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Liban -

Notre séjour dans le camp de réfugiés palestiniens d’Eïn El-Helweh au Liban

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Du 16 au 23 avril 2013, nous avons séjourné dans le camp de réfugiés palestiniens de Eïn El-Helweh, situé près de Saïda dans le sud du Liban. Nous formons une délégation de quatre membres du Collectif Palestine Libre, venus de Toulouse à l’invitation du Centre de Solidarité Sociale du camp de Eïn El-Helweh, association venant en aide au plan social, éducatif et économique à des familles réfugiées particulièrement démunies.

Notre séjour dans le camp de réfugiés palestiniens d’Eïn El-Helweh au Liban

Le mardi 16 avril dans l’après-midi, nous voici donc arrivés à Beyrouth, accueillis par Adel Abou Salem, le président du SSC (Social Solidarity Center) qui, après nous avoir invités à un délicieux repas palestinien chez lui, nous emmène dans le camp de Eïn El-Helweh où nous allons séjourner une semaine. Nous logerons dans la maison de la famille d’Adel. Durant notre séjour, nous serons toujours accompagnés dans nos déplacements dans et hors du camp soit par Adel, soit par une joyeuse équipe de 3 ou 4 jeunes de l’association, très sympathiques et attentionnés.

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Mais avant d’évoquer notre séjour et ce que nous avons vu à l'intérieur et hors du camp, quelques chiffres pour donner un aperçu de la situation et de l’importance démographique des réfugiés palestiniens au Liban.

Ces réfugiés sont arrivés lors de la Nakba (la Catastrophe) d’avril-mai 1948, lorsque  l’Etat israélien est créé, le 14 mai 1948, après la partition de la Palestine votée à l’ONU par la Résolution 181 du 29 novembre 1947, sans aucune consultation préalable ni accord des Palestiniens.

« Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », telle était la Palestine pour les pays occidentaux colonialistes et les sionistes !

Les Palestiniens sont alors spoliés de leur terre, chassés de leurs maisons et de leurs villages quand ils ne sont pas massacrés par les milices terroristes de la Haganah, de l’Irgoun et du groupe Stern, qui procèdent dès 1947 au nettoyage ethnique de la Palestine. Plus de 500 villages sont détruits, dont le plus connu, Deir Yassine avec ses 250 habitants massacrés.

56% du territoire palestinien est ainsi attribué au nouvel Etat alors que les Juifs en possédaient à peine 7% avant la Nakba. Aujourd’hui, l’Etat sioniste s’est emparé de plus de 80% des terres palestiniennes.

Les réfugiés de Eïn El-Helweh viennent pour la plupart des villages et des villes du nord de la Palestine et ils ont tous gardé, adultes et enfants, le souvenir de la maison et du village avec l’espoir profondément ancré dans leur mémoire et leur coeur d’y retourner.,Depuis 65 ans, ces réfugiés sont niés dans leur identité, leur existence et leurs droits fondamentaux.

Il y avait 800.000 réfugiés vivant hors de Palestine en 1950, ils sont devenus 5 millions en 2005. Aujourd’hui, ils sont près de 7 millions. C’est la population de réfugiés la plus ancienne au monde.

On compte environ 270.000 réfugiés palestiniens dans tout le Liban sur une population totale estimée à 4 millions d’habitants.

Saïda a une population de 100.000 habitants dont la moitié est composée de Palestiniens vivant hors du camp.

60.000 à 80.000 réfugiés, sans doute davantage maintenant, vivent à Eïn El-Helweh, le camp le plus peuplé du Liban.

Avec la guerre en Syrie, 11.000 réfugiés palestiniens et syriens venus de Syrie (soit 1.400 familles), beaucoup venant du camp de Yarmouk près de Damas, sont arrivés à Eïn El-Helweh qui doit faire face dans l’urgence à tous les problèmes de logement, nourriture, santé et éducation que cela suppose pour les accueillir et subvenir à leurs besoins élémentaires dans un camp encerclé où déjà règnent la pauvreté et la précarité.

