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ISM France - Archives 2001-2021

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Naplouse -

L'assassinat des 7 combattants de Naplouse

Par

Un des survivants de l'opération israélienne qui a mené à l'assassinat du dirigeant des Brigades des martyrs d'Al-Aqsa en Cisjordanie, Nayef Abu Sharakh ainsi que 6 autres combattants, a raconté les détails de l'opération dans la vieille ville de Naplouse. Ce militant des Brigades des martyrs d'al-Aqsa, surnommé "al-Qadhafi", a pu échapper avec trois autres combattants du souterrain dans lequel les autres sont tombés martyrs.

Il a affirmé que la découverte de la cachette s'est faite "par hasard" et non à partir de renseignements, comme le prétend l'armée israélienne. Celle-ci savait probablement que nous étions dans cette zone, mais sans savoir exactement où".

Il a ajouté : "lorsque les forces sionistes ont envahi la vieille ville le mercredi soir, nous avons eu un affrontement avec les soldats et nous nous sommes retirés après que les forces de l'occupation aient encerclé notre cachette, dans Hoch al-Gitan, qui est une pièce sombre, humide et souterraine, et nous y accédions par une ouverture dans son plafond de 50 cm sur 50 cm, que nous avions fermée par 5 dalles.

"Nous sommes restés trois jours, nous étions dix personnes, 8 des Brigades des martyrs d'al-Aqsa, un de Hamas et le dernier du Jihad Islamique, et notre dirigeant était Abu Sharakh.

Le samedi, Abu Sharakh et Nidal al-Wawi ont décidé de sortir de la cachette pour étudier la situation et mener quelques contacts afin de savoir où se trouve exactement l'armée israélienne, ils sont restés dans une maison proche de la cachette pendant une demi-heure.

Lors de leur retour, Abu Shamakh est entré par l'ouverture dans le plafond et Wawi a essayé de le suivre, mais des soldats israéliens qui se trouvaient dans la zone ont tiré sur lui et l'ont assassiné, à ce moment, Abu Shamakh a tendu la main pour le tirer à l'intérieur de la cachette, mais les soldats ont tiré, en le blessant. Il nous demanda de nous préparer à la bataille et de prendre nos armes, mais les soldats ont été plus rapides, ils ont lancé les grenades de fumée et de gaz à l'intérieur de la cachette."

Il a poursuivi : " Nous connaissions la présence de ce long tunnel étroit qui aboutit à la cuisine d'une des maisons avoisinantes. Je fus un des premiers à me faufiler pendant 5 mètres jusqu'à ce lieu, suivi par d'autres. Je préférai mourir par des coups de feu au lieu de mourir asphyxié. "Lorsque j'arrivai à une fenêtre, je la brisai, et sautai pour m'éloigner aussitôt bien que j'avais les poumons emplis de fumée, de gaz et de poussière".

Un compagnon des Brigades d'al-Aqsa, Sadeq Nabulsi, a également réussi à sauter après moi, mais il a pris un autre chemin et les soldats de l'ennemi ont tiré sur lui et l'ont arrêté.

al-Qadhafi reprend : "Je n'arrive pas à réaliser que je suis encore en vie, et j'étais certain que les frères étaient tombés, car l'armée a lancé plusieurs bombes sur eux, et ils n'ont pu sortir comme je l'ai fait".

La population a trouvé parmi les dépouilles Arif Tabanja (Brigades des martyrs) qui avait été touché dans les deux jambes, mais il a réussi à être sauvé ayant trouvé un creux à l'intérieur du tunnel où il s'était protégé. Qadhafi n'arrête pas de répéter : "Il n'y a de force qu'en Dieu, Abu Fathi (Nayef Abu Sharakh) était un père pour nous tous".

Il ne nie pas que le dernier coup porté aux Brigades à Naplouse est un coup très dur, mais il affirme "nous avons commencé à nous réorganiser, et nous ne nous soumettrons jamais".



Nous ne l'avons pas vu depuis deux ans

"Je m'attendais toujours à recevoir la nouvelle de son martyre, je l'ai plusieurs fois imaginé, à chaque cortège pour les martyrs, qu'il en faisait partie, il est resté toute sa vie un des premiers que l'occupation israélienne recherchait".
C'est en ces termes que parle Ammar, le frère du martyr Nayef Abu Sharakh, 45 ans, dirigeant des brigades des martyrs d'al-Aqsa en Cisjordanie , assassiné par les forces sionistes avec six de ses compagnons, à Naplouse.

Alors qu'il recevait les gens venus le réconforter suite au martyre de son frère, au centre de la place de Nasr, dans la vieille ville de Naplouse, il dit : Comme beaucoup de Palestiniens, j'ai entendu la nouvelle du martyre de sept résistants à Naplouse, et j'ai tout de suite eu la certitude qu'il en faisait partie, depuis des années, il était recherché par les forces de l'occupation", ajoutant qu'il ne l'a pas vu depuis deux ans et demi, mises à part de courts moments, et sa vie se passait dans la clandestinité, se déplaçant dans les ruelles de la vieille ville de Naplouse.


