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Israël - 1 avril 2009
Par Rahela Mizrahi
Rahela Mizrahi a signé l’appel à un boycottage culturel d’Israël en 2006. Elle est titulaire d’une maîtrise d’histoire de l’art de l’Académie Betzalel de Jérusalem, et elle prépare actuellement un doctorat consacré aux « Patterns d’expropriation, de conversion et d’appropriation de l’héritage palestinien par (et dans) l’art israélien », à l’Université de Tel-Aviv.
Ceci n’est pas une guerre : c’est un génocide !
L’Unesco, agence spécialisée des Nations unies, a pour but affirmé de « contribuer à la paix et à la sécurité en promouvant la collaboration entre les nations via l’éducation, la science et la culture, en vue de l’avènement d’un respect universel de la justice, de l’état de droit et des droits de l’homme, ainsi que des libertés fondamentales » proclamées par la Charte des Nations Unies.
L’Unesco, Organisation des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture, est comptable politiquement de son action vis-à-vis de la communauté internationale. Quand des écoles portant le drapeau de l’Onu sont visées, quand des enfants sont visés, quand toute une population est systématiquement privée de nourriture et d’eau potable, de services d’assainissement et d’électricité, l’UNRWA, l’UNICEF et l’UNESCO ne doivent pas se contenter de molles protestations : elles doivent être à la hauteur de leurs responsabilités, en prenant des mesures concrètes. Vous trouverez ci-après des appels lancés à l’UNESCO, l’exhortant à jouer pleinement son rôle dans le maintien de la justice à travers la préservation et le respect de l’identité culturelle, en :
a) révoquant l’appartenance d’Israël à l’UNESCO et
b) en participant au boycott culturel et universitaire à l’encontre d’Israël [1].
Ces appels ont été lancés tandis qu’Israël transformait la bande de Gaza en plus grand camp de concentration du monde. Les conditions deviennent de plus en plus invivables pour un million et demi de Palestiniens qui y vivent. Les livraisons de nourriture, de médicaments et de carburant sont entravées, voire ont totalement cessé. La malnutrition infantile ne cesse de s’aggraver. Les fournitures d’eau potable et les services d’assainissement ont cessé. Les gens meurent de manques de soins médicaux. Des tunnels aboutissant en Egypte, creusés à la main, fournissent l’unique dernier espace permettant aux Palestiniens de respirer.
La moitié des habitants de Gaza sont des réfugiés ayant échappé à l’un des plus atroces crimes du vingtième siècle. En 1947-1948, les organisations terroristes paramilitaires sionistes, qui allaient devenir « Tsahal », ont perpétré un nettoyage ethnique dûment prémédité [2] de la Palestine, à l’époque sous la « protection » du mandat britannique ; les terroristes sionistes ont détruit plus de cinq-cents villages et treize villes, et déporté près de huit-cent-mille indigènes palestiniens, commettant de manière systématique des dizaines de massacres similaires au denier en date auquel nous avons assisté, à Gaza, en décembre 2008 et janvier 2009. Ce nettoyage ethnique est la raison qui fait que Gaza est la zone la plus densément peuplée du monde. Israël, les Etats-Unis et la plupart des pays occidentaux aimeraient bien expurger sans autre forme de procès ce crime perpétré en 1948 des archives de l’Histoire, et avec lui, faire tomber la Palestine et le peuple palestinien dans les oubliettes. La résistance des Palestiniens, aujourd’hui, à Gaza, c’est la révolte d’un peuple qui refuse d’être rayé de la carte du monde.
