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ISM France - Archives 2001-2021

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Moyen Orient -

Alger : escale du néo-conservatisme

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Au moment même où le peuple palestinien lutte pour son droit à la vie et donne au monde une magnifique leçon d’héroïsme dans un combat asymétrique opposant des hommes armés de leur simple idéal à une soldatesque suréquipée; les gouvernants arabes s’illustrent au mieux par des gesticulations sans effet réel, au pire par une complicité active à l’égard des crimes sionistes qu’ils ont justifiés. Au final, tous se sont retrouvés pour faire le choix de l’inaction criminelle alors qu’ils possèdent une arme redoutable pour faire plier les soutiens occidentaux de l’Entité sioniste : le pétrole.

La posture actuelle du pouvoir algérien illustre parfaitement les appréhensions de ces régimes arabes face à tout mouvement de soutien populaire à la résistance palestinienne.

En dehors des quelques rassemblements savamment organisés par les autorités et certains Partis liés au pouvoir, toute action spontanée émanant des masses populaires, ou organisée par l’opposition, se voient violemment contenu et réprimé par le régime qui craint que la mobilisation tourne à la contestation politique de l’ordre actuel honni par la grande majorité des Algériens.

En plus de réprimer toute expression de solidarité du peuple algérien, le pouvoir a rejoint le groupe de «Camp David» en acceptant le projet impérialiste, porté par la France, de l’Union Pour la Méditerranée dont l’un des objectifs est de la reconnaissance de l’Entité sioniste par l’ensemble des pays arabes.

L’évolution vers une posture réactionnaire du pouvoir algérien ne fut possible que par l’influence grandissante d’une bourgeoisie compradore, liée à l’ancienne puissance coloniale, au sein même des structures décisionnelles de l’Etat Algérien. Cette bourgeoisie compradore a peu à peu pris les commandes de l’Etat en éliminant ceux qui avaient combattu pour libérer l’Algérie, et ce avec le soutien actif de l’Etat français ; celui-ci cherchant à maintenir son «influence» dans son ancienne possession.

Cette bourgeoisie compradore s’est infiltrée dans les rouages de l’Etat algérien au lendemain de l’indépendance lorsque furent incorporés dans l’appareil militaire d’anciens sous-officiers de l’armée française, qui avaient passé une grande partie de la révolution algérienne sous l’uniforme tricolore à réprimer le peuple algérien. Ces ex-sous-officiers de l’armée française, parmi lesquels Mohammed Lamari, Larbi Belkheir, Mohammed Touati ou Khaled Nezzar se virent offrir des postes de commandement au sein l’armée malgré l’opposition d’anciens militants nationalistes tel que le Colonel Mohammed Chaabani et Tahar Zbiri. Ces hommes au passé peu glorieux prirent finalement les commandes de l’appareil militaire algérien.

Symbole même de ces ex-sous-officiers de l’armée française ayant incorporé l’armée algérienne, le sinistre général franco-algérien Khaled Nezzar, fut, logiquement, l’un des plus fervents partisans de la "normalisation" des relations entre l’Algérie et l’Entité sioniste.

Il faut préciser que le boucher d’octobre 1988 avait une certaine admiration pour l’Entité usurpatrice puisqu’il s’inspira, pour réprimer la jeunesse algérienne révoltée, des méthodes utilisées par ses collègues de l’armée coloniale sioniste. A la même époque, ceux-ci réprimaient l’insurrection des chababs palestiniens qui avaient pris la tête de la première intifada.

Le général Nezzar fut soutenu dans sa trahison de la cause palestinienne par une intelligentsia compradore, fille de la gauche coloniale française, qui ne cessait de clamer, à l’instar du chroniqueur de L’Humanité, Hassan Zerrouky, qu’il ne fallait pas être «plus palestinien que les Palestiniens». Ces micros et stylos de l’impérialisme n’ont eu de cesse de délégitimer un soutien réel de l’Algérie à la cause palestinienne.

