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France -

Le discours du président français à l'occasion du jour de l'Holocauste présage une répression des partisans de la Palestine

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27.01.2015 - Le président français François Hollande a profité d'un discours à l'occasion de la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l’Holocauste pour confirmer que son gouvernement envisage de renforcer son contrôle sur ce que les gens sont autorisés à dire en ligne. La répression prévue fait craindre que les autorités françaises n'utilisent leurs pouvoirs pour censurer davantage toute parole critique d'Israël sous couvert de lutte contre l'antisémitisme.

Le discours du président français à l'occasion du jour de l'Holocauste présage une répression des partisans de la Palestine

Manifestation en soutien à la résistance palestinienne pendant l'attaque israélidenne sur Gaza, Paris, juillet 2014
"L'antisémitisme a changé de visage, mais il n'a pas perdu ses racines millénaires," a dit Hollande lors de la commémoration du 70ème anniversaire de la libération d'Auschwitz par l'armée soviétique. "Aujourd'hui, il se nourrit aussi de la haine d'Israël", et "il importe ici les conflits du Moyen-Orient."

Cet amalgame de l'antisémitisme avec la critique d'Israël présage d'initiatives encore plus sévères en France pour réprimer le mouvement de solidarité avec la Palestine.

Le discours de Hollande fait suite à une répression de grande ampleur, en France, qui a vu des dizaines de personnes condamnées à la prison pour des choses qu'elles ont dites ou écrites depuis que trois Français armés ont assassiné 17 personnes, au début de ce mois, dans des attaques contre les bureaux du magazine raciste Charlie Hebdo, contre un supermarché juif et contre la police.

Reproche à l'encontre d'Israël

Hollande a aussi indirectement reproché à Israël ses efforts pour précipiter le transfert de la population juive de France, disant aux juifs français, "votre place est ici, chez vous. Notre pays ne serait plus la France si nous devions vivre sans vous."

Dans des commentaires susceptibles d'irriter les responsables israéliens qui espèrent exploiter les attaques récentes en France pour encourager des départs de juifs, Hollande a dit : "Si le terrorisme vous conduisait à vous éloigner de la terre de France, de la langue française, de la culture française, de la république française qui a émancipé les juifs, alors le terrorisme aurait atteint son but."

Les responsables israéliens considèrent que les juifs français sont une réserve potentielle de population pour remplir les colonies construites en violation du droit international en Cisjordanie occupée.

Contrôle de la liberté d'expression

Hollande a confirmé le renforcement des sanctions contre le racisme et l'antisémitisme. "Je veux aller plus loin, en améliorant la visibilité et l'efficacité des sanctions : ce qui supposera de généraliser la caractérisation raciste et antisémite comme circonstance aggravante d'un délit, et sortir la répression de la parole raciste et antisémite du droit de la presse pour l'intégrer au droit pénal général."

Il a dit que les plateformes Internet qui gèrent les réseaux sociaux devaient être "mises devant leurs responsabilités", et que des sanctions seraient prononcées en cas de manquements.

L'annonce de Hollande confirme les plans déjà établis par les responsables après l'attaque contre Charlie Hebdo, qui verraient des contrôles juridiques plus étroits sur la parole en ligne, dont le pouvoir des ministres de bloquer des sites.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a également annoncé que "la veille de l'Internet, en particulier les réseaux sociaux, sera confiée" à la DGSI et au service central du renseignement territorial.

Soutien du lobby israélien français

Roger Cuckierman, président du CRIF, la principale organisation française pour les groupes communautaires juifs, a rencontré les hauts fonctionnaires du gouvernement au début du mois pour faire pression pour des contrôles plus stricts sur l'Internet et des peines plus sévères pour la parole illégale.

Le CRIF, qui est également le plus important groupe de défense d'Israël en France, a précisément demandé les mesures qui ont été annoncées - Retirer le racisme et l'antisémitisme de la loi sur la presse pour en faire un délit de droit commun et lois sur les réseaux sociaux (Twitter, Facebook, Google, Youtube) "pour lutter efficacement contre la diffusion d'appels au terrorisme et de propos antisémites".

Bien que le CRIFaffirme vouloir lutter contre le sectarisme et le racisme, le groupe est apparemment très tolérant vis-à-vis du racisme violent tant que cette haine est dirigée contre les Palestiniens, les Arabes ou les musulmans.

