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Israël - 14 février 2006
Par Chris McGreal
Après avoir passé quatre ans en tant que correspondant à Jérusalem, et avoir été envoyé spécial à Johannesburg auparavant, pendant dix ans, le correspondant primé du Guardian au Moyen-Orient Chris McGreal est particulièrement bien placé pour évaluer cette comparaison explosive. Nous publions ici la première partie du reportage spécial de Chris McGreal effectué sur deux journées et parue le 6 février 2006.
Les Israéliens ont toujours été horrifiés à l’idée qu’un parallèle puisse être établi entre leur pays – une démocratie ressuscitée des cendres d’un génocide – et le système raciste d’apartheid qui gouverna jadis l’Afrique du Sud.
Et pourtant, à l’intérieur même d’Israël, des accusations circulent, persistantes, selon lesquelles le réseau de contrôles qui emprisonne tous les aspects de l’existence des Palestiniens présente une ressemblance fâcheuse avec l’apartheid.
Sa’îd Khâtib est né en 1972, cinq ans après le blitz de l’armée israélienne à travers Jérusalem Est et après que cette armée ait revendiqué la parcelle de terrain desséchée et parsemée de rochers de sa famille comme faisant partie intégrante de ce que l’Etat juif proclama "sa capitale éternelle et indivisible".
Les bureaucrates suivirent de près les militaires, enregistrant et mesurant la plus importante annexion de terres pratiquée par Israël depuis sa victoire sur les armées arabes, en 1948, au cours de [ce qu’il appela] sa guerre d’indépendance.
Ils jetèrent un Å“il sur le village de la famille Khâtib, Beit Hanîna et sur ses terres, à quelques kilomètres de la ville biblique, sur une colline, et ils décidèrent que là passeraient les frontières extérieure de ce Jérusalem nouvelle manière.
Les Israéliens tracèrent donc une ligne sur une carte – une nouvelle limite urbaine – qui sépare les terres de Beit Hanîna de la plupart des maisons de ce village.
Paradoxalement, les oliveraies et les vergers de Beit Hanîna appartiendraient désormais à l’aire urbaine de Jérusalem, tandis que le village demeurerait en Cisjordanie …
Mais les habitants, eux, n’étaient pas divisés d’une manière aussi tranchée. Les Arabes de la région avoisinante furent recensés en tant qu’habitants du village – même ceux, à l’instar des parents de Sa’îd, dont les maisons se trouvaient à l’intérieur de ce qui était désormais défini comme le grand Jérusalem.
A l’époque, les Israéliens donnèrent aux Khâtib des cartes d’identité, qui les définissaient comme "résidents en Cisjordanie ", donc soumis à l’occupation militaire.
Quand Sa’îd Khâtib naquit, il fut lui aussi recensé comme vivant en-dehors des limites urbaines de Jérusalem.
Ses parents n’y apportèrent guère d’importance, étant donné qu’eux-mêmes pouvaient traverser sans encombres la ligne invisible qui avait été tracée par les Israéliens, pour aller faire des achats dans la Vieille Ville, ou parfois, y prier.
Quarante ans plus tard, le monde de plus en plus complexe et contesté qu’est le système israélien de classification condamne Sa’îd Khâtib à être un résident en Cisjordanie – une région où il n’a jamais vécu – en même temps qu’un élément aliène illégal, au motif qu’il vit dans la maison où il naquit, à l’intérieur des limites urbaines de Jérusalem.
Le conseil de Jérusalem contraint Khâtib à payer d’importants impêts fonciers pour sa maison, mais ne lui permet pas d’y habiter ; il a d’ailleurs été arrêté à plusieurs reprises pour ce motif…
Ses enfants ont été exclus de leur école, à Jérusalem ; il ne peut pas obtenir de carte grise à son nom pour sa voiture– plutêt, si, il peut le faire, mais seulement pour une voiture portant une plaque d’immatriculation palestinienne, ce qui signifie qu’il ne peut pas arriver jusque chez lui en voiture, car seules celles portant des plaques israéliennes sont autorisées à rouler à l’intérieur des limites de Jérusalem – de plus, il doit obtenir un permis à chaque fois qu’il désire aller dans le centre ville.
L’armée ne lui en accorde que quatre, au total, pour toute une année.
Mais il y a pire ; Khâtib n’est pas résident officiel de sa propre maison ; il est donc considéré comme "absent", comme quelqu’un qui aurait abandonné sa propriété. En vertu de la loi israélienne, sa maison appartient donc désormais à l’Etat ou, pour être plus exact, à ses citoyens juifs.
"Ils ont envoyé des papiers disant que nous ne pouvons ni vendre notre terrain, ni le construire, parce que nous ne posséd(eri)ons pas notre propre terre ! Elle appartient à l’Etat…", dit-il. "A n’importe quel moment, ils peuvent confisquer notre terre, parce qu’ils disent que nous sommes "absents", même si nous vivons actuellement dans cette maison ! C’est ce qui a contraint mon frère aîné et trois de mes sÅ“urs à partir vivre aux Etats-Unis : ils ne supportaient plus ce harcèlement."
Le "mur d’Apartheid"
Rares sont les pays, dans le monde, dont le gouvernement édifie un arsenal de lois sur la nationalité et la résidence, spécialement conçues pour dresser une partie de leur population contre une autre. L’Afrique du sud, du temps de l’Apartheid, en fut un. Israël est un des rares autres.
Les comparaisons entre pouvoir blanc en Afrique du Sud et système israélien de contrêle sur les Arabes qu’Israël gouverne se font de plus en plus entendre.
Les opposants à l’immense barrière d’acier et de béton en cours de construction à travers la Cisjordanie et Jérusalem l’ont baptisée du nom de "mur de l’Apartheid" parce qu’elle sépare de force les diverses communautés, tout en réquisitionnant beaucoup de terres.
Les détracteurs du projet de Sharon consistant à dépecer la Cisjordanie en allouant aux Palestiniens des parcelles isolées de territoire… palestinien (!), ont établi des comparaisons avec les "bantoustans" d’Afrique du Sud, ces foyers nationaux prétendument indépendants dans lesquels étaient parqués des millions de Noirs, hommes et femmes.
Une association israélienne de défense des droits de l’Homme a qualifié la ségrégation opérée par l’armée, en Cisjordanie , au moyen de travaux routiers, d’apartheid. Des avocats arabes israéliens intentent des procès pour discrimination devant la Cour suprême israélienne, établissant un parallèle entre certaines lois israéliennes et les lois oppressives de l’apartheid sud-africain.
Desmond Tutu, ancien archevêque de la ville du Cap et secrétaire de la commission sud-africaine de la vérité et de la réconciliation, a visité les territoires occupés, il y a trois ans de cela, et il a décrit la situation qu’il y a découverte de "très similaire à ce qui nous est arrivé à nous, les Noirs, en Afrique du Sud".
