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Europe - 19 février 2016
Par Glenn Greenwald, Andrew Fishman
Le gouvernement de Grande-Bretagne a annoncé aujourd’hui qu’il est désormais illégal pour « des conseils municipaux, des organismes publics et même pour certains syndicats étudiants (…) de refuser d’acheter des produits et des services de sociétés impliquées dans le commerce des armes, les énergies fossiles, les produits à base de tabac ou des colonies israéliennes de Cisjordanie occupée. » Ainsi, tout groupe qui soutient ou participe au boycott mondial des colonies israéliennes risquera « de graves sanctions » pénales.
Cela peut paraître une atteinte extrême à la liberté de parole et au militantisme politique – et bien sûr, ça l’est – mais c’est tout sauf inhabituel en Occident. L’inverse est vrai, désormais. Il existe une campagne très bien coordonnée et bien financée sous la houlette d’Israël et de ses supporteurs littéralement pour criminaliser le militantisme politique contre l’occupation israélienne, basée en particulier sur la crainte du succès de la campagne mondiale de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, BDS, bâtie sur le modèle de la campagne des années 1980 qui a mis à bas le régime d’apartheid sud-africain allié à Israël.
Le site internet israélien +972mag a mentionné l’an dernier un projet de loi qui « interdirait l’entrée du pays aux étrangers qui font la promotion du mouvement de (BDS) qui vise à faire pression sur Israël pour qu’il se conforme au droit international et respecte les droits des Palestiniens. » En 2011, une loi est passée en Israël, qui « a effectivement interdit tout appel public au boycott – économique, culturel ou académique – contre Israël ou contre ses colonies de Cisjordanie , faisant d’une telle action une infraction passible de sanction. »
Mais le but de la censure actuelle est de criminaliser ce militantisme non seulement en Israël mais dans les pays occidentaux de façon générale. Et c’est en train de réussir.
Cette tendance à mettre hors la loi l’action militante contre l’occupation israélienne, qui dure depuis des décennies – en particulier bien que non uniquement via le boycott contre Israël – a pénétré de multiples nations occidentales et d’innombrables institutions avec elles. En octobre, nous avons rapporté la condamnation pénale de 12 militants en France « pour le délit » consistant à demander des sanctions et un boycott d’Israël comme moyen de mettre fin à cette longue occupation militaire de la Palestine, condamnations confirmées par la Cour de cassation en France. Ils ont été littéralement arrêtés et mis en examen pour avoir « porté des teeshirts au logo de 'Palestine vivra, boycott Israël' » et aussi parce qu’ils ont distribué des tracts disant « acheter des produits israéliens c’est légitimer les crimes commis à Gaza ».
Comme nous l’avons noté, Pascal Markowicz, principal avocat du CRIF, l’organisation qui coiffe les communautés juives de France, a publié une déclaration jubilatoire : « BDS est ILLÉGAL en France » (les majuscules sont de lui). Les prises de position en faveur du boycott ou de sanctions, a-t-il ajouté, « sont tout à fait illégales. Si des (militants BDS) disent que leur liberté d’expression a été violée, désormais la plus haute autorité de justice de France en a décidé autrement. » Au Canada l’année dernière, des représentants du pouvoir ont menacé de poursuites toute personne qui soutiendrait le boycott contre Israël.
Aux États-Unis, à l’insu de beaucoup de gens, il existe des interdictions similaires de ce militantisme et un projet de loi vise à renforcer la proscription de BDS. Ainsi que l’a rapporté le Washington Post en juin dernier, « une vague de législation anti BDS se profile aux USA. ». De nombreux projets de loi présentés au Congrès tendent à demander à l’État de combattre BDS par des actions.
Eyal Press a averti, dans une tribune à lire absolument dans le New York Times du mois dernier, qu’en vertu d’un projet de loi douanière adopté dans les deux Chambres du Congrès et en passe d’être présenté à la Maison Blanche, « les représentants américains officiels seraient obligés de traiter les colonies comme une partie d’Israël dans de futures négociations, » une disposition spécialement conçue pour « combattre le mouvement de Boycott, Désinvestissement, Sanctions, une campagne populaire. » Mais, ainsi que le note Press, dans le cadre de la loi en vigueur – qui n’est presque jamais remis en question – « Washington interdit déjà aux sociétés américaines de coopérer avec des boycotts d’Israël par des États. »
Le but réel de cette nouvelle loi, comme Press l’a expliqué, est de forcer les entreprises américaines à traiter les colonies de Cisjordanie – que pratiquement le monde entier considère illégales – comme une partie effective d’Israël, en proscrivant tout comportement qui pourrait être jugé coopératif avec le boycott de sociétés occupant la Cisjordanie . Les sociétés américaines seraient obligées de prétendre que ces produits fabriqués dans les territoires occupés sont en réalité produits en « Israël ». La Maison Blanche a annoncé qu’elle signerait le projet de loi malgré son opposition à la disposition soutenue par AIPAC en faveur des colonies.
Lire la suite de l'article instructif sur le site du Comité BDS FRANCE 34 sous le titre : "L'attaque israélienne contre le BDS vise toute l'Europe".
Original en anglais publié le 16 février 2016 sur The Intercept
Traduction : SF et JPP pour BDS France et l’AURDIP
Source : BDS-34
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