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Naplouse - 12 décembre 2003
Par Silvia Cattori
Quand les "jais" ont terminé leur "job" et se sont retirés, il y avait vingt petits corps gisants sur le sol. Dont certains grièvement blessés. Le plus jeune avait 4 ans. Le plus agé, 14 ans. C'était un jour triste, un jour pareil à un autre, ce 3 decembre à Balata Camp.
Les sirènes des ambulances hurlaient. Ceux d’entre les enfants qui n’en avaient eu que pour la peur, avaient des mines défaites. La rue était terreuse. Les marchands ambulants remettaient - pour la énième fois - fruits et légumes sur les étals avec des gestes empreints d’une grande lassitude. Les hommes rasaient les murs.
Les femmes s’étaient mises, qui à balayer, qui à jeter des seaux d’eau devant le seuil de leur porte, avec une insistance qui trahissait leur indignation.
Les " jais" étaient venus cinq fois pour commettre crimes sur crimes. Cinq fois où il avait été impossible aux mères de garder leurs enfants sous clé.
Victimes du jeu pervers mené par les "jais", dont les irruptions ponctuelles et perfides, les attiraient dans un piège, des centaines d’enfants partaient à toutes jambes dès qu'ils entendaient le bruit angoissant des tanks ou des jeeps. Une fois lancés, ils ne connaissaient plus la peur, motivés par une seule chose : la revendication de leur liberté et le respect de leurs droits.
Les enfants parlaient des "Jais", (les Israëliens) sans émotion, comme s’ils parlaient de quelque chose d’incompréhensible, d’irréel. Ils disaient "les Jais" sans haine, comme chez nous on dirait "les Arabes".
Depuis leurs véhicules blindés, systématiquement, méthodiquement, à coups de bombes assourdissantes, de grenades asphyxiantes, de balles réelles, les "jais" invisibles incitaient les enfants à répondre à leurs provocations, avec des pierres.
Quand les "jais" ont terminé leur "job" et se sont retirés, il y avait vingt petits corps gisants sur le sol. Dont certains grièvement blessés. Le plus jeune avait 4 ans. Le plus agé, 14 ans. C'était un jour triste, un jour pareil à un autre, ce 3 decembre à Balata Camp.
Il y avait là des photographes, des caméramen, tous Palestiniens, et des internationaux de l’International Solidarity Movement, atterrés à l’idée de savoir qu’il y avait en Palestine, tant d’enfants perpétuellement livrés à l’horreur, et que nul, au-dehors ne se souciait vraiment de protéger.
Qui étaient ces soldats perfides au point de tuer des êtres totalement innocents ?
Pourquoi faisaient-ils aux enfants palestiniens, ce qu’ils ne voudraient pas qu’on fasse aux enfants israéliens ?
Avaient-ils un cœur ?
Affamer un enfant, persécuter un enfant, tuer un enfant, est un crime ! Un crime odieux.
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Silvia Cattori
12 décembre 2003