Les crimes de 1948 ne sont en rien un chapitre clos des manuels d’histoire, mais bel et bien une réalité actuelle, qui n’a cessé de se déployer depuis au moins soixante années, et qui continue à se déployer aujourd’hui : c’est le vol continué et l’expropriation des maigres parcelles de terre et des filets d’eau encore propriétés des Palestiniens, c’est la démolition de milliers de maisons, la transformation de la bande de Gaza et des villes palestiniennes de la Cisjordanie et de la bande de Gaza en des camps de concentration cernés par une muraille de béton armé de huit mètres de hauteur et de fils de fer barbelés électrifiés, à l’intérieur desquels règnent le chômage, la pauvreté, la faim et le désespoir, auxquels s’ajoute l’incarcération massive de Palestiniens appartenant à trois générations (il y a, aujourd’hui, plus de 12.000 prisonniers palestiniens). Au verso de la décimation continuelle de la population palestinienne indigène, Israël, avec le soutien des Etats-Unis et de l’Europe, a importé en Palestine un million d’immigrés, principalement des Européens, durant les seules années 1990. Le vol des terres et la colonisation ont été menés à mal (à « bien »), sous couvert d’un discours fallacieux de paix, promu par un mouvement pacifiste bidon israélien et par des ONG financées par les Etats-Unis et l’Union européenne utilisant les accords d’Oslo à la manière d’une arme pour éliminer totalement le peuple palestinien de la carte.
Appel à l’exclusion d’Israël de l’UNESCO
En novembre 1974, en réponse à un appel lancé par des universitaires de diverses nationalités, l’UNESCO avait suspendu toute assistance à Israël, qu’il avait exclu de ses activités et de ses groupes régionaux. Ce faisant, l’UNESCO prenait acte du fait que les agissements d’Israël, ses destruction et violation systématiques et violentes de la civilisation et de la culture palestiniennes incarnaient l’exact contraire de sa mission. Néanmoins, en bien qu’il n’y ait eu strictement aucun changement dans la politique d’Israël (bien au contraire), l’appartenance pleine et entière d’Israël à l’UNESCO avait été rétablie, en 1977.
Dès 1947, avant, durant et après l’épuration ethnique, puis durant toutes les années 1950, la destruction de plus de cinq-cents villages et de treize villes décima globalement l’environnement culturel palestinien, avec le pillage d’œuvres d’art, de livres, de manuscrits anciens et, bien entendu, la destruction d’œuvres architecturales, dont des dizaines d’églises, des centaines de mosquées et de tombes. L’occupation (de la Cisjordanie , du Golan et de la bande de Gaza, ndt) en 1967 permit à Israël de procéder à une nouvelle furie de destruction de symboles culturels à travers le nettoyage ethnique de cent soixante-dix villages et villes supplémentaires dans le Golan syrien [3], ainsi que de dix-neuf villages dans les territoires palestiniens nouvellement occupés. Certains des villages détruits ont été transformés en parcs nationaux, après une campagne massive de reboisement, méthode utilisée systématiquement afin d’effacer les dernières traces des villages palestiniens détruits. Toujours en 1967, Israël a démoli un quartier ancien tout entier, dans la vieille ville de Jérusalem : le quartier maghrébin [dit « Mughrabi » en arabe local] [4], et il a violé effrontément le droit international en procédant à des fouilles archéologiques massives dans les territoires qu’il venait tout juste d’occuper militairement.
Israël continue, encore aujourd’hui, son agression destructrice contre la culture palestinienne et la culture arabe, de manière générale, en pillant les bibliothèques palestiniennes et la cinémathèque de Beyrouth, durant son invasion du Liban (en 1982), vandalisant le Centre Culturel Al-Sakakini, à Ramallah, durant l’invasion de 2002, en procédant à des fouilles archéologiques illégales ayant pour objet de détruire des vestiges arabo-musulmans et en creusant, tout récemment, au-dessous de la Mosquée Al-’Aqçâ, à Jérusalem, en mettant ainsi en danger la stabilité de ses fondations.
