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ISM France - Archives 2001-2021

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Cisjordanie -

La pauvreté en Cisjordanie transforme les enfants en mendiants

Par

Ben Hubbard à Jerusalem, Dalia Nammari à Ramallah et Nasser Shiyoukhi à Hebron, les correspondants de l'AP, ont contribué à cet article.

Pour Issa, 15 ans, les jours d'été commencent quand le soleil se lève au-dessus d'une colline du nord d'Israel, brillant sur une décharge à ordures, un champ épineux et puis sur le matelas sale qu'est son lit.
Issa fait partie des centaines d'enfants palestiniens qui s'infiltrent clandestinement en Israel pour y travailler : ils vendent à la criée ou mendient aux carrefours.

La pauvreté en Cisjordanie transforme les enfants en mendiants

Photo ci-contre AP : Issa, un jeune palestinien de 15 ans vend des briquets à un carrefour de Nazareth



La barrière massive composée de murs et de clotures d'Israël qui le sépare de la Cisjordanie a rendu plus difficile l'entrée en Israël pour les travailleurs adultes, donc les familles ruinées par la pauvreté envoient de plus en plus leurs enfants à leur place.

Des enfants, n'ayant parfois pas plus de 3 ans, restent pendant des heures aux feux de circulation, sous la pluie ou sous un soleil de plomb. Ils mendient de l'argent ou vendent des briquets et des batteries.

La nuit, ils dorment dans des champs, des cimetières, des mosquées, des canalisations ou dans les rues. Leurs gains sont souvent pris par des voleurs ou des intermédiaires louches, et certains sont abusés sexuellement ou obligés de vendre de la drogue.

Issa, qui a demandé à ce que son nom de famille ne soit pas publié, n'avait pas pris de petit déjeuner alors qu'il marchait le long d'un chemin de terre avec d'autres jeunes palestiniens pour vendre des briquets à un carrefour.

Il a dit qu'il n'a pas répété à sa mère, qui vit à 150 km dans la ville de Yatta en Cisjordanie , que deux jours plus tôt un homme avec une lame de rasoir lui a volé près de 100 dollars, le salaire d'une semaine.

"Je donne la plupart de l'argent à ma famille", dit calmement Issa, en regardant ses espadrilles usées. "Je ne gagne pas l'argent pour mon futur, mais pour aider ma mère et mon père".

La police des frontières arrête ou, à de rares occasions, tire sur ceux qui s'infiltrent à travers la barrière construite pour empêcher l'entrée des kamikazes. Mais les familles pensent que c'est plus facile pour les enfants.

"Toute personne de 18 ans ou plus peut se faire tirer desus mais pas les enfants," dit Eymad Harb, 18 ans, qui surveille le travail d'Issa et de ses quatre acolytes.
Quoi qu'il en soit, dit-il, "S'ils lui sont tués, ce n'est pas aussi grave que si c'était une personne plus âgée parce qu'elle a des enfants qui dépendent d'elle."

Mais les enfants, aussi, sont pris et renvoyés à la maison. Souvent, ils reviennent aussitôt.

Avec un chômage en Cisjordanie dépassant les 25%, les enfants deviennent souvent les principaux soutiens de famille.

Ils passent par-dessus ou par-dessous la barrière, ou ils se glissent à travers les parties inachevées, disent des avocats israéliens et palestiniens qui travaillent avec les enfants.
Les enfants de moins de 14 ans sont autorisés par l'armée israélienne à entrer en Israël s'ils sont accompagnés d'un adulte possédant une autorisation d'entrée.

Les militants israéliens des droits de l'homme disent qu'ils voient des enfants sur les checkpoints demander à des étrangers de les escorter en Israël.

"Même si le déplacement des enfants est devenu plus difficile, le travail des enfants palestiniens a augmenté en raison de la situation économique difficile", dit Mamoun Eid, un inspecteur du Ministère du Travail palestinien.

Souvent, les intermédiaires arabes palestiniens ou israéliens donnent aux familles des enfants 250 dollars pour avoir le droit d'emmener un enfant en Israël, disent les avocats.

Ces "souteneurs", comme les appellent les autorités israéliennes, forcent les enfants à mendier aux intersections, prennent leur argent à la fin de la journée et les emmenent dormir dans des appartements délabrés, disent-ils.
Les enfants retournent à la maison les week-ends, ou toutes les plusieurs semaines.