La population du camp est composée à 60% d’enfants. La surface du camp, pour 80.000 habitants est de 2 Km2. Les maisons se construisent en hauteur, pour gagner de l'espace, avec souvent un étage pour chaque couple de la famille.

66% de la population de réfugiés vit en-dessous du seuil de pauvreté, avec un énorme taux de chômage pour les jeunes même lorsqu’ils sont diplômés car le Liban leur interdit toute possibilité de travailler selon leurs compétences hors du camp.

Les réfugiés palestiniens au Liban vivent dans un véritable état de discrimination et de négation de leur identité. Le camp est entièrement fermé par un mur ou des barbelés et gardé par 4 postes de contrôle militaires libanais. Les visiteurs étrangers doivent demander un laisser-passer aux autorités militaires pour entrer.

Chaque voiture est contrôlée au check-point, chaque habitant qui entre ou qui sort du camp doit présenter sa carte de réfugié aux soldats qui le traitent souvent de façon humiliante. Les réfugiés nous disent qu’ils vivent comme des parias depuis 65 ans dans une prison à ciel ouvert. Ils n’ont pas droit à la nationalité libanaise sauf si une Palestinienne épouse un Libanais mais à l’inverse, un Palestinien marié à une Libanaise ne pourra pas avoir la nationalité libanaise.

Ils n’ont pas accès à l’enseignement ni primaire ni secondaire libanais. Ils n’ont pratiquement pas accès au système universitaire libanais car les frais d’inscription qui leur sont demandés sont très élevés.

72 métiers leur sont interdits au Liban, en particulier les plus exigeants en diplômes (médecins, ingénieurs, avocats, journalistes, métiers de la banque, de la finance etc.).

Ils n'ont pas le droit pas devenir propriétaires ni de créer une association purement palestinienne, elle doit être chapeautée par des Libanais.

Il n’y a aucun service public libanais dans le camp (ni électricité, eau, ramassage des ordures, pompiers, téléphone, école, hôpital etc…). Ce sont les Palestiniens eux-mêmes qui ont créé et gèrent leurs propres installations avec beaucoup d’ingéniosité mais les accidents dus à des installations défectueuses sont fréquents. Les coupures de courant de plusieurs heures sont quotidiennes (comme dans tout le Liban mais évidemment plus longuement et plus souvent dans les camps), les groupes électrogènes se mettent alors à fonctionner et prennent le relais.

Le seul organisme officiel chargé de subvenir aux besoins quotidiens des réfugiés en leur fournissant des emplois, des subventions, des écoles et des hôpitaux est l’UNRWA (Office de secours et de travaux des Nations-Unies pour les Réfugiés de Palestine). Il a été créé par l’ONU le 8 décembre 1949 spécialement et uniquement pour les Palestiniens en lieu et place de l’OIR (Organisation Internationale pour les Réfugiés) qui recommandait toujours en premier lieu le rapatriement des réfugiés. Sous la pression d’Israël et des organisations sionistes à l’étranger, l’UNRWA fut créé dans le but inavoué d’enterrer en réalité le droit au retour des réfugiés palestiniens.

Les subventions de l’UNRWA sont très insuffisantes et ne peuvent pas résoudre les problèmes de chômage et de pauvreté dûs à la discrimination dont les réfugiés sont victimes au Liban.

Le pouvoir libanais, quelle que soit son appartenance communautaire, craint en effet que la population sunnite palestinienne ne devienne majoritaire, c’est pourquoi il nie l’existence des réfugiés, les traite en individus sans identité ni droits et souhaite s’en débarrasser comme d’intrus installés illégalement depuis 65 ans !

Nous sommes venus dans ce camp pour voir et témoigner des conditions de vie des réfugiés, rencontrer les habitants et les organismes du camp et leur apporter concrètement notre solidarité et notre soutien.