En 1961 déjà , Hendrik Verwoerd, Premier ministre sud-africain et architecte de la conception "grand apartheid" des bantoustans, avait vu, lui aussi, un parallèle. "Les juifs ont pris Israël aux Arabes après que les Arabes y aient vécu durant au minimum mille ans. Israël, à l’instar de l’Afrique du Sud, est un Etat d’apartheid", a-t-il dit.
Il s’agit là d’une opinion qui horrifie et met hors d’eux énormément d’Israéliens.
Un spécialiste israélien éminent ès sciences politiques, Gerald Steinber, répliqua à l’invitation qui lui avait été faite de figurer parmi un panel d’orateurs animant un débat tenu dans un centre culturel de Jérusalem, autour de la question "Israël est-il le nouveau pays de l’apartheid" en dénonçant son organisateur, un juif originaire d’Afrique du Sud, d’avoir seulement osé lui poser cette question.
"Comme vous le savez sans doute, les campagnes pro-palestiniennes et antisémites visant à diaboliser Israël se focalisent sur une analogie fallacieuse et abusive entre Israël et l’Afrique du Sud.
Utiliser le terme "apartheid" pour qualifier les réponses légitimes d’Israël au terrorisme et à la menace d’annihilation qui pèse sur lui, tout à la fois, revient à : banaliser l’expérience sud-africaine et représenter la plus immorale des accusations contre le droit du peuple juif à l’autodétermination', écrivit Steinber dans sa réponse.
Nombreux sont les Israéliens à être ulcérés par un tel parallèle, parce qu’il frappe en plein cÅ“ur la manière dont ils se voient eux-mêmes et dont ils perçoivent leur pays, créé après des siècles de haine (à leur encontre), de pogromes et, finalement, de génocide. Quitte à voir un rapport, beaucoup de juifs israéliens se considèrent avoir bien plus en commun avec les Noirs d’Afrique du Sud qu’avec leurs oppresseurs !
Certains défenseurs inconditionnels des politiques israéliennes (passées et actuelles) disent que le fait même de critiquer Israël en l’assimilant à l’apartheid est à peine moins grave que comparer l’Etat juif à l’Allemagne nazie, ne serait-ce qu’en raison des sympathies fascistes de l’élite Afrikaner, dans les années 1940 et des échos particulièrement troublants que rencontrèrent les lois hitlériennes de Nuremberg dans la législation raciste sud-africaine.
Néanmoins, ce tabou est de moins en moins respecté. Comme l’a dit un ministre israélien de la justice, Tommy Lapid, la violation du droit international perpétrée par Israël en édifiant sa barrière en Cisjordanie pourrait avoir pour conséquence qu’Israël soit traité comme un Etat paria, à l’instar de l’Afrique du Sud.
Le Premier ministre malais Abdullah Ahmad Badawi a appelé à une campagne contre Israël, du même type que celles qui ont été utilisées afin d’exercer des pressions sur l’Afrique du Sud.
"A l’instar du combat anti-apartheid, la lutte du peuple palestinien contre l’occupation israélienne de leur pays jouit d’un soutien énorme dans la communauté mondiale", a-t-il dit.
"Par conséquent, une expression plus concrète de soutien, de la part de la société mondiale, à cette campagne de solidarité est tout à fait idoine, et vient à point nommé."
Les églises Anglicane, Presbytérienne, et d’autres confessions Chrétiennes ont soutenu l’adoption de sanctions envers Israël. L’année dernière, l’union britannique des professeurs d’université a adopté une résolution de boycott envers les universités israéliennes, mais elle est revenue par la suite sur cette décision, au milieu d’un torrent de critiques visant le raisonnement même qui fut à l’origine de cette initiative.
Le gouvernement israélien a condamné les boycotts (à son encontre) en les accusant d’être antisémites et de viser à "délégitimer" l’Etat d’Israël. Il demande pourquoi seul, Israël, un pays démocratique, est-il ainsi singularisé en vue de sanctions.
Quelques protestations éparpillées ne font pas beaucoup de bruit, mais l’hostilité sous-jacente envers Israël suscite la crainte, exprimée dans un rapport secret du ministère israélien des Affaires étrangères, que le prestige d’Israël à l’étranger ne s’effondre à un tel point, au cours des années à venir, que ce pays pourrait entrer avec l’Europe dans un contentieux de nature à rendre ce pays aussi isolé que le régime de l’apartheid l’avait été en son temps, avec de très graves conséquences sur le plan économique.
La décision prise unilatéralement, l’année dernière, par Ariel Sharon, de retirer des colons juifs de la bande de Gaza et le relâchement du contrêle exercé directement par Israël sur ce territoire, ont provisoirement fait taire une partie de ces critiques.
Mais alors même que le retrait unilatéral de Gaza était en cours, Israël bétonnait son contrêle sur les parties de la Cisjordanie dont il entend ne jamais se retirer, en utilisant le mur afin de matérialiser une future frontière hypothétique qui mordrait profondément dans le territoire palestinien, et en étendant les colonies juives qu’il a l’intention d’annexer à son territoire – une stratégie qui, si elle était poursuivie par les successeurs de Sharon, ne pourrait que conforter les comparaisons avec l’apartheid et alimenter de futurs appels à des sanctions à l’encontre d’Israël.
Les Israéliens sont sincèrement bluffés de constater qu’on puisse voir des similitudes entre leur société et l’Afrique du Sud de naguère.
Où sont-ils donc, demandent-ils, ces panneaux indicateurs "juifs" et "non-juifs" qui accompagneraient nécessairement leur soi-disant "apartheid non déclaré", comme on en voyait à Pretoria et à Johannesburg dans les bus, les toilettes publiques ségréguées et dans pratiquement tous les services publics ?
Il y a des différences sensibles, bien entendu. Ainsi, les Arabes israéliens ont le droit de vote, même s’il leur fut interdit de créer des partis politiques qui leur soient propres jusque dans les années 1980. Ils jouissent en gros de droits égaux, et actuellement les tribunaux israéliens protègent généralement leurs droits.
En Israël, les juifs représentent la majorité ; en Afrique du Sud, les Blancs étaient la minorité. Et Israël a consacré ses premières décennies d’existence à combattre pour sa propre survie.
Mais pour certaines des personnes qui ont un pied dans chacune des deux sociétés, les distinctions sont estompées par d’autres réalités. Certains juifs sud-africains et israéliens qui ont connu l’apartheid – dont des hommes politiques, des survivants de l’Holocauste et des gens déjà condamnés en tant que terroristes – disent que certains aspects de l’Israël d’aujourd’hui évoquent de manière fâcheuse l’Afrique du Sud de l’apartheid.
D’aucuns perçoivent des parallélismes dans une matrice de pratiques et de contrêles discriminatoires et dans ce qu’ils décrivent comme une avidité non dissimulée pour les terres confisquées par l’Etat israélien naissant aux Arabes chassés de chez eux, puis plus tard aux Palestiniens, afin de construire des colonies en expansion constante en Cisjordanie .
"L’apartheid n’était rien d’autre qu’une extension d’un projet colonial visant à déposséder, aussi, des gens de leurs terres", a ainsi expliqué un ancien ministre sud-africain d’origine juive, qui fut également autrefois un guérillero de l’ANC, Ronnie Kasrils, en visite à Jérusalem.
