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France - 13 juillet 2008
Par Al Jazeera
Le Président français Nicolas Sarkozy et 42 autres dirigeants d'Europe et de la Méditerranée vont lancer officiellement une union qui vise à faciliter la coopération sur la pollution, la migration, l'énergie, l'éducation, la recherche et le commerce.
Des chefs d'Etat et de gouvernements de 27 pays membres de l'Union Européennes et 16 pays de l'arc méditerranéen, allant du Maroc aux Balkans (*), représentant quelques 756 millions d'individus, adhèreront à la nouvelle Union pour la Méditerranée à Paris, dimanche.
"C'est en travaillant ensemble, autour de projets concrets, que les Méditerranéens apprendront à se connaître, à se comprendre, à se respecter et peut-être à s'apprécier", a dit au journal Le Monde, samedi, Henri Guaino, une des architectes de l'Union.
Muammar Kaddafi, le Président libyen, a boycotté les discussions, mais Recep Tayyip Erdogan, le Premier Ministre truc, doit participer, après les appels pressants de Sarkozy, qui était opposé à la candidature de la Turquie dans l'Union Européenne.
Le projet de Sarkozy vise à reprendre le Traité de Barcelone de 1995, dont le but était le dialogue et la coopération euro-méditerranéenne, mais qui avait pâti des dissensions entre Israël et ses voisins arabes.
"A l'avenir, nous aimerions parler d'égal à égal de leurs problèmes avec les pays du pourtour de la Méditerranée, et aussi aider à résoudre les problèmes européens", a dit samedi Angela Merkel, la chancelière allemande.
L'union est constituée d'abord pour discuter de projets modestes de nettoyage de la pollution en Méditerranée, de construction d'autoroutes maritimes, de projets de réponses aux catastrophes, de développement de l'énergie solaire, d'amélioration de l'éducation et de la recherche et d'aide au développement du commerce.
Relations au Moyen Orient
Le journal français Le Monde a décrit la difficile diplomatie qui a abouti au projet de Sarkozy comme "l'accouchement aux forceps de l'Union méditerranéenne".
Après s'être incliné devant les demandes allemandes que le nouveau club soit ouvert à tous les membres de l'Union Européenne, et pas seulement aux pays du pourtour méditerranéen, comme initialement proposé, Sarkozy s'est lancé dans des cajoleries de dernière minute pour convaincre des acteurs clés comme la Turquie et l'Algérie à participer.
Les pays arabes, menés par l'Algérie, ont réussi à obtenir des garanties, dans la déclaration finale du sommet, que l'Union ne permettrait pas une normalisation rampante des liens avec Israël.
Bashar al-Assad, le Président syrien, a dit samedi que la Syrie et le Liban, tous deux présents à la conférence, étaient convenus d'établir des relations diplomatiques et d'ouvrir des ambassades dans chaque capitale, pour la première fois depuis l'indépendance.
La France a également lancé l'idée d'une rencontre historique entre Assad et Ehud Olmert, le Premier Ministre israélien, mais les deux côtés l'ont rejetée, considérant la démarche comme prématurée.
Relations Syrie-Liban
Les relations entre Israël et la Syrie sont conflictuelles depuis la création de l'Etat juif en 1948, bien que les deux pays aient tenté de relancer des efforts de paix par des discussions indirectes, la Turquie servant de médiateur.
Mais Jacky Rowland, correspondante d'Al Jazeera à Paris, a dit qu'Assad avait été jusqu'à faire référence à l'Etat juif comme "Israël" et non "l'entité sioniste" pour la première fois en public, indice que la Syrie souhaitait s'engager dans une forme de dialogue avec son voisin moyen-oriental.
"La volonté du Président syrien de nouer, avec le Liban, des liens qui ont été mis à rude épreuve depuis si longtemps, ravit le Président français", dit-elle.
"C'est aussi quelque chose qui sera à mettre au crédit de Sarkozy, et sera vu comme une avancée diplomatique".
Le Royaume–Uni, l'Allemagne et les USA ont accueilli favorablement la décision du Liban et de la Syrie d'ouvrir des relations diplomatiques, mais un porte-parole du département d'Etat US a dit que Washington "continuerait à limiter son engagement diplomatique jusqu'à ce que la Syrie oeuvre concrètement à mettre fin à ses tactiques de déstabilisation dans la région".
En dépit de trois décennies de présence militaire chez son voisin, qui s'est terminée en 2005, la Syrie n'a jamais eu de relations diplomatiques avec le Liban, qu'il a longtemps considéré comme partie de son propre territoire séparé à tort par l'ex-puissance coloniale française.
Ahmed Fatfat, Ministre de la Jeunesse et des Sports dans l'ancien gouvernement libanais, a déclaré : "Il y a longtemps que nous demandons l'ouverture d'ambassades, ce qui aurait dû avoir lieu depuis des années. La Syrie doit commencer à mener des relations avec le Liban sur la base d'Etat à Etat, et ne peut plus continuer à nous traiter comme son fief".
La cause palestinienne
Amr Mussa, chef de la Ligue Arabe, qui pourrait avoir statut d'observateur dans l'Union, a dit vendredi que la nouvelle union ne doit pas ignorer la question palestinienne.
"Quand l'UPM examinera la situation dans la région, elle ne doit pas ignorer la cause palestinienne".
Mahmoud Abbas, le Président palestinien, doit demander à Olmert d'accélérer le processus de paix lorsqu'ils se rencontreront dimanche, en marge du sommet.
"Le Président Abbas fera état des progrès des pourparlers avec Olmert et la nécessité d'accélérer les choses, parce que le temps presse", a dit Nabil Abu Rudeina, porte-parole d' Abbas.
Sarkozy, Président de l'Union Européenne pour six mois, accueillera la rencontre entre les deux dirigeants, qui ont officiellement relancé le processus de paix au Moyen Orient lors d'une rencontre aux USA en novembre de l'année dernière, après une interruption de presque sept ans.
"Le Président Abbas soulèvera la question de la colonisation et appellera une fois de plus Israël à y mettre fin, en particulier à Jérusalem Est", a dit Abu Rudeina.
"Rien n'est réglé, d'où la nécessité d'efforts plus importants de la part de l'administration US et de la communauté internationale pour éviter que la région ne tombe dans un chaos incontrôlable", a-t-il ajouté.
(*) l'Albanie, l'Algérie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, l'Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Mauritanie, Monaco, le Monténégro, l'Autorité palestinienne, la Syrie, la Tunisie et la Turquie.
Source : Aljazeera
Traduction : MR pour ISM
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