Mort ou vif

Le dirigeant des Brigades d'al-Aqsa n'était pas recherché par les forces sionistes depuis l'intifada al-Aqsa, mais depuis très longtemps, il faisait partie de la liste des Palestiniens recherchés. Il avait été arrêté en 1987, et avait passé 8 ans dans les prisons israéliennes.

Abu Sharakh est né dans une famille modeste de Naplouse, il a vécu et grandi dans la vieille ville, et fut dénommé par les proches "l'aigle de Naplouse", et il était connu pour sa générosité et sa sincérité envers la cause palestinienne.

Il était marié, depuis 22 ans, avait 4 enfants, le plus âgé, Fathi, est actuellement en prison, depuis 14 mois, et Fadi, 20 ans, ainsi que Shadi 7 ans et 'Amid, 6 ans.

L'invasion israélienne de la ville de Naplouse en 2002 a transformé la vie d'Abu Sharakh, il est devenu le principal résistant recherché par les forces de l'occupation, et sa maison a été investie des dizaines de fois dans la région de Souk al-Basal, à l'intérieur de la vieille ville, pour l'arrêter, mais en vain.

Ammar, qui a passé plus de 15 ans dans les prisons de l'occupation, dit que son frère n'a pas hésité une seconde pour défendre la cause palestinienne, aider tout résistant, et notamment les résistants recherchés par l'occupant", ajoutant que "bien qu'il ne soit plus là, il est toujours présent parmi nous. Il a été le frère, le père et l'ami, il a aimé l'étranger avant ses frères et ses fils. Il a aimé sa patrie, et il a eu une grande influence sur nous tous. Celui qui emprunte cette voie, celle qu'il a empruntée, doit s'attendre à ce qu'il lui arrive la même chose".


Les épisodes de la souffrance

L'intérêt israélien pour Nayef a commencé avant l'Intifada al-Aqsa, mais au cours des trois derniers mois, les soldats de l'occupation ont distribué des appels demandant aux gens de ne pas lui accorder de l'aide, à lui et à ses camarades.

Ammar indique que la souffrance des familles a commencé après l'invation d'avril 2002, puisque "juste à ce moment, les maisons ont été investies, une fois par semaine, et mois après mois, nous avons subi les arrestations, les interrogatoires, nous avons subi de lourdes pressions, moi et mes frères, puis la maison a subi trois explosions, pour qu'ils nous mettent dans la gêne".

Sur la vie de Nayef, Ammar poursuit, avec tristesse : "il éduquait ses enfants à aimer les gens et la patrie, et dès son enfance, il était tendre, patient, il aimait beaucoup les gens, il les aidait, ainsi il a vécu, en donnant et en souffrant".

Abu Sharakh travaillait dans un atelier de taille de pierres, depuis l'âge de 15 ans jusqu'à son arrestation en 1986, il a été jugé à 8 ans de prison, il a ensuite été libéré suite aux accords d'Oslo, 20 jours avant la fin de sa peine.
En sortant, il a été un des fondateurs de Nadi al-asir, dont il a été président pour une courte période. Il a ensuite travaillé dans l'appareil de la liaison militaire, puis dans les services de renseignements palestiniens dans la ville et dès le déclenchement de l'Intifada, il a été un des premiers recherchés par les forces de l'occupation.

Nayef a été un de ceux qui ont le plus oeuvré à l'unification des forces armées palestiniennes, et cela apparaît avec le martyre des dirigeants de Hamas et du Jihad islamique avec lui, qui sont Jaafar al-Masri et Fadi Bahti (cheikh Ibrahim), ainsi que quatre autres combattants des Brigades d'al-Aqsa. Il a été considéré comme l'axe de l'équilibre pour les diverses formations et organisations, et il jouissait de très bonnes relations avec l'ensemble des organisations palestiniennes, cétait un vrai dirigeant, avec un sens vif de la sécurité.


Il aimait la paix

Poursuivant ses souvenirs, Ammar, le frère de Nayef Abu Sharakh, dit : "Mon frère a vécu avec un grand amour pour la paix, il avait foi dans la nécessité d'obtenir nos droits, et c'est la raison pour laquelle il a mené cette lutte longue et difficile, pour parvenir à une paix réelle et permanente. Sharon et son armée l'ont tué parce qu'il était comme cela, parce que c'était un dirigeant et un combattant pour la paix.

Nous nous y attendions, ils veulent que la guerre se poursuive tout le temps, et Abu Sharakh connaît la valeur et le sens de la paix, comment elle se réalise. Il était un vrai génie dans sa façon de se comporter avec notre situation politique complexe, et ce sont ceux-là qu'Israël veut assassiner."


