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USA -

D’abord la carotte, puis le bâton, ensuite le carnage en Palestine

Par

Norman Finkelstein est né à Brooklyn, N.Y., en 1953. Il est le fils de Maryla Husyt Finkelstein, survivante du Ghetto de Varsovie et du camp de concentration de Maidanek, et de Zacharias Finkelstein, survivant du Ghetto de Varsovie, et du camp de concentration d'Auschwitz. Il a dédié son premier livre à ses parents pour lesquels il a écrit : "Pourrais-je jamais oublier ou pardonner ce qu'ils leur ont fait". Ses frères Richard et Henry Finkelstein aimeraient que tous les visiteurs de ce site web sachent que sa famille soutient les efforts de Norman pour maintenir l'intégrité de l'histoire de l'holocauste Nazi. Pourrons-nous oublier ou pardonner ce qu'ils ont fait ?

Ayant échoué dans sa politique de la carotte, Israel est maintenant arrivé à celle du baton. Cependant, deux conditions préalables étaient indispensables pour qu'Israël puisse imposer son accablante supériorité militaire : "Un feu vert" des États-Unis et un prétexte suffisant.

Lors de la guerre de juin 1967, Israël a occupé la Cisjordanie et Gaza, achevant la conquête sioniste de la Palestine sous mandat britannique. Suite à cette guerre, les Nations-Unies ont discuté des solutions pour résoudre le conflit Israélo-Palestinien.

Lors de la 5ème session d'urgence de l'Assemblée Générale convoquée dès la fin de la guerre, il y avait "presque l'unanimité" sur le "retrait des forces armées des territoires occupés voisins des états arabes lors de la récente guerre", depuis "tout le monde a accepté qu'il n'y peut pas y avoir de gains de territoires par conquête militaire". (selon le résumé de l'Assemblée Générale par le Secrétaire général U Thant).

Lors des délibérations ultérieures du Conseil de Sécurité, la même demande a été inscrite dans la résolution 242 des Nations-Unies : pour un retrait complet Israélien conformément au principe "d'inadmissibilité d'acquisition de territoire par la guerre", à côté du droit à "tout État dans la région" d'avoir sa propre souveraineté.

Une étude toujours secrète du Département d'État a conclu que les États-Unis ont soutenu "l'inadmissibilité" de la clause 242, en tenant compte des ajustements mineurs et communs des frontières. (Nina J. Noring et Walter B. Smith II, "The Withdrawal Clause in UN Security Council Resolution 242 of 1967").

Le Ministre de la Défense Israélien Moshe Dayan a ensuite prévenu les ministres siégeant au Conseil de ne pas avaliser la résolution 242 parce qu'elle "signifiait le retrait sur les frontières du 4 Juin et qu'ils étaient en conflit avec le Conseil de Sécurité au sujet de cette résolution. "

Dans les années 1970, une modification de la Résolution 242 des Nations-Unies pour résoudre le conflit Israélo-Palestinien stipulait que pour la création d'un État palestinien en Cisjordanie et à Gaza, Israël devait d'abord se retirer sur ses frontières d'avant Juin 1967. Sauf pour les États-Unis et Israël (et occasionnellement un Etat client des États-Unis), un consensus international a avalisé pendant le dernier quart de siècle ; la solution de retrait total et la complète reconnaissance soit ce qui est appelé "la solution de deux États".

Les États-Unis ont mis seul leur véto aux résolutions du Conseil de Sécurité en 1976 et en 1980 qui demandaient la solution de deux Etats et qui avaient été approuvée par l'OLP (Organisation de Libération de la Palestine) et le front des États Arabes.

En décembre 1989, une résolution de l'Assemblée Générale des Nations-Unies identique aux autres est passée avec 151- 3 (aucune abstention), les 3 votes négatifs venaient d'Israël, des États-Unis et de la Dominique.

Depuis le début, Israël s'est constamment opposé au retrait des Territoires Occupés, offrant ainsi aux Palestiniens un type de bantoustan Sud-africain. L'OLP, ayant approuvé le consensus international, ne pouvait pas, de toute façon, être accusé de "rejectionniste" ni de faire monter la pression pour qu'Israël accepte la solution de "deux Etats." En conséquence, en juin 1982 Israël a envahi le Liban, là où siégeait l'O.L.P., pour repousser ce qu'un analyste stratégique israélien a appelé "l'offensive de Paix " de l'O.L.P..
(Avner Yaniv, Dilemmas of Security)

En décembre 1987, les Palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza se sont soulevés dans une révolte civile non-violente (intifada) contre l'occupation israélienne. La répression brutale israélienne (assassinats extrajudiciaires, détentions en masse, démolitions de maisons, torture aveugle, déportations, ect…) a finalement écrasé la révolte.

Composant avec la défaite de l'intifada, l'O.L.P. a ensuite subi un déclin avec la destruction de l'Irak, l'implosion de l'Union Soviétique et la suspension des fonds des États du Golf. Les Etats-Unis et Israël ont saisi l'occasion pour établir le déjà corrompu et maintenant désespéré chef de l'O.L.P. comme substitut au Pouvoir Israélien.

