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Cisjordanie - 4 novembre 2011
Par Al Akhbar
Au fil des ans, les appels à dissoudre l'Autorité palestinienne (AP), dont la légitimité et la souveraineté peuvent être révoquées à tout moment par l'Etat israélien, se font de plus en plus nombreux. Cet arrangement dédouane Israël de la responsabilité de la gestion de la vie quotidienne et du bien-être des Palestiniens. Les appels à la dissolution de l'AP ont repris après les initiatives pour obtenir une pleine reconnaissance d'un Etat palestinien à l'ONU. Les menaces de prendre une telle mesure radicale de dissolution viennent notamment du cœur même de l'AP. C'est nul autre que le président de l'AP Mahmoud Abbas qui a dit récemment, "Il n'y nul besoin d'une autorité qui ne possède pas une réelle autorité sur son territoire."
Palestinian National Authority
السلطة الفلسطينية
As-Sulṭa Al-Filasṭīniyya
Al-Akhbar a fait une tournée des villes de Cisjordanie et a demandé aux Palestiniens ce qu'ils pensaient de la dissolution de l'AP. Nous avons commencé par Salfit, où nous avons rencontré Mohammad Abu Allan. Il dit qu'il est en faveur de la dissolution, mais pas immédiatement. Il fonde son opinion sur l'annonce d'Abbas, qui a dit que sur une période six mois, il demanderait à la communauté internationale de reconnaître l'Etat palestinien. Si et quand l'échec sera avéré, l'AP sera dissoute, ce qui inclura l'annulation des accords signés avec le côté israélien.
Mais Ali Darghme, de Naplouse, pense que l'AP, malgré toutes ses faiblesses, a réussi à accomplir un certain nombre de choses. Il dit, "Je ne peux pas répondre par oui ou par non. Je suis pour une dissolution de l'AP si les choses restent en l'état, parce qu'il est absolument impossible d'accepter la situation actuelle."
Amid Duwaikat, lui aussi de Naplouse, pense que la dissolution de l'AP créerait une vacance de pouvoir qui aurait de graves conséquences. Il dit, "On pourrait revenir à l'état de chaos qui prévalait auparavant dans les territoires palestiniens si l'AP est dissoute. La dissolution aurait un impact catastrophique du point de vue de la sécurité. En attendant, nous parlons d'une économie instable et fragile," et il se demande, "que se passera-t-il si l'AP est dissoute ?"
Ahmed al-Barghouti, de Ramallah, n'hésite pas à dire qu'il est favorable à la dissolution de l'AP en réponse à l'entêtement israélien et au soutien américain inconditionnel à l'occupation, mais seulement en dernière option. Il ajoute qu'une telle démarche devrait faire l'objet de discussions approfondies pour obtenir un accord de toutes les factions, suggérant que la direction palestinienne devrait aussi écouter l'opinion populaire avant d'agir. Il recommande que l'AP fasse suivre la dissolution d'une campagne de protestation exigeant la libération et qu'elle ne se contente pas de dégager sa responsabilité.
Des rumeurs sur un plan détaillé de dissolution de l'AP qu'aurait mis sur pied la direction palestinienne ont circulé récemment dans la presse israélienne. Le Fatah les a démenties, par la voix de son porte-parole Fayez Abu Aita, qui pense que ces rumeurs médiatiques sont une tactique politique et psychologique, une tentative d'embrouiller la communauté palestinienne, une diversion des batailles furieuses qui ont cours dans les couloirs des Nations Unies.
Abu Aita dit que le Fatah considère l'AP comme le produit d'une lutte nationale et le fruit des sacrifices du peuple palestinien, sans parler du fait que les institutions de l'AP sont vues comme le noyau d'un Etat palestinien à part entière, indépendant et souverain.
Mais malgré le démenti du Fatah suite aux articles de la presse israélienne, il est certain que des discussions sont en cours au sujet de l'avenir de l'AP au sein du Fatah et des autres factions de l'OLP.
Le Conseil révolutionnaire du Fatah a décidé de la création d'une commission chargée de discuter de la prochaine étape et de déterminer l'avenir de l'AP "étant donné l'agression et l'occupation israéliennes continues." Le Comité exécutif de l'OLP a créé un organe similaire, confirmant ainsi ce qu'ont dit les médias israéliens.
Après des réunions à Ramallah qui ont duré plusieurs jours, le Conseil révolutionnaire a diffusé un communiqué officiel disant qu'il a "longuement discuté de la situation du gouvernement palestinien et de l'OLP, et affirmé la nécessité de mener un examen exhaustif de ses tâches, rôles et activités institutionnelles qui déterminera la stratégie de la prochaine étape."
L'analyste politique palestinien Abdul Sattar Qassem, ancien candidat aux élections présidentielles, interrogé par al-Akhbar sur le sujet, pense que ni Abbas ni personne d'autre au sein de la direction palestinienne n'est capable de dissoudre l'AP, à cause de considérations intérieures et extérieures de plus en plus compliquées.
Qassem a ajouté que "d'un point de vue intérieur, nous sommes coincés avec des dizaines de milliers de fonctionnaires, et leur nombre est maintenant de 180.000 ; donc si l'AP devait être dissoute, comment allons-nous gérer nos affaires ?" Il y a aussi la question de qui dirigera les nombreuses institutions de l'AP, comme les hôpitaux et les écoles, si elle est dissoute.
Il y a aussi les préoccupations liées aux relations étrangères de la Palestine. Au cours des années, nombre de liens entre l'AP d'un côté, et les Etats-Unis et Israël de l'autre, se sont développés, des liens difficiles à briser. De l'avis de Qassem, Israël ne peut réoccuper la Palestine comme avant, "car au fil des ans, l'occupation a cherché quelqu'un qui gère les vies des citoyens palestiniens à ce qu'elle considère être un prix bas." Certains voient cette "gestion" comme la fonction première de l'AP.
Source : Al Akhbar
Traduction : MR pour ISM
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