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Bethléem - 19 mars 2005
Par Greg Moses
Greg Moses est rédacteur de la revue de droits civiques au Texas et auteur de Révolution de la Conscience : Martin Luther King, Jr. et la philosophie de la Non-Violence. Son chapitre sur les droits civiques sous Clinton et Bush paraît Dime's Worth of Difference, éditée par Alexander Cockburn et Jeffrey St. Clair. Il peut être contacté à : gmosesx@prodigy.net
Les jours précédents le dimanche des Rameaux, Hasam Jubran a beaucoup à faire.
En tant que co-directeur du Peace and Reconciliation Department for the Holy Land Trust à Bethlehem, beaucoup de travail repose sur ses épaules pour s'assurer que les choses vont bien se passer quand les enfants palestiniens commenceront une Marche de la Paix jusqu’à Jérusalem.
D'abord, il y a les enfants eux-mêmes qui ont imaginée l'idée.
Puis, il y a les adultes de Palestine, d’Europe, et des Etats-Unis qui emmèneront la marche jusqu’au checkpoint israélien où des décisions stratégiques sensibles devront être prises.
Et en conclusion, qui peut oublier les ânes?
"L'idée est survenue il y a un longtemps," dit Jubran au téléphone.
"En écoutant l'histoire de Jésus montant un âne jusqu’à Jérusalem, des enfants ont pensé que ce serait bien s'ils pouvaient faire ce que Jésus a fait.
Un des gosses a mentionné l'idée à l’une de nos volontaires.
Elle est venue chez nous et a proposé que nous fassions une action le dimanche des Rameaux, le jour où Jésus est venu en Paix à Jérusalem.
En montant des ânes sur la route, nous pourrions encourager des enfants à exprimer leur désir et à symboliser le besoin de tous les Palestiniens, mais en particulier ceux des enfants, d’aller à Jérusalem."
L'idée a été communiquée à John Stoner, le fondateur de Every Church, une église pacifiste aux Etats-Unis.
"Après ça," dit Jubran, "ils ont commencé à nous consulter."
Il y a une quarantaine de jours, Jubran a aidé à former un comité qui travaillerait sur la forme de la protestation.
D'autres organisations dans la régions ont été invitées, et les réunions se sont intensifiées au cours des deux dernières semaines.
"Une des premières questions soulevées était si nous invitions des Israéliens à participer à l'action," dit Jubran.
"Mais dans cette action, nous avons décidé de prouver que les Palestiniens sont impliqués dans la nonviolence et qu’ils mènent leur propre mouvement non-violent, aussi cette fois, nous n'avons pas invité d’Israéliens."
J’ai demandé à Jubran s'il avait un modèle de non-violence qui guide son travail.
Pour lui, la considération la plus importante se situe dans la distinction entre le côté spirituel et le côté pragmatique de la non-violence.
"Nous nous concentrons sur le côté pragmatique quand nous travaillons ici avec des personnes sur le terrain," explique Jubran.
Pour la théorie, il les tire de Gandhi, de King, tout comme de l’Islam et du Christianisme.
"Je ne m'en tiens pas à une seule chose. C’est varié."
De même, les participants internationaux seront chrétiens, musulmans, et juifs. Les Palestiniens seront chrétiens et musulmans.
"Nous ne voulons pas limiter cette action à une croyance religieuse. C'est un mouvement national, pas religieux."
Le travail a été réparti. Des invitations ont été distribuées dans l'ensemble de la Palestine.
La formation a commencé.
Un comité de fabrication de pancartes travaillera samedi.
Et oui, il y a quelqu'un responsable des ânes.
L'action du dimanche des Rameaux est unique par l’implication des animaux. Naturellement, des chiens ont été rendus célèbres par les images d’informations venant de Birmingham, en Alabama pendant la lutte pour les droits civiques en 1963. Mais dans ce cas, les animaux ont travaillé du côté de la violence.
"C'est peu commun," dit Jubran, dans un discret gloussement.
"La partie la plus difficile fut de trouver les ânes et de notre capacité à les protéger.
Mais les ânes sont importants pour l'image que nous voulons montrer au monde et le commentaire que nous voulons faire. Quand les gens verront l'image, nous voulons qu'ils l’associent à Jésus et à son message de Paix en Terre Sainte."
