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Ramallah - 24 juin 2014
Par Ali Abunimah
Des manifestants palestiniens ont tourné leur colère contre l'Autorité palestinienne de Ramallah et jeté des pierres sur les locaux de la police, aux premières heures de dimanche matin, suite à une incursion israélienne dans le centre-ville. Muhammad Ismail Atallah Tarifi, 30 ans, a été abattu par les forces israéliennes qui, selon l'Agence d'information Ma'an, "ont envahi plusieurs quartiers" et "forcé plusieurs maisons et magasins."
Capture d'écran de la vidéo ci-dessous : les forces de l'occupation semblent garder le QG de la police de l'AP tandis que les policiers observent depuis les fenêtres du 2ème niveau
Les forces de l'occupation israélienne ont aussi envahi le quartier de la place centrale Manara, à Ramallah, que les jeunes Palestiniens ont défendu à coup de pierres et de bombes incendiaires, comme le montre cette vidéo mise en ligne sur le site raya.ps :
Cette vidéo montre aussi les forces d'occupation israélienne gardant apparemment le quartier général principal de la police de l'Autorité palestinienne à Ramallah et le personnel de l'AP les observe depuis les fenêtres du deuxième étage.
Il semble que l'incursion israélienne ait été l'étincelle qui a embrasé la protestation de dizaines de jeunes palestiniens qu'on voit dans la deuxième vidéo, qui ont caillassé le même poste de police après le retrait des forces d'occupation.
L'armée israélienne et l'AP joignent leurs forces contre les Palestiniens
Selon des témoins, la police de l'AP a commencé à tirer des coups de semonce en direction des jeunes Palestiniens, on peut entendre le bruit d'armes automatiques :
Allison @allissonCD
TIRS de l'AP sur les Palestiniens à Manara, l'armée israélienne est partie, de nombreux tirs toutes les quelques secondes ! Les gens se précipitent.
3:45 AM - 22 juin 2014
La journaliste de Mondoweiss, Allison Deger, était sur les lieux et a twitté que les manifestants scandaient des slogans contre l'Autorité palestinienne.
Peu de temps après, elle a twitté :
"Oh mon Dieu ! l'armée israélienne est de retour à Ramallah, c'est l'armée et l'AP qui attaquent les Palestiniens à 3 pâtés de maisons de distance."
Au moins une personne a été blessée par une balle qui a effleuré sa tête, rapporte Deger.
Elle a posté quelques photos qu'elle a prises de véhicules de la police de l'AP endommagés sur son compte twitter.
Allison @allissonCD
Des dégâts devant le poste de police de Ramallah.
4:15 AM - 22 Jun 2014
Deger a également vu la police armée de l'AP pénétrer dans l'hôpital de Ramallah et arrêter un citoyen.
Allison @allissonCD
La police palestinienne vient d'arrêter quelqu'un à l'intérieur de l'hôpital de Ramallah.
4:37 AM - 22 Jun 2014
Des témoins ont dit à Wattan TV que la police a tiré en l'air des salves nourries.
Un témoin oculaire, qui a souhaité rester anonyme, sans doute en raison du risque d'arrestation par les forces d'occupation israéliennes ou par celles de l'AP, a dit à Wattan TV qu'une confrontation s'en est suivie entre les manifestants et la police de l'AP après le retrait des forces israéliennes de la Place Manara.
Certains des jeunes ont commencé à jeter des pierres sur le poste de police. La police a tiré en l'air et les jeunes ont endommagé cinq voitures de police garées devant la gare.
La colère monte contre la collaboration
L'incident à Ramallah se produit au milieu d'une colère des Palestiniens grandissante contre la collaboration de l'AP avec la répression israélienne violente en Cisjordanie qu'Israël a lancée sous le prétexte de rechercher les trois jeunes israéliens disparus en Cisjordanie le 12 juin. Israël dit que les jeunes, dont deux sont mineurs, ont été kidnappés mais n'a fourni aucune preuve pour étayer ses affirmations que le Hamas est derrière l'enlèvement, dont aucun groupe n'a revendiqué la responsabilité.
Depuis le début de l'attaque, les forces israéliennes ont tué cinq Palestiniens en Cisjordanie , arrêté 400 personnes, dont des hommes politiques et des militants, et saccagé des centaines de domiciles, écoles, universités et institutions sociales.
Les groupes de défense des droits de l'homme disent que l'agression israélienne constitue une punition collective.
Mahmoud Abbas, président de facto de l'AP, a exprimé sa sympathie pour les colons disparus mais de nombreux Palestiniens ont noté qu'une empathie similaire pour les souffrances des Palestiniens - en particulier pour les prisonniers en grève de la faim - a été remarquablement absente.
Vendredi, la police de l'AP a attaqué et frappé des mères et des épouses des prisonniers palestiniens en grève de la faim.
Aujourd'hui à Hébron, comme le montre ce reportage vidéo de Wattan TV, des Palestiniens ont organisé un rassemblement contre la répression de l'AP et appelé Abbas à mettre fin à la "coordination de sécurité" avec l'occupation :
Alaa al-Amla, qui participe au rassemblement, dit à Wattan TV que l'AP agit davantage pour rassurer Israël que le peuple palestinien. "Le gouvernement devrait être à nos côtés, pas contre nous," dit-elle.
Diaa Ighreib exhorte Abbas à "retirer ses déclarations insultantes et honteuses qui sont vraiment le reflet d'une attitude de soumission et de défaite." "Je dis à Abbas que s'il ne modifie pas ses décisions, le peuple lui dira 'va-t-en, va-t-en, va-t-en," ajoute-t-il.
Secoué par la colère du peuple pour son soutien à l'agression, l'AP a annoncé aujourd'hui qu'elle irait devant le Conseil de Sécurité de l'ONU pour essayer d'arrêter la violente campagne israélienne.
Mais ceci risque d'être compris par la plupart des Palestiniens comme rien d'autre que des paroles vides et une tentative de détourner l'attention de la "coordination sécuritaire" de l'AP avec Israël.
Sur le terrain, les forces de l'AP, financées et entraînées par les Etats-Unis et l'Union européenne, continuent de travailler étroitement avec l'armée d'occupation, un devoir qu'Abbas juge "sacré".
Source : Electronic Intifada
Traduction : MR pour ISM
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