Adel nous a prévu un programme intense de visites, de rencontres et d’excursions pour la semaine et nous ne serons pas déçus !

L’école du Centre de Développement Social

Le second jour, après un petit-déjeuner palestinien pris au local du SSC, nous visitons une école située à côté du Centre et en face de l’hôpital du camp, créée et gérée par le Centre de Développement Social, une association proche du SSC. Elle est destinée aux enfants déjà scolarisés en complément de l’école de l’UNRWA qui ne les prend que par demi-journées. L'école du SDC leur offre des activités pédagogiques, scolaires et sportives en évitant ainsi que les enfants soient livrés à eux-mêmes. Actuellement elle accueille de nombreux enfants réfugiés de Syrie.

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Les enfants vont l’après-midi à l’école de l’UNRWA, le matin ils participent aux activités du SDC. Les élèves en difficulté suivent aussi un soutien scolaire l’après-midi. 35 élèves de 6 à 16 ans sont accueillis dans cette école.

Lorsque nous arrivons, nous découvrons des enfants très souriants et accueillants, assis autour de tables rondes dans différentes salles suivant leur âge, occupés à réaliser des dessins que nous remettrons à d’autres enfants d’un centre de loisirs du Mirail (Toulouse) dans le cadre d’un échange de dessins.

Le Centre éducatif Ghassan Kanafani

Le Centre Educatif Ghassan Kanafani a été créé par la Fondation Ghassan Kanafani dont la présidente est la veuve de ce grand écrivain palestinien, engagé dans la résistance aux côtés de son peuple et assassiné au Liban par Israël.

Le Centre Educatif se trouve à une extrémité du camp. De l’autre côté de la clôture de barbelés, nous apercevons plusieurs véhicules militaires libanais qui se trouvent là en surveillance permanente du camp...

Le Centre accueille les enfants de 3 à 6ans, faisant office d'école maternelle, ainsi que des enfants handicapés de tous âges ; il est financé en grande partie par des dons privés internationaux, qui se font plus rares depuis trois ans selon la Directrice, ce qui précarise le fonctionnement et le travail formidable accompli par des éducatrices et éducateurs compétents, dévoués au bien-être et au développement des enfants.

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Une salle est spécialement consacrée à quelques enfants non-voyants qui apprennent à lire grâce à un professeur non-voyant avec des brochures de la méthode Braille qu’ils reçoivent chaque semaine.

De nombreuses activités de développement physique et mental sont offertes aux enfants sous des formes ludiques ou artistiques dans des locaux agréables et décorés avec de superbes dessins colorés aux murs.

Nous sortons de ce centre vraiment séduits par l’ambiance qui y règne où l’enfant handicapé est respecté, épanoui et stimulé dans sa créativité.

L’hôpital Al-Needa de Human Call Association

Nous avons été invités à l’hôpital Al-Needa de « Human Call Association », situé en face du local du SSC, à la rencontre du Directeur administratif et du Médecin-chef, le Dr. Amer Sammak.

Celui-ci nous présente l’historique de l’hôpital créé en 1986 par une association palestinienne « Human Call Association », déclarée à but non lucratif. Le but de cette structure est de pallier aux manques du système de santé de l’UNRWA et du Croissant Rouge Palestinien.

En effet l’hôpital de l’UNRWA ne fonctionne qu’à des horaires bien précis et n’assure donc pas les urgences 24h/24h, et celui du Croissant Palestinien est situé hors du camp donc moins accessible à cause des check-points à l’entrée du camp.

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Il fallait un hôpital au service réel des réfugiés, situé dans le camp et ouvert nuit et jour, à la différence des hôpitaux et cliniques libanaises qui acceptent de les soigner pour les traitements et interventions plus lourdes mais à des tarifs inaccessibles, beaucoup plus élevés que ceux des malades libanais.