Umm Nayef : J'aurais souhaité qu'il soit avec moi et j'ai ressenti son martyre

"Les ambulanciers m'ont annoncé, au début, que Nayef n'est pas tombé martyr. Je ne les ai pas crus, j'avais un sentiment très fort que la mort de Nayef était inéluctable, mon coeur disait : Nayef est en danger, cette fois-ci est différente des autres".

Umm Nayef poursuit, dans la douleur : "j'avais préparé des feuilles de vigne et je souhaitais qu'il vienne les partager avec nous. Puis j'ai entendu la nouvelle du martyre du jeune Nidal al-Wawi, et à ce moment, j'étais certaine que Nayef était en danger".
Elle ajoute : "J'ai été terrassée par la nouvelle, quelque chose brûlait en moi, mon fils qui aimait la vie en paix, je sentais qu'il était en train de mourir, ou qu'il est mort avec Nidal, je savais que Nidal était avec Nayef, j'ai mis de côté les feuilles de vigne, je suis sortie malgré le couvre-feu, et je criais, je suis sortie dans la rue et me suis dirigée au quartier al-Jitan, où Nidal était tombé.

J'ai demandé : où est Nayef ? Ils m'ont dit qu'il était encore vivant, et j'ai découvert plus tard que je me trouvais à l'hôpital Rafidia, et là bas, je n'avais pas trouvé Nayef, ils m'ont affirmé qu'il n'était pas mort, mais je ne les croyais pas, mon coeur me disait qu'il était en danger.

Après après pleuré, les gens présents dans l'hôpital lui ont appris que son fils se trouvait en bonne santé à l'hôpital spécialisé, mais elle ne les a pas crus, elle s'est tout de suite dirigée vers l'hôpital où il se trouvait, encore en vie.

Cinq minutes après, Abu Sharakh décédait, entouré de sa mère et de ses amis. Les forces sionistes avaient utilisé un gaz spécial dans l'opération qui les a visés.

Pendant les cinq minutes, Umm Nayef connue dans le quartier comme étant une femme solide, a embrassé son fils, lui a parlé, espérant qu'il puisse entendre rien qu'une parole pour indiquer qu'il pourrait survivre, mais son âme s'est élevée vers son Créateur.


L'épouse d'Abu Sharakh : la dureté de la vie et de la mort

Umm Fathi, l'épouse d'Abu Sharakh, qui a goûté à l'amertume de la poursuite de son mari avant son martyre, ne peut oublier ces instants lorsque les forces de l'occupation sioniste recherchaient son époux.

Elle ne peut oublier non plus les moments de son arrestation avec son beau-frère, lorsque les soldats l'ont emmenée au palais Abdel Hadi, où les soldats croyaient que Nayef était caché, en lui demandant d'appeler Nayef pour lui demander de se rendre.

Au lieu de reprendre les termes de l'appel, elle avait ajouté : "le capitaine te demande de te rendre", afin qu'elle ne porte pas la responsabilité d'avoir à demander à son époux de se rendre.

Quant à Ammar, le frère du martyr, il a indiqué que le corps de Nayef n'a reçu qu'une seule balle, ce qui indique clairement que les sept martyrs ont été exécutés de sang-froid, dans une opération où les soldats de l'occupation ont utilisé les gaz chimiques mortels.

"les traces sur les corps ainsi que la couleur indiquent cela, leurs corps étaient bleus comme s'ils avaient étouffé à l'intérieur du tunnel. C'est ce qui a poussé le conseil palestinien pour les droits du citoyen à réclamer de la communauté internationale et du conseil de sécurité à former une commission d'enquête internationale pour enquêter sur les pratiques de l'armée israélienne, qui a utilisé des gaz chimiques mortels pour tuer 7 Palestiniens au cours de cette dernière opération militaire à Naplouse.

Yasser Alawna, coordinateur du conseil dans les régions du Nord de la Cisjordanie ajoute que plusieurs indices montrent que l'armée israélienne a utilisé ce genre d'armes.
Plusieurs dépouilles de martyrs n'ont pas été touchées par des balles ou des roquettes israéliennes, mais ils sont décédés, ce qui nécessite une enquête pour savoir la réalité de leur mort, étant donné que l'armée israélienne avait déjà utilisé ce genre d'armes à Gaza.
Alawna se pose des questions sur la nature de ces gaz, car une femme qui habite à côté du lieu de la bataille, dans la vieille ville, a eu un étourdissement dû au dégagement d'odeurs étranges, ce qui d'ailleurs a été confirmé par d'autres personnes.

Alawna affirme que l'armée sioniste a mené une opération de punition collective au cours de sa dernière opération dans la vieille ville, elle a imposé le couvre-feu et a entrepris d'exécuter 7 martyrs, sans qu'elle leur laisse la possibilité d'être arrêtés et jugés, et cela en violation de toutes les lois et les traités internationaux, et principalement les conventions de Genève.

Source : www.arabs48.com

Traduction : Palestine en Marche

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