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Cisjordanie occupée -

Israël a détruit pour 74 millions de dollars de projets de l'Union européenne

Par

05.06.2016 - Un projet agricole de 11 millions de dollars dans la Vallée du Jourdain, une aire de jeux de 61.200 dollars près de Naplouse, l'école élémentaire d'une communauté bédouine à l'Est de Jérusalem, tous détruits par Israël. Et il ne s'agit là que de quelques exemples des au moins 150 structures financées par l'Europe en Cisjordanie occupée qu'Israël a détruites dans les trois premiers mois de 2016. Israël a détruit davantage de maisons, de commerces et d'infrastructures publiques pendant ces trois mois que pendant toute l'année 2015, selon un nouveau rapport (1) de l'Observatoire Euro-Méditerranéen pour les Droits de l'Homme.

Israël a détruit pour 74 millions de dollars de projets de l'Union européenne

Un Palestinien montre les ruines d'une aire de jeux, financée par la Belgique et démolie par les forces d'occupation israéliennes à Zaatara, près de Naplouse (Cisjordanie occupée), le 12 avril. (Nedal Eshtayah/APA images)
Chaque mois, une moyenne de 165 structures au financement privé et international ont été démolies ou partiellement détruites, ce qui représente une augmentation de plus de trois fois du taux précédent de 50 démolitions par mois entre 2012 et 2015.

Plus de 900 Palestiniens ont été transformés en sans-abri cette année, selon des statistiques des Nations Unies, et des milliers d'autres ont vu leurs moyens de subsistance détériorés par la vague de destruction. D'après Euro-Med Monitor, le coordonnateur adjoint des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient, Robert Piper, a suggéré que l'augmentation des démolitions est une réponse à l'escalade de confrontations violentes entre les Palestiniens et les forces israéliennes d'occupation qui a débuté en octobre 2015.

Mais l'homme politique israélien Moti Yogev, qui a fait pression sur les forces israéliennes d'occupation pour qu'elles accélèrent les démolitions, a dit, "Il ne fait aucun doute que la position ferme du gouvernement est en partie le résultat des mesures unilatérales prises par l'Europe," faisant référence à la décision de l'Union Européenne d'étiqueter les produits des colonies à la fin de l'année dernière.

Si c'est le cas, on peut assimiler les démolitions aux attaques "prix à payer" contre les Palestiniens et leurs biens, menées par des colons comme forme de vengeance pour les décisions politiques qu'ils n'aiment pas.

L'inaction de l'Union Européenne

D'après Cécile Choquet, chercheur à Euro-Med Monitor, le décalage dans les explications peut être dû en partie au fait que les responsables européens ont essayé de minimiser l'ampleur des destructions israéliennes des infrastructures financées par l'UE pour éviter de se trouver dans l'embarras.

En 2012, Chris Davies, membre britannique du Parlement européen, et Štefan Füle, ancien commissaire européen à l'élargissement et à la politique européenne de voisinage, a soumis une liste de projets financés par l'UE qu'Israël avait détruits dans les 11 premières années du millénaire.

La liste des 82 points se montait à 56 millions de dollars de pertes.

Mais depuis, les bureaucrates de l'UE ont maintenu ce genre de données dans la catégorie "classifiée", selon Euro-Med Monitor, qui estime que le montant total de l'aide de l'UE gaspillée depuis 2001 s'élève à 74 millions de dollars. Quelques 26 millions de cette aide ont été détruits pendant les bombardements israéliens de Gaza en 2014.

Alors que les diplomates européens ont publié des déclarations de condamnation, il leur reste encore à remettre en question les accords commerciaux militaires et économiques qui sous-tendent les relations UE-Israël.

Le mois dernier, par exemple, l'UE a critiqué "la regrettable tendance aux confiscations et aux démolitions constatée depuis le début de l'année, notamment en ce qui concerne l'aide humanitaire financée par l'UE", après qu'Israël a détruit les abris d'une communauté bédouine près de Jérusalem.

