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ISM France - Archives 2001-2021

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Qalqilia -

Comment vous sentiriez-vous après 11 ans de prison sans avoir vu votre enfant?

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Que ressent-on lorsque l’on a été prisonnier pendant près de 12 ans, sans contacts avec sa famille et ses amis? Que ressent-on de ne pas savoir à quoi votre enfant ressemble, ou comment il a été élevé pendant que vous étiez loin?
Sona Alraee a 40 ans. Elle était la doyenne des prisonnières palestiniennes. Elle est sortie de prison dimanche dernier après avoir été emprisonnée pendant 11 ans par les autorités israéliennes. Pour elle, et d'autres prisonnières qui sont mères, ces questions et d'autres sont toujours dans leurs esprits et leurs coeurs ....

Comment vous sentiriez-vous après 11 ans de prison sans avoir vu votre enfant?


Photo : La doyenne des prisonniers palestiniens: Juste libérée et pressée de rencontrer son fils pour la première fois après avoir passé 11 ans en prison.

Sona se préparait à rencontrer son fils pour la première fois. Il n’avait que 3 ans quand elle a été emprisonnée par les autorités israéliennes. Elle est inquiète parce que maintenant c’est un jeune homme, qui n'a jamais vu sa mère auparavant.

Elle ne sait pas comment il va réagir quand il la verra pour la première fois. Elle n’a que vu ses photos. Malheureusement, la mère et le fils ne se connaissent pas. Sona s'inquiète de savoir si oui ou non il l’acceptera comme mère et espère pouvoir commencer à construire une relation de mère et enfant qui leur a été volée.

Après avoir été libérée, elle a été emmenée dans la maison de son frère dans la ville palestinienne de Qalqiliya où tous les habitants de la ville sont venus la saluer.

Elle ne pouvait pas reconnaître la majorité d'entre eux, elle ne se souvenait que de quelques visages. Cela la peinait, alors qu’elle se rendait compte du temps passé depuis qu’elle était partie, de tout de qu’elle avait raté et comment le temps avait passé. Les visages des gens étaient accueillants et aimants, mais Sona se sentait seule et effrayée.

Être loin de son fils de 11 ans n'est pas une chose facile, pensait Sona. «Je suis inquiète. Que puis-je lui dire quand je vais le voir au bout de 11 ans, Salut ...? Je suis ta mère? Comment va-t-il réagir? L’amour de sa mère est peut être un sentiment qu’il a perdu" déplorait Sona. "Je l'ai vu une fois au bout de deux ans de détention, mais je ne l'ai pas vu depuis pour des raisons dont je ne veux pas parler maintenant", a t-elle expliqué aux journalistes.

Sona a alors raconté comment elle avait été heureuse lors de ses deux visites qu’elle à reçue pendant son emprisonnement. La première visite a eu lieu au bout de deux ans d'emprisonnement au cours de laquelle elle a vu son fils, l'autre visite a eu lieu il y a deux ans quand elle a vu son frère. Pendant la plupart de ses années de détention, les visites de Sona ont été refusées.

Alors qu’elle se préparait à rencontrer son fils Mohammad, qui vit dans une autre ville, Sona était très inquiète. Ils étaient censés arriver à tout instant.

En paniquant, Sona a déclaré: «Je ne l'ai vu qu’une fois, je n'ai jamais connu mon fils .. je ne le connais qu’à travers des photos, à chaque fois que je voyais une photo, l’avais une drôle d’impression parce qu'il était devenu plus grand et plus éloigné de moi parce que je ne le connaissais que bébé, dit-elle".

Pour tenter de faire face à ce manque et au droit d'être avec et d'élever mon fils, j'ai essayé de compenser mes sentiments de maternité ratés en m’occupant des jeunes prisonnières palestiniennes qui étaient avec moi dans la même prison, certaines n’avaient que 15 ans. Elles m’étaient précieuses mais ô combien j’attendais de voir mon fils ...."


Sona dit qu'elle souhaite être en mesure de connaître à nouveau son fils. «Je suis impatiente de le voir et de le connaitre, et être en mesure de contribuer à sa vie et j’ai besoin d’être sa mère ... mais je ne sais pas s'il va m’accepter ou me rejeter en tant que sa mère parce que ça fait tellement longtemps...ou s’il veut rester avec moi ou pas "a t-elle ajouté. «Je ne lui ai pas demandé s’il voulait rester avec moi ou pas, j'avais peur qu’il me dise des choses qui me blessent, mais j’espère encore qu'il acceptera mon offre de venir avec moi. J'avais l'habitude de sentir qu'il était fier de moi, mais il ne m’a jamais connu comme mère, pour lui, je suis une étrangère maintenant ".