"C’est exactement la même chose qui s’est produite en Israël et dans les territoires occupés ; le recours à la force armée et à la loi, afin de voler la terre. Voilà ; c’est cela, que l’apartheid et Israël ont en commun…"
D’autres voient un point commun dans l’ampleur des souffrances, sinon dans leur cause. "Si nous prenons la gravité de l’injustice faite aux Palestiniens par l’Etat d’Israël, elle peut constituer une référence en vue d’une comparaison avec l’Afrique du Sud de l’apartheid", a déclaré un ancien ambassadeur d’Israël en Afrique du Sud, Alon Liel.
"Si nous prenons en considération la gravité des souffrances, alors nous jouons [nous = l’Afrique du Sud et Israël, ndt] dans la même catégorie. Bien sûr, l’apartheid correspondait à une philosophie très différente de la nêtre, laquelle découle, pour l’essentiel, de considérations sécuritaires. Mais, du point de vue du résultat, alors là , pas de doute : nous sommes dans la même ligue."
Peut-être la véritable question est-elle de savoir comment Israël a fini par se retrouver dans la même ligue que l’Afrique du Sud de l’apartheid : est-ce en singeant ses lois et ses stratégies politiques, ou bien est-ce en raison de la souffrance causée ?
Et comment se fait-il que le gouvernement d’un peuple qui a autant souffert de discriminations et de haine en soit venu à avaliser secrètement un régime dirigé par des hommes qui jadis se réunissaient dans les docks du port du Cap et chantaient sur l’air des lampions : "Renvoyez les juifs d’où ils viennent !"?
Un jeune Sud-Africain juif déchiré entre deux combats
En 1940, un jeune garçon juif, de langue afrikaner, Arthur Goldreich, habitait Pitersberg, la capitale brutalement intolérante du Nord Transvaal. Arthur avait onze ans, et l’Afrique du Sud était en guerre avec l’Allemagne.
Un matin, le proviseur de son lycée annonça que les élèves devraient apprendre une langue étrangère – l’allemand, comme par hasard. Les sous-entendus étaient très clairs : beaucoup d’Afrikaners, dont certains de leurs dirigeants politiques, espéraient – ils en étaient persuadés – qu’Hitler gagnerait la guerre.
Quand un professeur d’Arthur Goldreich distribua les "manuels" d’allemand, le jeune garçon juif se retrouva confronté à une revue des Jeunesses Hitlériennes.
Il se révolta et écrivit au Premier ministre, Jan Smuts, en lui disant qu’il refusait d’étudier l’allemand et en demandant d’avoir en lieu et place des leçons d’hébreu.
Arthur Goldreich obtint gain de cause, et c’est ainsi qu’il se retrouva aiguillé sur une voie qui eut pour conséquence de déchirer son existence entre deux combats : un premier combat contre la domination blanche en Afrique du Sud, et un deuxième combat pour la survie de l’Etat juif, en Israël.
En 1948, les deux mondes de Goldreich furent subitement intervertis, en l’espace de quelques jours : Israël proclama son indépendance, le 14 mai, soit quinze jours avant la victoire du parti Nationaliste aux élections sud-africaines et l’accession au pouvoir d’authentiques partisans d’Hitler.
Goldreich était déjà décidé à partir en Israël et d’y combattre afin de sauver ce pays naissant de l’étranglement.
"La raison pour laquelle je suis parti, c’était l’Holocauste et la lutte contre le colonialisme britannique. Mais, bien entendu, la victoire des Nats en Afrique du Sud, m’a fait perdre mes dernières hésitations…" raconte-t-il.
Goldreich est retourné en Afrique du Sud en 1954, pour s’y enrêler dans un autre combat. Après quelques années d’agit-prop, il devint un des premiers membres de l’aile militaire de l’African National Congress [ANC], l’organisation Umkhonto we Sizwe, dirigée par un certain… Nelson Mandela.
Goldreich n’était pas connu de la sécurité sud-africaine, il a donc pu s’installer, avec sa famille, comme exploitant de la ferme Lillieslief, à Rivonia, au nord de Johannesburg, et c’est dans cette ferme que la direction clandestine de l’ANC – strictement interdite, et pourchassée – se réunissait, dans le plus grand secret.
Dans sa biographie, Mandela explique qu’il s’est appuyé sur Goldreich, car il était l’un des rares, dans l’armée de guérilla naissante de l’ANC, à savoir combattre.
"Dans les années 1940, Arthur avait combattu au sein du Palmach, l’aile militaire du Mouvement National Juif en Palestine. Il était formé à la guérilla, et il m’a aidé à combler beaucoup des lacunes qui étaient les miennes dans ce domaine."
En juillet 1963, la police encercla la ferme, et elle arrêta quelques hommes recherchés, dont Walter Sisulu, le chef de l’ANC, et Goldreich. Cinq des dix-sept hommes arrêtés à la ferme de Rivonia étaient des Blancs : ils étaient – tous, sans exception – juifs.
Les hommes capturés, ainsi que Mandela (lequel était déjà en prison) furent accusés de sabotage et de complot en vue d’une révolution violente ; accusations passibles de la peine de mort.
Avant même son procès, Goldreich s’évada de la prison de Johannesburg et il échappa à une chasse à l’homme d’ampleur nationale [sa tête était mise à pris absolument partout], en parvenant à passer au Swaziland, déguisé en prêtre.
Goldreich vit aujourd’hui dans la ville tranquille et prospère d’Herzliya, sur la cête méditerranéenne d’Israël.
Fut un temps où il pensait que le jeune Etat juif donnerait le bon exemple à son pays natal.
Mais pour l’instant, Goldreich voit dans Israël un pays très proche du régime blanc contre lequel il a combattu, et au contraire, dans l’Afrique du Sud moderne et réconciliée un modèle à suivre…
"Les gouvernements israéliens successifs" dit-il, se sont avérés finalement plus intéressés par les territoires que par la paix, et entre temps, le sionisme a entièrement mal tourné.'
Goldreich parle du "bantoustanisme que nous constatons, qui se manifeste par une politique d’occupation et de séparation", dans le racisme "horrifiant" présent dans la société israélienne, jusqu’aux ministres qui prênent le déplacement forcé des Arabes et "la brutalité et l’inhumanité des conditions faites à la population des territoires palestiniens occupés."
"Ne trouvez-vous pas horrible que ce peuple et cet Etat, qui n’existent que parce que le fascisme et le nazisme ont été vaincus en Europe, tandis que six millions payaient de leur vie, durant ce conflit, pour la simple raison qu’ils étaient juifs, n’est-ce pas horrifiant qu’il y ait, ici, des gens qui peuvent tenir ce genre de propos et faire ce genre de choses ?" s’insurge-t-il.
Goldreich allait découvrir un peu plus tard la section d’architecture de l’Académie Belazel, à Jérusalem, un établissement prestigieux. C’est de là qu’il vit évoluer l’architecture et la planification urbaine comme des outils au service de l’expansion territoriale, après la guerre de 1967.