Durant ses derniers massacres en date à Gaza, Israël a démoli la plus grande université de la bande de Gaza, ainsi que des écoles de l’Onu, dans lesquelles des civils étaient venus se réfugier (ce que l’armée israélienne savait, ndt). Au total, Israël a bombardé 64 écoles et 41 mosquées, les détruisant totalement, et ce, de manière systématique et en cinq jours [5]. Le bombardement des mosquées s’inscrit dans un modus operandi déjà établi à l’époque du nettoyage ethnique de 1948, durant lequel des centaines de mosquées avaient été détruites. C’est là le résultat direct de l’idéologie sioniste, qui vise la culture arabe et la culture musulmane, y compris les civilisations et les cultures arabo-juives, au nom de la « laïcité et du progrès », utilisés comme justifications pour exterminer la civilisation de l’Autre.
L’Unesco, organisation vouée à « la promotion de la coopération internationale… via l’éducation, la science et la culture, dans l’esprit d’une promotion du respect universel de la justice, des droits et des libertés fondamentales de l’humain », devrait prendre des mesures immédiates afin de protester contre la violence et l’agression permanentes d’Israël envers la culture palestinienne, en excluant Israël.
Appeler l’Unesco à se joindre au mouvement de boycott culturel et universitaire d’Israël est le strict minimum que tout être humain digne de ce nom doit faire contre les crimes incessants contre l’humanité perpétrés systématiquement par Israël, avec le soutien illimité des Etats-Unis, de l’Europe et de la majorité du monde occidental, qui s’appuient sur Israël pour perpétuer leur oppression du peuple arabe tout en continuant à piller ses ressources naturelles, aidées en cela par les élites arabes néocoloniales au pouvoir. Le boycott culturel et universitaire d’Israël est crucial. Le monde de la recherche israélien est, en effet, une des bases les plus importantes de la pensée raciste sioniste, fondamentalement juive ashkénaze, européocentrique et colonialiste. Dans toutes les universités israéliennes, des facultés et des instituts se consacrent à des recherches orientalistes sur le Moyen-Orient, cette discipline étant considérée comme un outil permettant à Israël (et à l’Occident, ndt) la perpétuation et le renforcement de son (leur) contrôle colonial. Les autres facultés ignorent totalement les cultures, les langues et la pensée, la littérature, la musique, l’histoire et la philosophie non-occidentales, et notamment arabo-islamiques, se faisant en cela le reflet fidèle de l’attitude d’Israël envers les Arabes et les musulmans, qu’il considère comme non-civilisés et dépourvus de culture. Le travail intellectuel déployé par la recherche israélienne n’est qu’un instrument visant à la déshumanisation des Palestiniens dans le discours public israélien, condition nécessaire de la continuation du génocide.
Le boycott universitaire est justifié par le fait que plusieurs facultés et instituts de l’université israélienne développent des armes utilisées dans la perpétration des crimes d’Israël. Ainsi, par exemple, l’université de Tel-Aviv comporte une faculté consacrée aux « études de sécurité », où des armes d’extermination « intelligentes » (comprendre informatisées) sont mises au point. L’université israélienne consacre d’importants financements à la facilitation du contrôle militaire et politique de la Palestine et du Moyen-Orient par Israël. Le silence du monde universitaire israélien face au bombardement de la seule et unique université de Gaza serait, à lui seul, une raison suffisante pour lancer un tel boycott universitaire, si cela n’avait pas déjà été fait.
La culture israélienne est dominée par la pensée et les postures ashkénazes européocentriques sionistes colonialistes. Des écrivains sionistes, tels qu’Amos Oz, A.B. Yehoshua et David Grossman, considérés erronément comme faisant partie d’on ne sait trop quel « mouvement de paix », promeuvent des messages colonialistes et racistes dans leurs écrits, et plus encore, dans les sous-entendus de leurs écrits. Ils ont bruyamment soutenu l’invasion récente du Liban (en été 2006, ndt) et ils ont rédigé des déclarations en soutien aux massacres perpétrés par Israël à Gaza. En plus des milliers de simples citoyens, dont des femmes, des enfants et des vieillards, Israël a assassiné un des écrivains palestiniens les plus éminents, Ghassân Kanafânî. La musique populaire israélienne est profondément liée à l’armée israélienne : la plupart des chanteurs populaires d’Israël ont débuté leur carrière dans des formations musicales militaires promouvant le militarisme et le chauvinisme. Les beaux arts et la danse israéliens ne cessent de piller l’héritage culturel palestinien, qu’ils osent présenter dans le monde entier sous l’intitulé d’ « héritage (culturel) juif ancestral », cohérent, en cela, avec son appropriation de la cuisine palestinienne (nous ne citerons que les « falâfel ») et le vêtement palestinien (comme la kûfiyyéh), afin de présenter leur colonialisme européen sous les traits fallacieux d’une continuation d’une ancienne propriété juive de la terre, et d’effacer l’existence du peuple palestinien qui est, lui, le légitime héritier de cette culture enracinée dans la terre palestinienne.
