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USA - 29 décembre 2003
Par Fadi Kiblawi
article proposé par PENGON/Campagne contre le Mur de l'Apartheid
"Israël se rend très certainement compte qu’en raison de l’enchevêtrement considérable en Cisjordanie, la solution de deux Etats n’est maintenant plus réalisable ou même imaginable..."
En 1923, en plein malaise dans le milieu Sioniste, Ha'aretz a publié un article de Ze'ev Jabotinsky intitulé, "A propos du Mur de Fer (Nous et les Arabes)," promulguant les principes fondamentaux du chantre du Révisionisme.
La base de son credo était la notion que les Palestiniens, tout comme des indigènes, "résisteront aux colons étrangers aussi longtemps qu’ils verront de l’espoir". Ainsi, Jabotinsky a suggéré, "une colonie peut ainsi se développer sous la protection d’une force qui ne dépend pas de la population locale, derrière un mur de fer qu’ils ne pourront détruire."
En tant que successeur de Jabotinsky, le parti du Likud israélien construit grégairement sa monstruosité en Cisjordanie , et il serait irréfléchi de négliger son "Mur de Fer".
La construction figurative de Jabotinsky avait pour intention d’étrangler la population indigène dans la soumission, par le moyen d’une invasion et d’une colonisation étrangère de leurs terres, en s’aidant d’une force inattaquable (de façon métaphorique, une mur de fer impénétrable).
En effet, le mur de béton équivalent d’Ariel Sharon semble accomplir la même tâche.
Selon un rapport des Nations-Unies publié le mois dernier, 680 000 personnes soit 30% de la population Palestinienne en Cisjordanie seront directement touchés.
Déjà, la portion achevée a accéléré l’isolation des communautés Palestiniennes dans des enclaves séparant les habitants de leurs terres agricoles, de leurs terres d’élevage d’animaux, du travail, des écoles, des universités, et des centres médicaux.
Comme attendu, Israël a excusé les conséquences humanitaires désastreuses en déclarant effrontément que ce sont les terroristes Palestiniens qui ont, en fait, construit ce mur, lançant sa nécessité pour la sécurité d’Israël.
"En toute vérité, les responsables de la barrière sont le Hamas, le Jihad Islamique, et les Brigades des Martyrs de al-Aqsa," a écrit Dennis Ross de l’Institut de Washington pour la Paix au Proche Orient.
Alors que cette parole a efficacement étouffé les critiques substantives, ou même les débats sur la barrière, elle manque à rétablir les anomalies notoires.
Particulièrement, si ce mur avait été construit pour la sécurité d’Israël, pourquoi s’enfonce t’il en profondeur en Cisjordanie , plutôt que de suivre le tracé de la Ligne Verte, la frontière reconnue d’Israël ?
Ou, de façon plus poignante, Israël a échoué à expliquer la touche finale d’Ariel Sharon sur le mur, révélée en Mars par le quotidien Israélien Yediot Aharonot. La phase finale inclut un Mur à l’Est le long de la Vallée du Jourdain relié à la partie ouest et emprisonnant la Population Palestinienne dans environ 45% de la Cisjordanie .
Lors d’un discours le 20 Novembre à l’université de Georgetown, le porte parole de Sharon, Ra'anan Gissin, connu pour ses détournements faciles de la logique et de la raison, était confronté à des membres de l’audience à propos du tracé prévu de la barrière.
Agité, Gissin a malencontreusement admis que la partie Est était nécessaire à la protection des citoyens Israéliens dans la Vallée du Jourdain, les colons.
En d’autres termes, le mur n’est pas pour la sécurité d’Israël, mais pour la sécurité de ses colonies et des saisies de terres.
Faisant référence au droit Israélien de la Bible, le texte de Jabotinsky "A propos du Mur de Fer" a élaboré non pas une fin, mais plutôt un moyen d’en finir avec la résistance Arabe à la colonisation Sioniste quand il écrit "modérer des suggestions d’offres pour un compromis."
Lorsque l’historien Israélien Avi Shlaim explique dans son texte, "Le Mur de Fer," : "Une fois que la résistance Arabe aura été brisée, un processus de changement s’opérera dans le Mouvement National Palestinien, avec la venue en force des modérés. Seulement alors, il sera temps de commencer des négociations sérieuses".
Peut-être alors, le mur de Sharon, suivant les idéaux maximalistes de Jabotinsky, est seulement un moyen de propulser les modérés comme seule alternative à la douleur croissante des Palestiniens et de forcer des négociations à des conditions largement moins qu'équitables.
Ceci pourrait certainement expliquer la rationalité derrière le fameux discours de Sharon, jeudi dernier à Herzliya.