"J’observais les évolutions, à Jérusalem, avec horreur, beaucoup de doutes et une grande peur pour l’avenir. Il y avait ceux qui disaient que ce qui était en train de se passer relevait purement de l’architecture, et non de la politique. On ne peut pas parler de la planification urbaine comme d’une abstraction. Non, cela a un nom : cela s’appelle : créer des faits accomplis, sur le terrain", dit-il.
Au-delà de la Ligne verte
Il y avait, à l’époque de l’apartheid, toute une partie de Johannesburg que les habitants de cette ville n’avaient jamais vue.
Dans les années 1970, la quasi totalité de la population noire avait déjà été chassée de la capitale en vertu du Group Areas Act, qui définissait des zones d’habitations en fonction de l’ethnie.
La banlieue de Sophiatown, naguère un lieu vibrant de vie africaine, fut passée au bulldozer et remplacée par des alignements de mornes pavillons réservés aux seuls Blancs.
Mais plusieurs centaines de milliers de Noirs restaient, dans le township Alexandra, tout proche de la banlieue la plus chic de Johannesburg, Sandton.
Les accès à Alexandra étaient à voie unique.
Ses habitants le quittaient, chaque jour, pour aller travailler dans les mines ou faire le ménage dans les magasins ou les appartements de Sandton.
Les Blancs, quant à eux, s’aventuraient rarement à quelques mètres de l’avenue Louis Botha, où commençaient les venelles surpeuplées, souvent misérables et en terre battue d’un township Alexandra dépourvu de tout réseau d’eau potable digne de ce nom, d’écoles acceptables et de ramassage des ordures.
Le contraste entre Jérusalem Ouest et Jérusalem Est n’est pas aussi choquant, mais les disparités entre les quartiers juifs et les quartiers arabes sont soulignées par des attitudes, des politiques et des lois similaires à celles qui prévalaient à l’encontre de la population noire de Johannesburg.
La plupart des juifs de Jérusalem ne traversent jamais la "Ligne verte" - c’est-à -dire la frontière internationale qui divisait la ville jusqu’en 1967 – et la plupart des rares à la traverser ne vont pas plus loin que le Mur des Lamentations, pour y prier.
Si plus d’Israéliens voulaient bien se donner la peine de s’aventurer plus profondément dans la ville dont ils affirment [paradoxalement] qu’elle est leur capitale indivisible ( !), ils découvriraient un monde différent du leur ; un monde où les rues sont défoncées, où les ordures ne sont pas ramassées et où des quartiers palestiniens entiers ne sont pas reliés au réseau d’égouts…
D’après B’Tselem, une association israélienne de défense des droits de l’Homme, la population juive de Jérusalem, qui représente environ 70 % des 700 000 habitants de la ville, ont à leur disposition 1 000 parcs publics, 36 piscines publiques et 26 bibliothèques.
Les 260 000 Arabes (estimation) qui vivent dans la partie orientale de Jérusalem disposent quant à eux de 45 parcs publics seulement, d’aucune piscine, et de deux bibliothèques.
"Depuis l’annexion de Jérusalem, la municipalité n’a construit pratiquement aucune école, ni aucun dispensaire médical pour les Palestiniens", indique un rapport de B’Tselem. "La part léonine des investissement a été consacrée uniquement aux quartiers juifs de la ville."
Prenons l’exemple des bureaux du ministère de l’Intérieur, de chaque cêté de la ligne de démarcation.
A l’Ouest, les résidents juifs n’attendent que peu de temps, dans une salle d’attente climatisée.
A l’Est, les Palestiniens commencent à faire la queue à minuit, ou alors ils paient quelqu’un d’autre pour faire la queue à leur place afin d’avoir une chance d’être servis.
Après le lever du soleil, ils attendent des heures durant, devant un portail grillagé de fer, dans la rue, pour obtenir des papiers d’identité, enregistrer la naissance d’un enfant ou le décès d’un proche.
A Johannesburg, les Blancs et les Noirs étaient orientés vers des entrées séparées du ministère de l’Intérieur et on satisfaisait leurs demandes – ou non – en fonction de leur couleur de peau.
Légions sont les villes, dans d’autres régions du monde, où les ressortissants de certaines minorités sont relégués dans des quartiers déshérités et non subventionnés, et traités comme des intrus indésirables.
Là où la capitale autoproclamée d’Israël se distingue, c’est dans des politiques spécifiquement conçues afin de maintenir la situation existante, à l’instar de la Johannesburg du temps de l’apartheid.
A Jérusalem et dans le reste des territoires occupés, les Palestiniens sont confrontés à une myriade de lois et de pratiques discriminatoires, allant des confiscations de terres jusqu’aux démolitions de maisons et aux restrictions de déplacement de facto.
"Les similarités entre la situation des Hiérosolomitains de l’Est et celle des Noirs sud-africains est très grande, en termes de respect des droits de résidence", dit John Dugard, un professeur de droit international considéré très largement comme le père du droit humanitaire sud-africain et aujourd’hui responsable des observateurs des droits de l’homme de l’Onu dans les territoires palestiniens occupés.
"En Afrique, nous avions l’ancien Group Areas Act.
Jérusalem Est a une classification territoriale qui a le même genre de conséquences que la classification raciale en Afrique du Sud, quant aux questions de savoir qui vous pouvez épouser, où vous pouvez habiter, quelle école ou quel hêpital vous êtes autorisé Ã fréquenter ?..."
Les Palestiniens résidant à Jérusalem Est – où souvent ils ont vu le jour – ne sont pas considérés comme des citoyens, mais comme des immigrés, dotés d’un statut de "résidents permanents", dont beaucoup d’entre eux ont constaté qu’il était tout, sauf permanent.
Dans l’Afrique du Sud de jadis, une grande partie des Noirs étaient traités non pas en citoyens de leurs villes et townships de naissance, mais en "citoyens" d’un homeland extrêmement lointain où beaucoup d’entre eux n’avaient jamais mis les pieds.
"Israël traite les résidents de Jérusalem Est comme des immigrés, autorisés à vivre dans leurs maisons par l’immense bonté des autorités, mais non en droit", dénonce B’Tselem.
"Les autorités maintiennent cette politique, bien que ces Palestiniens soient nés à Jérusalem, qu’ils y aient toujours vécu et qu’ils n’aient d’autre logement. Traiter ces Palestiniens en étrangers venus en Israël est d’autant plus paradoxal que – sauf erreur – c’est bien Israël qui est entré, CHEZ EUX, à Jérusalem (par effraction) en 1967 !"
Israël affirme avoir offert la citoyenneté à tous les natifs de Jérusalem, mais que rares sont les Palestiniens à l’avoir acceptée, car l’avoir fait aurait impliqué, de leur point de vue, la reconnaissance de la souveraineté israélienne sur l’ensemble de la ville.
Le gouvernement israélien dit qu’en choisissant de ne pas devenir des citoyens d’Israël, les Arabes de Jérusalem se sont eux-mêmes assujettis à des restrictions de leurs droits.