Aujourd’hui, les agents de la propagande culturelle sioniste sont mobilisés en vue de la normalisation des crimes et de l’apartheid israélien toujours en cours en les dissimulant sous les traits d’un conflit bilatéral, à l’intérieur d’un discours de paix totalement creux et a-historique, occultant totalement, banalisant et normalisant le crime originel des années 1947-1948 : l’éradication de la Palestine par un Etat juif d’apartheid appelé « Israël ». Les agents de la propagande culturelle sioniste sont hautement appréciés, dans le monde entier, où on les considère avec un aveuglement qui laisse pantois comme des chercheurs de paix, alors qu’ils devraient être rejetés, en tant que participants actifs à l’oppression sioniste du peuple indigène de la Palestine.
Jusqu’à ce jour, l’épuration ethnique de la Palestine n’a toujours pas été reconnue en tant que crime contre l’humanité. L’Occident contribue aide le chien sioniste à enterrer ce crime dans la pelouse du jardin. Aujourd’hui, après des décennies de dénégation, la vérité historique de l’épuration ethnique de 1948 est, enfin, reconnue. Toutefois, cette reconnaissance est vide de toute composante juridique de nature à désigner les responsables ou de réclamer les droits légitimes des victimes. Aujourd’hui, on peut écrire sur la Nakba (l’épuration ethnique de 1948), dans le monde universitaire israélien, et obtenir un grade universitaire, des honneurs et une crédibilité pour s’être montré en chercheur audacieux et moral, simplement en répétant des faits que des Arabes et des Palestiniens ont décrits depuis des décennies, sauf que personne ne daignait les écouter. Cela contribue à donner d’Israël l’image d’un pays progressiste, alors qu’Israël n’a jamais cessé d’être un des régimes les plu violents, racistes, oppressifs et antidémocratiques du monde. A l’exception de très rares voix, comme celle d’Illan Pappe, le monde universitaire israélien reste coi dès lors qu’il s’agit de demander que soit mis un terme à la souffrance des victimes et que le peuple palestinien soit dédommagé en raison des crimes perpétrés par le sionisme et l’Etat d’Israël à son encontre. Les universitaires israéliens sont en train de s’approprier l’expression des Palestiniens, comme l’a fait par exemple Gannit Ankori, écrivant au sujet de l’art palestinien, pour des bénéfices universitaires personnels, et aussi afin de blanchir leur position sioniste. Boycottez-moi ces gens-là !
Le sionisme, c’EST le racisme. Le sionisme est une idéologie juive, ashkénaze, blanche, colonialiste et européocentrique, qui vise à rendre la Palestine juive et occidentale et, partant, non musulmane et non arabe. Tout Israélien est assujetti à cet endoctrinement idéologique, dès sa naissance : à la maison, à l’école, à l’université, par les médias hébreux, souvent de manière totalement explicite, mais essentiellement à travers des allusions, des présentations et des sous-entendus, des non-dits – à travers l’éducation et la culture.
