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USA/Israël - 8 février 2021
Par CJ Werleman
La première semaine du président américain Joe Biden dans le Bureau ovale a été marquée par un coup de semonce stupéfiant à l'égard des politiques cruelles et odieuses de l'administration Trump, réaffirmant sa promesse de campagne de faire progresser la démocratie et les droits de l'homme dans le monde - à une exception notable près : Israël.
Bien sûr, l'objectif immédiat de Biden est de combattre la pandémie de Covid-19, qui tue des milliers d'Américains chaque jour. Il a également trouvé le temps d'inverser un certain nombre de politiques néfastes de l'ancien président Donald Trump. Looking back at the past 8 years, proud to serve a President whose administration has done more for Israël's security than any before.
Pourtant, à part la décision de rétablir l'aide aux Palestiniens, certaines des politiques qui continuent à nuire peuple palestinien restent intactes.
Alors que Biden a mis les droits de l'homme au premier plan de son intention déclarée de « réévaluer » les liens des États-Unis avec l'Arabie saoudite, une considération similaire n'a pas été prise pour Israël, malgré son refus de reconnaître les droits fondamentaux des Palestiniens, notamment la liberté de mouvement, les soins de santé, le logement, l'éducation et l'égalité devant la loi.
Réfugiés palestiniens
Biden a annulé l'interdiction de voyager imposée aux musulmans par l'administration Trump, qualifiant de « fléau moral » le fait de « séparer des êtres chers, infligeant une douleur qui se répercutera pendant des années ».
Mais en matière d'interdiction de voyager, les Palestiniens - en particulier les deux millions de personnes qui restent en permanence en cage dans la prison à ciel ouvert de Gaza, et les millions d'autres dispersés dans les camps de réfugiés en Jordanie, au Liban et en Syrie - connaissent mieux que quiconque la cruauté d'être séparés de leurs proches et de ne pas pouvoir rentrer chez eux. Leur interdiction de voyager imposée par Israël s'étend sur sept décennies.
L'administration Biden a également promis de mettre fin au soutien américain à la guerre menée par les Saoudiens au Yémen, affirmant qu'elle a contribué à « la pire situation humanitaire au monde » - et pourtant, rien sur les conditions invivables que le blocus illégal d'Israël a imposées à Gaza, où deux tiers des jeunes adultes sont maintenant au chômage et où 97% de la ressource en eau est imbuvable.
En Chine, l'administration Biden a qualifié de « génocide » la persécution des musulmans ouïgours par l'État, selon ses propres termes : « Forcer des hommes, des femmes et des enfants dans des camps de concentration, essayer de les rééduquer pour qu'ils adhèrent au parti communiste chinois - tout cela témoigne d'une initiative visant à commettre un génocide ».
Les Palestiniens ont également été soumis à des décennies de terrorisme d'État, de vol, de dépossession et de nettoyage ethnique. Leur droit à la vie, à la liberté et à la poursuite du bonheur n'est-il pas égal à celui des Ouïgours, des Yéménites et des migrants musulmans ?
Aide à Israël
De plus, il est manifestement hypocrite de conditionner l'aide militaire à l'Arabie Saoudite à des préoccupations de droits de l'homme, mais pas aux milliards de dollars que le gouvernement américain donne à Israël chaque année. Soit cette administration ne considère pas le peuple palestinien comme une digne victime de l'oppression, soit elle s'en moque tout simplement.
En mai dernier, Tony Blinken, qui est maintenant secrétaire d'État, a affirmé à un groupe pro-israélien qu'une administration Biden « ne lierait pas l'assistance militaire à Israël à ses décisions politiques. Point. Point final ». Le terme « décisions politiques » est une référence voilée aux violations des droits de l'homme et du droit international par Israël, qui ont suscité l'indignation du monde entier.
Alors que la présidence de l'ancien président Barack Obama touchait à sa fin en 2016, Blinken, qui a été conseiller adjoint à la sécurité nationale au sein de l'administration Obama, s'est vanté sur Twitter d'avoir « fait plus pour la sécurité d'Israël que n'importe quelle [administration] auparavant ».
Cuisiné par les républicains lors de sa récente confirmation au Sénat, il a répondu « oui et oui » lorsqu'on lui a demandé s'il était d'accord pour que Jérusalem soit la capitale d'Israël et s'il s'engageait à y maintenir l'ambassade américaine.
Étonnamment, Blinken a même loué l'administration Trump pour avoir contraint les pays arabes et africains à signer de faux « accords de paix » avec Israël, malgré le fait qu'aucun des EAU, du Bahreïn, du Maroc ou du Soudan n'était en état de guerre contre Israël.
Normaliser l’occupation
Ces accords de normalisation ne servent qu'à normaliser l'occupation, le colonialisme et le système d'apartheid d'Israël dans les territoires palestiniens, tout en livrant des milliards de dollars d'armes aux dictateurs et aux despotes arabes et africains.
Pourtant, Blinken a dit ceci à leur sujet lors de son audience de confirmation : « Je pense qu'il y a un certain nombre de choses, d'où je suis assis, que l'administration Trump a fait au-delà de nos frontières, que j'applaudis (...). Le travail qui a été fait pour faire avancer la normalisation avec Israël, je l'applaudis. Il rend Israël plus sûr, il rend la région plus sûre, c'est une bonne chose. J'espère que nous pourrons construire sur cette base ».
Blinken n'a rien dit des colonies israéliennes illégales, mais a seulement fait des déclarations toutes faites sur la reprise du « processus de paix » et sur la recherche d'une « solution dite à deux États », qu'il a qualifiée de « difficile ». Il a ajouté : « Je pense que de manière réaliste, il est difficile d'envisager des perspectives à court terme pour aller de l'avant dans ce domaine ». Il a laissé de côté la partie dans laquelle des centaines de milliers de colons juifs illégaux restent l'obstacle central à un État palestinien indépendant.
Plus révélateur est le fait que Blinken et Biden ont tous deux exprimé leur opposition au mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), qui vise à faire respecter par Israël les lois internationales et les droits de l'homme par une protestation non violente, à l'image des moyens et méthodes politiques qui, il y a des décennies, ont mis fin à la ségrégation raciale aux États-Unis et plus tard en Afrique du Sud.
Voix progressistes
Tout aussi troublants sont les commentaires de l'envoyé de Biden aux Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, qui a affirmé que le mouvement BDS dirigé par les Palestiniens « frise l’antisémitisme » et a promis de « soutenir Israël » aux Nations Unies.
Ce qui est clair, c'est que si un changement vers la résolution du problème des droits de l'homme des Palestiniens doit avoir lieu pendant la présidence Biden, il ne viendra pas de la Maison Blanche, mais plutôt du caucus progressiste grandissant au Congrès, où un nombre croissant de jeunes voix demandent la fin de l'occupation illégale la plus durable du monde.
Source : Middle East Eye
Traduction : MR pour ISM
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