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Mali - 21 janvier 2013
Par Mohamed Belaali
Alors que le chômage et la précarité font ravage en France, François Hollande et son gouvernement, pour mieux masquer la faillite de leur politique économique et sociale, envoient leurs troupes au Mali ! « Nos forces armées ont apporté cet après-midi leur soutien aux unités maliennes pour lutter contre ces éléments terroristes, » déclarait solennellement le président français vendredi 11 janvier 2013 (1). La droite et l'extrême droite approuvent et applaudissent. Le plan Vigipirate passe du « rouge » au « rouge renforcé ». Il deviendra probablement « rouge écarlate » comme le sang qui va couler au Mali et dans la région ! Les médias bourgeois, sans relâche, propagent leur chauvinisme et distillent comme du venin leur propagande guerrière justifiant l'intervention militaire. Journalistes, hommes et femmes politiques, consultants, militaires et experts en tout genre déferlent sur les plateaux de télévision pour asséner leur « vérité », détournant ainsi l'attention des classes populaires des véritables problèmes qui les rongent au quotidien pour mieux servir les intérêts de la classe dominante.
Cette intervention a été décidée au moment même où la bourgeoisie française vient d'obtenir, grâce à François Hollande, tout ce qu'elle voulait en matière de licenciements, de flexibilité de l'emploi et des baisses des rémunérations des salariés (2). Pour les sociaux-démocrates au pouvoir, l’ennemi à combattre n'est pas la bourgeoisie qui fait payer aux peuples ici et en Afrique les terribles conséquences de son système de production, mais « le terrorisme ». Il faut donc, vaille que vaille, battre les tambours de la guerre et mobiliser toute la nation derrière son chef, François Hollande. Peu importe le coût de cette énième guerre des sociaux-démocrates. Les politiques d'austérité, de contraintes budgétaires et des réductions des dépenses publiques sont réservées aux classes populaires. Quand on mène une guerre au service des grands groupes français, on ne compte évidemment pas. Tout le discours sur la lutte contre les déficits publics répété bêtement et inlassablement par les représentants de la classe dominante s'évapore comme par enchantement ! On trouve facilement et rapidement les fonds nécessaires pour financer cette opération qui, selon le chef de l’État, « durera le temps nécessaire ».
La guerre est ainsi déclarée, non pas contre le despotisme des marchés financiers, contre le chômage, contre la misère, contre les injustices sociales mais contre « le terrorisme » au... Mali ! C'est vraiment la préoccupation première des ouvriers, des chômeurs, des précaires, des travailleurs pauvres, des sans abris, bref de tous les laissés-pour-compte broyés par la machine capitaliste.
De plus en plus de citoyens rejettent la politique du gouvernement Hollande et se rendent compte qu'elle n'est, en fait, que le prolongement de celle menée par Sarkozy : une politique exclusivement au service de la classe dominante. La guerre apparaît alors comme un puissant moyen pour « fabriquer » tout du moins à court terme, un consensus permettant de perpétuer la même politique de classe. Il faut donc inventer des ennemis extérieurs pour mieux servir les intérêts des puissants à l'intérieur : « Dans ces circonstances, le rassemblement des Français est une force supplémentaire pour la réussite de notre action », disait François Hollande.
Sur le plan international, l'instrumentalisation de l'occupation du nord-Mali sert d'abord les intérêts des bourgeoisies des pays impérialistes (France, Grande-Bretagne et bien sûr les États-Unis notamment). Rappelons que l'occupation d'une partie importante du territoire malien est la conséquence directe de l'intervention impérialiste en Libye. Sans l'intervention de l'OTAN dans ce pays, le Nord-Mali n'aurait probablement jamais été occupé par le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) et ses alliés islamistes (AQMI, Ansar Dine, Mujao, BokoHaram, etc.). Cette occupation est « rendue possible grâce à la complicité des États-Unis, de la France et de leurs serviteurs locaux regroupés dans la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) » (3). Précisons que ces États de l'Afrique de l'Ouest sont dirigés par des despotes entièrement au service de la bourgeoisie occidentale, notamment française, à l'image d'Alassane Ouattara, président actuel de l'organisation, ou de Macky Sall, président du Sénégal. Ils ont soutenu l'intervention impérialiste en Libye et en Syrie comme ils participent aujourd'hui à cette nouvelle « expédition néocoloniale française ». Ce sont les dirigeants de la CEDEAO qui ont imposé au Mali l'intervention française.
Il y a trop d'intérêts dans cette région du monde ! L’Afrique est aujourd'hui l'objet de grandes convoitises. Paradoxalement, la population du Mali est classée parmi les plus pauvres de la planète par les Nations-Unies (son IDH la classe au 175è rang sur 187 pays), alors que son sous-sol est l'un des plus riches du continent africain. Si l'or reste la première richesse du pays, les autres ressources, notamment pétrolières, sont aussi nombreuses que sous-exploitées. Le Niger, dont la population vit dans l'extrême pauvreté, est l'un des plus grands producteurs mondiaux de l'uranium exploité par le groupe nucléaire français Areva depuis une quarantaine d'années. En 2008, le groupe Areva s'est emparé du « droit » d'exploiter la mine géante (5000 tonnes par an) d’Imouraren, dont le démarrage est prévu pour 2014. On va taire par pudeur les conditions de travail misérables dans les mines les plus dangereuses du monde contrôlées par Areva. Les révoltes ouvrières contre leurs conditions d'esclaves sont systématiquement réprimées sans jamais trouver le moindre écho dans les médias bourgeois.
