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Cisjordanie - 15 novembre 2011
Par Khaled Amayreh
Tenir des élections sous la sinistre occupation israélienne est sans aucun doute une aventure irresponsable, qui pourrait compliquer davantage la scission toujours non résolue entre le Fatah et le Hamas, et qui serait un cadeau précieux de propagande pour le régime israélien qui cherche désespérément un prétexte pour gagner du temps et construire davantage de colonies sur la terre palestinienne occupée.
25 janvier 2006, bureau de vote pour les élections législatives à Beit Sahour, près de Bethléem (photo MAANnews/Magnus Johansson)
Tenir des élections sous l'occupation israélienne néo-nazie est aussi un exercice futile et politiquement stupide. Cela ne fera pas avance d'un pouce la cause palestinienne. Au contraire, cela détournera l'attention de la collectivité palestinienne de la vraie réalité, à savoir l'engloutissement progressif de leur patrie et de leur cause par la bête sioniste insatiable qui cherche à tout dévorer.
Ce serait par conséquent une énorme erreur de calcul d'organiser des élections avant que soient satisfaites les exigences essentielles qui feraient de ces élections un atout plutôt qu'un handicap pour notre peuple et sa juste cause.
Inutile de dire que la première et principale exigence pour la réussite des élections est la non-ingérence israélienne. Mais nous savons tous que l'armée d'occupation contrôle chaque coin et recoin de la Cisjordanie . De plus, Israël, sous le gouvernement néonazi de Benjamin Netanyahu, est peu susceptible de laisser les Palestiniens tenir des élections libres et transparentes, en particulier s'il y a des chances raisonnables que le Hamas les remporte. Israël redoute le résultat des élections et n'est pas disposé à répéter l'expérience de 2006 qui a vu le mouvement islamique palestinien remporter une victoire écrasante sur le Fatah, le groupe chouchou de l'occident.
La question va bien au-delà des déclarations provocatrices de tel ou tel responsable israélien. Israël veut et est prêt à tourner en dérision toute élection palestinien. Après tout, n'est-ce pas Israël, et non la pauvre Autorité palestinienne, qui a le dernier mot ? Ce qui veut dire qu'Israël est capable de mettre ses menaces à exécution, et peu importe les réactions de l'AP. Bien sûr, l'AP pourrait demander l'aide de la communauté internationale, mais Israël peut toujours la narguer, ainsi que son gardien et allié, les Etats-Unis.
Il est vraisemblable qu'Israël cherchera à faciliter les choses pour le Fatah en traquant, en harcelant et en arrêtant les candidats et partisans du Hamas. La direction du Fatah pourrait recourir à quelques protestations orales, mais nous savons tous que le groupe laïque a tout à gagner des mesures israéliennes violentes contre le Hamas.
Par conséquent, la direction du Hamas doit se poser maintenant la question fatidique : quel est l'intérêt de participer à des élections où chaque candidat Hamas ou pro-Hamas sera pourchassé et arrêté par Israël puis condamné à de lourdes peines de prison dans les donjons et les camps de concentration israéliens ?
Le peuple palestinien, dont le Hamas, a-t-il besoin de grossir le nombre de prisonniers palestiniens dans les prisons sionistes ? Avons-nous besoin que se répète ce qui s'est passé en 2006 lorsqu'Israël a arrêté la direction du Hamas au complet en Cisjordanie , pour aucune autre raison que d'avoir participé à des élections qui ont élu des dirigeants qui ne convenaient pas à Israël ?
Le Hamas doit étudier et examiner la situation très soigneusement parce que la pire erreur qu'on peut faire est de ne pas tirer des leçons de ses propres erreurs. En Islam, le Prophète (la paix soit sur lui) met en garde les croyants contre le fait d'être mordu deux fois par le même serpent.
Certains dirigeants islamiques palestiniens peuvent penser que la situation est mûre et que c'est le moment de tenir des élections, en particulier au lendemain de la libération par Israël de centaines de prisonniers palestiniens. Personne ne nie que l'échange de prisonniers a donné un coup de fouet à la popularité du Hamas, et le mouvement mérite cette hausse de popularité qu'il a chèrement gagnée.
Toutefois, cela ne doit pas pousser le Hamas à prendre des décisions politiques hâtives sur la participation aux élections. Ce n'est pas le moment pour le Hamas de s'impliquer dans des jeux politiques d'une incertitude absolue, des jeux qui pourraient infliger des dommages incalculables au peuple palestinien et à sa juste cause.
Laissons ceux qui veulent nager en eaux troubles tenir des élections et remplir l'espace de leur rhétorique vide. Laissons les surfer sur la vague, avoir un bref moment d'euphorie trompeuse puis fêter leurs fausses victoires. Leur frustration ne sera ensuite que plus grande et leur dépression massive.
Nous savons que le Fatah cherche toujours à faire porter une part de responsabilités de ses échecs, de ses bourdes et de ses fiascos sur le Hamas, qui ne doit pas tomber dans le piège.
En outre, nous savons tous que même si nous excluons le facteur israélien dominant, l'arène palestinienne elle-même n'est pas préparée à des élections véritablement démocratiques, libres et transparentes. Aujourd'hui en Cisjordanie , les droits de l'homme ne sont pas respectés, les libertés civiles sont systématiquement violées et la liberté d'expression de l'opposition est étouffée. Les militants suspectés d'être islamistes sont régulièrement détenus et interrogés sur de supposés liens avec le Hamas. L'audace du Fatah a été jusqu'à convoquer pour interrogatoire des prisonniers récemment libérés, un exploit que l'opinion publique palestinienne en colère a condamné avec force.
Mahmoud Abbas cherche désespérément quelqu'un qui le sauve du dilemme impossible auquel il est confronté. L'initiative de reconnaissance d'Etat d'Abbas ne mène nulle part et sa prétendue volonté de délivrer l'Autorité palestinienne de l'emprise financière américaine est pour le moins douteuse.
La seule chose qui pourrait le sauver des griffes de l'échec est le démantèlement de l'ensemble de l'appareil de l'Autorité palestinienne. Mais est-il prêt à le faire, au moins pour sauvegarder notre espoir en un avenir digne et libéré du féroce nazisme israélien ?
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Khaled Amayreh
15 novembre 2011