Quand Pâques approche, les images d'ânes infiltrent les informations.
Linda Wardle, l’épouse du Rev. John Wardle de la Priory Church à Bridlington, Angleterre, dit :
"Nous avons eu un âne pendant un certain nombre d’années et il faisait la différence le dimanche des Rameaux, en particulier pour les enfants.
Dans un Jeu de la Passion à Nauvoo dans l'Illinois, Jésus monte un âne réel jusqu’à l’estrade depuis 1983.
Et lors d’un sermon d'adieu récemment prêché au Tennessee, un pasteur Baptiste a déclaré : "Je suis l'âne!" »
Ou qui n'a pas entendu parler de l'histoire de Pacho, l'âne, emprisonné par les Autorités Colombiennes le 6 mars pour le crime d’avoir été heurté par un motorcycliste ivre.
"Le suspect était peu un long de visage après avoir été arrêté et braille pour une libération rapide" a écrit la journaliste Kim Housego de l’AP.
Pendant trois jours, le maître fidèle de Pacho lui a apporté de la nourriture, alors que des défenseurs des Droits de l'Homme s’agitaient pour sa libération.
Quand Pacho a été libéré, la presse internationale a applaudi.
Qui dans le monde n'aime pas les ânes ?
Mais où trouver des ânes pour une Marche de la Paix ?
"Les gens qui vont amener leurs ânes ont peur que les animaux se fassent tirer dessus. Aussi ils ont voulu des garanties" dit Jubran.
"Pour ces fermiers, leurs ânes sont importants dans leur travail. Aussi nous avons donné des garanties. Et oui, les fermiers seront là avec les ânes" dit-il en riant doucement.
"Je ne sais pas les tenir!"
Les enfants ont besoin également de dispositions spéciales. "Nous avons beaucoup, beaucoup d'enfants qui vont venir" dit Jubran.
"Une centaine ou plus, et pour les enfants, la manifestation sera organisée en deux parties. Les jeunes enfants, entre 5 et 10 ans quitteront la manifestation dès que nous arriverons près du checkpoint.
Les adolescents vont continuer la marche, mais ils seront placés à l’arrière, pas aux premiers rangs ni au milieu.
Ils ont été formés pour qu’ils sachent comment se protéger au cas où ils seraient attaqués, mais s'il y a le moindre ennui à l'avant de la marche, ils ont été formés pour s’enfuir en courant.
Nous avons pris des dispositions pour les premiers soins et les ambulances et nous avons alerté des hôpitaux locaux, mais nous ne voulons pas du tout que les enfants soient blessés. C'est la chose principale."
Au moins la moitié des marcheurs sera des femmes, dit Jubran, mais une fois encore, en tant que précaution, les femmes ne seront pas en première ligne pour s'approcher du checkpoint.
"Nous ne voulons pas du tout que les femmes soient frappées ou blessées ou humiliées de quelque façon que ce soit, parce que cela peut déclencher des émotions qui font perdre le contrôle aux gens."
Les marcheurs solidaires des Palestiniens viennent des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, d'Allemagne, de Suisse, d'Italie, et d'Espagne.
Deux organisations feront la formation pour les marcheurs internationaux. Le Christian Peacemaker Teams (CPT) travaille dans la région d’Hébron depuis 1995 et possède une expérience de formation des Américains pour l'activisme local.
Le Centre Palestinien pour le Rapprochement entre les Peuples (PCR) a des relations de travail avec le Mouvement International de Solidarité (ISM) et a donc été exposé à diverses nationalités dans le travail de pacifistes et la résistance nonviolente.
Samedi, lorsque que la formation séparée sera terminée pour les marcheurs Palestiniens et internationaux, tout le monde se réunira.
"Nous avons des choses que nous voulons faire samedi," dit Jubran, "Mais nous voulons que la population participe, nous n'avons donc pas un ordre du jour clair.
Nous nous assiérons tous ensemble, Palestiniens et internationaux, et nous penserons à la meilleure façon de faire les choses.
Le processus est également important, pas simplement l'action en elle-même.
La non-violence est quelque chose que nous pratiquons depuis des années, et maintenant nous l'essayons encore. Nous essayerons de nous renforcer."
Source : http://www.counterpunch.org/
Traduction : MG pour ISM
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Non Violence
19 mars 2005