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Mali - 25 janvier 2013
Par Manlio Dinucci
Edition de mardi 22 janvier 2012 de il manifesto
Les images dramatiques de l'attaque contre le site gazier en Algérie, par un commando qui se définit comme jihadiste, font le tour du monde. Des techniciens de BP et de Statoil attachés à des explosifs au plastic, tués par ceux qui les ont séquestrés ou pendant les affrontements. Effet garanti. Le ministre des Affaires étrangères français Fabius lance l'alarme sur la dramatique situation algérienne. Le Premier ministre britannique Cameron convoque le « Comité Cobra » pour les situations d'urgence. Le président Obama déclare que l'attaque nous rappelle une fois encore la menace posée par Al Qaeda en Afrique et que les Usa agiront pour que des faits analogues ne se répètent pas.
Le site gazier d'In Amenas, au sud de l'Algérie
Selon des informations diffusées par des sources pas très identifiées, le commando terroriste recevait les ordres par téléphone satellitaire de l'émir Moctar Belmoctar, ex chef de « Al Qaeda au Maghreb Islamique », à présent à la tête d'une nouvelle formation qui est basée au Mali. Juste là où (comme par hasard) la France est en train d'intervenir militairement et où l'Union européenne est sur le point d'envoyer une « mission d'entraînement », formée de 450 spécialistes de la guerre (italiens compris), qui fournira aussi du « conseil aux opérations de commando ».
Reste le mystère de comment le commando, formé de dizaines d'hommes lourdement armés, a pu parcourir à découvert avec son convoi de véhicules tous terrains des centaines de kilomètres dans un territoire surveillé jour et nuit par environ 300mille hommes de l'armée algérienne, entraînée et armée par la France et par le Commandement Africa des États-Unis.
Il est légitime de soupçonner que l'attaque contre le site gazier ait été orchestrée et/ou facilitée par la France, avec la couverture des Usa, pour impliquer l'Algérie et d'autres pays nord-africains dans l'opération militaire au Mali, en en élargissant l'aire. En Afrique, la France, la Grande-Bretagne, les États-Unis et d'autres puissances occidentales ne sont pas en mesure de gérer, avec leurs groupes multinationaux, la concurrence économique de la Chine et d'autres pays émergents. Voulant maintenir à tous prix le contrôle des sources énergétiques et des minéraux stratégiques du continent, ainsi que de ses zones d'importance géostratégique, ils soufflent sur le feu des tensions et des conflits internes pour justifier leur intervention militaire, dont l'objectif est d'étouffer les luttes de libération des peuples. A cette fin ils n'ont aucun scrupule à utiliser des groupes jihadistes, dont les militants de base, convaincus de combattre l'impérialisme occidental, finissent par en être l'instrument. Ils les ont utilisés en Libye pour désagréger le pays de l'intérieur, pendant que l'Otan l'attaquait avec des chasseurs-bombardiers et des forces spéciales infiltrées.
Même le New York Times, après l'attaque en Algérie, admet que Kadhafi avait raison quand il prévenait que l'abattage de l’État libyen aurait provoqué le chaos, en laissant les mains libres aux jihadistes. Le New York Times cependant ne dit pas que l'Otan fait la même chose en Syrie, confirmant que cela entre dans sa propre stratégie de la tension.
Bersani (Secrétaire du Partito democratico, chef de l' « opposition », NdT) a tout compris. « Il faut arrêter les formations djihadistes sanguinaires -a-t-il déclaré- on ne peut pas laisser la France seule intervenir au Mali : il faut intervenir et il est temps que l'Ue reprenne le bout de l'écheveau ». Celui, en réalité, que l'Europe a déjà repris en main pour dévider le vieil embrouillamini des guerres coloniales.
Source : Il Manifesto
Traduction : Marie-Ange Patrizio
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