Gaza - 13 janvier 2009

Une tasse de thé pour cible à Gaza

Par Rami Almeghari

Seulement une tasse de thé, une chaise brisée et quelques taches de sang ont été laissées là où peu de temps avant cinq membres de la famille Abu Jbarah étaient assis dans le camp de réfugiés de al-Bureij dans le centre de la Bande de Gaza. « Il était 10H00 du soir ce lundi 5janvier,quand mon père et mes quatre frères étaient assis à l'arrière de cette maison, » a dit Ali, 27 ans, fils de Jihad Abu Jbarah qui a été tué en même temps que deux de ses fils. « Ils faisaient un feu de bois pour se réchauffer et faire du thé. C'est la tasse dans laquelle mon père était en train de boire le thé. »

Jihad Abu Jbarah devant le four à bois autour duquel sa famille était assise lorsqu'ils ont été tués par les missiles israéliens (photo Rami Almeghari)

Lundi dernier, les avions de guerre israéliens ont frappé la maison de la famille Abu Jbarah, tuant trois membres de la famille et en blessant deux autres dont un grièvement. Jusqu'ici, c'était la seule attaque mortelle dans la région centrale de Gaza depuis que le bombardement israélien a commencé le 27 décembre.

La modeste maison du camp de réfugiés, où vivaient 18 personnes dont 10 enfants, a été réduite à l'état de ruines. Une maison voisine a été sévèrement endommagée par les deux missiles tirés par l'avion de guerre israélien.

« Mon frère Khaled était en train de mettre sa fille au lit alors qu'il se mettait à faire froid et dès qu'il a tourné le dos les roquettes ont frappé la maison », se rappelle Ali. « Sa fille allait s'endormir quand il est tombé sur le sol après avoir reçu deux éclats d'obus dans le dos. »

Khaled a été transporté pour des soins médicaux urgents à l'hôpital Saudi Arabian, à cause de son état critique, laissant derrière lui un fils et une fille.

Basel, 30 ans, Usama, 21 ans et le père paralysé âgé de 53 ans, Jihad, ont été tués alors que les missiles les ont déchiquetés, dispersant les parties des corps dans différentes directions.
« Mon père est allé au paradis, » dit Jihad, le jeune fils de Basel, alors qu'il se tient près du fourneau à bois autour duquel son père, son oncle et son grand-père étaient assis quand ils ont été tués.

Bassam al-Krunz, un habitant du camp de réfugiés al-Bureij, se souvient des deux frères : « Ils étaient mes amis, même si j'étais affilié au Fatah. Ces morts étaient bons et gentils et n'ont jamais fait de tort à quelqu'un. Je ne peux pas imaginer que mes amis, tués par les israéliens, étaient des combattants du Hamas. » Basel et Usama étaient affiliés au Hamas, le parti qui a gagné les élections législatives en 2006 et qu'Israël déclare être la cible de sa campagne militaire dans Gaza.

Qu'ils soient affiliés au Hamas ou non, cette attaque est un exemple de la façon dont Israël échoue à distinguer les cibles civiles des cibles militaires en attaquant une maison, et échoue à distinguer les combattants des non-combattants – tout ce que ces hommes étaient en train de faire quand ils ont été attaqués était de prendre une tasse de thé.

Depuis le 27 décembre, les attaques israéliennes implacables par air, par mer et par terre ont visé les gens dans leurs maisons,les écoles, les mosquées, les magasins et les rues.

Le week-end dernier, les tanks israéliens ont bombardé une école administrée par les Nations Unies où de nombreux civils avaient cherché refuge hors des bombardements israéliens. Au moins 40 personnes, la plupart des femmes et des enfants, ont été tués. Israël a d'abord déclaré qu'il avait répondu à un tir d emortier venu de l'école, avant de changer son histoire et d'admettre qu'une bombe « perdue » avait frappé le bâtiment.

Avec un nombre de civils pour la grande majorité des plus de 900 morts (au moins 300 enfants) et 4000 blessés selon les sources médicales palestiniennes, les organisations internationales pour les droits de l'Homme et les officiels de l'ONU ont appelé à un cessez-le-feu immédiat et à des enquêtes sur les allégations de crimes de guerre israéliens.

En dépit de cela, chaque jour apporte de nouvelles tragédies. Le 12 janvier, par exemple, les bombes israéliennes ont frappé le marché de la Place Palestine, à Gaza ville, tuant deux personnes et en blessant une dizaine d'autres.

Source : Electronic Initifada

Traduction : MM pour ISM