C'est cela le réel sens du "processus de Paix" inauguré à Oslo en Septembre 1993 : créer un bantoustan palestinien en donnant auparavant à l'O.L.P. les avantages du pouvoir et des privilèges.

"L'occupation a continué " après Oslo, a observé un commentateur israélien chevronné, " par télécommande, et avec le consensus du peuple palestinien, symbolisé par le seul représentant, l'OLP ". et encore "il va de soi que la "coopération" basée sur le rapport du pouvoir actuel n'est rien de plus qu'une domination israélienne déguisée, et cette autonomie palestinienne est simplement une euphémisme pour Bantoustanisation".
(Meron Benvenisti, Intimate Enemies)

Après de sept ans de négociations et une succession de nouveaux accords qui avaient pour but de voler les Palestiniens du peu de miettes jetées de la table du maître à Oslo (la population des colons juifs dans les Territoires Occupés a doublé en attendant), le moment de vérité est arrivé à Camp David en Juillet 2000.

Le Président Clinton et le Premier Ministre Israélien Barak ont donné à Arafat un ultimatum pour l'acceptation formelle d'un Bantoustan ou endosser la totale responsabilité de l'écroulement du "processus de Paix". Comme cela est arrivé, Arafat a refusé.

Contrairement au mythe donné par Barak-Clinton avec la complaisance des médias, en fait, "Barak a offert les attributs d'une souveraineté palestinienne" rapporte un conseiller spécial du Ministère des Affaires Etrangères britannique, "en maintenant l'assujettissement des Palestiniens" (The Guardian, 10 Avril 2002; pour les détails et le contexte critique, voir Roane Carey, ed., The New Intifada)

Considérons à ce sujet la réponse d'Israël au récent plan de paix saoudien. Un commentateur israélien écrivant dans Haaretz a observé que le plan Saoudien est "étonnament semblable à ce que Barak prétend avoir proposé il y a deux ans". Si Israël avait réellement l'intention d'effectuer un retrait total en échange d'une normalisation avec le Monde Arabe, le plan Saoudien et son approbation unanime par le sommet de la Ligue Arabe aurait dû rencontrer l'euphorie. En fait, il a mis à jour un silence assourdissant en Israël. (Aviv Lavie, 5 Avril 2002)
Néanmoins, la fraude de Barak et de Clinton que "les Palestiniens ont rejeté un offre généreuse" a fourni une couverture morale cruciale pour les horreurs qui ont suivi.

Ayant échoué dans sa politique de la carotte, Israël est maintenant arrivé à celle du baton. Cependant, deux conditions préalables étaient indispensables pour qu'Israël puisse imposer son accablante supériorité militaire : "Un feu vert" des États-Unis et un prétexte suffisant.

Déjà, lors de l'été 2000, le Groupe d'Information "the authoritative Jane" avait annoncé qu'Israël avait achevé la planification d'une invasion massive et sanglante des Territoires Occupés. Mais les Etats-Unis ont mis leur véto au plan et l'Europe a également émis sa totale opposition.

Cependant, après le 11 Septembre, les États-Unis ont suivi Israël. En effet, le projet de Sharon d'écraser les Palestiniens allait essentiellement dans le même sens que celui de l'administration américaine qui désirait exploiter l'atrocité du World Trade Center pour éliminer les derniers restes de résistance arabe à la domination totale des États-Unis.

Grâce à leur pur effort de volonté et en dépit d'une direction monumentalement corrompue, les Palestiniens ont prouvé être la force populaire la plus résistante et la plus récalcitrante du monde arabe. Les mettre à genoux aurait un effet dévastateur sur la région.

Avec un feu vert des États-Unis, tout ce dont a besoin maintenant Israël est un prétexte. De manière prévisible, les assassinats des leaders Palestiniens se sont intensifiés dès qu'il y avait une accalmie dans les attaques terroristes palestiniennes. "Après la destruction de maisons à Rafah et à Jérusalem, les Palestiniens ont continué à agir avec retenue" a observé Shulamith Aloni du parti Meretz Israélien. "Sharon et son Ministre de l'armée, craignant apparemment de revenir à la table des négociations, ont décidé de faire quelque chose et ils ont liquidé Raad Karmi. Ils savaient qu'il y aurait une réponse, et qu'ils paieraient le prix dans le sang de nos citoyens. " (Yediot Aharonot, 18 Janvier 2002) En effet, Israël a désespérément cherché cette réponse sanguinaire. Une fois que les attaques terroristes palestiniennes aient atteint le seuil désirable, Sharon pouvait declarer la guerre et continuer à annihiler la population civile palestinienne essentiellement sans défense.

Seul, l'obstinément aveugle peut ne pas remarquer que l'invasion actuelle de la Cisjordanie est l'exacte copie de l'invasion du Liban en Juin 1982. Pour écraser le projet des Palestiniens d'avoir un état palestinien au côté d'Israël - l'offensive de Paix de l'OLP - Israël a planifié l'invasion du Liban en Août 1981.

