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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

Sur la route de Palestine.

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Quand nous nous sommes mis en route, moi avec ma valise à roulettes et Sherri avec un volumineux sac à dos, le soleil tournait à l'orange et baissait à l'ouest. Nous allions marcher péniblement sur cette route défoncée, dans la nuit noire sans lune, et j'ai une mauvaise vue pour commencer...

Fuite dans Naplouse

Naplouse, Palestine occupée (30 octobre 2003). Dans son populaire guide touristique, Lonely Planet, considéré par les vagabonds connaisseurs comme le summum en matière de publication sur le voyage, fait l'éloge de la cité palestinienne de Naplouse comme étant "magnifiquement située entre les montagnes de Grezin et d'Ebel, une ville arabe authentique, grouillante,[Note -Naplouse est en fait la plus grande ville de Cisjordanie ], avec un vieux quartier enchanteur, cela vaut plus qu'un jour de visite," vante le guide.

D'un autre côté, l'homme fort du gouvernement israélien, Ariel Sharon, et l'armée brutale et la police qui foule au pied Naplouse, décrit la métropole, se situant à environ 90 kms au Nord de Jérusalem, comme le berceau du terrorisme palestinien.

Au contrôle militaire, nous nous tenons en ligne sous le soleil brûlant et dans la poussière suffocante pendant une heure derrière des barrières de béton entourées de fils de fer barbelés pour entrer dans la ville. Bien que les étrangers aient le privilège de pouvoir passer, nous avons choisi d'attendre avec les travailleurs palestiniens essayant d'atteindre leur travail et leurs familles, de l'autre côté. Quand on nous a finalement fait signe d'approcher, un soldat israélien à tête de faucon berçant un AK-47 a feuilleté mon passeport d'un air soupçonneux.
Je lui ai dit que je suis diabétique et que je dois passer pour trouver un docteur qui pourra mesurer mon taux de sucre dans le sang, mais le soldat nous a puni d être restés par solidarité avec les Palestiniens, en nous refusant l'entrée.

Je vais appeler une ambulance qui vous ramènera a Jérusalem, a-t-il menacé, mais vous ne pouvez pas entrer. Il y a les pires des terroristes à l'intérieur. Vous ne serez pas en sécurité. Ensuite, comme un écho à la routine maligne de l'armée mexicaine au fort des troubles à Chiapas, il nous dit que Naplouse n'est pas pour les touristes.

Bien que j’aie été récemment diagnostiqué comme souffrant du diabète, le taux de sucre dans le sang est réellement un prétexte. J'ai récolté des olives dans les villages voisins et nous essayions de rejoindre Beit Furik où des fermiers attendaient notre présence pour détourner les soldats et les colons qui interrompent la récolte. Bien que Beit Furik ne soit qu'à une heure de marche de Aarta, où nous avons séjourné, une colonie israélienne sépare les deux villages, nous obligeant à traverser Naplouse pour atteindre ces bosquets à flanc de coteaux escarpés - les Palestiniens ne sont pas autorisés à voyager sur les routes goudronnées qui mènent aux colonies.

Mon compagnon de voyage, qui a déjà passé outre cet ordre, décide que nous devons reprendre la route pour revenir dans Naplouse, une montée abrupte par une route de montagne, sous le contrôle vigilant des Forces d'Occupation Israélienne. Si nous sommes capturés, nous serons à coup sûr arrêtés et peut être expulsés. L armée a délibérément défoncé le goudron et creusé des ornières profondes dans cette route pour empêcher les véhicules ordinaires de voyager sur les coteaux.

Quand nous nous sommes mis en route, moi avec ma valise à roulettes et Sherri avec un volumineux sac à dos, le soleil tournait à l'orange et baissait à l'ouest. Nous allions marcher péniblement sur cette route défoncée, dans la nuit noire sans lune, et j'ai une mauvaise vue pour commencer.