Après que la totalité de Jérusalem soit tombée sous la férule israélienne, l’Etat juif a annexé environ 70 km2 de territoire palestinien, qu’il a incorporés à l’intérieur des nouvelles limites municipales – en confisquant parfois des terres à des villages, tel celui de Sa’îd Khâtib, mais en en laissant la population et les maisons en-dehors de la zone urbaine.
Israël, ceci étant fait, a adopté des lois qui permettent au gouvernement de confisquer des propriétés à grande échelle, dans un unique but : transférer des terres et des maisons des Arabes aux juifs.
Des lois faites pour diviser
"Les politiques de planification et d’urbanisme, que les villes considèrent normalement comme de simples instruments pacifiques de gestion, ont été utilisées en guise d’arme puissante et unilatérale, afin de soumettre et de contrêler la population noire à Johannesburg, et elles le sont encore aujourd’hui, aux mêmes fins, contre les Palestiniens de Jérusalem", dit Scott Bollens, un professeur de planification urbaine à l’université de Californie, qui a étudié des villes coupées en deux, dans diverses parties du monde, dont Belfast, Berlin, Nicosie et Mostar.
"En Afrique du Sud, il y avait une législation "par zones ethniques", et venaient après les destinations des terres par utilisation et les outils de planification et de zonage, qui étaient utilisés pour renforcer et étayer ces zones ethniques.
En Israël, on utilise tout un ensemble d’instruments similaires. C’est un procédé particulièrement retors, en ceci que la planification urbaine est, le plus généralement, considérée comme indépendante de la politique.
A Jérusalem, c’est fondamental pour leur projet de contrêle, et les planificateurs et politiciens israéliens le savent très bien et, ce, depuis le début (juin 1967). Ils ont été très explicites, quant à leur volonté de faire dépendre leurs instruments de planification de leur projet politique."
Au cÅ“ur de la stratégie israélienne, il y a une politique, adoptée voici trente ans, consistant à "maintenir l’équilibre démographique" à Jérusalem.
En 1972, le nombre de juifs, dans la partie ouest de la ville, dépassait celui des Arabes dans la partie orientale, dans un rapport d’environ 3 contre 1.
Le gouvernement a décidé alors que cette équation ne devrait plus jamais changer, à aucun prix. En tous les cas, pas en faveur des Arabes…
"Le mantra, tout au long des trente-sept années passées, a été de ‘maintenir l’équilibre démographique’, ce qui ne signifie pas forcer les Palestiniens à partir", dit Daniel Seidemann, un juriste israélien juif qui a passé des années à défendre des résidents arabes de Jérusalem devant les tribunaux.
"Non, cela signifie qu’il faut réduire à néant leur capacité à se développer en limitant la construction aux zones déjà urbanisées, en empêchant très largement tout développement dans des zones non-encore urbanisées et en confisquant jusqu’à 35 % des propriétés palestiniennes dans le grand Est Jérusalem, tout en ayant une politique gouvernementale de très forte incitation à construire dans cette zone, à destination des juifs…"
La décision politique d’exercer une discrimination à l’encontre des Arabes est un secret de Polichinelle, mais elle est rarement dénoncée.
Les auteurs d’un ouvrage sur Jérusalem publié en 1992 – Jerusalem, Separate and Unequal – ont mis cette politique à nu.
Ils ont dit (précisons que deux d’entre eux étaient des conseillers du maire de la ville) que la politique israélienne, dès 1967, a été poursuivie "sans remords", en vue de quatre objectifs : augmenter la population juive dans la partie orientale – majoritairement peuplée d’Arabes – de la ville ; empêcher la croissance des quartiers arabes ; inciter les Arabes à partir et réséquer des zones arabes derrière des colonies juives.
En 1992, l’adjoint au maire de Jérusalem, Avraham Kahila, a déclaré au conseil municipal : "Le principe qui me guide, ainsi que M. le Maire, consiste en ce que, dans les quartiers arabes, la municipalité n’a ni intérêt ni un quelconque motif à entreprendre un quelconque processus de planification urbaine. Ainsi, nous encourageons la construction de quartiers juifs dans les zones vides, qui ont été expropriées par l’Etat d’Israël. Mais aussi longtemps que la politique de l’Etat d’Israël n’est pas impliquée dans les caractéristiques (ethniques) des quartiers arabes existants, il n’est nul besoin de plans et de projets pour ces quartiers."
Teddy Kollek, le maire, à l’époque, s’identifiait tellement à la ville qu’il était connu sous le sobriquet de "M. Jérusalem". Parlant, en 1972, de Jérusalem Est, son conseiller en affaires arabes, Ya’akov Palmon, déclara au quotidien britannique The Guardian : "D’abord, nous prenons la terre. La loi ne vient qu’ensuite…"
Lors d’un conseil municipal vingt ans plus tard, Kollek fut contré par un conseiller isolé, outragé par la discrimination évidente imposée au développement urbain arabe.
D’après un article publié à l’époque dans la presse israélienne, Kollek a répondu que le conseil municipal adhérait à une politique "suivie par tous les gouvernements, depuis 1967", consistant à restreindre la croissance des quartiers palestiniens.
Mais à l’époque, cette discrimination était tellement chose admise que la déclaration de Kollek ne suscita pratiquement aucune attention, pour ne pas parler de critiques.
Sur les 70 km2 de terres arabes annexées, autour de Jérusalem, l’Etat israélien en a exproprié plus d’un tiers afin d’y construire des logements pour les juifs, sans construire une seule maison à usage des Palestiniens sur les terres confisquées.
La population juive de Jérusalem Est s’était enfuie ou avait été chassée, en 1948. Un retour graduel, après 1967, finit par se transformer en un véritable flot, tandis que les colonies grignotaient la partie orientale de la ville.
Aujourd’hui, la population des colonies juives, à l’intérieur et à proximité de Jérusalem Est, s’est accrue jusqu’à atteindre à peu près les deux tiers de celle des quartiers arabes.
"Des maisons, on en a bâties, pour les Israéliens ; mais la plupart des terres appartenant à des Palestiniens leur ont été confisquées", dit Seidemann.
"C’était l’instrument grâce auquel Israël a été en mesure de consolider son emprise sur Jérusalem Est. Ceci se fondait sur la loi d’expropriation à des fins publiques, mais le public en question, qui prenait cette loi de plein fouet, était exclusivement composé de Palestiniens. Quant au public qui bénéficiait des préemptions, c’était dans tous les cas des Israéliens…"
Une méthode pour empêcher les Arabes de construire à l’est de la ville consiste depuis longtemps à déclarer de nombreux terrains vagues "zones vertes".
Ce sont des zones non-constructibles.
Bollens dit que près de 40 % de Jérusalem Est est ainsi classifiée en "zone verte", mais qu’il s’agit là en réalité d’un mécanisme visant au transfert foncier.