Mais la déclaration ne contient aucun indice d'une quelconque mesure visant à tenir réellement Israël pour responsable. 

Selon Haaretz, Federica Mogherini, Haute Représentante de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, fait l'objet de pressions politiques croissantes pour qu'elle affronte Israël sur les démolitions des projets financés par l'UE.

Mogherini a rapporté que certains membres de l'UE exigent des indemnisations à Israël.

L'ambassadeur Lars Faaborg-Andersen, envoyé de l'UE en Israël, aurait averti des officiers supérieurs israéliens la semaine dernière que si les démolitions restaient à ce niveau, les relations UE-Israël pourraient en pâtir.

La mission UE à Tel Aviv n'a pas répondu à une demande de commentaire de The Electronic Intifada sur ce que seraient ces conséquences, si Israël n'interrompait pas les démolitions.

Une autre réunion entre les représentants de l'UE et le ministère des Affaires étrangères d'Israël est prévue pour plus tard ce mois-ci pour discuter d'un gel des démolitions des structures financées par l'UE.

Impossibilité de construire

Les démolitions se produisent majoritairement en Zone C, les 60% de la Cisjordanie occupée qui sont sous contrôle israélien total selon les Accords d'Oslo de 1993.

Plus de 70% des Palestiniens vivant dans cette zone ne sont pas reliés à un réseau d'eau. Entre 2000 et 2014, les autorités israéliennes ont approuvé seulement 1,5% des demandes palestiniennes de permis de construire dans la zone C.

Mais la COGAT (Coordination of Government Activities in the Territories), l'organe de l'occupation israélienne qui administre le régime militaire des Palestiniens en Zone C, a insisté sur le fait que les démolitions sont des mesures "contre la construction illégale".

L'organisation israélienne d'extrême-droite Regavim a plagié le langage des groupes internationaux qui critiquent la construction de colonies par Israël, décrivant les projets de l'UE en Cisjordanie comme "des constructions illégales en Zone C".

L'investissement de l'UE en Zone C est conforme à son engagement politique à ce qu'elle appelle la solution à deux Etats.

Dans le même esprit, l'EU est le plus important bailleur de fonds de l'Autorité palestinienne. Depuis 1994, elle a fourni 6,3 milliards d'aide à l'entité qui dirige symboliquement les Palestiniens en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza.

La plus grande partie de l'aide que l'UE fait passer à l'AP sert à soutenir des opérations quotidiennes : les salaires des employés et des forces de sécurité.

Entre 2007 et 2015, l'UE a alloué 2,8 milliards de dollars pour la gouvernance de l'AP. Depuis 2000, la Commission européenne, la branche exécutive de l'UE, a alloué 792 millions de dollars pour les besoins humanitaires fondamentaux de la population palestinienne en Cisjordanie occupée et la Bande de Gaza. L'UE et ses Etats membres, pendant ce temps, ont continué leur commerce des armes avec Israël.

La politologue française Caroline du Plessix a dit à Euro-Med Monitor, "Il n'y a pas d'Etat palestinien aujourd'hui. La question est : Que finançons-nous ? Sommes-nous en train d'aider Israël a maintenir l'occupation, ou sommes-nous en train d'aider véritablement les Palestiniens à construire leur indépendance ?"



(1) "Aides gaspillées: Un nouveau rapport documente les destructions israéliennes des projets financés par l'UE en Palestine", Rapport Euro-Med Monitor, juin 2016.


Note ISM-France : ces quelques chiffres nous aident à saisir, s'il en était besoin, l'ampleur de l'hypocrisie de l'Union européenne, et de la lâcheté de ses fonctionnaires en charge du dossier "Palestine" ; en garantissant la plus grande impunité au régime d'occupation quelle que soit sa barbarie, ils sont aussi responsables de la situation catastrophique dans laquelle se débattent courageusement, et seuls, les Palestiniens.








Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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Charlotte Silver