Le président du CRIF, Cuckierman, a par exemple accueilli le ministre israélien extrémiste anti-palestinien Naftali Bennett, dont le parti nie le droit à l'auto-détermination et même l'existence du peuple palestinien, et qui s'est vanté : "J'ai tué beaucoup d'arabes dans ma vie - et il n'y a aucun problème avec ça."

Un autre membre éminent du parti de Bennett, l'avocat Ayelet Shaked, est connu pour avoir appelé au génocide des Palestiniens, y compris l'extermination des mères palestiniennes parce qu'elles donnent naissance à des "petits serpents". Rien de tout cela ne semble poser de problème au CRIF.

Confusion entre antisémitisme et critique d'Israël

Dire que c'est une bonne chose que des lois régissent les paroles des gens peut engendrer de fortes divergences, mais tout un chacun devrait convenir que le sectarisme fondé sur la religion, l'origine ethnique, la race ou autres caractéristiques est une erreur.

Le problème est qu'Israël et ses partisans essaient depuis des années de brouiller la ligne entre antisémitisme - sectarisme contre les juifs parce qu'ils sont juifs - d'une part, et d'autre part la critique de l'occupation coloniale, des massacres et de la violence d'Israël contre les Palestiniens.

Cette campagne européenne a remporté un succès récent au Royaume-Uni, où un document politique du gouvernement a déclaré que le boycott des institutions universitaires israéliennes complices de l'oppression des Palestiniens était "anti-juif".

L'objectif est de faire de la critique d'Israël ou de l'idéologie sioniste qui motive sa colonisation de la terre palestinienne un tabou, en associant la défense des droits palestiniens à des formes inacceptables ou illégales de sectarisme.

Renforcement du contrôle sur la défense de la Palestine

Sur le site internet français d'actualités du numérique sous un angle technique, politique et juridique Numerama, le chroniqueur Guillaume Champeau a averti que l'autorité administrative pourrait bientôt être en mesure de bloquer les sites sans contrôle judiciaire, ciblant ceux qui critiquent Israël :

"Or l'on sait que le Premier ministre Manuel Valls a une vision particulièrement large de ce qu'est l'antisémitisme," écrit Champeau, "puisqu'il y inclut non seulement la haine à l'encontre des Juifs, ce qui ne fait pas débat, mais aussi désormais les discours les plus virulents et systématiques contre la politique interne ou étrangère d'Israël, et contre les personnalités dites 'sionistes' qui la soutiennent."

Champeau fait référence à un discours prononcé par le Premier ministre français en mars dernier lors d'une conférence au CRIFsur la lutte contre antisémitisme :
"Cet antisémitisme, et c'est la nouveauté, se nourrit de la haine d'Israël. Il se nourrit de l'antisionisme", avait-il déclaré. "Parce que l'antisionisme, c'est la porte ouverte à l'antisémitisme. Parce que la mise en cause de l'Etat d'Israël, (...) basée sur l'antisionisme, c'est l'antisémitisme d'aujourd'hui."

Champeau affirme que la différence entre antisionisme et antisémitisme "n'est pas toujours claire" mais "la distinction reste réelle et absolument nécessaire dans une démocratie" et "elle ne peut pas être confiée à l'Etat."

Les Palestiniens ont toujours insisté sur le fait que leur lutte n'est pas dirigée contre les juifs. En 2012, par exemple, des dizaines de militants et d'intellectuels palestiniens bien connus ont signé une lettre réaffirmant "un principe clé de notre mouvement pour la liberté, la justice et l'égalité : la lutte pour nos droits inaliénables est opposée à toutes formes de racisme et de sectarisme, y compris, mais de manière non exhaustive, à l'antisémitisme, l'islamophobie, le sionisme, et autres formes de sectarisme à l'encontre de quiconque, et en particulier les personnes de couleurs et les peuples indigènes partout dans le monde."

La lettre s'oppose également à "l'utilisation cynique et sans fondement du terme d'antisémitisme comme outil pour étouffer la critique d'Israël ou l'opposition au sionisme."

La France a déjà une histoire de répression d'Etat de la défense des droits palestiniens, y compris des procès contre des militants qui appellent au boycott de l'Etat israélien et des entreprises et institutions complices de ses violations des droits de l'homme, et une interdiction de manifester contre l'attaque d'Israël sur Gaza l'été dernier.

Préoccupé par les implications plus larges des mesures du gouvernement, Amnesty International a déjà lancé une pétition exhortant Hollande à protéger la liberté d'expression.

Avec le renforcement de la répression, la vie va devenir plus dure pour les partisans des droits palestiniens en France.

Source : Electronic Intifada

Traduction : MR pour ISM

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