"Le gouvernement re-qualifie ces terrains en «zones vertes» afin d’empêcher les Palestiniens d’y construire des maisons, et dès qu’il veut développer un de ces quartiers en faveur des seuls juifs (bien entendu), il déqualifie ce zonage et, comme par enchantement, les parcelles concernées deviennent constructibles, du jour au lendemain…"
Le maire de Jérusalem Uri Lupolianski – qui présida au comité de planification et de zonage, dans les années 1990 – a refusé d’être interviewé personnellement sur ces questions, mais il a répondu à des questions par écrit.
"Nous devons maintenir un équilibre raisonnable entre les zones résidentielles et les zones vertes correspondant à des terrains vagues. Nous avons défini des zones vertes dans toutes les parties de Jérusalem, et pas seulement dans la partie Est", a-t-il ainsi écrit.
"Nous interdisons toute construction dans les zones vertes, dans l’ensemble de la ville, et nous avons l’intention de persister dans cette politique. Nous sommes convaincus que le développement de parcs et de zones vertes à Jérusalem Est améliorera la qualité de la vie, pour les gens qui y habitent."
Au cours des années 1990, ce sont douze fois plus de nouveaux appartements qui ont été construits légalement dans les quartiers juifs que dans les quartiers arabes.
Le refus de délivrer des permis de construire de nouvelles maisons ou d’agrandir des maisons existantes leur ayant été opposé, des Palestiniens ont construit, sans en tenir compte : ils encourent une injonction de démolir.
L’ancien Premier ministre israélien Binyamin Netanyahu défend régulièrement ces démolitions de maisons en arguant que toute société civilisée impose des règlements d’urbanisme.
Mais Israël est le seul pays "occidental" à refuser des permis de construire sur des bases ethniques. Jusqu’en 1992, le seul pays à lui tenir compagnie, en la matière, était… l’Afrique du Sud.
Confiscations de terres
La loi israélienne délimite aussi les endroits où les non-juifs peuvent habiter. "Les Musulmans et les Chrétiens sont dissuadés de construire dans le quartier juif de la Vieille Ville, au motif qu’"historiquement, chaque communauté avait ses propres lieux de vie", dit Seidemann, dans une citation qui évoque le souvenir pénible de la philosophie de l’apartheid.
"Mais cela n’a pas empêché le gouvernement israélien de poursuivre de manière extrêmement agressive des activités d’implantation de juifs dans le quartier musulman. Leur attitude est la suivante : Ce qui est à moi n’est strictement qu’à moi, mais ce qui est à vous peut m’appartenir, à moi aussi, si j’ai des visées dessus…"
Ladite loi israélienne autorise des confiscations à grande échelle de propriétés à l’intérieur d’Israël, ou de Jérusalem, appartenant à des Palestiniens résidant dans des zones définies comme "territoire ennemi", ce qui inclut la Cisjordanie , occupée par la Jordanie (mais) avant que ce pays ne soit vaincu par Israël, en 1967.
"Tout Palestinien qui se trouvait en un lieu quelconque en «territoire ennemi» après 1967, perd sa propriété", explique Seidemann.
"Mais le territoire ennemi, cela inclut, y compris, la Cisjordanie ! C’est là une situation absolument inouïe ! Toute propriété qui aurait jamais été "abandonnée" par un Palestinien devient terre de l’Etat, et elle est alors "dévolue au peuple juif". Toute propriété qui aurait, dans un passé fût-il lointain, appartenu à un juif est, en revanche, "rachetée pour le peuple juif", et "confiée aux colons" !…
"Je n’aime pas l’expression d’'épuration ethnique', dans ce contexte", dit-il, "en raison de ses connotations de viol et de pillage, ce qui n’est pas vérifié ici. Mais il y a eu – et il y a encore – un effort actif du gouvernement (israélien) consistant à utiliser des procédures aboutissant à débarrasser de leurs résidents palestiniens des quartiers entiers et d’en faire des zones exclusivement ou très majoritairement habitées par des juifs. Et je dois dire, à mon grand regret, que ces efforts ont eu un succès certain."
La loi ne fonctionne pas, dans le sens contraire : les juifs qui vont s’installer dans les colonies de Cisjordanie ne perdent en aucun cas les propriétés qu’ils détiennent à Tel Aviv…
L’an dernier, le gouvernement Sharon a tranquillement confisqué des milliers d’hectares de terres appartenant à des Palestiniens, dans l’aire du grand Jérusalem, sans aucune compensation, après la décision prise secrètement par son Cabinet de recourir à une loi datant de cinquante-cinq ans sur les propriétés abandonnées à l’encontre d’Arabes séparés de leurs oliveraies et de leurs fermes par la muraille édifiée par Israël en Cisjordanie .
Des gouvernements précédents avaient décidé de ne pas appliquer cette loi à Jérusalem Est, et l’administration Sharon elle-même se sentait quand même gênée : c’est pourquoi elle prit sa décision secrètement, avant de devoir abandonner cette politique, face au tollé international qu’elle suscita après avoir été ébruitée. Les Palestiniens qualifient ces confiscations de "vol légalisé".
"Ce qui est remarquable, en ce qui concerne tant Jérusalem que Johannesburg, c’est qu’il s’est agi et qu’il s’agit encore d’un recours sur le long terme de la planification urbaine à des fins politiques", explique Scott Bollens.
"Une différence, avec l’Afrique du Sud, toutefois : les caractérisations et le discours racistes étaient patents ; ils s’intégraient parfaitement au discours politique de l’apartheid sud-africain. Mais, en dépit de cette différence dans le style, les résultats sont tout à fait similaires, et le paysage urbain qu’Israël a créé dans la région de Jérusalem est tout aussi inique et oppresseur pour les Palestiniens que la planification par "zones ethniques" l’était pour la population noire, en Afrique du Sud soumise à l’apartheid."
En 2004, le conseil municipal de Jérusalem a approuvé le premier plan masse rénové de la ville, depuis 1959. Ce plan reconnaît certaines injustices et problèmes à Jérusalem Est ; il prévoit plus de constructions de logements dans certains quartiers arabes et critique la colonisation juive dans l’est de la ville.
Mais des critiques s’élèvent, disant que, fondamentalement, il comporte toujours la même obsession de la démographie et ce qu’il décrit lui même comme son "souci de maintenir une indéniable majorité juive dans la Ville".
Un ex-conseiller municipal de Jérusalem, Meir Margalit, dit que le processus était biaisé dès le départ, parce que le comité de pilotage, composé de trente et un membres, qui mit sur pied ce plan d’urbanisme, ne comptait qu’un seul Arabe.
"C’est caractéristique, absolument partout, de régimes coloniaux qui croient que les "indigènes" ne sont dignes ni d’une représentation convenable, ni d’être les maîtres de leur propre destin. L’équipe des planificateurs, à l’évidence, part du présupposé qu’en tous les cas, on a affaire à une ville juive, et que, partant, il n’y a aucune raison d’aller demander l’avis de quiconque n’appartiendrait pas au peuple juif !" s’insurge-t-il.