Menaçant d’engager des étapes unilatérales pour se séparer des Palestiniens s’ils ne se plient pas à la Feuille de Route peut corréler directement le stratagème du "Mur de Fer" de Jabtonsky.
Les Palestiniens sont avertis du fait que ces étapes pourraient très bien signifier une annexion de facto d’une majeure partie de la Cisjordanie , leur laissant un "Etat-canton" à l’intérieur du mur achevé.
Et en fait, cette perspective sinistre semble quelque peu probable, étant donné les plans de Sharon pour un Etat Palestinien, révélé en Décembre 2002, sur environ le même pourcentage de terre (environ 45%). Dans le lexique de Jabotinsky, cette menace pourrait être les moyens et la feuille de route, la fin.
La réalité, au soulagement de la droite israélienne et des colons, est que cet ultimatum est au plus spécieux.
L’intelligence de la Défense d’Israël est plutôt compétente, assez certainement pour savoir que l’appareil de sécurité des Palestiniens est totalement incapable de démanteler toutes les organisations terroristes opérant en Cisjordanie .
Et comme ceci est l’élément pré-requis de l’interprétation d’Israël du suivi de la Feuille de Route par les Palestiniens, les moyens Jabotinskyites de Sharon sont seulement un costume pour les fins, l’emprisonnement unilatérale de la population Palestinienne dans 45% de la Cisjordanie et l’annexion de facto du reste.
La divergence de la formule de Jabotinsky's n’est pas nouvelle. Ses idées sur le problème Palestinien ont perverties son traitement par Israël, ne respectant pas les tendances politiques au pouvoir, de la gauche à la droite.
En fait, comme le dit Avi Shlaim, son "Mur de Fer" a prouvé avoir un certain succès, et aurait trouvé ses fruits si Israël n’avait pas refusé de façon bornée de l’appliquer comme un moyen destiné à ses fins, plutôt qu’une fin.
Combinant une résolution impénétrable avec la force inattaquable, Israël a imposé des réalités dures aux Palestiniens depuis son commencement. En réponse, la politique palestinienne s'est uniformément adaptée, se déplaçant des périphéries au centre des résolutions constamment redéfinies et internationalement admises.
Cependant, en dépit de ce contexte de douleur et de pertes palestiniennes, Israël doit encore répondre aux occasions de compromis, en subsituant les nombreuses offres de solution de deux Etats par une intensification de ses tactiques brutales et de ses Mur de Fer.
Cette erreur s'avérera être le coup mortel au projet sioniste.
Tandis qu'Israël a eu peu de difficulté à redéfinir la volonté nationale palestinienne, il ne l'a pas éliminé tout à fait. Au contraire, le mouvement national palestinien a survécu, seulement conformément aux différentes possibilités perçues.
Le Mur de Sharon créera une nouvelle réalité et une perception palestinienne, se résumant à la dissolution complète des imaginations mal placées dans une solution de Deux-Etats.
Peut-être ensuite, le mouvement national palestinien s’adaptera une plus de fois, en épousant la seule solution accessible.
Au mécontentement d'Israël et de la dissidence Sioniste, le pauvre lèvera une bannière de paix pour la réconciliation, l’égalité, et la coexistence.
On devrait se demander exactement pourquoi Israël choisirait cette route d'abdication et construirait son mur en béton. Peut-être, est-ce une insuffisance totale de ses chefs et de ses décisionnaires. Ou peut-être que l'impunité avec laquelle Israël a pu décimer le problème palestinien a facilité une telle cécité.
Je voudrais penser que, au contraire, Israël se rend très certainement compte qu’en raison de l’enchevêtrement considérable en Cisjordanie , dû à son programme de colonisation et de sa dépendance aux ressources de la terre, la solution de deux-Etats, si elle est encore possible, n’est, en ce moment, plus réalisable ou même imaginable, (assurément un objectif fondamental de la droite israélienne).
Comme Diana Buttu, le conseiller juridique de l’OLP , a dit en octobre 2002, "vous ne pouvez pas déchiffrer un oeuf."
Le mur et l'exécution unilatérale d'un Bantustan palestinien est probablement le dernier espoir qu'a Israël d'accomplir ce qu’ils ont évité pendant plus de cinq décennies maintenant.
Conscient que la survie d'une volonté nationale palestinienne amènera la fin de la nature exclusive d'Israël, base du sionisme, le mur en béton de Sharon espère démoraliser cette volonté, plutôt que de la laisser se développer.
Tandis que ce carrefour fatidique peut; en partie; être dû au détournement par Israël du "Mur du Fer de Jabotinsky", les Palestiniens refusent de se résigner complètement à ce que le fondateur du Révisionisme décrivait comme "colons étrangers" et leur force invulnérable assurera pour toujours la force illimitée de la volonté de cette nation.
Source : www.palestinechronicle.com/
Traduction : BM/MG
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