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USA - 3 août 2006
Par Omar Said Al-Kani
Ils étaient ravis ses auditeurs à Kuala Lumpur, dans sa robe rouge moulante elle avait magistralement interprété Brahms…
Elle aussi était ravie.
Elle avait l’habitude mais cela la réjouissait toujours : cette image apaisante de la house nigger bien élevée qui a réussi à sortir de sa condition et qui exhibe son exquise intégration dans le monde des riches en égrenant des notes tellement romantiques.
House nigger : nègre domestique, c’est comme ça qu’Harry Belafonte, le chantre de la liberté, avait désigné le misérable prédécesseur du docteur Rice au Département d’Etat.
Du temps de l’esclavage, les maîtres classaient leurs victimes en deux catégories, les fields niggers, les rebelles irréductibles et les house niggers, les soumis, ceux qui avaient honte d’eux-mêmes et qui singeaient les blancs. Ceux-là avaient le droit d’entrer dans la maison des maîtres et de servir.
Sous les décombres fumant d’une note sublime de la Miss de Bush à Cana, les libanais ne détesteront jamais Brahms.
Mais n’oublient pas Fanon.
Qu’y a-t-il sous le masque blanc du faucon à la peau noire ?
Hitler aimait son chien, l’humanité n’en a pas tenu rigueur pour autant à l’espèce canine. Les officiers SS d’Auschwitz connaissaient Schopenhauer et Mozart.
Le Liban sauvera Brahms des mains qui voudraient le souiller.
Le Liban connaît la partition de la Docteur domestique.
Et dans cette composition glaciale, Cana n’est pas une fausse note.
Cana est la quintessence de l’art Bushien.
Les combattants ne sont pas vaincus, tuons donc les civils.
Air connu.
Ainsi donc, les petits-enfants du ghetto de Varsovie ont tout oublié et rien appris. De Ghaza à Cana.
Cana, c’est la démocratie de l’empire en action, la paix des riches sur les cadavres des pauvres.
Le pays du cèdre connaît bien la partition de Miss Condy.
Il connaît sa brutalité ontologique. Il connaît son impudence sans limites.
Il regarde les cadavres d’enfants nécessaires à l’accouchement du Proche-Orient américain, celui de l’énergie fossile et de la domination.
Il voit ses calculs barbares, tenter la division des libanais sur les dépouilles des innocents.
Il voit les notes fumantes de la bête immonde monter des décombres des immeubles.
Il voit interpréter la barbarie sans aucune fausse note.
Il voit les Guernica et les Oradour de la civilisation de la très délicate Docteur Condoléances comme la nomme justement Hugo Chavez, le fils de Bolivar.
Il voit les bombes intelligentes qui arrivent sur les têtes d’enfants endormis après un passage au pays raciste et hypocrite du grimaçant Mister Blair.
Il voit et apprécie, il entend et comprend les sinuosités de Chirac et ses indignations sélectives.
La musique haineuse du fascisme impérial et les défilés, chèvre en tête, de la dixième division parachutiste.
Mais posez-lui donc la question à ce Liban de douleur et de la révolte : aimez-vous Brahms ?
Il n’aimera pas pour autant Hitler et son héritière putative.
Ce petit Liban est décidément bien trop grand.
Il est cet endroit où le « destin du monde saigne ».
Il est le lieu du bras de fer permanent entre la liberté et l’oppression.
Il est cette ardente passion des hommes libres à refuser la soumission.
Il est la foi du combattant.
Il est ce peuple uni derrière les résistants.
Il est cette clameur qui monte du temps.
Il est la civilisation, la vraie, celle de l’humanisme, de la tolérance et de la justice.
Il est ce grain de sable qui répète « no Pasaran » à tous les armées de la mort.
Il est la culture la plus élégante et le plus raffinée.
N’en déplaise aux authentiques barbares, aux bâtards de Goebbels et de Himmler.
Brahms est libanais, palestinien, arabe et musulman.
Il n’appartient pas aux assassins.
Rice peut jouer de son sourire de carnassier et se donner en spectacle musical. Elle n’effacera pas Malcom X et Luther King de la mémoire de nos combats.
Malgré les hyènes pétrolières.
Et d’ailleurs nous les arabes, avons fournit plus que notre quote-part de traitres et de félons. Il suffit de regarder nos chefs d’états et nos généraux…Même si ceux-là ne savent jouer d’aucun instrument.
Le Liban ne déteste pas Brahms, la démocratie et les chiens.
Le Liban est patient et endurant.
Il combattra les néo-fascistes et les racistes jusqu’à leur défaite.
Et la house nigger pourra continuer à jouer du piano jusqu’à s’en user les doigts, elle ne sera jamais rien d’autre qu’une esclave…
Source : http://www.algeria-watch.de/fr/
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