Après la Côte d'Ivoire, la Libye, c'est le tour du Mali et peut-être demain l'Algérie qui risque d'être victime des rapaces impérialistes qui menacent en permanence la paix du monde au profit de leurs bourgeoisies respectives. Le Qatar, lui, joue le rôle du sous-traitant des impérialistes. Hier en Libye, aujourd'hui au Mali et en Syrie, le Qatar continue à financer des groupes armés au bénéfice de ses maîtres impérialistes.
Les « terroristes » que l'on prétend combattre aujourd'hui sont le produit du capitalisme mondialisé. Les bourgeoisies occidentales, notamment américaine, ont contribué largement à l'affaiblissement dans le monde arabe et musulman de toute pensée laïque et progressiste. Nombreux sont les ouvriers, paysans, intellectuels, artistes chanteurs ou de simples militants progressistes tombés sous les balles des fanatiques religieux armés et financés par des régimes réactionnaires et corrompus soutenus par les États-Unis. Rappelons pour mémoire, que les Talibans d'aujourd'hui, on les appelait hier, lorsqu'ils combattaient l'armée Soviétique en Afghanistan, les Moujahidines de la Liberté (combattants de la liberté). Les politiques libérales d'ajustement structurel imposées par le FMI et la Banque mondiale, bras financier de l'impérialisme, le soutien indéfectible de ces bourgeoisies à l’État sioniste d'Israël, la guerre en Irak et ses ravages (4) pour ne citer que ces exemples, ont jeté une partie de la population arabe et musulmane dans les bras de l'islam politique. L'élan et la vitalité du soulèvement populaire dans le monde arabe ont été brisés par l'impérialisme. En Tunisie comme en Égypte, les bourgeoisies occidentales ont favorisé l'accès au pouvoir des mouvements obscurantistes et réactionnaires. A Bahreïn, l'impérialisme américain a envoyé les chars de l'Arabie Saoudite pour mater et réprimer dans le sang l'une des plus belles et des plus pacifiques révoltes du monde arabe (5).
La social-démocratie européenne, main dans la main avec l'impérialisme, a toujours mené des guerres, « tantôt ouvertes, tantôt dissimulées » contre les peuples de la planète pour servir les intérêts exclusifs de la bourgeoisie. Entre autres exemples, ils ont déclenché l'une des plus meurtrières guerre de l’histoire en 1914. Ce sont eux qui ont assassiné Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, figures emblématiques de la classe ouvrière allemande en 1919. « Les armes vont parler », disait François Mitterrand pour annoncer la première guerre du Golfe en 1991. Ce sont encore eux qui ont brisé l'unité des peuples de la Yougoslavie. « Le président de la République, en accord avec le gouvernement, a décidé la participation des forces françaises aux actions militaires, devenues inévitables, qui vont être engagées dans le cadre de l’Alliance atlantique », disait un communiqué conjoint du président J. Chirac et du premier ministre L. Jospin. Le 25 septembre 2012 aux Nations-Unies, F. Hollande déclarait devant l'Assemblée générale : « La première des urgences s’appelle la Syrie », l'autre urgence « qui doit nous mobiliser cette semaine, est le Sahel (...). Oui, il faut que le Mali retrouve l’intégrité de son territoire et que le terrorisme soit écarté de cette zone du Sahel » (6). Le 11 janvier 2013, le même François Hollande envoie, au nom de la France, l'armée au Mali. Pour servir l'intérêt des puissants, les sociaux-démocrates ne reculent devant aucun moyen, y compris le plus abject, la guerre. A l'intérieur comme à l'extérieur, ils sont les ennemis des travailleurs. A ces guerres impérialistes au service des classes dominantes, les ouvriers et l'ensemble des classes populaires du monde entier doivent opposer la guerre civile contre leur propre bourgeoisie et leurs alliés sociaux-démocrates.
Notes de lecture :
(1) http://www.elysee.fr/declarations/article/declaration-du-president-de-la-republique-sur-la-situation-au-mali-4/
(2) http://www.humanite.fr/sites/default/files/pdf/2013/securisation_de_lemploi_10-01-2013_v_definitif_bis.pdf
(3) http://www.belaali.com/article-la-libye-apres-l-intervention-imperialiste-108002868.html
(4) http://www.belaali.com/article-les-ravages-de-la-guerre-imperialiste-en-irak-48981793.html
(5) http://www.belaali.com/article-l-intervention-saoudienne-a-bahrein-et-le-silence-complice-des-bourgeoisies-occidentales-69874090.html
(6) http://www.belaali.com/article-les-premieres-urgences-de-fran-ois-hollande-111993802.html
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