L’actuel Ministre de la Culture, Khalida Toumi, ex-Messaoudi, qui n’a pas hésité ces derniers jours à arborer le keffieh palestinien et à pleurer le sort d’un peuple oublié, s’était illustrée, en 1996, en se rendant dans l’Entité sioniste où elle assura Benyamin Netanyahu de sa totale compréhension quant à leur frappe concernant la résistance palestinienne.

Il est désormais bien loin le temps où Alger était la «Mecque des révolutionnaires» puisque la ville blanche est devenue une escale politico-touristique pour les néo-conservateurs et autres réactionnaires.

Les fidayines palestiniens, Georges Habbache, Abou Jihad ou Abou Iyad et autres leaders tiers-mondistes tel Che Guevara ou Almicar Cabral luttant pour la libération de leurs peuples ont laissé place à des visites régulières des divers chantres de la réaction et du sionisme, en la personne d’André Glucksmann qui récemment justifiait les massacres de Gaza, Alexandre Arcady, Bernard-Henri Lévy et autre Elizabeth Schemla.

Ce revirement est d’autant plus marquant que la révolution palestinienne fut toujours considérée, par les nationalistes algériens, comme la sœur de la révolution algérienne. Les leaders révolutionnaires algériens entretenaient des rapports très étroits avec les cadres nationalistes palestiniens.

L’Algérie fraîchement indépendante, fit sienne le combat des Palestiniens dans la reconquête de leurs droits légitimes. Un officiel algérien, Mohamed Khemisti, affirmait alors à l’Assemblée Générale de l’ONU : « Ni le peuple algérien, ni son gouvernement ne pourront tolérer la réédition ou la continuation où que ce soit du cauchemar vécu en Algérie où le colonialisme a cruellement labouré les chairs du peuple algérien». (1)

A cette époque, le pouvoir politique algérien avait décidé de lier de façon charnelle le sort des deux peuples. « Il n’y aura pas de liberté pour l’Algérie sans celle de la Palestine » clamait-on devant le congrès consultatif de l’OLP en 1964.

Ahmed Ben Bella fut le premier chef d’Etat arabe à recevoir officiellement les militants du Fath. Dès 1963, il décida d’accueillir dans les casernes algériennes les fidayines palestiniens afin de leur enseigner «l’art de la guerre».

Aujourd’hui, le peuple algérien au nom d’une histoire commune de lutte contre le colonialisme, et révolté par les massacres commis à Gaza, essaye chaque jour de manifester sa solidarité et son soutien au peuple palestinien martyr et à sa résistance héroïque. Défiant le pouvoir, chaque jour des rassemblements spontanés sont organisés pour dire non à l’indicible, non à l’horreur. Chaque jour des manifestants sont brimés, malmenés et réprimés, par les «chiens bleus» du pouvoir.

Malgré la répression, de Belcourt à Bab El Oued, les quartiers populaires de la capitale algérienne veulent exprimer leur solidarité avec la résistance du peuple palestinien qui devient le symbole de la lutte contre toutes les injustices et toutes les oppressions.

La résistance palestinienne porte en elle l’espoir qu’ont tous les opprimés de se libérer de leurs chaînes. De plus, ces manifestations passées sous silence par une presse au garde-à-vous attestent d’un même message, les peuples arabes refusent la « normalisation » des rapports avec un Etat colonial artificiel qui ne fait nullement partie de la réalité régionale.


La cause palestinienne est présente dans les cœurs des peuples épris de justice car comme l’affirmait Ahmed Ben Bella, «elle a joué un rôle historique important en faveur de tous les hommes libres dans le monde» (2).

Percevant son importance, l’ancien chef d’Etat algérien souhaitait une poursuite de ce rôle «parce qu'il sert non seulement la cause arabe et islamique, mais aussi celle du tiers-monde et de tous ceux qui luttent pour l'avènement d'un monde meilleur» (3).

(1) Ibrahimi Ahmed Taleb, Mémoires d’un Algérien, t2, Casbah Edition, Alger 2008, page 303
(2) Ben Bella Ahmed, Itinéraires, Ed. Maintenant, Alger, 1990, page 246
(3) bid.

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