Sona a maintenant de nouveaux rêves et aspirations. Toutefois, pour Sona, la chose la plus importante de reprendre contact et d’être avec son fils.

Sona était membre du Front Populaire pour la Libération de la Palestine. Elle a été arrêtée à deux reprises. La première fois, elle a été arrêtée pendant deux semaines en 1988, son arrestation était destinée à faire pression sur son frère Ibraheem Alraee qui faisait l'objet d'une enquête sur des accusations de sa responsabilité dans la direction de la branche armée du Front. Mais son deuxième emprisonnement a été le plus long et le plus dur quand elle a été arrêtée il y a 11 ans en (avril 1997) sur l’accusation d’avoir tiré sur des soldats israéliens au pont Allenby (Al-Karama).

Avant que Sona soit arrêtée, elle travaillait dans les comités des femmes palestiniennes et avait un studio de photographie. Maintenant qu'elle a été libérée, elle envisage de retourner à l'université. Cependant, cette fois, Sona veut étudier la psychologie. Sona pense que la psychologie est importante pour tout le monde.

Elle a pris la décision d'étudier la psychologie, alors qu'elle était en prison en déclarant "la torture psychologique que j'ai vue et ce à quoi les prisonniers ont été soumis m’ont décidé à étudier la psychologie. Le rêve de devenir un photographe professionnel est oublié.
"Ce que j'ai vu et vécu en tant que prisonnière m'a conduit à vouloir étudier l'esprit humain et la façon dont ces atrocités comportementales peuvent se développer chez l'être humain".

Au bout de 12 ans, Sona n'a pas perdu la foi dans les organisations de femmes palestiniennes. Elle dit "Je crois que la libération passe par la lutte dans ces organisations et elles demeurent un élément crucial et une force essentielle pour notre cause et faire entendre nos voix».

Dès sa libération, Sona a reçu un appel de l'ancien Premier Ministre Ismail Haniyeh qui l’a félicitée. Elle était très reconnaissante de son appel et a déclaré: "il m'a félicité pour ma libération, et m'a dit qu'il était fier de moi et il m'a promis qu'il fera tout son possible pour libérer tous les autres prisonniers très prochainement, et a offert de m'aider dans n’importe quel domaine».

Sona lui a répondu : «Ma seule demande est de rechercher l'unité nationale". Il me l’a promis et a dit: «Dieu le veut, nous travaillons tous pour atteindre cet objectif".
Cependant, le paradoxe est que, si Haniyeh lui a téléphonée pour lui faire part de son soutien, Abdel Rahim Malluh, le secrétaire général du Front Populaire auquel elle appartenait ne l’a pas fait et ni le président palestinien, ni le Premier ministre n’ont tenté de la contacter.

Parmi ceux qui l’ont contacté, il y a Leila Khaled, une autre femme palestinienne connue pour avoir participé à un détournement d’avion dans les années soixante et au début des années soixante.
Sona dit que Khaled a exprimé sa fierté et a promis de la recontacter plus tard. Elle a dit que ces appels lui donnaient le moral.

Sona a exprimé son inquiétude de ne pas être en mesure de s'adapter à sa nouvelle vie de liberté. Elle a dit qu'elle est toujours surprise d'avoir l'occasion de manger une nourriture convenable, de marcher et de parler à sa famille après avoir été privée de ces besoins fondamentaux pendant une période aussi longue.
Elle a exprimé ses sentiments de manque.

Sona souffre d'autres problèmes, comme de ne pas pouvoir dormir après six heures et demie du matin. Elle dit : "Pendant près de 12 ans, nous étions réveillées à cette heure afin de nous préparer pour l'inspection et le comptage des soldats israéliens, il m’est difficile de m'adapter à ma liberté aujourd'hui après avoir été programmée pendant aussi longtemps".

Sona a également déploré : "La ville a changé pour moi et les visages des gens aussi». Sona estime qu'il est trop tôt pour juger de sa nouvelle vie, mais d'un point de vue politique, elle pense que «Nos conditions sont pires que jamais".

Pourtant, aujourd'hui alors qu’elle se prépare à l’arrivée de son fils, c’est son rôle de mère qui est le plus lourd dans son esprit ... Malgré les privations, la cruauté et les actes de torture subies, être éloignée de son enfant est le pire sentiment.

Beaucoup de mères et d’enfants palestiniens doivent faire face à ce traitement inhumain pendant des années, et ensuite il faut tenter de réparer ce qui leur a été pris et à leurs enfants. Avec force, amour et conviction, Sona est revenue pour récupérer son fils et essayer de reconstruire une famille qui a été déchirée. En tant que mère palestinienne, libératrice, militante et artiste, Sona est un pilier de notre force à tous.

Source : http://palestinian.ning.com/

Traduction : MG pour ISM

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