L’hôpital Al-Needa est reconnu comme étant la seule structure médicale située dans le camp, ouverte 24h /24h, accessible à tous, réfugiés et même Libanais vivant autour du camp, sans aucune préférence ni discrimination.

L’hôpital du HCA a pu se procurer, grâce à une ONG italienne, une ambulance toute équipée, la seule du camp, et assure tous les services d’urgence, les accouchements ainsi que les autres traitements spécialisés, malgré les difficultés financières et l’absence de soutien extérieur. Il fonctionne en grande partie avec le paiement des malades mais soigne gratuitement les plus démunis.

Nous sommes admiratifs devant le dévouement de ce médecin-chef, qui vient de Gaza, et du personnel médical qui travaille à toute heure dans des conditions difficiles, pour un salaire réduit, mais avec pour objectif principal la guérison dans le respect de la dignité des patients.

Le comité de soutien pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah

Nous avons rendez-vous à Beyrouth avec le frère de Georges, Joseph Abdallah, et le fils de celui-ci.

Georges Abdallah, militant communiste pro-palestinien, est détenu depuis 29 ans en France, accusé sans preuves de complicité dans l’assassinat d’un agent militaire états-unien et d’un diplomate israélien.

La justice française, sous la pression des Etats-Unis et d’Israël, s’acharne contre lui en le gardant derrière les barreaux alors qu’il est libérable depuis 1999 et qu’il a accompli deux fois sa peine de sûreté. Ceci alors qu’un individu comme Maurice Papon a été libéré au bout de 3 ans de prison !

Depuis des années, aucune visite familiale ne lui a été autorisée. Sa sœur qui voulait lui rendre visite alors qu’il était hospitalisé en soins intensifs n'a pas pu le voir. Sa mère n’a pu le visiter qu’une fois en 15 ans.

Mais la mobilisation pour la libération de Georges Abdallah, selon son frère, est trop faible en France comme au Liban pour faire pencher la balance en sa faveur.

Le mémorial de Sabra et Chatila

Il commémore le souvenir des 3.000 victimes civiles des camps de Sabra et Chatila, massacrées en septembre 1982 par les milices phalangistes libanaises avec la complicité des Israéliens qui venaient d’envahir Beyrouth.

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Ce mémorial sert aussi de sépulture aux 3.000 victimes. Avant son départ, l’armée israélienne a creusé au bulldozer une immense fosse commune, voulant faire disparaître ainsi la mémoire de ses crimes.

Mais le souvenir poignant de ces massacres flotte encore sur ces lieux.

Le Camp de Chatila

C’est le seul qui demeure debout des deux camps martyrs. Il est dans un état de pauvreté et de délabrement que nous n’avons pas vu dans les autres camps que nous avons visités (Eïn El-Helweh, Mié-Mié et Al-Jalil, dans la vallée de la Bekaa). Le camp de Chatila est aussi confronté, comme les autres camps, à l’arrivée massive de réfugiés palestiniens et syriens venus de Syrie. Il faut alors organiser l’aide aux familles traumatisées qui arrivent démunies, leur trouver un hébergement, de la nourriture, gérer les problèmes urgents de santé, d’éducation etc.

Nous visitons dans le camp le Youth Palestinian Center, devenu centre d’aide et de stockage de matériel (matelas, couvertures, produits d’hygiène etc.) destiné aux réfugiés de Syrie. Cependant l’aide financière fournie par la Croix-Rouge et d’autres ONG est bien insuffisante par rapport aux besoins des 1.500 familles palestiniennes et des 1.000 familles syriennes arrivées à Chatila.

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Nous rendons visite à une famille de 15 personnes, composée de parents, grands-parents et d'enfants, arrivée depuis peu du camp de Yarmouk. Cette famille vit dans un dénuement total dans une petite pièce sombre et misérable ouverte aux courants d'air, avec un seul réduit pour la toilette, dans l'attente de trouver un logement plus décent. Deux jeunes femmes sont enceintes, un des hommes souffre d'un cancer et ne peut pas recevoir de soins. Nous avons le cœur serré devant un tel dénuement et nous avons conscience que l'aide financière que nous leur apportons est bien insuffisante au vu de leur situation.