Le nom officiel donné à l’agression contre Gaza et au massacre qui y a été perpétré est « Oferet Yetzuka » (Opération Plomb Coulé). Ce nom est repris d’un refrain repris deux fois dans un chant sioniste pour les enfants, particulier à la fête de Hanuka, si bien que, dorénavant, les enfants israéliens vont célébrer un génocide, à chaque fois qu’ils fêteront Hanuka (ce qui ne les changera que peu, toute fête juive étant la célébration d’un massacre ! ndt). Le fait que les Israéliens juifs ne lisent et n’entendent que de l’hébreu, en dépit du fait qu’ils vivent au cœur du monde arabe, facilite cet endoctrinement. Un accès limité à l’anglais ne les aide guère, en la matière, étant donné que l’immense majorité de la presse anglophone a gobé les perceptions sionistes de A jusqu’à Z, mordant à l’hameçon, et avalant, derrière, la ligne et le flotteur…
Le sionisme rejette catégoriquement tous les droits des Palestiniens à leur terre, leur droit à vivre dans leur patrie, et même leurs droits civiques et humains les plus élémentaires. Le sionisme se résume à l’affirmation que le droit des juifs sur la terre palestinienne est, en toutes circonstances, supérieur aux considérations humaines et morales, évoquant bien souvent le racisme fondamental euro-centriste, qui considère comme inférieures les cultures arabe et musulmanes, tout en contribuant à leur déshumanisation. Le sionisme constitue l’arrière-fond idéologique qui a permis que Gaza et les autres villes palestiniennes soient transformées en camps de concentration [6], et qui génère un très large soutien public en faveur du massacre génocidaire qui vient d’être perpétré à Gaza. La seule fracture, dans l’opinion publique israélienne, s’est produite entre ceux qui ont tenté de dissimuler les massacres par leurs larmes de crocodile humanitaires et par leurs « justifications » soi-disant éthiques (les sionistes de gauche), et ceux qui furent sincères dans leur fringale de sang (les sionistes de droite). La colonisation sioniste est un projet raciste qui est mortel, tant pour les Israéliens que pour les Palestiniens. Le sionisme doit être contré, combattu et vaincu, à la fois politiquement et culturellement. Le boycott culturel [d’Israël] est absolument essentiel pour le bien-être de tous les habitants de la région du Moyen-Orient.
Le premier pas vers un boycottage culturel complet du sionisme consiste en une confrontation avec l’adoption européenne et, de manière générale, occidentale de l’apologétique et du blanchiment du sionisme. Le comité Nobel a décerné le prix Nobel de la Paix à Itzhak Rabin, un des dix architectes en chef de l’épuration ethnique de la Palestine en 1948, et du second nettoyage ethnique de 1967. Il fut aussi directement responsable de quelques massacres à grande échelle, dont l’un fut le massacre de plus de cent-cinquante civils qui étaient allé se réfugier dans la mosquée Dahmash, à al-Lidd (Lod, en entitesque, ndt).
Un autre prix Nobel est allé à Shimon Peres, responsable de l’introduction de l’arme nucléaire au Moyen-Orient. Même chez les Israéliens critiques, la proéminence est très souvent accordée aux rares Israéliens qui déplorent en paroles verbales les atrocités commises par leur pays, mais refusent de se dissocier du racisme inhérent au sionisme, qui est à l’origine desdites atrocités. Ce qui est particulièrement étonnant, c’est qu’un prix Nobel de la Paix alternatif ait été décerné à quelqu’un tel qu’Uri Avneri. Avneri, lui aussi, a participé à l’épuration ethnique de 1948, ainsi qu’au déni des droits des réfugiés palestiniens, immédiatement après ces massacres. Jusqu’à ce jour, Avneri reste sioniste ; il accepte les crimes perpétrés en 1948, qu’il considère légitimes. Le soutien idéologique occidental au sionisme est en partie une question d’intérêts matériels, et en partie un échange de bons procédés, le sionisme reflétant un européocentrisme, et c’est aussi, pour partie, l’effet de la mobilisation sioniste particulièrement aboutie, ainsi que de l’utilisation abusive et particulièrement cynique de l’holocauste nazi et de la culpabilité historique à propos de l’antisémitisme. Ce soutien occidental doit être contesté et contré.
