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Moyen Orient - 17 novembre 2009
Par Elie Chalhoub
On assiste ces derniers temps à un nouveau battage des cartes diplomatiques, voire à une reconfiguration des priorités régionales, de manière à réaffirmer le rôle syrien dans le contexte actuel de l'impasse palestinienne et de la mise en veilleuse du dossier nucléaire iranien. Le dernier évènement a été sans doute la rencontre Obama-Netanyahu. Cette réunion a suscité des informations contradictoires quant à son contenu, mais la manière dont elle s'est tenue, que ce soit le choix de la date ou la volonté d'éviter les journalistes (absence de conférence de presse et même de photo réunissant les deux hommes), montre bien que le climat était tendu et négatif, voire conflictuel. Les lèvres tremblantes de Netanyahu à sa sortie du bureau ovale en sont la preuve.
Rencontre entre Bachar al-Assad et Nicolas Sarkozy à Paris le 13 novembre 2009 (Photo Gonzalo Fuentes / Reuter)
La politique de "l'imbroglio diplomatique" est un moyen de protéger les relations américano-israéliennes des effets d'un éventuel antagonisme entre les deux hommes. Le message de Netanyahu, selon lequel il aurait réussi à imposer à Obama la poursuite de la colonisation n'est pas passé inaperçu. A l'évidence, l'administration Obama est incapable d'arracher au gouvernement Netanyahu la moindre "concession" susceptible de raviver les négociations. Le seul point sur lequel les deux hommes sont d'accord est la nécessité de conserver Mahmoud Abbas, malgré la mort clinique où il se trouve politiquement. La déclaration de Saeb Erekat sur l'échec de 18 ans de négociations n'est qu'une reconnaissance officielle de l'échec de l'autorité et de ses symboles, en tant que projet politique issu des accords d'Oslo de sinistre mémoire.
Tel Aviv est très intéressée par ce projet en tant qu'alternative à la résistance. L'administration sioniste est bien entendu disposée à procéder à certaines initiatives "positives" du type libération d'un certain nombre de prisonniers ou réduction du nombre de checkpoints, pour les beaux yeux de Abou Mazen. Mais elle préfère le principe de la conservation de Abbas et de son projet via la liquidation de l'alternative, soit la suppression du "Hamastan" et de ce qu'il représente.
De nombreuses informations indiquent que l'occupant se dirige vers le scénario suivant : poursuite des menaces contre Gaza sur la base de "la contrebande d'armes susceptibles de menacer l'équilibre sécuritaire". Une nouvelle agression se profile à l'horizon, la seule chose qui pourrait l'empêcher étant les informations selon lesquelles l'armement de Hamas a atteint le niveau de celui du Hezbollah à la veille de l'agression de juillet 2006. Quoi qu'il en soit, le statu quo qui règne sur les territoires palestiniens est appelé à se perpétuer en dépit des manœuvres de Abou Mazen qui touchent à leur fin depuis qu'il est clair et évident pour tous que les élections ne se tiendront pas dans un avenir proche et en l'absence d'un accord de réconciliation entre les factions.
C'est peut-être ce qui a poussé des analystes états-uniens à commencer à propager une nouvelle vision qui viendrait compléter la vision de George Bush concernant "la solution des deux Etats", sauf qu'il s'agira cette fois de "solution de trois Etats" : Israël, la Cisjordanie et Gaza.
Les relations Etats-Unis-Israël ne sont pas au beau fixe actuellement, et la panne du dossier des négociations avec les Palestiniens a ouvert deux brèches : l'incursion "conviviale" de la France et la renaissance de la voie syrienne. C'est dans ce cadre que s'explique le message de Netanyahu à Assad via Sarkozy : arrêt des infiltrations d'armements, négociations directes et sans conditions.
Mais la réponse syrienne a été plus rapide que prévu.
Assad avait déjà répondu à l'invitation aux négociations quelques jours auparavant lors de sa visite en Turquie, qu'il a invitée à améliorer ses relations avec Israël pour mieux jouer le rôle d'intermédiaire, ce qui confirme la volonté de négocier, mais par l'intermédiaire d'Ankara. La réponse à la deuxième partie du message se trouve dans le discours déterminant par lequel Assad a déclaré qu'un nouveau Moyen-Orient était en construction sur la base de la résistance.
Ce projet ambitieux dépasse désormais de loin le soutien aux mouvements de résistance et consacre trois aspects :
- le dépassement au niveau du concept de résistance qui n'est plus simple résistance à l'occupation mais résistance au projet impérialiste dans toutes ses manifestations, parmi lesquelles l'entité sioniste et l'occupation (en Irak et en Palestine), pour aboutir à une résistance qui se fonde sur la légalité, le droit et les notions philosophiques de droits naturels des hommes (parmi lesquels pourrait figurer la religion),
- le dépassement au niveau des objectifs de la résistance, de sorte que les hommes récupèrent leurs territoires face au néo-colonialisme, avec les implications de souveraineté et d'indépendance et le retour à la solution de "un seul Etat"
- le dépassement au niveau des moyens, de sorte que la résistance ne se limite plus au combattant, aux armes, au soutien logistique, tactique et politique fourni, mais qu'elle devienne un fait de société (adopté par les gouvernements) qui impacte tous les aspects de la vie sociale, économique, technique, musicale, théâtrale, industrielle, agricole, technologique, informatique, par le développement humain et administratif, la lutte contre la corruption, la diffusion d'idées, de systèmes et de législations extra-raciales et extra-confessionnelles, par un Etat-providence fondé sur la justice sociale et non sur l'accumulation de la richesse, un Etat gouverné par des hommes d'esprit et non des militaires, pour un Moyen-Orient nouveau avec une place centrale dévolue à l'Iran et à la Turquie, dans lequel l'Iran qui construit sa voie depuis des décennies et la Turquie qui se restructure, seraient pour nous des exemples.
Source : Al Akhbar
Traduction : Nadine Acoury
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Elie Chalhoub
17 novembre 2009