C'est un second exode que doivent vivre ces réfugiés palestiniens de Syrie, après celui de Palestine.

Excursion à Baalbeck

Le site archéologique romain de Baalbeck se situe plus au nord, dans la vallée de la Bekaa, entre le Mont Liban et l’Anti-Liban où se trouve la frontière avec la Syrie. C’est un site monumental magnifique que nous découvrons sous une pluie fine et dans le froid car nous sommes à 1.000m d’altitude.

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Au retour, nous faisons une halte dans le camp de Al-Jalil pour rendre visite à la famille de Samer, l'un de nos accompagnateurs. C'est un petit camp de 3.000 réfugiés qui offre un aspect plus soigné que les autres. 5.000 Palestiniens de Syrie (1.500 familles) viennent de s’y réfugier ! Selon la famille de Samer, l’accueil s’est fait sans gros problèmes, la solidarité entre réfugiés s’exprimant de façon naturelle depuis 1948 aux cours des vagues successives d'exodes.

Excursion au sud du Liban, près de la frontière avec la Palestine historique

Nous visitons d’abord l’ancienne prison de Khiam, ancien fort militaire sous le mandat français, qui a servi, de 1985 à 2000, à l’armée israélienne et aux troupes libanaises collaboratrices, de centre clandestin de détention et de torture pour des milliers de résistants libanais et de réfugiés palestiniens.

Un ancien détenu qui fut torturé nous sert de guide, nous explique et nous montre les terribles conditions de détention et les tortures auxquelles étaient soumis les opposants.

Lorsque les Israéliens se sont enfuis en 2000, suivis par les traîtres libanais, ils ont voulu détruire entièrement la prison mais n'ont pu en bombarder que la moitié. Ce sont les villageois eux-mêmes qui ont libéré, après le départ des Israéliens, les 145 prisonniers restés enfermés.

Des blindés, des restes d’armes, de munitions et d’uniformes israéliens datant de la dernière agression de 2006 sont exposés dans le musée de la prison.

Nous allons ensuite à Mlita visiter l’ancien centre de commandement du Hezbollah situé sur une montagne boisée à plus de 1000m d'altitude. Ce fut une base militaire stratégique durant les combats acharnés que le Hezbollah livra contre l'armée d'invasion israélienne en 2006. Après la défaite cuisante que le Hezbollah infligea aux troupes sionistes, cet endroit a été transformé en Musée de la Résistance où sont exposés des butins de guerre pris par la résistance.

Les réfugiés palestiniens de Syrie et l’UNRWA

Nous rencontrons à Eïn El-Helweh de nombreux réfugiés de Syrie via une de leurs associations hébergée dans le local du SSC. Un comité de ces réfugiés s’est formé pour tenter de répondre dans l’urgence à leurs besoins. Ce comité nous explique qu’il doit s’occuper de 65 orphelins placés dans des familles d’adoption mais il manque d'argent. L’Arabie Saoudite et Dubaï, malgré leurs promesses, n’envoient que de façon irrégulière les 100 dollars par mois nécessaires à chaque enfant.

La plupart des réfugiés viennent de Yarmouk, près de Damas : il ne reste plus dans le camp que 17% des habitants qui ont dû fuir les bombardements et 65% des maisons sont détruites. Depuis qu’ils ont quitté la Syrie, ils ne reçoivent plus d’aides de l’UNRWA et sont dans un dénuement total.

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Ils disent qu’ils n’ont reçu de l’UNRWA en Syrie que 3 fois 20 dollars par personne en 2 ans alors que l’UNRWA a reçu 2 millions de dollars pour les réfugiés. Où est passé tout cet argent ? demandent-ils.