Conclusion
Les gouvernements et les institutions occidentaux soutiennent largement la mise en quarantaine de la résistance palestinienne. Ils refusent de traiter avec ceux des Palestiniens qui refusent de laisser enterrer la Palestine et qui n’acceptent pas les conditions de survie inhumaines qu’Israël leur impose. Bien que la dernière agression, contre Gaza, ait été contrée par un front palestinien uni, qui comportait toutes les factions palestiniennes armées, y compris la Brigade des Martyrs d’Al-’Aqçâ, du Fatah, le Hamas est identifié comme la résistance palestinienne. Ce gauchissement de la réalité a pour conséquence que la résistance palestinienne apparaît encore davantage incompréhensible et menaçante, c’est là [pour les sionistes une façon] de renforcer l’islamophobie occidentale et de capitaliser sur elle. Le Hamas a remporté les élections démocratiques palestiniennes. Résultat ? Israël, avec le soutien des Etats-Unis et de l’Union européenne, emprisonne ses députés…
Le Hamas est connu universellement pour sa probité et son intégrité, et pourtant, les pays occidentaux insiste à ne traiter qu’avec le seul Fatah (réputé) « laïc », en adoptant l’identification colonialiste marquée au coin du racisme entre la laïcité et le progrès, une identification qui a déjà servi d’excuse au sionisme pour détruire les cultures arabes. La destruction de quarante-et-une mosquées, dans la bande de Gaza, en quelques jours, n’a rien d’une coïncidence : c’est la continuation de la démolition systématique de centaines de mosquées au cours du nettoyage ethnique de la Palestine, et de la profanation systématique et ininterrompue des lieux saints musulmans.
Le Hamas jouit d’une légitimité à la fois démocratique et culturelle, en tant que mouvement de résistance au sionisme, profondément enraciné dans les cultures arabe et islamique. Ce mouvement ne saurait être exclu ; c’est impossible. Les tentatives de l’exclure ne sont que des manifestations de l’européocentrisme, du colonialisme et du racisme occidentaux. Les institutions internationales, comme l’Unesco, ont le devoir moral et politique de défier ces politiques (sionistes) destructrices et totalement illégales.
Le monde doit sortir de son mutisme à propos des crimes perpétrés par Israël en 1948. Il doit commencer à utiliser le mot d’apartheid pour qualifier la structure politique, économique et sociale d’Israël, comme l’a fait dernièrement le Président de l’Assemblée générale de l’Onu, le Père Miguel d’Escoto Brockman. Et le monde doit soutenir l’appel lancé par la société civile [palestinienne] à appliquer à Israël la même stratégie qui a permis de mettre un terme à l’apartheid en Afrique du Sud : la stratégie BDS (Boycott-Désinvestissement et Sanctions).
En sa qualité d’institution internationale indépendante, le maintien, par l’Unesco, de ses propres standards, requiert qu’il révoque l’adhésion d’Israël. Parallèlement à cette décision, son soutien du boycottage universitaire et culturel d’Israël serait une expression vitale de l’engagement de l’Unesco vis-à-vis de son but déclaré : la contribution à la paix et à la sécurité, au moyen de la promotion de la coopération internationale via l’éducation, la science et la culture, afin de promouvoir le respect universel de la justice, des droits humains et des libertés fondamentales, proclamés par la Charte des Nations Unies.