Cependant, avant de lancer l'invasion, Israël avait besoin d'un feu vert de l'administration Reagan et un prétexte. Malgré de nombreuses provocations, Israël n'arrivait pas à susciter une attaque palestinienne sur sa frontière Nord. Il a donc intensifié les assauts aériens au Sud Liban et après une attaque meutrière qui a fait 200 morts parmi les civils (y compris 60 occupants d'un hôpital pour enfants palestiniens), l'OLP a finalement effectué des représailles en tuant un Israélien.

Avec son prétexte et un feu vert venant de l'administration Reagan, Israël a envahi le Liban. Utilisant le même slogan " déraciner le terrorisme palestinien ", Israël a effectué le massacre d'une population sans défense en tuant environ 20 000 Palestiniens et libanais, en majorité des civils.

On nous a dit à plusieurs reprises que le problème avec l'administration Bush est qu'il était pas assez engagé au Moyen-Orient, un vide diplomatique que la mission de Colin Powell est supposée combler.

Mais qui a donné le feu vert à Israël pour commettre les massacres ?
Qui fournit les F16 et les hélicoptères Apache à Israël ?
Qui a mis son veto aux résolutions du Conseil de Sécurité demandant des observateurs internationaux pour surveiller la réduction de la violence ?
Et qui a bloqué la proposition du haut fonctionnaire des Droits de l'Homme des Nations-Unies, Mary Robinson, pour seulement envoyer une équipe d'enquête dans les Territoires Palestiniens ? (IPS, 3 Avril 2002)

Regardons ce scénario. A et B sont accusés de meurtre. Les preuves montrent que A a fourni à B l'arme du crime, A a donné à B le signal et A a empêché les spectateurs de venir en aide aux cris perçants de la victime. Est-ce que le verdict serait que A n'était pas suffisamment engagé ou que A était aussi coupable que B ?

Pour réprimer la résistance palestinienne, un important officier israélien a, en début d'année, poussé l'armée à "analyser et intégrer les leçons de … comment l'armée allemande s'est battue dans le ghetto de Varsovie ". (Haaretz, 25 Janvier 2002, 1 Février 2002)

En jugeant le récent carnage israélien en Cisjordanie - la prise pour cible des ambulances palestiniennes et du personnel médical, celle des journalistes, l'assassinat d'enfants Palestiniens "pour le sport" (Chris Hedges, ancien chef du bureau du New York Times au Caire), le rassemblement de tous les hommes palestiniens entre 15 et 50 ans, mains menottées et yeux bandés, leurs numéros inscrits sur leurs poignets, la torture aveugle des détenus palestiniens, le refus de nourriture, d'eau, d'électricité et d'assistance médicale à la population civile palestinienne, les attaques aériennes aveugles sur des quartiers palestiniens, l'utilisation de civils palestiniens comme boucliers humains, l'utilisation de bulldozers sur des maisons avec leurs occupants à l'intérieur - il semblerait que l'armée israélienne suive les recommandations de l'officier.

Rejetant toute critique comme motivée par l'antisémitisme, Elie Wiesel - porte-parole en chef de l'Industrie de l'Holocauste - a prêté son soutien inconditionnel à Israël, accentuant la "grande douleur et l'angoisse" endurée par son armée déchaînée. (Reuters, 11 Avril; CNN, 14 Avril).

Alors, le lauréat du Prix Nobel de Littérature, José Saramango, a invoqué "l'esprit d'Auschwitz" pour dépeindre les horreurs infligées par Israël, alors qu'un parlementaire belge déclare qu'Israël "transforme la Cisjordanie en camp de concentration". (The Observer, 7 Avril 2002)

Les Israéliens, par ses politiciens, sont outragés suite à de telles comparaisons. Mais, si les Israéliens ne veulent pas être accusés d'être des Nazis, ils doivent seulement cesser de se comporter comme des Nazis.




Norman G. Finkelstein a reçu un Doctorat du Département "Politique" à l'Université de Princeton, pour une thèse sur la théorie du Sionisme.
Il est l'auteur de 4 livres : Image and Reality of the Israël-Palestine Conflict (Verso, 1995), The Rise and Fall of Palestine (University of Minnesota, 1996), avec Ruth Bettina Birn, Le Procès d'une Nation : The Goldhagen Thesis and Historical Truth (Henry Holt,1998) et The Holocaust Industry: Réflexions sur l'exploitation de la souffrance Juive (Verso, 2000).
Ses écrits sont parus dans des journaux prestigieux tells que the London Review of Books, Index on Censorship, Journal of Palestine Studies, New Left Review, Middle East Report, Christian Science Monitor et Al Ahram Weekly.
Il enseigne actuellement les Sciences Politiques à l'Université DePaul à Chicago.

Source : www.normanfinkelstein.com

Traduction : MG

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