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Israël - 30 juillet 2009
Par PACBI
En mai 2009, la Campagne Palestinienne pour le Boycott Universitaire et Culturel d’Israël (PACBI) a demandé au chanteur/poète Léonard Cohen de tenir compte de l’appel palestinien au boycott culturel d’Israël et de refuser toute complicité avec les violations du droit international par cet Etat en annulant son concert prévu en septembre en Israël, en particulier au vu des crimes de guerre d’Israël à Gaza au début de cette année.
Selon un article du 28 juillet paru dans le Jerusalem Post, Amnesty International USA a accepté de coopérer avec Cohen, une sorte de « retour aux affaires comme d’habitude ». Amnesty International USA servira de sponsor à un nouveau fonds qui blanchira l’argent levé au concert de Cohen en Israël en s’en servant pour financer des programmes pour « la paix ».
En tant qu’une des partisans les plus puissants au monde pour les droits de l’homme et le droit international, vous allez ainsi contrecarrer les efforts non violents et efficaces de la société civile palestinienne et internationale pour mettre un terme aux violations israéliennes du droit international et des principes des droits de l’homme.
Nous vous appelons à être cohérents avec vos valeurs et à retirer immédiatement votre soutien au concert inique de Léonard Cohen en Israël.
L’article du Jerusalem Post indique que Cohen et son staff, ayant été très critiqués pour leur tentative de normaliser l’occupation et l’apartheid d’Israël, essaient de blanchir le concert en Israël en se servant de la notoriété d’Amnesty International USA.
Selon l’article, « tous les bénéfices nets du concert de Léonard Cohen au Stade Ramat Gan le 24 septembre seront affectés à un fonds qui vient d’être créé au bénéfice d’organisations israéliennes et palestiniennes qui travaillent pour la réconciliation, » et les fonds seront « sponsorisés par Amnesty. »
Curt Goering, le directeur général adjoint d’Amnesty International USA, a dit au Post : « Nous voyons là une formidable occasion de reconnaître, de soutenir et de rendre hommage aux Israéliens et aux Palestiniens qui travaillent pour la paix et les droits de l’homme dans un environnement difficile et des désaccords insurmontables. Notre participation est complémentaire à ce que nous faisons, même si cette initiative diverge du travail habituel d’Amnesty. »
POURQUOI NOUS DEMANDONS A AMNESTY DE SE RETIRER DU PROJET
En soutenant le concert de Cohen en Israël, Amnesty International sape activement le travail particulièrement fructueux de la société civile palestinienne et internationale pour mettre fin à l’occupation et aux autres violations du droit international et des principes des droits de l’homme par Israël. Nous estimons que cette position d’Amnesty est particulièrement frustrante et bizarre, étant donné votre appel à un embargo des armes contre Israël suite à ses atrocités à Gaza au début de cette année, que votre organisation a décrites comme constituant des crimes de guerre.
Accepter des fonds provenant du concert de Cohen en Israël équivaut à Amnesty acceptant des fonds d’un concert à Sun City en Afrique du Sud apartheid. Des bénéfices obtenus par la violation des droits de l’homme et du droit international sont entachés et ne devraient être acceptés par aucune organisation pour les droits de l’homme moralement cohérente, en particulier lorsque cet argent va servir à blanchir les violations même qui sous-tendent ces profits.
De plus, vos partenaires israéliens dans cette entreprise entravent activement tout effort pour parvenir à une paix juste. Le Centre Peres pour la Paix, avec son budget annuel de plusieurs millions de dollars et un immeuble de quinze millions de dollars, est listé de manière incongrue par le Jerusalem Post tant comme bénéficiaire du fonds que comme membre du Conseil d’Administration du nouveau fonds. Le Centre Peres pour la Paix a été dénoncé par les principales organisations de la société civile palestinienne pour avoir fait la promotion de projets conjoints palestino-israéliens qui ne sont « ni efficaces pour apporter la réconciliation, ni souhaités » et qui mettent en valeur « la réputation et la légitimité institutionnelle israéliennes, sans rendre justice aux Palestiniens, face aux violations continues du gouvernement israélien du droit international et des droits de l’homme palestiniens fondamentaux, y compris des violations des Conventions de Genève. » Un éditorialiste du Ha’aretz Daily israélien a qualifié le Centre Peres de paternaliste et colonial, expliquant que « il s’efforçait de pousser la population palestinien à accepter son infériorité et la préparait à survivre sous les contraintes arbitraires imposées par Israël, pour maintenir la supériorité ethnique des Juifs. »
Selon le Jerusalem Post, votre autre partenaire indirect dans ce projet est la Israël Discount Bank, un sponsor clé du concert de Cohen. Who Profits, un projet de la Coalition des Femmes pour la Paix d’Israël, rapporte que la Israël Discount Bank a des filiales dans les colonies de Beitar Illit et de Maale Adumim, qu’elle a financé des constructions dans les colonies de Har Homa, Beitar Illit et Maale Adumim, et qu’elle est l’actionnaire principal d’une usine dans une colonie.