Pour qu’il ait un impact concret, ce boycottage doit être suffisamment généralisé pour avoir un impact sur la vie quotidienne des Israéliens, ainsi que sur les travailleurs culturels les plus respectés dans le monde. Sans un tel boycott, fermement instauré, le Beatle hypocrite Paul McCartney a pu se rendre en Israël, récemment, comme l’a fait aussi le chanteur africain Cesaria Evora, comme si l’Afrique ne gémissait pas sous le même joug colonial ? Mercedes Sosa, qui évoque dans ses chansons la dépossession des populations indigènes de l’Amérique du Sud, est venue en Israël distraire ceux qui perpètrent un génocide à l’encontre du peuple palestinien. Il y a d’innombrables artistes qui se comportent comme eux. Et, pendant ce temps-là, des musiciens et des galeristes israéliens sont accueillis à bras ouverts dans le monde entier, parce que les institutions internationales n’ont pas remis en question leur présence [indécente] au sein de la communauté internationale.
Le monde a besoin d’une culture de Boycott, d’une culture qui refuse de fermer les yeux sur un génocide au nom de l’art, une culture qui prenne une position morale sur le sionisme et ses crimes, et qui changent le discours public et officiel. Le soutien de l’Unesco à un tel boycott culturel permettrait d’encourager cette tendance vitale, et contribuerait à dissuader, puis à mettre un terme, au rôle de renforcement d’une violence systématique qu’assume, actuellement, l’expression culturelle (qu’elle le veuille, ou non).
Notes
[1] Pour rejoindre le mouvement mondial de boycott culturel :
http://www.pacbi.org
info@boycottisrael.ps
[2] Pour en savoir plus sur l’épuration ethnique de la Palestine perpétrée par les sionistes en 1948, lire l’ouvrage éponyme d’Ilan Pappe, dont voici le site : http://www.ilanpappe.com
[3] http://nakba-online.tripod.com/DestroyedList.htm
[4] Le quartier Mughrabi, rasé au sol, a laissé la place à l’esplanade du Kotel (Mur « des Lamentations »)
[5] Le « Waqf » [Administration musulmane des biens de main-morte] a fait état de quarante-et-une mosquées détruites et de cinquante-et-une mosquées partiellement endomagées.
Voici une liste partielle des moquées détruites à Gaza par Israël (jusqu’au 12 janvier 2009), en plus de l’Université islamique : la mosquée ‘Omar ‘Aqal, du camp de réfugiés de Jabalya, la mosquée ‘Omar Abu-Baker al-Sadiq, à Beit Hanun, la mosquée Al-Naser, à Beit Lahiya (du 14ème siècle), la mosquée Al-Shifa, à Gaza ouest, détruite en même temps que le centre médical Al-Shifa, la mosquée ‘Omar ibn Al-Khattâb, dans le camp de réfugiés de Bureij, la mosquées Al-Khulafâ’ Al-Râshidîn, du camp de réfugiés de Jabaliya, la mosquée Al-Abrâr, dans le village de Bani-Sahila, la mosquée ‘Azz Ed-Dîn al-Qassâm, à Khân Yûnis, la mosquée Abû Hanîfa Al-Nu‘mân, au sud de Gaza, faisant partie d’un complexe comportant deux écoles, des bureaux de presse et des services médicaux, la mosquée Ibrâhîm al-Muqaddam, à Beit Lahiya, bombardée en pleine prière de l’après-midi, la mosquée Al-Taqwâ, au nord de Gaza, la mosquée Al-Nûr al-Muhammadiyy, la plus grande de la bande de Gaza.
[6] Un des moyens de procéder à son épuration ethnique et de se débarrasser de la population palestinienne tout en la contrôlant consiste, pour Israël, à rassembler les Palestiniens dans certaines zones. Ces zones sont quadrillées, réduites, militarisées de manières variées et croissantes, par la police (à l’intérieur d’Israël) ou au moyen de check-points et du mur d’apartheid (en Cisjordanie ), ainsi que par la fermeture totale des frontières (tout autour de la bande de Gaza). Le terme « camp de concentration » est utilisé dans l’acception générale de moyen, pour un Etat, de se débarrasser de populations qu’il définit comme indésirables, en limitant leur présence et en empêchant leur existence politique. La possibilité d’une mort pure et simple, comme nous l’avons vu et comme nous le constatons tous les jours notamment à Gaza, n’est jamais très éloignée.
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