprisonnés vivent une énorme détresse à cause de l’incertitude sur le sort de leurs fils, frères, maris et pères, car il est fort probable qu’ils seront condamnés à des durées d’emprisonnement allant de 20 ans à la perpétuité.

Il est important de comprendre que ces actions font partie d’une stratégie plus large mise en place par Israël sous la forme de punitions collectives et tortures psychologiques envers les Palestiniens. Le gouvernement israélien a récemment adopté une nouvelle politique qui établit que, dans le cas où le gouvernement décide qu’un Palestinien est un « terroriste » qui veut tuer un civil, un colon, un soldat ou un policier israélien, le gouvernement aura le droit de le tuer, de ne pas restituer son corps, puis plus tard de démolir la maison de la famille qui n’aura pas le droit de la reconstruire au même endroit. Etant donné que la plupart du temps Israël décide de manière arbitraire et sans aucun fondement que les Palestiniens sont des « terroristes », non seulement il punit les gens qu’il estime dangereux, mais il punit aussi leurs familles, faisant ainsi la preuve que ses lois et ses actes sont extrêmement abusifs et injustes. Cette forme de châtiment collectif non seulement fait peser une énorme pression psychologique sur les Palestiniens, c’est le moins que l’on puisse dire, mais facilite le plan israélien en cours de voler leurs terres et d’étendre le projet colonial.


Source : Palsolidarity

Traduction : PLL/MR

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