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Moyen Orient - 2 juillet 2010
Par Abdel Sattar Kassem
Abdel Sattar Kassem est professeur en science politique à l’Université an-Najah, Naplouse (Cisjordanie occupée).
Les négociations en cours entre les Palestiniens et les Israéliens font partie du passé et elles ont perdu depuis longtemps leur valeur politique. Ces négociations étaient le fruit d’un certain équilibre des pouvoirs qui n’existe plus. Les Palestiniens, avec les Arabes, ont choisi de se joindre à la Conférence de Madrid à une époque de grande faiblesse, et nul n’attendait que soient restaurés me moindre droit national palestinien. Ils ont tenté de faire valoir de nombreux arguments logiques dans l’espoir de récupérer quelque chose des Israéliens, ou de faire basculer les Américains de leur côté, mais la logique sans la force s’avère absurde en politique internationale.
Encadré : Ce point est placé au hasard sur la frontière libanaise pour montrer la portée des missiles – il n’est pas censé indiquer une zone particulière utilisée par le Hezbollab.
Israël a poursuivi sa politique traditionnelle envers les territoires occupés en 1967, et a passé du temps à négocier ses mesures sécuritaires en échange de quelques gestes humanitaires envers les Palestiniens, comme le retrait d’un checkpoint ou la libération d’une petite centaine de Palestiniens. Une situation est parfaitement compatible avec l’équilibre des pouvoirs entre les Palestiniens et leurs alliés arabes d’un côté, et les Israéliens de l’autre.
L’équilibre des pouvoirs a sa propre logique, chaque équilibre impose son propre type de relations et produit son résultat distinct. Israël a fait tant de gains par le processus de négociations, et le premier d’entre eux est que les Palestiniens ont commencé à se préoccuper des besoins sécuritaires de l’occupant. Mais je ne pense pas que le vieil équilibre des pouvoirs soit toujours en vigueur. Il est vraiment dépassé et un nouvel ordre l’a remplacé. Le Hezbollah, la Syrie et l’Iran ont maintenant assez de pouvoir pour mettre Israël sous la pression d’un futur incertain. Israël ne peut plus remporter de victoires, ses guerres ne sont plus des pique-niques, il ne peut plus facilement menacer ni mettre ses menaces à exécution. Ses ennemis sont armés jusqu’aux dents et ont développé l’armement nécessaire pour des tactiques militaires réussies en face de l’arsenal militaire israélien de pointe.
Le nouvel équilibre des pouvoirs impose petit à petit son propre type de relations dans la région et au fur et à mesure que les jours passent, on en voit le déploiement. Israël et les Etats-Unis savent que la situation au Proche-Orient ressemble de moins en moins à ce qu’ils souhaitaient, mais ils hésitent à la tester : le faire serait extrêmement dangereux, mais finalement il n’y a pas le choix ; et si Israël et les Etats-Unis ne font pas le test, l’autre bord le fera probablement.
Les Palestiniens doivent réaffirmer la situation en fonction des nouvelles réalités s’ils veulent faire partie du processus de restauration de leurs droits. Mais jusqu’à présent, l’Autorité palestinienne refuse d’accepter l’idée de l’échec militaire israélien contre le Hezbollah et le Hamas, et aimerait continuer les négociations selon les postulats de l’ancien équilibre des pouvoirs. Cela fait partie de la tradition arabe de nuire aux rivaux intérieurs en faveur des ennemis extérieurs. L’Autorité palestinienne appartient au passé, et le processus global de négociations est invalide en termes de pouvoir. Ceux qui insistent sur les droits palestiniens et arabes ont la main haute aujourd’hui, ou du moins ils ont la main forte, et ce qui était acceptable il y a quinze ans ne l’est plus aujourd’hui.
Des temps rudes attendent Israël, il est possible que le Hezbollah soit en mesure de s’emparer de quelques colonies israéliennes au nord, et que l’armée syrienne nettoie les Hauts du Golan. L’armée de l’air israélienne pourrait se retrouver paralysée et ses blindés détruits. La puissance de feu qu’ont le Hezbollah et la Syrie est très destructive, et ce qui pourrait surprendre Israël sur le champ de bataille est peut-être encore plus important que ce dont nous avons connaissance aujourd’hui. Et cette fois, il n’y aura pas que les maisons arabes à être détruites et leurs civils tués.
Malheureusement, l’Autorité palestinienne persiste à rester tournée vers le passé, certainement à cause de l’argent qu’elle reçoit des pays donateurs.
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Abdel Sattar Kassem
2 juillet 2010