"Un racisme en demi-teintes"
"Force est bien d’en retirer l’impression que, derrière le document, il y a une tentative de restreindre la croissance naturelle de la population arabe dans l’Est de la ville. Avec son expérience historique, l’équipe des planificateurs comprend tout de même que cet objectif ne saurait certes être atteint en massacrant tous les premiers-nés… Mais le plan subsume qu’en restreignant l’espace vitale imparti aux Arabes, ils seront contraints à quitter la ville et à aller s’installer dans des faubourgs éloignés, où ils pourront construire, cela va de soi, sans restriction…"
Margalit explique que les mesures retenues pour obtenir l’objectif souhaité, y compris les restrictions aux déplacements des Palestiniens à l’intérieur de Jérusalem et l’impossibilité pour les femmes qui épousent des hommes habitant dans l’est de la ville d’aller s’y installer, relèvent d’une forme de "racisme en demi-teintes".
"C’est là , de fait, la force de ce racisme municipal : il n’est ni brutal ni très visible ; il préfère se couvrir sous des formulations en apparence neutres. Ainsi, il est toujours soigneusement dissimulé derrière une phraséologie d’orientation consensuelle, derrière une épaisse couche de discours libéral cosmétique", poursuit-il.
"C’est ainsi qu’une expression unique, qui n’existe pas dans la littérature spécialisée, est apparue dans notre pays : celle de "racisme gris", de racisme "en demi-teintes".
Ce n’est pas là une forme de racisme découlant de la haine de l’"autre", mais un "racisme d’élite" enraciné dans une idéologie sioniste qui se targue d’être démocratique, mais qui, en accordant dans tous les domaines la priorité aux intérêts juifs, lèse inévitablement les droits des non-juifs.
Quand il n’y a pas d’égalité, il y a discrimination, et quand toutes les victimes de ces discriminations appartiennent toutes à la même nationalité, le doute n’est plus permis : il faut un chat un chat, il s’agit d’une "discrimination nationale", qui appartient à la même famille que l’infâme discrimination raciale."
Au fil des années, depuis l’occupation, en 1967, les résidents palestiniens de Jérusalem ont facilité la tâche aux Israéliens en refusant de participer aux élections municipales, au motif que cela aurait équivalu à la reconnaissance de la revendication par Israël de sa souveraineté sur la totalité de la ville.
Uri Lupoliansky, le maire, dit que maintenir l’équilibre démographique n’est plus aussi crucial, depuis le nouveau projet d’urbanisme, mais il reconnaît que les quartiers arabes sont défavorisés.
"A Jérusalem Est, la situation laisse beaucoup à désirer. Toutefois, ces deux dernières années, nous avons pris des mesures importantes pour l’améliorer et séparer les besoins des résidents des considérations politiques", a-t-il écrit.
"Une nouvelle station centrale d’autobus a été inaugurée, ainsi que la plus importante école arabe en Israël. J’ai décidé d’un nouveau plan de reconstruction des routes, dans ces quartiers-là . Le plus grand centre culturel arabe d’Israël doit, également, y être implanté."
"Dans le nouveau plan général d’urbanisme, nous avons réservé une grande zone, à Jérusalem Est, pour que des résidents arabes puissent y construire leur maison. Il y a plus de dix plans de construction, lancés par la municipalité, en cours de réalisation à Jérusalem Est."
"Il n’y a aucune comparaison à établir avec l’Afrique du Sud. Nous ne procédons à aucune séparation entre les juifs et les Arabes sur une base ethnique.
En revanche, nous reconnaissons le fait que différentes zones de la ville sont peuplées de groupes ethniques différents, et nous satisfaisons aux besoins de tous ces groupes. Nous maintenons hermétiquement séparées de toute considération politique les lois concernant la construction et le zonage."
D’après les chiffres les plus récents fournis par la municipalité, le conseil a émis 1 695 permis de construire dans la ville, en 2004.
Sur ce total, 116 ont été décernés à des Arabes de Jérusalem Est, dont 46 permis de construire des maisons neuves. Le reste concernait des agrandissements de logements existants.
En 2004, 212,789 m2 ont été bâtis dans la totalité de Jérusalem, dont 7% dans des quartiers arabes.
Voici quelques mois, le ministre chargé de Jérusalem, Haim Ramon, a dit de la muraille de huit mètres de hauteur qui déchire les quartiers arabes – muraille que le gouvernement persiste à présenter comme ayant des finalités purement sécuritaires, sans aucune intention politique… – qu’elle "présentait l’avantage non négligeable supplémentaire de rendre la ville 'plus juive'"…
Un simulacre d’égalité
Le million et quelques de citoyens arabes d’Israël sont mieux lotis. Ils peuvent voter – preuve immédiatement objectée par beaucoup de gens que l’analogie avec l’apartheid a le don d’ulcérer qu’Israël, ce n’est pas l’Afrique du Sud – tout au moins, à l’intérieur des frontières reconnues d’Israël.
Mais l’Etat juif considère depuis toujours sa population arabe demeurée sur son territoire avec suspicion et hostilité, et voit même en elle l’ennemi de l’intérieur, sur fond des guerres menées par le pays pour sa survie, contre des voisins (arabes) hostiles et en concurrence acharnée avec lui-même, pour les terres.
Jusqu’en 1966, les Arabes israéliens ont dû vivre sous "administration militaire", légalisant les détentions sans procès et les soumettant à des couvre-feux, à des restrictions en matière d’emploi et de lieu de résidence, et exigeant d’eux des laisser passer s’ils voulaient se déplacer à l’intérieur même du pays.
Les gouvernements israéliens successifs ont alloué 93 % des terres – souvent prises à des Arabes expropriés sans aucune compensation – aux juifs, par l’intermédiaire de la réquisition par l’Etat, du Fonds national juif et de l’Autorité des terres israélienne.
Dans l’Afrique du Sud coloniale et ségrégationniste de l’époque, 87 % des terres étaient réservées aux seuls Blancs.
Le Population Registration Act a catégorisé la population sud-africaine en fonction d’un éventail de définitions raciales qui, entre autres choses, déterminait qui serait autorisé à vivre dans les réserves.
Le Population Registry Act d’Israël vise le même objectif, en faisant une distinction entre nationalité et citoyenneté.
Les Arabes et les juifs peuvent être citoyens, les uns comme les autres, mais à chacun est assigné une "nationalité" séparée, qui figure sur les cartes d’identité (ou qui est, pour les documents d’identité les plus récents, incluse dans un numéro de code), et qui détermine, dans les faits, où ils sont autorisés à habiter, à quels programmes d’assistance sociale ils sont éligibles, ou non, et aussi, s’ils ont une chance d’être renseignés par des fonctionnaires civils, ou bien par des policiers !
Demandez aux Israéliens pourquoi il est nécessaire d’identifier un citoyen en tant que juif ou qu’Arabe sur sa carte d’identité : votre question sera généralement reçue dans l’incrédulité.
On vous rétorquera : "Mais comment Israël pourrait-il être un Etat juif sans qu’on sache qui est juif ?"