"Cela entraine une carence affective pour les enfants qui ne voient pas leurs familles, ne vont pas à l'école et ne se reposent jamais", dit Salwa Kupti, une assistante sociale arabe israélienne à Nazareth qui a travaillé avec les enfants pendant 10 ans. "Les enfants deviennent des machines".

Comme le "patron" d'Issa, Harb organise le voyage des enfants en Israël. Il explique que le trajet est tellement laborieux qu'ils le font seulement une fois environ toutes les trois semaines.

Cela commence dans un taxi de Cisjordanie , puis il faut ramper sous la barrière de séparation et ensuite, comme les chauffeurs de taxi israéliens sont excellents à reconnaître les travailleurs illégaux, il font une marche de 60 km jusqu'à Nazareth, où la population arabe est compréhensive, dit Harb.

"Nous faisons cela parce que nous voulons vivre, nous voulons survivre", dit Harb, en passant le bras autour de l'épaule d'Issa.

Issa fait cela depuis trois ans pendant les vacances scolaires d'été. Il gagne environ 80 dollars par semaine, mais il ne dira pas combien se prend Harb. Il gagne plus que ses deux frères qui travaillent tous les deux dans une carrière de Cisjordanie , afin de faire vivre la famille de 14 personnes.

Tandis que les garçons passent entre les voitures sous une chaleur suffoquante, Harb les regarde depuis l'ombre. Il dit que son travail est de protéger les garçons, âgés de 12 à 15 ans, puisqu'Issa a été attaqué. Il leur donne des ordres à proximité du carrefour sur un ton tyrannique et avec des gestes qui font reculer Issa.

Le déjeuner, le seul repas quotidien des garçons, est composé de thon ou de houmos et du pain, qu'ils mangent sur des chaises en plastique dans leur campement près de la route. Ils ne peuvent pas allumer de feu pour cuisiner parce que la fumée alerterait les forces de sécurité. Ils mangent dans la puanteur d'une décharge à ordures fumante et une cacophonie de cigales.

Ils se lavent avec de l'eau contenue dans des bouteilles et des jerrycans qu'ils remplissent dans un magasin voisin

"Ma mère a peur pour moi, mais que peut-elle faire ?" dit Issa.

Shlomo Dror, un porte-parole de l'armée israélienne, dit qu'environ 500 enfants palestiniens travaillent en Israël.

"Nous avons cessé de nous battre contre cela", dit Dror. "Nous les ramenons à la maison, et le père est en colère parce que l'enfant n'a pas rapporté d'argent et parfois le père le frappe parce qu'il s'est fait attraper, et il le renvoie ensuite."

Les conditions de vie peuvent être effroyables.

Lors d'une descente chez des trafiquants de drogue arabes israéliens l'année dernière dans la ville israélienne de Ramle, la police a découvert 10 garçons palestiniens qui étaient utilisés comme prostitués et trafiquants de drogue, dit Dror.

Et l'hiver dernier, la police de Nazareth a pris trois enfants, âgés de 10, 4 et 3 ans, qui mendiaient la nuit alors qu'il neigeait, dit Kupti.
Dans un autre cas, un garçon de 8 ans a eu le crâne écrasé dans un accident avec délit de fuite.

Par le passé, il y avait plus ou moins un flux permanent d'environ 150.000 ouvriers palestiniens chaque jour en Israël, mais cela a diminué avec le début du soulèvement palestinien en 2000 et les attaques-suicides qui ont suivi. La barrière de séparation a rendu l'entrée des ouvriers encore plus difficile, même illégalement


Le Maire de Nazareth, Ramiz Jaraisy, dont la ville a reçu une grande partie de l'afflux des enfants, dit qu'Israël est en grande partie responsable de la venue des enfants.

"La souffrance est le résultat de l'occupation continue et le chômage et la pauvreté en sont les conséquences", dit Jaraisy.

"Je ne pense pas qu'il y ait un père qui laisserait ses enfants mendier à un feu de circulation à moins que la situation soit devenue catastrophique et qu'il ne puisse vraiment pas lui donner à manger", dit le maire.




Source : http://news.yahoo.com/s/

Traduction : MG pour ISM

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