Sherri a utilisé son téléphone portable pour appeler les bureaux d'ISM (International Solidarity Movement) à Naplouse avec qui nous avions travaillé, mais les indications qu'ils nous ont données étaient embrouillées et confuses. Alors que nous commencions à être entourés par l'obscurité, nous avons rencontré par hasard Mustafa (ce n'est pas son vrai nom), un professeur palestinien que les israéliens ont désigné comme activiste, qui doit souvent prendre cette route pour rejoindre ses élèves dans le camp de réfugiés de Balata, et il nous a guidé dans le noir d'une main assurée.

Puis, soudain, un convoi de l'armée israélienne est apparu en dessous de nous et Mustafa nous a ordonné de courir et de nous mettre à couvert. Immédiatement je me suis étalé à terre mais Sherri m'a remis sur pieds et nous nous sommes enfouis dans les plantations à flanc de côteaux .
Pendant un moment angoissant, une jeep a ralenti et s'est arrêtée. Nous avons retenu notre respiration, préparant nos explications, et nous attendant au pire, mais bientôt la troupe est repartie de nouveau. Nous avons respiré profondément et continué à ramper dans la nuit.

A l'extérieur d'un petit groupement de maisons à peine 1 km plus loin, nous sommes tombé sur un vieil homme qui donnait à boire à son âne au puits de la ville, et il a accepté de porter nos bagages pour 50 shekels (à peu près 11 dollars us).

Mais, nous devions en premier sauter dans une charrette locale qui allait nous transporter de l'autre côté du hameau, afin que ses voisins ne soient pas au courant de notre présence.

Une fois déposés là bas, Mustafa est devenu à nouveau alarmant. Il a senti s'approcher une jeep de l'armée israélienne et sa lumière rouge devint bientôt visible. Me prenant par le bras pour me sortir de ce chemin dangereux, nous avons couru en grimpant, jusqu'à ce que le jeune professeur décide que nous étions finalement hors de danger. Puis, le vieil homme et son âne sont sortis de l'obscurité avec nos bagages. Un taxi cabossé est apparu en bas sur la route, nous allions maintenant à Naplouse, sains et saufs, nous a dit Mustafa.

Nous avons grimpé dans le taxi et le chauffeur nous a accueilli chaleureusement. Même son régulateur nous a salué cordialement par radio. Lorsque nous sommes descendus en ville, Mustafa nous a salué amicalement et nous avons tout d'abord commencé par échanger nos adresses email pour nous envoyer plein de lettres d'amitié. Ce fut un moment étonnant dans cette triste et cruelle guerre.

Alors que nous avancions dans le camp de Balata, désespérément pauvre, le chauffeur de taxi nous a offert un tour dans cette cité enchanteresse de Cisjordanie . Ici, l'endroit où l'armée israélienne a tué une douzaine de policiers palestiniens l'année dernière. Ici, l'endroit où les Forces dOccupation Israélienne ont tué trois enfants dont le crime était de jeter des pierres à leurs oppresseurs. Il nous montra des voitures écrasées par les tanks israéliens, mais a passé sous silence l'hôpital où l'armée a opéré un raid, fusils au poing, pour capturer deux militants blessés trois jours plus tôt. Je suis tellement fatigué que je ne remarque même pas l’air fétide du camp.

Quand finalement nous sommes arrivés aux bureaux vétustes d'ISM, au bas d'une allée si étroite que nous avons dû nous mettre de côté pour y entrer, une folle fête de mariage avait lieu à l'étage en dessous accompagnée d' une musique palestinienne forte, ponctuée de rafales de fusils tirées dans la nuit.

Et au matin, j’ai été réveillé par le bêlement bruyant d'un mouton qu'on abattait pour le prochain jour du Ramadan sur l'étal du boucher, juste de l’autre côté de la rue. Pour une fois, le sang coulant sur la chaussée n'était pas palestinien.

Source : www.palsolidarity.org

Traduction : MAP

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30 octobre 2003