Cette justification fait souvent suite à l’affirmation qu’en Israël, tous les citoyens sont égaux entre eux et que, par conséquent, cette mention est sans conséquence dommageable. Mais les Arabes israéliens vous donneront une autre version…
Génération après génération, les écoliers israéliens ont été imbibés de l’idée que les Arabes n’appartiendraient pas à la terre d’Israël, qu’ils étaient là , d’une certaine manière, seulement en transit…
Dans les années 1980, l’armée était tellement préoccupée par les expressions de racisme et de haine anti-arabe ouverte dans ses rangs, une haine parfois resituée dans le contexte de l’Holocauste, qu’elle a estimé séant de "réaffirmer les "valeurs morales"".
En 1965, le gouvernement a déclaré "non-résidentielles" des terres sur lesquelles des villages arabes existaient depuis des siècles. Ces villages "non-reconnus" existent toujours ; on leur dénie tous les services de base, et ils sont en butte à des démolitions et à des confiscations de terres, qui peuvent survenir à tout instant.
Le rapport annuel du Département d’Etat consacré aux droits de l’homme - qui n’est pas, au demeurant, un document réputé pour sa sévérité envers Israël… - a conclu qu’il existe "une discrimination légale et sociétale institutionnalisée à l’encontre des citoyens chrétiens, musulmans et druzes, en Israël".
"Le gouvernement israélien", dit ce rapport, "ne fournit pas aux Arabes israéliens, qui représentent 20 % de la population israélienne, la même qualité d’éducation, de logement, d’emploi et de services sociaux qu’aux juifs."
Inégalité dans l’éducation
Sur le budget 2002, le ministère israélien du Logement a dépensé environ 14 Livres par personne dans les communes arabes, à comparer à 1 500 Livres par personnes dans les localités juives.
La même année, le ministère de la Santé a alloué seulement 1,6 million de shekels (200 000 Livres) pour les Arabes, contre 277 millions de shekel (35 millions de Livres), budget total consacré au développement des centres de soin.
Cinq pour cent des fonctionnaires, seulement, sont arabes, et une grande proportion d’entre eux ne sont employés que parce qu’ils ont à renseigner d’autres Arabes.
Les ministères des Affaires étrangères et des Finances emploient moins d’une douzaine d’Arabes israéliens, pris ensemble, alors que leurs effectifs totaux dépassent les 1 700 juifs.
Jusqu’à récemment, la Banque d’Israël et la compagnie israélienne d’électricité (d’Etat) n’avait pas un seul employé arabe…
Dan Meridor, ancien ministre de plusieurs gouvernements, qui fut un temps le rival d’Ariel Sharon à la direction du Likoud, rejette la responsabilité de la sous-représentation des Arabes dans la fonction publique sur les facteurs sociaux et des années de conflit ; il ne s’agirait donc pas d’une discrimination intentionnelle.
"Je ne dispose pas des chiffres ; je pense que, d’une manière générale, c’est sans doute vrai… Mais il faut vérifier si cela n’est pas lié au niveau de formation… Par exemple, les employés du service public étant généralement plus formés que la population générale, et la population arabe étant moins instruite en général que la moyenne de la population, cela pourrait expliquer certaines de ces disparités"… explique-t-il péniblement…
"Certains emplois sont sans doute moins accessibles. Pas officiellement, mais dans les faits. Prenez le nombre d’employés, disons, par exemple, à la compagnie d’électricité, qui sont arabes, et qui est beaucoup plus faible que la proportion des Arabes dans le pays. Il y a une raison historique à cet état de fait.
Les juifs combattant les Arabes et les Arabes combattant les juifs, cela ne s’est pas fait seulement avec des armes : il y avait deux communautés se battant pour l’hégémonie et le pouvoir, au sens le plus large de ce terme [c’est-à -dire, y compris au sens de 'power' = 'énergie', ndt]. C’est ça, l’ethos des juifs par opposition aux Arabes, dans la compagnie d’électricité, sur le terrain, sur le marché du travail, dans le bâtiment…
De manière générale, il y a eu une amélioration ; mais il y a encore, je pense, dans certaines régions, énormément à faire. Non pas sur le plan juridique – de par la loi, tous les citoyens sont égaux – mais sur le plan des opportunités [offertes à chacun]."
Les Arabes israéliens qui ne trouvent pas d’emploi dans la fonction publique, parce qu’ils n’ont pas le niveau requis, disent que c’est à cause de la politique gouvernementale.
Israël maintient des écoles séparées pour les Arabes et pour les juifs sur des bases linguistiques, mais beaucoup de parents arabes israéliens disent qu’il s’agit en réalité de couvrir la discrimination systématique qui est exercée envers leurs enfants.
Des systèmes d’éducation séparés et inégaux entre eux étaient une pièce maîtresse de la stratégie du régime d’apartheid afin de cantonner les enfants noirs dans une existence passée dans les mines, les usines et les champs.
Les disparités constatées dans le système éducatif israélien ne sont pas aussi importantes, ni l’intention si maligne, mais le fossé est grand.
Le ministère israélien de l’Education ne rend pas public le budget qu’il consacre à chacun des deux systèmes, mais voici quatorze ans, un rapport gouvernemental concluait que chaque élève juif percevait près du double du budget consacré à chaque élève arabe.
Un rapport de l’organisation Human Rights Watch [Observatoire des Droits de l’Homme] publié voici deux ans disait que la situation n’avait pas changé de manière significative, que demeuraient "d’énormes disparités dans les dépenses d’enseignement" et que "la discrimination envers les enfants arabes était sensible dans tous les aspects" du système éducatif israélien.
Le pourcentage de réussite aux examens des élèves arabes est inférieur d’un tiers à celui de leurs compatriotes juifs.
En 2004, la menace – d’inscrire leurs enfants dans des écoles hébraïques (juives) – brandie par des parents Arabes israéliens, à Haïfa, a tellement choqué les parents d’élèves juifs que les autorités se sont empressées de prendre des mesures afin d’améliorer les écoles arabes dans cette ville.
La suspicion dans laquelle l’Etat maintient ses citoyens arabes a été illustrée par la révélation récente du fait que le Shin Bet (service de sécurité) place des enseignants juifs dans les écoles arabes (où l’enseignement se fait en arabe) afin d’y surveiller les activités de leurs collègues. Un responsable du Shin Bet appartient d’ailleurs au comité de nomination des enseignants…
Le ministère israélien de l’Education a décliné mes demandes d’interview. Approché individuellement, un homme politique qui eut des responsabilités dans le domaine de l’éducation et qui a reconnu l’existence d’une discrimination, qu’il a condamnée, a décliné lui aussi d’être interviewé, au motif qu’il ne désirait pas critiquer son ancien ministère.
Sollicité pour une interview lui permettant de répondre à des allégations spécifiques de discrimination dans la fonction publique, l’éducation et le logement, le gouvernement israélien a chargé le vice directeur général du ministère de l’Information, Gideon Meir, de nous répondre.
Il a concédé qu’il y a pu y avoir, par le passé, une di
Source : The Guardian
Traduction : Marcel Charbonnier*
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