Ils veulent que l’UNRWA fasse le travail pour lequel l'office a été créé par l’ONU. Depuis plusieurs jours, ils forment des rassemblements et des sittings en campant devant les sièges de l’UNRWA à Beyrouth et à Saïda. Nous sommes allés les rejoindre un matin devant le local de l’UNRWA à Saïda, mais la direction refuse de les recevoir depuis le début des rassemblements et nous-mêmes nous n'aurons pas plus de succès.

Les partis politiques palestiniens dans le camp

Nous avons rencontré les représentants des différents partis politiques à Eïn El-Helweh. Ils nous ont presque tous tenu le même langage : la cause palestinienne est une cause universelle ; c’est une lutte de libération de la terre de Palestine, de toute la Palestine. Ils sont tous (sauf le Fatah) opposés aux accords d’Oslo qui ont été conçus, en réalité, pour enterrer la résistance du Fatah.

Ils soutiennent le droit fondamental au retour de tous les réfugiés sur toute la Palestine et la libération des prisonniers politiques détenus par Israël ou par l’Autorité palestinienne.

Ils ont plusieurs objectifs dans les camps : soutenir le développement de l’éducation et de l’instruction, maintenir vivantes l’identité et la culture palestiniennes et garder la mémoire du droit au retour. C'est ainsi que chaque enfant dans le camp connaît le nom et la situation de son village d'origine en Palestine.

Ils tiennent à conserver leur statut de réfugiés et la présence de l’UNRWA comme organisme d'aide aux réfugiés palestiniens tout en demandant que cette agence soit vraiment efficace et que son fonctionnement soit transparent.

Ils insistent tous sur l’attachement des réfugiés à leur terre de Palestine, à leur village, à leur maison. Pour eux, le retour en Palestine n’est pas qu’un rêve, c’est une conviction et ils veulent que ce soit une réalité.

Tout au long de notre séjour, nous avons été frappés par la dignité de ces réfugiés, par leur volonté de vivre, d’éduquer leurs enfants, de vivre normalement dans des conditions précaires et difficiles, par leur volonté de toujours résister. Nous avons été accueillis par des gens souriants, courtois et ouverts, ne se plaignant jamais et nous les avons souvent comparés, en pensée, aux gens à la triste mine en France qui passent leur temps à se lamenter !

Nous avons décidé, en accord avec le Centre de Solidarité Sociale et l'école du SDC, de poursuivre les échanges entre les enfants d'Eïn El-Helweh et ceux du Mirail ; nous avons aussi un autre projet, celui de soutenir l'activité de l'Association populaire des Femmes palestiniennes, en les aidant à développer leurs travaux de broderie traditionnelle, cela concerne une centaine de femmes, en trouvant des points de vente en France, en créant un site internet dans cet objectif.

Nous sommes revenus de Eïn El-Helweh enrichis par nos rencontres et nos découvertes de la réalité dans laquelle vivent les réfugiés, avec la conviction que ces résistants qui déclarent qu'ils ont le devoir de ne jamais désespérer méritent plus que jamais notre solidarité et notre soutien .


En ce 15 mai 2013, jour de la 65ème commémoration de la Nakba, de retour du camp de Eïn El-Helweh, nous rendons hommage au peuple palestinien avec ces vers de Samih al-Qâsim, poète palestinien :

Tu me dépouilleras peut-être du dernier pouce de ma terre 
Tu jetteras peut-être ma jeunesse en prison 
Tu pilleras peut-être l'héritage de mes ancêtres 
Tu brûleras peut-être mes poèmes et mes livres 
Tu jetteras peut-être mon corps aux chiens 
Tu dresseras peut-être sur notre village l'épouvantail de la terreur 
Mais je ne marchanderai pas 
O ennemi du soleil 
Et jusqu'à la dernière pulsation de mes veines 
Je résisterai.



Retrouver l'article original sur le site Collectif Palestine Libre et les photos en meilleure résolution.


Source : Collectif Palestine Libre

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