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Palestine occupée - 30 mars 2015
Par Fadwa Nassar
Le 30 mars 1976, les masses palestiniennes de l'intérieur se sont soulevées contre l'occupation, inaugurant une nouvelle étape de la lutte de libération nationale du peuple palestinien. C'est autour de leur lutte pour la défense de leurs terres que l'ensemble du peuple palestinien s'est rassemblé, considérant que la bataille pour préserver la terre palestinienne des confiscations et de la judaïsation représente une étape importante et cruciale sur le long chemin de la libération. Le 30 mars est un moment de lutte, avant d'être une commémoration folklorique, ce qu'il est devenu avec l'instauration de l'Autorité palestinienne sur des morceaux épars de la Palestine.
Le 30 mars 1976, des martyrs sont tombés, parce qu'un peuple menacé par la lente disparition de son identité arabe palestinienne a relevé la tête et osé affronter l'occupant. Les 150.000 Palestiniens demeurés en 1948 (après la Nakba) dans leur patrie, transformée en colonie juive israélienne reconnue par les Nations Unies, sont devenus un demi-million de Palestiniens (de l'intérieur) en 1976 et comptent aujourd'hui plus d'un million et demi de personnes, vivant dans al-Jalil, al-Muthallath (« Triangle » ) et al-Naqab, ainsi que dans les villes côtières. Malgré les mesures négationnistes (et pas seulement racistes) des autorités sionistes prises à leur égard, depuis 1948, les Palestiniens de l'intérieur ont développé leurs outils de lutte et de résistance, défiant à la fois l'occupation sioniste de leur pays et la communauté internationale qui les considère encore comme des « citoyens israéliens » réclamant leur participation et leur égalité avec des colons venus d'ailleurs.
Si la Journée de la terre du 30 mars 1976 reste le symbole de la lutte palestinienne pour la préservation et la récupération de la terre en Palestine, la bataille d'al-Rawha dans al-Muthallath fut un autre moment décisif dans la longue lutte des Palestiniens de 48, s'étant déroulée en 1998 après les funestes accords d'Oslo, et peut être considérée comme une sorte de « répétition générale » avant le déclenchement de l'intifada al-Aqsa en septembre 2000 et de « Habbat al-Aqsa » en octobre 2000, lorsque les Palestiniens de 48 se sont soulevés en masse pour défendre la mosquée al-Aqsa, et la terre et le peuple de Palestine, sacrifiant 13 martyrs sur le chemin de la libération.
Comme à son accoutumée, l'entité coloniale décide de confisquer 28.000 dunums des terres d'al-Rahwa, située entre Umm al-Fahem, Ara et Ar'ara, dans la vallée de 'Ara et proclame le terrain « zone militaire ». La population se mobilise et les comités populaires des villages menacés se rassemblent dans un comité populaire de la vallée de 'Ara, pour mener la lutte. Le comité décide d'investir la zone en septembre 1998 et de planter la tente de la résilience sur les terres d'al-Rahwa. Bientôt, ce sont de délégations unifiées de plusieurs régions de la Palestine occupée en 48 qui viennent soutenir la lutte, bravant l'interdiction non seulement d'entrer mais de s'installer dans une « zone militaire ». Des pourparlers sont engagés entre la direction sioniste et le comité populaire, mais au même moment, les forces militaires de l'occupant chargent : 600 Palestiniens sont blessés par balles réelles, et l'école de Umm al-Fahem est investie par les forces sécuritaires. Des centaines sont arrêtés, mais la lutte se poursuit. Le comité populaire, fort de l'unité massive autour de lui, pose ses revendications : les terres d'al-Rawha appartiennent aux Palestiniens. Au terme d'une lutte de plusieurs mois, les sionistes reculent et 14.000 dunums (la moitié des terres menacées) sont rendus aux villages et villes arabes, selon un accord conclu entre l'entité sioniste et le comité populaire. Jusqu'à présent, les Palestiniens de 48 se réjouissent qu'une première a été réalisée lors de cette bataille, puisque les autorités de l'occupation ont été obligées de conclure un accord avec un comité populaire, qui a réussi à faire l'unité autour de lui en représentant les revendications populaires.
Cependant, il faut signaler que la bataille des terres d'al-Rawha porte deux autres leçons aussi importantes : d'abord, l'unité palestinienne est la condition de toute victoire, même après les accords d'Oslo, qui ont divisé et effrité le peuple palestinien. Toute bataille engagée contre l'occupant et exprimant les revendications nationales aboutit nécessairement à une victoire palestinienne, à la seule condition de ne marchander, ni l'unité réalisée ni les acquis obtenus, car tout marchandage ou en termes plus politiques, toute négociation avec l'occupant sur la base de ces acquis entraîne automatiquement un recul palestinien et la perte de ces acquis, tant que le rapport de forces régional et international n'est pas encore en faveur de la lutte de libération nationale du peuple palestinien et des peuples arabes. C'est plutôt une accumulation des « petites victoires » qui permet de faire reculer l'occupant et de le mettre en situation difficile et même en crise existentielle.
Ensuite, défier l'occupation en refusant son ordre colonial. Installer une tente de protestation sur des terres déclarées « zone militaire », reconstruire plus de 80 fois le village menacé d'al-Araqib dans al-Naqab, oser envoyer ses fusées et roquettes sur les colonies considérées comme des installations légales par la communauté internationale, tirer sur des soldats ou des colons ou les écraser, et ne pas se contenter du champ de « la libre expression » accordé par le régime colonial, qui se rétrécit d'ailleurs de plus en plus au fur et à mesure que la lutte nationale se développe. Car la présence même de l'occupation sioniste est illégale et par conséquent, toutes les mesures qu'elle adopte. Seul le refus global et sans concessions de la présence de l'entité coloniale en Palestine permet de tracer la voie de la libération, et toute autre démarche ou vision (Etat ni-national, deux Etats, égalité des citoyens ou toute autre) ne fait que brouiller l'objectif de la libération et entraîne, par conséquent, la division du peuple palestinien.
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