Amnesty n’a pas besoin qu’on lui rappelle que toutes les colonies israéliennes construites sur le territoire occupé palestinien sont non seulement illégales selon le droit international, mais sont également considérées comme des crimes de guerre par la Quatrième Convention de Genève. Votre projet d’établir un partenariat indirect avec une banque qui tire des bénéfices de l’occupation et de superviser un fonds qui utilise une partie de cet argent légalement et moralement souillé contredit les principes fondateurs d’Amnesty et son engagement pour les droits de l’homme.
La dernière tentative de l’équipe de Cohen pour trouver une couverture palestinienne alternative a également échoué. La seule organisation palestinienne indiquée faussement par l’article du Jerusalem Post comme étant partenaire du projet, le Palestinien Happy Child Center, a confirmé qu’elle n’en faisait pas partie. Aucune organisation palestinienne ne participe à ce blanchiment.
CONTEXTE DU BOYCOTT
La communauté internationale n’ayant lancé aucune action pour mettre fin à l’oppression israélienne du peuple palestinien, et inspiré par le mouvement de boycott international qui a aidé à en finir avec l’apartheid en Afrique du Sud, la société civile palestinienne a lancé des appels au Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) contre Israël, y compris un boycott universitaire et culturel d’Israël.
Signé par près de soixante organisations de la société culturelle et civile palestinienne et inspiré par les boycotts anti-apartheid d’Afrique du Sud, l’appel de PACBI demande que « la communauté internationale boycotte totalement et systématiquement toutes les institutions universitaires et culturelles israéliennes, pour contribuer à la lutte pour mettre fin à l’occupation, à la colonisation et au système d’apartheid d’Israël. » Ces appels palestiniens ont inspiré un mouvement de boycott international grandissant, qui a encore pris de l’ampleur à la suite de l’attaque d’Israël contre Gaza l’hiver dernier.
En avril, le Comité Britannique pour les Universités de Palestine (BRICUP) et plus de 100 israéliens ont demandé à Léonard Cohen d’annuler son concert prévu en septembre en Israël. Des protestations contre le projet de Cohen de se produire en Israël ont eu lieu lors des concerts de Cohen à New-York, Boston, Ottawa et Belfast, entre autres.
Devant l’ampleur que prenaient les protestations, Cohen a tenté de programmer un petit concert à Ramallah pour « équilibrer » son concert en Israël. Les Palestiniens ont cependant refusé le concert de Ramallah. Le groupe palestinien qui était supposé accueillir le concert de Ramallah a annulé son invitation à M. Cohen après avoir réalisé les effets contraires que celui-ci aurait sur le mouvement de boycott, qui bénéficie d’un soutien palestinien très ample. Reflétant l’humeur générale de la société palestinienne contre toute symétrie entre la puissance occupante et le peuple sous occupation, un communiqué de PACBI du 12 juillet a expliqué : « Ramallah ne recevra pas Cohen tant qu’il aura l’intention de blanchir le régime d’apartheid colonial d’Israël en se produisant en Israël. PACBI a toujours rejeté tout projet de concerts ou autres événements artistiques ‘équilibrés’ en Israël – actes conscients de complicité dans la violation d’Israël du droit international et des droits de l’homme – par des événements symboliques dans le territoire palestinien occupé. »
Pour toutes les raisons ci-dessus, nous vous exhortons à retirer Amnesty International de ce projet discrédité et de cet argent souillé.
Signatures :
. The Palestinian Campaign for the Academic and Cultural Boycott of Israël (PACBI),
. Adalah-NY: The Coalition for Justice in the Middle East, American Jews for a Just Peace (US),
. Boycott from Within (Israël),
. British Committee for the Universities of Palestine (BRICUP),
. International Jewish Anti-Zionist Network,
. Jews Against the Occupation-NYC,
. New York Campaign for the Boycott of Israël (NYCBI),
. Palestine Solidarity Campaign (UK),
. US Campaign for the Academic & Cultural Boycott of Israël.
Cc adressée à :
- Larry Cox, Executive Director of Amnesty International USA
- Curt Goering, Senior Deputy Executive Director of Amnesty International USA
- Zahir Janmohamed, Advocacy Director for the Middle East and North Africa at Amnesty International USA
- Colm Ó Cuanacháin, Amnesty International (UK) Senior Director, Campaigns
- Claudio Cordone, Amnesty International (UK) Senior Director, Research and Regional Programs
- Donatella Rovera, Amnesty International (UK) Researcher on Israël and the Occupied Palestinian Territories.
Source : PACBI
Traduction : MR pour ISM
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